Moustapha Diakhaté, militant de l'APR, ancien président du grouparlementaire BBY à l'Assemblée nationale, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
LA FOLLE ODYSSÉE DE COUMBA KANE
Soixante-douze heures après sa disparition, Coumba Kane a été retrouvée, hier, saine et sauve, dans la ville de Touba. La dame a raconté, lors de son audition, son kidnapping et comment elle a faussé compagnie à ses ravisseurs
CHEIKH THIAM ET BOUCAR ALIOU DIALLO |
Publication 18/01/2020
Portée disparue mercredi dernier, la dame Coumba Kane a fait l’objet d’intenses recherches de la part des forces de sécurité. En effet, les forces de l’ordre en avaient fait une question de sécurité nationale. L’enquête ouverte a été confiée, dans un premier temps, aux pandores de la brigade de gendarmerie de la localité. Puis, l’affaire prenant une tournure inquiétante, la haute hiérarchie des différentes forces de l’ordre a décidé de travailler en synergie pour diligenter cette affaire et la résoudre dans un délai record. La dame a finalement été retrouvée, hier, dans la ville sainte de Touba, après des péripéties qu’elle raconte de manière exhaustive.
C’est durant la journée d’hier samedi que les limiers l’ont retrouvée à Touba. Dans la foulée, elle a été conduite dans leurs locaux pour les besoins de son audition. Selon nos informations, lors de son face-à-face avec les enquêteurs, Coumba Kane est largement revenue sur les circonstances de son kidnapping et la manière dont elle a faussé compagnie à ses ravisseurs.
‘’Le mercredi dernier, après mes courses au marché, j’ai pris un ‘clando’ pour me rendre à l’hôpital de Thiaroye. A bord, il y a avait le chauffeur et une autre dame. Quelqu’un m’a dit de faire attention à mon téléphone que je manipulais. C’est à ce moment que j’ai perdu connaissance’’, a-t-elle confié aux hommes en tenue. Puis, reprenant son souffle après quelques gorgées d’eau pour baisser sa tension, elle a continué à dérouler le film de son kidnapping dans les moindres détails.
‘’A mon réveil, j’étais dans la brousse, à Linguère. Avant-hier, dans la nuit, j’ai profité d’un moment d’inattention de mes ravisseurs qui dormaient pour prendre la fuite. Quelqu’un a voulu m’en empêcher, je lui ai donné un violent coup et il est tombé. Une dame du gang a tenté de me poursuivre, mais puisque je courrais très vite, elle a été obligée d’abandonner’’.
Après plusieurs kilomètres parcourus, Coumba Kane s’est retrouvée dans un village non loin de la commune de Linguère. Elle a été mise sur une charrette, pour rallier la ville. Là, elle a pris une voiture pour se rendre à Touba, puisque c’était la seule destination qui lui venait en tête. Une fois dans la ville sainte, elle est parvenue à joindre ses proches par téléphone. Ceux-ci ont alerté la police de Touba.
Selon toujours nos informations, la dame est bien portante et elle ne laissait paraitre aucun signe de blessure, encore moins d’abus sexuel.
Quid des ravisseurs ?
Nos interlocuteurs renseignent qu’après son audition, elle a été remise entre les mains de la gendarmerie spéciale de la ville sainte qui avait commencé l’enquête, dans le cadre d’une procédure de mise à disposition. Ils précisent aussi que l’enquête de la maréchaussée permettra d’en savoir davantage sur les ravisseurs.
Le mercredi dernier, en début de journée, la dame Coumba Kane, âgée de 36 ans, avait quitté sa demeure, à Keur Mbaye Fall, en banlieue dakaroise, pour aller au marché de Thiaroye. Depuis, elle n’était pas rentrée. Avant-hier encore, sur Facebook, sa famille continuait les annonces, précisant qu’elle a été kidnappée. “Bonjour, c’est ma grande sœur. Elle a été kidnappée depuis hier, alors qu’elle partait au marché Thiaroye. Ses ravisseurs ont appelé pour dire qu’ils l’ont kidnappée. Elle est partie vers 11 h. On a parlé avec elle au téléphone. Elle a juste dit ‘Prenez soin de mes enfants’, disait un post de son frère largement partagé sur les réseaux sociaux.
La dame va pouvoir retrouver ses 4 enfants dont le plus jeune a 2 ans.
UN PRÊTRE SCHISMATIQUE AU KENYA
La controverse sur le célibat des prêtres a fait rage cette semaine au Vatican. Le camp des « réformistes », s'oppose à celui des conservateurs. Godfrey Shiundu a quitté l’Église catholique pour pouvoir épouser sa compagne et s’occuper de sa fille
La controverse sur le célibat des prêtres a fait rage cette semaine au Vatican. Le camp des « réformistes », s'oppose à celui des conservateurs. Mais certains au sein de l'Église n'ont pas attendu que les choses changent. C'est le cas de Godfrey Shiundu, qui a quitté l’Église catholique pour pouvoir épouser sa compagne et s’occuper de sa fille.
Cette controverse a cependant le mérite de jeter un coup de projecteur sur le célibat des prêtres, sujet épineux s'il en est. C'est du moins l'avis de l'ancien prêtre Godfrey Shiundu, qui a quitté l’Église catholique pour pouvoir épouser sa compagne et s’occuper de sa fille. Il est aujourd’hui « évêque pour l’Afrique » de l'Église catholique œcuménique du Christ, une Église chrétienne qui autorise le mariage des prêtres.
Un prêtre catholique peut-il avoir des relations sexuelles ? Pour beaucoup de prêtres, la réponse n’est pas simple. Lorsque Godfrey Shiundu a été ordonné, en 1994, la plupart de ses collègues, dit-il, avaient des maîtresses.
« En mon for intérieur, je me demandais : c’est vraiment la vie que je veux ? Coucher avec une femme le samedi soir et dire la messe le dimanche matin? C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions. »
Les choses se compliquent lorsqu’il rencontre une infirmière qui lui donnera une fille. Le père Shiundu se sent coupable, surtout lorsque la petite finit par réclamer son papa.
« Elle ne cessait de demander à sa mère : " Où est mon père ? Pourquoi il ne vit pas avec nous ? Pourquoi on ne peut pas faire de promenades ensemble ? " C’est à ce moment-là que je me suis dit, ça suffit. »
Le père Shiundu se penche sur l’histoire de l’Église et finit par comprendre que le mariage des prêtres était monnaie courante jusqu’au Moyen-Âge : « Tout à coup, cela m’a frappé : le célibat n’est qu’une règle de vie de l’Église, ce n’est pas un commandement de Dieu. »
En 2003, le père Shiundu décide de mettre fin à sa double vie. Il sera excommunié avant de rejoindre une Église américaine qui, elle, autorise le mariage du clergé. Un prêtre viendra des États-Unis pour célébrer son union et l’accueillir dans sa nouvelle Église. Godfrey Shiundu, aujourd’hui « évêque pour l’Afrique » de l’Église catholique œcuménique du Christ, vit avec sa femme, Stella, et leur fille, Natalia.
LES MYSTÈRES DE L'ARGENT LIBYEN
La campagne de Nicolas Sarkozy, en 2007, a-t-elle été financée par de l’argent du clan Kadhafi ? Depuis six ans, la justice essaie de démêler le vrai du faux dans les accusations. Le point sur l'enquête
Le Monde |
Simon Piel et Joan Tilouine |
Publication 18/01/2020
Six ans que la justice française fouille les arrière-salles de la république sarkozyste à la recherche de l’argent libyen. Huit ans que la presse, le site Mediapart en tête, documente les soupçons de plus en plus lourds qui entourent les relations aux forts relents de corruption entre Paris et Tripoli depuis 2005 et jusqu’en 2011, année de l’intervention militaire de la France et de ses alliés sous l’égide des Nations unies. Avec une question centrale : la Libye de Mouammar Kadhafi a-t-elle financé la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007 ? Autant d’années de recherches, de perquisitions, de commissions rogatoires internationales, de gardes à vue, de tentatives de déstabilisation, de révélations, de démentis et de déclarations fracassantes. Avec aujourd’hui quelques certitudes et encore de nombreuses questions. Des indices de plus en plus troublants, mais pas de preuve décisive.
Il est aujourd’hui établi que de l’argent du régime de Mouammar Kadhafi a abondamment transité entre la Libye et la France durant ces années-là pour atterrir notamment dans les poches de certaines personnes gravitant dans l’entourage proche de Nicolas Sarkozy. Mediaparta récemment révélé que Thierry Gaubert, un intermédiaire longtemps proche de Nicolas Sarkozy et ami de Brice Hortefeux, avait reçu un virement de 440 000 euros en février 2006 du Franco-Libanais Ziad Takieddine, le principal accusateur, lui-même nourri par de l’argent libyen. Il est également documenté qu’en 2005 de nombreux intérêts convergents, aussi bien économiques que géopolitiques, ont conduit Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy à se rapprocher, comme en témoigne la réception en grande pompe à Paris du dirigeant libyen en décembre 2007. Il est enfin certain que de l’argent liquide dont l’origine n’a pu être identifiée à ce jour a abondé les frais de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Dès lors, que penser ? Que seule une myriade d’individus peu scrupuleux installée au plus près de l’Etat s’est enrichie personnellement sur le dos de la nouvelle idylle franco-libyenne ? Que les anciens kadhafistes ont affirmé à tort avoir financé Nicolas Sarkozy pour se venger de l’intervention militaire menée sous la conduite de la France, comme le clame l’entourage de l’ancien président ? Ou, plus prosaïquement, que l’accumulation d’indices justifie la poursuite des enquêtes ? Au milieu des tentatives d’intoxications, des manipulations et des revanches opportunes, Le Monde fait le point sur l’enquête.
Des intérêts convergents
Quand la France se rapproche de la Libye au début des années 2000, le pays pétro lier sort de vingtsept ans de sanctions de l’administration américaine. Pour le clan Sarkozy, c’est Ziad Takieddine qui se charge d’articuler des offres commercia les permettant d’amorcer une normali sation des relations. Il s’appuie sur
Claude Guéant, avec qui il avait déjà œuvré en 2003 pour tenter de vendre un dispositif de surveillance des frontières à l’Arabie saoudite. Un contrat qui devait générer d’immenses commissions pour l’intermédiaire francolibanais et qui fut bloqué par le président Jacques Chirac, re doutant que son ambitieux ministre de l’intérieur se constitue un trésor de guerre pour marcher vers la présidence.
Le duo composé de Takieddine et Guéant retente sa chance en Libye. Mouammar Kadhafi désire alors, entre autres, rénover ses avions militaires et acquérir, là encore, du matériel de sécuri sation des frontières. Nicolas Sarkozy se tourne vers des grands groupes de l’in dustrie militaire française, et, en cou lisse, M. Takieddine joue au facilitateur. Il agit en Libye pour le compte de Total et pour une société informatique, i2e (deve nue Amesys, puis Nexa Technologies). Celleci propose, en 2006, un système de traitement massif des télécommunica tions, un outil fort prisé par les dictatu res, car il permet une surveillance élec tronique de toute une population. Le ré gime Kadhafi s’entiche de cette technolo gie française. Claude Guéant intervient pour obtenir l’autorisation d’export du produit et ainsi permettre à i2e de signer en 2007 un contrat avec la Libye.
Quelques jours après son élection, Sarkozy s’entretient au téléphone avec le colonel Kadhafi, qui se réjouit de comp ter un véritable « ami » en Europe. Le nou veau président français multiplie les pro positions de contrats. Puis, il demande au « Guide » de désigner la personne avec qui « échanger sur les questions délica tes ». De quoi s’agitil ? « Je suis dans mon obsession d’obtenir la libération des infir mières [bulgares] », rétorque Nicolas Sarkozy aux enquêteurs.
Après moult tractations, cellesci sont libérées le 24 juillet 2007, en échange de centaines de millions de dollars finale ment réglés par le Qatar. Le lendemain, à Tripoli, Nicolas Sarkozy signe une ky rielle d’accords, dont un « mémorandum d’entente sur la coopération dans le do maine des applications pacifiques de l’énergie nucléaire ». Etrangement, le groupe nucléaire français Areva « n’a été associé à aucune des étapes», a confié sa dirigeante d’alors, Anne Lauvergeon, aux enquêteurs.
Tripoli, destination sarkozyste
Dès 2005, Ziad Takieddine sensibilise l’entourage de Nicolas Sarkozy aux op portunités d’un rapprochement avec la Libye, comme en témoignent de nom breuses notes de l’intéressé qui ont été versées à l’enquête. A Tripoli, cet inter médiaire rompu aux règles byzantines du business international s’appuie sur le puissant chef des services de renseigne ment et beaufrère du « Guide », Abdallah Senoussi. Dans le même temps, Nicolas Sarkozy, fraîchement nommé ministre de l’intérieur, est invité par la Libye pour une visite officielle.
Peu avant et peu après sa rencontre avec le colonel Kadhafi, deux de ses très proches se rendront à Tripoli. Claude Guéant d’abord, en septembre. Brice Hortefeux ensuite, en décembre. Un voyage discret pour le premier. Officiel pour le second en tant que ministre des collectivités territoriales, ce qui n’a pas « grand sens », selon l’ambassadeur de France d’alors. Le propre directeur de ca binet de Brice Hortefeux expliquera plus tard aux policiers n’avoir aucun souvenir de la préparation d’un tel dossier, s’esti mant « mal placé pour juger les collectivi tés territoriales en Libye ». Puis s’agaçant face aux questions des enquêteurs, il lâ che : « Qu’estce que vous voulez que je vous dise ? Ce voyage a été organisé en de hors du cabinet que je dirigeais. » Ces dé placements avaientils d’autres finalités ? Ils furent en tout cas l’occasion pour les deux hommes de rencontrer Abdallah Senoussi par l’entremise de Ziad Takied dine. L’ambassadeur français n’est pas tenu informé de ces rencontres avec un homme visé par un mandat d’arrêt inter national pour son rôle dans l’attentat du DC 10 d’UTA, au Niger, en 1989. Devant les policiers, Nicolas Sarkozy dit tout ignorer de ces rencontres. «A aucun moment, je ne voulais avoir le moindre contact avec M. Senoussi à l’encontre duquel les servi ces de police français m’avaient mis en garde », précisetil.
Selon M. Senoussi et M. Takieddine, de même que pour Saïf AlIslam Kadhafi, le second fils du « Guide », ces rendezvous furent l’occasion de discuter des modali tés du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy. Une version démentie par Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui assurent que Takieddine les a piégés en leur faisant rencontrer Senoussi. « Je suis allé en Libye pour des raisons d’Etat », précise au Monde M. Guéant, qui a tou jours contesté «avoir vu le moindre cen time d’argent libyen ».
Durant toute cette période, c’est une constante dans les relations francoli byennes: il y a les rencontres officielles et la diplomatie parallèle. Les enquêteurs s’interrogent en outre sur la possibilité que d’autres déplacements secrets de Nicolas Sarkozy ou de ses proches aient pu avoir lieu, ce que les intéressés ont tou jours nié. C’est notamment le cas pour un second voyage de Brice Hortefeux qui aurait pu avoir lieu le 17 novembre 2006, date à laquelle Ziad Takieddine se trou vait à Tripoli, et quatre jours avant qu’il ne reçoive au Liban, sur le compte de la société Rossfield, la somme de 2 millions d’euros en provenance de l’Etat libyen. Cette même société qui, en février 2006, avait versé 440 000 euros à Thierry Gaubert. Brice Hortefeux a toujours nié s’être rendu en Libye.
D’autres escapades libyennes sont au cœur des investigations. II s’agit de celles de deux avocats parisiens, Thierry He rzog et Francis Szpiner, aujourd’hui dési gnés respectivement comme conseil de Nicolas Sarkozy et d’Alexandre Djouhri dans l’enquête. A la fin du mois de no vembre 2005, les deux avocats se se raient en effet rendus à Tripoli pour ren contrer l’équipe locale de la défense pé nale d’Abdallah Senoussi, qui cherche alors activement à faire annuler le man dat d’arrêt qui le vise dans le cadre de l’attentat du DC 10 d’UTA. Selon des do cuments révélés par Mediapart, Francis Szpiner et Thierry Herzog auraient alors présenté « une offre » aux Libyens à la suite de « contacts politiques entre les res ponsables libyens et français pour régler [cette] affaire bloquée entre les deux Etats ». Pour quelles contreparties ? In terrogé sur ce point, Thierry Herzog a fait valoir son droit au silence. Quant à Me Szpiner, qui était aussi l’avocat des fa milles de victimes de l’attentat du DC 10, il a démenti.
Discrètes visites à Beauvau
Deux témoignages récents n’ont encore jamais été rendus publics. Les 30 et 31 oc tobre 2019, deux anciens chauffeurs de l’intermédiaire Ziad Takieddine sont ve nus confirmer devant la police judiciaire les liens étroits que celuici avait entrete nus avec Claude Guéant. Les deux hom mes assurent que le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’inté rieur (entre 2005 et 2007) et Ziad Takied dine se voyaient plusieurs fois par se maine dans les mois qui ont précédé l’élection présidentielle. Soit chez l’un, soit chez l’autre, ou encore à l’Hôtel As tor, dans le 8e arrondissement de Paris. L’un d’eux affirme avoir conduit M. Guéant à « une cinquantaine » de ren dezvous avec Ziad Takieddine. Claude Guéant luimême avait reconnu, par exemple, avoir dîné chez l’intermédiaire en compagnie de Saïf AlIslam Kadhafi, l’un des fils du dirigeant libyen, avant l’élection présidentielle.
Les deux chauffeurs racontent égale ment avoir souvent conduit l’intermé diaire au ministère de l’intérieur à l’épo que où Claude Guéant dirigeait le cabi net de Nicolas Sarkozy. Contre toutes les règles habituelles des visites dans les ministères, il suffisait au FrancoLiba nais de dire « Tak » à l’entrée pour que sa Mercedes V12 puisse pénétrer dans la cour. Les chauffeurs ignorent toutefois qui M. Takieddine allait rencontrer et ne l’ont jamais vu y entrer avec des mallet tes. Entre fin 2006 et le début de l’année suivante, l’un d’entre eux se souvient avoir conduit « Tak » directement de Roissy jusqu’au ministère de l’intérieur. «Il me semble qu’il revenait de Tripoli, parce que comme c’était le terminal 1, c’était cette destination », dit le chauf feur, qui confirme ainsi des propos de son ancien patron.
En 2017, l’intermédiaire avait raconté, avec moult détails, trois visites au minis tère de l’intérieur dix ans plus tôt à l’occa sion desquelles il aurait remis près de 5 millions d’euros. Des espèces données, ditil, par le régime libyen à Claude Guéant et à Nicolas Sarkozy. Les déclara tions devant la police des deux chauf feurs viennent aussi conforter l’idée d’une très grande proximité entre M. Ta kieddine et M. Hortefeux, un autre fidèle d’entre les fidèles de Nicolas Sarkozy. « C’était une relation très très soudée. (...) Il venait au moins une fois par semaine chez M. Takieddine. Parfois peutêtre deux fois, peutêtre trois fois dans une semaine. Et cette relation a duré sur une longue pé riode. Ils étaient très très amis.» L’un des chauffeurs décrit son ancien patron comme un homme généreux, maniant volontiers les espèces. « C’était des gros ses coupures. Nous avions parfois des billets de 500 euros. Souvent, il nous don nait ça pour faire les courses. (...) Vous me posez la question des cadeaux. Oui. Il achetait des choses de valeur. Il prenait des choses chez Smalto, chez Christian Dior, pour les offrir à ses amis. Je me sou viens avoir récupéré 5 ou 6 chemises chez Christian Dior qui avaient une grande va leur. C’était pour M. Copé. »
Cash partout, Libye nulle part
Autre mystère : l’enquête a permis d’éta blir que du cash en quantité avait circulé au sein de l’équipe de campagne de Nico las Sarkozy mais aussi dans les mains de certains de ses proches, sans pour autant parvenir à en établir l’origine. Aucune déclaration de versements d’espèces n’apparaît dans les comptes de la campa gne. Pourtant, plusieurs membres de l’équipe de Nicolas Sarkozy ont reçu des gratifications en espèces pendant et après la campagne.
« Un véritable défilé » dans le bureau du trésorier de l’UMP d’alors, Eric Woerth, selon une ancienne employée. Au moins 30 000 euros distribués à 25 personnes. Des dons en numéraires envoyés par des militants anonymes, selon M. Woerth. Ses explications ont été qualifiées de « captieuses » par les policiers, pour qui « les auditions de messieurs Woerth et Tal vas [alors directeur financier de l’UMP] apparaissaient discordantes dès qu’il fal lait rentrer dans les détails ». Dans le cadre du dossier Bettencourt, M. Woerth avait menti, niant alors tout usage d’argent li quide durant la campagne.
Un autre proche de Nicolas Sarkozy a vu circuler du cash. Beaucoup de cash. Il s’agit de Claude Guéant. L’enquête judi ciaire a permis de décrire précisément le rapport que celuici entretenait avec l’ar gent liquide. C’est l’un des points les plus forts de l’accusation. Il a ainsi été relevé par les policiers qu’entre mai 2003 et mai 2013 M. Guéant n’avait retiré que 2 450 euros de ses comptes bancaires. Pour explication, l’ancien ministre a in diqué puiser dans les frais d’enquêtes et de surveillances du ministère de l’inté rieur, ce qui lui a valu d’être définitive ment condamné en 2019 pour détourne ments de fonds publics. Mais le compte n’y est pas. Selon les policiers, le montant des espèces manipulées par Claude Guéant et dont l’origine est injustifiée s’élève à au moins 200 000 euros. Estce pour stocker discrètement des espèces en quantité que M. Guéant a loué le temps de la campagne de 2007 une chambrefortedansuneagencedelaBNP, où il s’est rendu sept fois entre le 23 mars et le 19 juillet 2007 ? Il s’agissait d’y dispo ser des anciens discours de Nicolas Sarkozy, se défend-il.
Le 31 juillet 2013, Boris Boillon, l’ancien ambassadeur de la France en Irak, puis en Tunisie, est interpellé par les douanes alors qu’il s’apprête à prendre un train pour Bruxelles avec un sac contenant 350 000 euros et 40 000 dollars en li quide. Reconverti dans le privé, il expli que qu’il s’agit d’une rémunération liée à son rôle dans la construction d’un stade en Irak. Or, selon un ancien membre du protocole de Kadhafi qui a témoigné sous le couvert de l’anonymat, 20 mil lions d’euros « ont été donnés directe ment à Boris Boillon et à Claude Guéant ».
La proximité de M. Boillon avec Kad hafi, qu’il appelait « papa », et son impli cation, alors qu’il est ambassadeur en Tu nisie, dans l’exfiltration de son directeur de cabinet, Bechir Saleh, après le déclen chement de la guerre, viennent ensuite semer le trouble. Et si ce cash transporté par M. Boillon ne venait pas lui aussi de Tripoli ? Malgré plusieurs demandes d’entraides pénales, la justice française n’est pas parvenue à établir le circuit complet de ces billets.
Les carnets de Choukri Ghanem
Quatre mois après le déclenchement de la révolution libyenne, le 15 février 2011, Choukri Ghanem annonce sa défection, depuis Rome. Mouammar Kadhafi, dont il fut chef de gouvernement (20032006) puis ministre du pétrole (20062011), me nace son peuple de « boucheries ». Déten teur de nombreux secrets, orchestrateur de contrats pétroliers douteux et de tran sactions financières opaques, M. Gha nem, 69 ans, craint pour sa sécurité et s’établit à Vienne. Le 29 avril 2012, entre les deux tours de l’élection présidentielle française, son corps est repêché dans les eaux du Danube. Aucune trace de vio lence n’est constatée, et la piste crimi nelle est écartée par la police de Vienne, qui conclut à la noyade. Pourtant, il aurait bien pu être la cible de « membres du régime » ou de « mafias étrangères », comme l’écrit un ambassadeur améri cain à Hillary Clinton dans un courriel rendu public par WikiLeaks. Dans l’en tourage d’Alexandre Djouhri, certains vont même jusqu’à se vanter d’avoir « fait faire glouglou » au Libyen.
M. Ghanem laisse derrière lui des do cuments parmi les plus troublants de ce dossier. Ce sont des carnets de bord ma nuscrits transmis par les autorités néer landaises à la justice française. A la date du 29 avril 2007, il restitue des propos te nus à un déjeuner auquel il participe, de même que le premier ministre, AlBa ghdadi AlMahmoudi, à la ferme de Be chir Saleh, en banlieue de Tripoli. «Be chir a parlé, disant avoir envoyé 1,5 mil lion d’euros à Sarkozy quand Saïf [AlIs lam Kadhafi, fils du numéro un libyen] donnait 3 millions d’euros », peuton lire sous la plume de M. Ghanem, pour qui il est probable que cet argent ait été dé tourné. « Il semblerait que les “types” l’ont intercepté en cours de route, tout comme ils ont mis la main sur les 2 mil lions d’Abdallah Senoussi », note M. Gha nem en consignant ses doutes sur l’im pact de tels versements.
Ces écrits fragilisent l’argument selon lequel les accusations des Libyens contre Nicolas Sarkozy n’auraient commencé qu’après le déclenchement de la guerre en 2011. Ils restent néanmoins délicats à exploiter tant les souvenirs des person nes citées sur ce déjeuner paraissent flous. Interrogé par Le Monde en septem bre 2017, seul Bechir Saleh confirmait la tenue de ce déjeuner – qu’il avait niée auparavant –, mais lui aussi disait ne pas se souvenir de tels propos. Il lâchait tout de même, sibyllin : « Kadhafi a dit qu’il avait financé Sarkozy. Sarkozy a dit qu’il n’avait pas été financé. Je crois plus Kad hafi que Sarkozy. »
Le réseau Djouhri
Il n’a pas le droit de quitter le centre de Londres depuis son arrestation le 8 jan vier 2018, en vertu d’un mandat d’arrêt européen délivré par la justice française dont il conteste le bienfondé. Passé du clan Chirac déclinant à la Sarkozie conquérante, Alexandre Djouhri, 60 ans, ancien flamboyant intermédiaire et rival de Ziad Takieddine, est soupçonné d’être un personnageclé de cette affaire. Dans sa villa genevoise, les enquêteurs ont ainsi eu la surprise de retrouver, en 2015, un RIB de Claude Guéant, qui n’a su ex pliquer ce fait.
Interrogé sur l’achat pour la somme de 715000 euros, en 2008, de son apparte ment dans le 16e arrondissement de Pa ris, M. Guéant avait dit avoir vendu deux
tableaux pour 500 000 euros la même année à un avocat malaisien, Siva Rajen dram. Après expertise, la valeur des toi les oscille pourtant entre 35 000 et 50 000 euros. Les enquêteurs de Tracfin ont ensuite découvert que le compte de M. Rajendram avait bénéficié, le 27 fé vrier 2008 – soit une petite semaine avant le virement de 500000 euros à Claude Guéant – d’un virement de 500000 euros de la part du milliardaire saoudien Khaled Bugshan, considéré par les enquêteurs comme le « trésorier » de « l’organisation » Djouhri.
A travers des montages financiers tor tueux, M. Djouhri atil cherché à dissi muler le règlement d’une grande partie de l’appartement de M. Guéant avec de l’argent dont l’origine est suspecte ? Et pour quelle contrepartie ? Cette même année, Alexandre Djouhri gère une autre affaire, dans le sud de la France : la vente d’une villa qu’il a acquise dix ans plus tôt, à Mougins (AlpesMaritimes). L’acheteur tient autant à la discrétion que M. Djou hri dont le nom n’apparaît jamais. Il s’agit de son ami libyen, Bechir Saleh, di recteur de cabinet de Mouammar Kad hafi et patron du Libyan African Invest ment Portfolio (LAP), le plus important fonds souverain d’Afrique. A travers la fi liale suisse du LAP, M. Saleh, alors soup çonné de détournements de fonds par l’un des fils Kadhafi, acquiert cette de meure au prix de 10 millions d’euros, alors qu’elle est évaluée à 4 millions d’euros et est grevée d’une dette fiscale d’environ 1,5 million d’euros.
Cette vente dévoile de nouveaux cir cuits financiers opaques soupçonnés d’avoir pu servir, après la campagne vic torieuse de Nicolas Sarkozy, à l’enrichis sement personnel de Claude Guéant grâce à d’importants détournements de fonds libyens. Coryphée de ces transac tions suspectes au profit de Djouhri et passées en partie par le Crédit agricole suisse, l’ancien banquier francodji boutien, Wahib Nacer, ami de Djouhri et banquier historique de la famille Bugs han, se défend malgré les nombreuses annotations «AD» rédigées sur des do cuments relatant ces virements découverts lors des perquisitions. « Lorsqu’il y a marqué “fonds AD”, il ne s’agit pas d’Alexandre Djouhri, mais de AD “mys tère” », se défendil sans rire devant les ju ges venus l’entendre à Djibouti.
La révolution libyenne de février 2011 devenue une guerre n’entame pas l’acti visme d’Alexandre Djouhri. Avec ses amis Bernard Squarcini, patron du contrees pionnage, et Dominique de Villepin, il s’implique dans l’exfiltration de Bechir Saleh de Libye. A Tunis, le Libyen est pris en charge par Boris Boillon et par M. Djouhri qui facilite sa venue à Paris. Mais la présence de M. Saleh, visé par une notice rouge d’Interpol, finit par consti tuer un « irritant diplomatique », selon les termes des services de renseignement. Le 3 mai 2012, entre les deux tours de l’élection présidentielle, Alexandre Djou hri organise sa deuxième exfiltration, cette fois de France vers le Niger d’où il re joindra l’Afrique du Sud. Le jet privé dé colle à 20 heures du Bourget. Il trans porte Bechir Saleh et ses secrets sur l’ar gent libyen loin de la France.
Des preuves fantômes
Depuis la mort de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011, ses fidèles n’ont trans mis aucune des preuves promises et se contentent de témoignages troublants mais discordants. Incarcérés ou en exil, ces caciques d’un régime vaincu dis tillent des indices, des accusations diffi cilement vérifiables, des détails précieux et parfois aussi des fausses pistes. Cer tains ont proposé, parfois contre plu sieurs millions d’euros, des documents aux services secrets.
«Nous en avons la preuve», avait as suré Saïf AlIslam Kadhafi, dès mars 2011. Un mois après le déclenche ment de la révolution et quelques jours avant les premières frappes aériennes occidentales, le fils aîné de la seconde épouse du « Guide » a lancé l’affaire. Sept ans plus tard, dans une lettre transmise à la justice française par ses avocats bri tanniques, il confirmera ses déclara tions, livrant quelques détails encore, sans toutefois apporter de « preuve ». Des figures « kadhafistes », comme Al Baghdadi AlMahmoudi, ont fini par li vrer leurs versions aux enquêteurs fran çais. L’ancien premier ministre (2006 2011), a longtemps accusé Nicolas Sarkozy d’avoir perçu 50 millions d’euros de la part de Mouammar Kad hafi. Il s’est toutefois montré plus me suré devant les juges français venus l’en tendre en prison à Tripoli, confiant ne pas avoir été « directement investi dans cette opération » et n’avoir « jamais eu de contacts » avec Sarkozy.
Abdallah Senoussi, lui, reste plus constant dans ses déclarations et main tient qu’une «partie du soutien a été ac cordée » à Nicolas Sarkozy. Les chiffres qu’il avance ne portent pas sur 50 mil lions d’euros mais sur une demande de 20 millions et un versement de 7 millions dont une partie par virement bancaire.
Auditionné par les juges en février en prison, il explique que Brice Hortefeux, à l’occasion d’une discrète rencontre orga nisée par Takieddine en décembre 2005, lui aurait remis en main propre un nu méro de compte en banque destiné à re cevoir les fonds. M. Senoussi prétend qu’un raid aérien aurait détruit la preuve. Les coordonnées bancaires de la société Rossfield de Takieddine, qui a perçu près de 6 millions d’euros d’argent libyen au cours de l’année 2006, figuraientelles sur ce document ? « Je ne suis pas en me sure de le confirmer », a dit Senoussi.
Interrogé par les enquêteurs le 21 mars 2018, Nicolas Sarkozy qualifie les soupçons de financement de sa campa gne de « fantastique n’importe quoi » puis fulmine contre des « kadhafistes » quali fiés de « plaisantins » ou d’« assassins » prêts à tout pour se venger. Au lende main de sa mise en examen pour «cor ruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de détour nement de fonds publics libyens », Nico las Sarkozy a rappelé, sur le plateau du « 20 heures » de TF1, sa volonté de « pour fendre cette bande » et de « faire triom pher son honneur ».
FEYENOORD TENTÉ PAR AMADOU CISS
Auteur d'un début de saison très prometteur au Fortuna Sittard, le jeune sénégalais est déjà dans les petits papiers du club de Rotterdam
France Football |
Nabil Djellit |
Publication 18/01/2020
Auteur d'un début de saison très prometteur au Fortuna Sittard, Amadou Ciss est déjà dans les petits papiers du Feyenoord Rotterdam.
Jeune promesse du football sénégalais, Amadou Ciss est une des révélations de la saison en Eredivisie. En 14 matches, le Sénégalais a inscrit 5 buts et offert 4 passes décisives. À 20 ans, l'ancien joueur de Pau a tapé dans l'oeil du Feyenoord Rotterdam qui s'est renseigné sur la possibilité de faire venir le joueur dès cet hiver. Mais la L1 pourrait aussi être tenté par ce joueur capable de jouer sur tout le front de l'attaque (9 et demi ou ailier). Son profil plaît à plusieurs écuries et plus particulièrement Dijon. Pour rappel, le finaliste de la CAN U20 est lié à son club jusqu'en juin 2022.
par Charles Faye
AUDIO
LE SÉNÉGAL À L'HEURE DU PÉTROLE ET DU GAZ
Lions-nous aux majors, mais ne nous marions pas avec eux pour la vie, afin que le Sénégal puisse prendre son indépendance définitive en terme de production, tant sur la forme que dans le volume, comme le Qatar et la Norvège l’ont réussi
Nous voilà à un tournant historique ! Celui d’une économie nouvelle, vaporisée par les atomes du gaz, liquéfiée ou épaissie par l’or noir !
Euréka pourrait-on jubiler, bondissant et s’extasiant du nouveau statut qui nous fait rentrer dans le cercle des pays producteurs d’énergie trébuchant de pétrodollars.
Et on n’aurait pas tort de nous serrer les pinces, fiers de cette nouvelle signature internationale euphorisante. Ce d’autant que les mesures prises par le Macky, pour optimiser nos gains, dès les premiers barils de pétrole et mètres cubes de gaz, confortent la thèse d’une prise de conscience de ce qu’il convient de faire et ne pas faire.
La nomination de spécialistes en la matière, pour une gestion optimale et intelligente, en amont et en aval de l’économie nationale du pétrole et du gaz, rassure.
Leur but, étant de faire bénéficier largement, aux populations et à l’Etat, les retombées des richesses pétrolières et gazières tirées de leur sol mais exploitées par les majors.
Le Sénégal n’ayant, ni les moyens d’explorer, ni ceux d’aménager, et encore moins d’extraire le pétrole et le gaz, il ne peut bien évidemment, que s’en remettre aux grandes compagnies, qui ont fortement réduit leurs investissements, ces dernières années tout en maintenant les dividendes versés aux actionnaires.
De 590 milliards d’euros investis en 2013 et par an, pour trouver du pétrole partout dans le monde, les majors sont passés à la moitié.
C’est dire si le Sénégal n’a pas réussi une prouesse, en les faisant adhérer à son ambition.
Ce qui n’est pas si mal, d’autant qu’il pourrait anticiper, sur la disponibilité du pétrole mondial, dont il semble évident, qu’il sera moindre dans les prochaines années. Ce qui veut dire que le risque de voir son prix flamber est grand.
Quoi de mieux donc que d’avoir des hommes du sérail, pour nous faire rêver d’abord, et nous rendre ensuite, tous, aussi riches que les Saoudiens, Emiratis, Qataris, afin que nous-nous la coulions douce, à notre tour.
Et pourquoi pas, de développer à termes, une politique de franchise et d’indépendance, pour les prochaines générations de blocs à exploiter.
Pour y faire, il n’y a qu’une solution. Ne pas vendanger notre pétrole et notre gaz, et observer et pratiquer vis-à-vis des majors, à la lettre, politiquement et économiquement, s’entend, les caractéristiques des molécules du gaz dont on sait qu’elles sont très faiblement liées et quasi indépendantes.
Lions-nous aux majors, mais ne nous marions pas avec eux pour la vie, afin que le Sénégal puisse prendre son indépendance définitive en terme de production, tant sur la forme que dans le volume, comme le Qatar et la Norvège l’ont réussi.
Nous voilà désormais pétroliers, pas seulement que ça d’ailleurs.
Mais, il nous faudra éviter la malédiction pétrolière, développer une stratégie de gaz to power, pour une baisse de l’électricité drastique et l’impulsion d’une industrialisation très forte, assurer le contenu local, pour le plus grand bien du secteur privé, diversifier notre économie, et enfin ne pas oublier que nous sommes aussi culturels. Et pour ce qui concerne notre Culture, il faut regretter qu’elle soit hélas incomprise, au point d’avoir raté le rendez-vous de son industrie ! Et ça, ça veut tout dire. N’est-ce pas Zeng !
par Pape Diouf
LÉGÈRETÉ ET INCOHÉRENCE AU SOMMET DU FOOT AFRICAIN
L’inconcevable faiblesse de l’administration de la CAF appelle des mesures d’assainissement et l’arrivée à sa tête d’un homme fort capable de rallier tous ceux qui veulent vraiment œuvrer pour le développement du football africain
Tous les arguments qui expliquaient et justifiaient l’organisation de la CAN en juillet préférablement au mois de janvier viennent d’être balayés par une série de motifs qui dénotent surtout l’incohérence et la légèreté de ceux qui sont chargés de conduire le football africain.
Que l’Egypte, dernière organisatrice de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), en juillet 2019, et le Cameroun, en principe le prochain, aient des caractéristiques climatiques très différentes, d’accord. Que se pose un problème de territorialité, soit ! Mais rien de nouveau sous le soleil. Ces arguments existent depuis 1957, année de la première édition de la CAN.
Par ailleurs, le football français – principal fournisseur à l’époque des joueurs africains évoluant en Europe –, et son homologue africain avaient en bonne intelligence retenu le début de l’année, c’est-à-dire le mois de janvier, pour le déroulement de la plus grande compétition africaine qui, jusque-là, se tenait en mars. Cela permettait aux uns et aux autres de préserver leurs intérêts.
Changement de cap avec l’arrivée d’un nouveau président à la tête de la Confédération africaine de football (CAF). Ahmad Ahmad, le nouvel élu, a pris soin de bien se mettre en scène et de changer l’orchestration. Sans doute s’est-il dit que l’Afrique, qui aura désormais vingt-quatre équipes qualifiées – tant pis pour les infrastructures inexistantes sur le continent –, gagnerait à organiser sa phase finale en été. Chaque nation pourrait ainsi faire appel à ses professionnels, ce qui est la promesse d’un jeu de qualité.
L’Afrique doit encore se soumettre
Pour justifier son spectaculaire revirement, il s’appuie sur un maître mot : la flexibilité. Revenir en hiver, clame-t-il, c’est être flexible. En vérité, c’est taire le fait que depuis l’installation de Mme Fatma Samoura au siège du Caire, installation décidée autoritairement par la FIFA, la direction de la CAF est dépendante de la volonté de la fédération internationale et de son président Gianni Infantino, ce dernier étant très impliqué dans l’élection d’Ahmad. Leurs « recommandations » sont tout naturellement devenues des ordres.
Et la CAF, dont les caisses sont vides et dans le besoin de renflouement continu, est désormais contrainte et forcée d’obéir au doigt et à l’œil à ce que l’institution mondiale lui dicte. Or, on sait que la FIFA a mis sur pied une nouvelle compétition prévue précisément en juin, le Mondial des clubs, qui va accueillir vingt-quatre adversaires et non plus huit comme c’était le cas jusqu’ici. Pas question donc de télescopage entre la CAN et cette compétition new look.
Une fois de plus, c’est l’Afrique qui doit se soumettre. Tout comme l’ensemble du comité exécutif devant son président, qui collectionne les bévues comme d’autres les petits soldats de plomb. Un comité exécutif composé pour l’essentiel d’esprits timorés, enclins à la flatterie, surtout zélés pour plaider une révision à la hausse des indemnités financières multipliées par deux depuis l’avènement du dirigeant malgache. L’inconcevable faiblesse de l’administration de la CAF appelle des mesures d’assainissement et l’arrivée à sa tête d’un homme fort, d’un vrai caractère disons-le, d’un patron capable de rallier tous ceux qui veulent vraiment œuvrer pour le développement du football africain.
Pape Diouf a été président de l’Olympique de Marseille de 2005 à 2009.
LA DGID VISE LES IMPORTATEURS QUI NE PAIENT PAS LA FISCALITE
C’est l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) qui a sonné l’alerte sur une augmentation de 2 à 12% de l’impôt sur les importations.
La Direction Générale des Impôts et Domaines (DGID) rassure les commerçants et industriels que la création du nouvel impôt à savoir le prélèvement de conformité fiscale (PCF) vise les personnes physiques et morales qui procèdent à des importations sans s’acquitter de toutes leurs obligations fiscales. Elle précise d’ailleurs que le nouvel impôt n’est pas encore appliqué et invite les acteurs à contribuer à la rédaction du texte.
La Direction Générale des Impôts et Domaines (Dgid) a brisé le silence sur une éventuelle augmentation des impôts qui pourrait impliquer une hausse du prix des biens de consommation. C’est l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) qui a sonné l’alerte sur une augmentation de 2 à 12% de l’impôt sur les importations. En effet, la Direction Générale des Impôts et Domaines qui n’a pas nié l’existence de la mesure, précise qu’elle n’est pas encore impliquée. En outre, elle ne vise que ceux qui ne s’acquittent pas des impôts. «La Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) tient à préciser que les modifications du CGI ont plutôt principalement porté sur la simplification du dispositif fiscal pour faciliter l’acquittement volontaire des obligations de déclaration et de paiement des impôts et sur la réduction des impôts et taxes, notamment au profit des petites et moyennes entreprises (PME)», précise la Direction des Impôts et Domaines dans un communiqué parvenu à «L’As».
D’après la même source, ces modifications visent à mettre en place une fiscalité plus adaptée qui allie simplicité et efficacité, en vue de favoriser le développement harmonieux des PME. «Au demeurant, le nouvel impôt créé, à savoir le prélèvement de conformité fiscale (PCF), vise les personnes physiques et morales qui procèdent à des importations sans s’acquitter de toutes leurs obligations en matière de fiscalité intérieure. Toutefois, le PCF n’est pas encore applicable. En effet, c’est un arrêté du ministre chargé des Finances qui doit fixer les produits soumis au PCF et déterminer les modalités d'application», indique-t-on dans le communiqué. Toutefois, la Direction des impôts et domaines invite tous les acteurs à la concertation à contribuer à la préparation de ce texte. «Dès lors, il convient de souligner qu’il n’y a eu aucune hausse ni modification de l’impôt sur les bénéfices, à savoir l’impôt sur les sociétés. Il s’est simplement agi d’apporter une réponse fiscale appropriée à des comportements et pratiques constitutifs de concurrence déloyale et nocifs pour l’économie, en particulier la production nationale», souligne-t-on.
SIMPLIFICATION DU CALCUL ET REDUCTION DES TAUX DE LA CONTRIBUTION GLOBALE UNIQUE (CGU)
La Direction générale des impôts et domaines informe que les modifications du Code général des Impôts (CGI) portent essentiellement sur la simplification du calcul et la réduction des taux de la Contribution globale unique (CGU). «Pour le calcul de la CGU, il existait un barème de progressivité par tranches constitué de cinq (5) taux (entre 4 et 8%) pour les prestataires de services et de trois (3) taux (entre 1 et 2,8%) pour les commerçants et producteurs. En raison de la complexité de ce dispositif et pour faciliter les modalités de détermination de l’impôt dû, une méthode de calcul plus simple a été adoptée consistant à appliquer au chiffre d’affaires annuel un taux de 2% pour les commerçants et un taux de 5% pour les prestataires de services», justifie-t-elle. La deuxième modification a trait aux nouvelles mesures d’accompagnement des PME qui visent une meilleure prise en compte de la spécificité des entreprises du secteur numérique. A ce propos, les PME bénéficient désormais de plusieurs baisses d’impôt, notamment l’exonération de l’impôt minimum forfaitaire (IMF) pendant trois (3) ans, l’exonération de la contribution forfaitaire à la charge de l’employeur (CFCE) pendant trois ans, la suppression du minimum de perception de 500 000 francs en matière d’IMF, la réduction (de 25 000 à 10 000) des droits d’enregistrement pour la création de sociétés ou de GIE lorsque le capital est égal à un maximum de cent (100) millions Fcfa. Et la dernière modification contribue à lutter contre la fraude fiscale et la concurrence déloyale.
(RE) NAISSANCE D’UNE OPPOSITION RADICALE
Une catégorie d’hommes politiques est en train de voir le jour. Elle est marquée par une jeunesse teigneuse qui veut bouleverser la hiérarchie et insuffler une alternance générationnelle à une opposition qui semble avoir déserté l’espace politique
Seydina Bilal DIALLO et Sira DIALLO |
Publication 18/01/2020
Les forces politiques de l’opposition classique semblent avoir perdu des plumes au fil du temps. Tout au moins, il leur est difficile de maintenir le cap en suivant un rythme continu dans le combat. Au même moment, d’autres jeunes leaders font surface. De par leur constance, ils sont considérés comme la classe politique radicale. qui sont-ils ? Sont-ils vraiment radicaux? Ousmane Sonko, Barthélémy Dias, Thierno Bocoum et Dr Babacar Diop constituent en tout cas la jeunesse politique émergente du pays.
Le Sénégal a connu la gauche classique, rebelle et évoluant dans la clandestinité sous Léopold Sédar Senghor. Ensuite, sous le Président Abdou Diouf, celui qui est considéré comme le père du libéralisme africain a marqué son époque en menant la vie dure au régime socialiste. Abdoulaye Wade a été ainsi plusieurs fois emprisonné pour son opposition à Diouf avant d’être le principal acteur de la première alternance démocratique au Sénégal.
Toutefois, le règne du pape du Sopi aussi n’était pas du tout repos avec des adversaires rompus à la tâche, organisés et déterminés à en découdre avec lui. Il s’agit de grands leaders venus d’horizons divers à l’image des marxistes Amath Dansokho, Landing Savané, Abdoulaye Bathily, des socialistes comme Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse et des libéraux frustrés comme Idrissa Seck et Macky Sall. Cela a ainsi payé en débouchant sur l’élection de Macky Sall à la tête de la magistrature suprême. Cependant, sous l’actuel régime, la donne semble avoir changé avec «une opposition réduite à sa plus simple expression» comme le prédisait le Président Macky Sall, lui-même. Ainsi, le chef de l’Etat n’a pas vraiment eu à faire face à une opposition aux ailes dures comme on le voyait par le passé. Mais depuis un certain temps, une catégorie d’hommes politiques est en train de voir le jour. Celle-ci est marquée par une jeunesse teigneuse qui veut bouleverser la hiérarchie et insuffler une certaine alternance générationnelle à une opposition qui apparemment semble avoir déserté l’espace politique. Elle est plus impliquée dans les combats sociaux et est en parfaite entente avec les plateformes de lutte sociale (Aar Li Nu Bokk, Noo Lank, etc.) où elle est très active. Ces jeunes leaders, tous, la quarantaine, essayent tant bien que mal d’incarner l’opposition radicale. En effet, cela leur est surtout facilité par l’absence de Karim Wade, le silence d’Idrissa Seck et la passivité de Khalifa Sall, des ténors qui devraient aujourd’hui mener «la vie dure» au régime de Macky Sall. Ce sont Thierno Bocoum, Babacar Diop, Barthélémy Dias, et Ousmane Sonko. Aujourd’hui, personne ne peut nier le fait qu’ils sont au cœur du débat et de la reconfiguration du jeu politique.
OUSMANE SONKO, LE JEUNE BOXEUR DANS LA COUR DES GRANDS
Il est jeune et il boxe déjà dans la cour des grands. Le leader de Pastef, Ousmane Sonko a montré ses preuves aux législatives de 2017 et à la présidentielle de 2019. Il a terminé à la troisième place de l'élection présidentielle du 24 février 2019 avec plus de 687 000 voix soit 15,67 %, derrière le Président sortant Macky Sall et l'ancien Premier ministre Idrissa Seck. Il se construit en plus une base politique solide au sud du Sénégal. Sans compter ses acquis dans la diaspora et le militantisme d’une bonne partie des jeunes intellectuels qu’il a su convaincre. Loin du débat politicien, il articule son discours sur des questions de gouvernance, excelle dans les révélations notamment sur la gestion du régime de Macky Sall. Après un livre dénonçant la façon dont le pétrole et le gaz sénégalais sont gérés, il innove le 16 septembre 2018, à la veille de la présidentielle en publiant un livre programmatique, «Solutions», dans lequel il livre un diagnostic des problèmes sociaux et économiques du Sénégal, tout en déclinant ses propositions. Ousmane Sonko est né le 15 juillet 1974 à Thiès. Il est le président du parti PASTEF et est député depuis juillet 2017.
BARTHELEMY DIAS, LE CHAUD BOUILLANT
Il fait partie des grands acteurs de la chute d’Abdoulaye Wade. Le lieutenant de Khalifa Sall est un esprit libre. Contrairement à Khalifa Sall très clame et passif, «Dias-fils» se fait remarquer partout où il passe avec un discours radical et va-t-en guerre. Il ne mâche pas ses mots même quand il parle du chef de l’Etat, n’hésitant pas à utiliser des termes déplacés. Son enthousiasme et sa fougue, il les tient certainement de son papa, Jean Paul Dias, leader du BCG et grand opposant de Wade avant sa chute. Barthélémy Toye Dias, né en 1971, est titulaire d'un Master of Business Administration (MBA), option Transport aux Etats Unis. En 2005 il adhère au PS dont il était membre du bureau politique et du comité central et secrétaire général du Mouvement national des jeunesses socialistes du PS. Avec les remous qu’a connus le parti, il prend fait et cause pour Khalifa Sall et s’aligne à côté de l’ancien maire de Dakar. Il a été ainsi exclu du PS en même temps d’ailleurs que Khalifa Sall. Barth a bénéficié par le passé d’un mandat de député. Elu en juillet 2012 sur la liste nationale de la coalition BBY, il a occupé les postes de Secrétaire élu au bureau de l'Assemblée nationale, membre de la Commission des Affaires étrangères, de l’union africaine et des sénégalais de l’extérieur ; membre de la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains et la commission chargée de l’économie générale et des finances. Aujourd’hui, il déroule son deuxième mandat en tant que maire de la commune de Mermoz-Sacré-Cœur
THIERNO BOCOUM, UNE MARCHE LENTE MAIS SURE
Il est présent dans toutes les marches ou manifestations qu’elles soient politiques ou sociales. Thierno Bocoum est toujours visible quand il s’agit de marcher pour les enfants ou pour réclamer la transparence dans la gestion du pétrole et aujourd’hui contre la hausse du prix de l’électricité. Monsieur Bocoum s’est distingué particulièrement en tant que chargé de communication de Rewmi. Pur produit d’Idrissa Seck, il l’a soutenu à la dernière présidentielle, malgré le fait qu’il l’ait quitté après les élections législatives pour créer le mouvement Agir. Une structure portée sur les fonts baptismaux en grande pompe, mais qui n’a pas réussi à avoir la même aura que son leader qui utilise les réseaux sociaux pour faire passer son message et exister politiquement. Il se prononce sur tous les faits de société et les affaires touchant l’intérêt national. Né en 1977, Thierno Bocoum est Juriste de formation. Il est titulaire d’un diplôme de troisième cycle d’Etude Supérieure en Communication. Il est également titulaire d’un Master en sciences de gestion et en droit des affaires internationales. Il a été élu député en Juillet 2012 sur la liste nationale de la coalition BBY.
BABACAR DIOP, L’INTELLECTUEL REVOLUTIONNAIRE
Il s’est fait remarquer ces derniers mois en essayant de toucher les grilles du Palais présidentiel lors d’une marche interdite contre la hausse du prix de l’électricité. Emprisonné, il a passé quelques jours derrière les barreaux avant d’être relâché. A chaque fois qu’il prend la parole, il capte son public par son éloquence, sa pertinence et sa capacité à haranguer les foules. Babacar Diop a la réputation d’être un révolutionnaire partout où il est passé. Né le 17 août 1982 à Baïty Bacar (département de Tivaoune), il a fait toutes ses études à Thiès où il a obtenu le bac au Lycée El hadj Malick Sy. Dès son cursus secondaire, il se fait connaitre en dirigeant le mouvement élève. A l’université, il a continué à militer dans les amicales pour porter les revendications estudiantines. Il a occupé de nombreux postes dans le mouvement étudiant : président de la Coordination des étudiants Thiessois (CET), président de l'Amicale des étudiants de la Faculté des lettres et sciences humaines (2 mandats), représentant des étudiants à l'Assemblée de Faculté et représentant des étudiants à l'assemblée de l'université. Babacar Diop a obtenu son doctorat en philosophie en 2011. Il est enseignant-chercheur au département de philosophie de l'Ucad depuis 2013. Maître de conférences titulaire, il a publié le livre intitulé «Le feu sacré de la liberté: mon combat pour la jeunesse africaine», préfacé par le Pr. Djibril Samb. Aujourd’hui, il est le Secrétaire général des Forces démocratiques du Sénégal (FDS), un parti politique créé le 07 avril 2018 à Dakar.
MOUSSA DIAW, ENSEIGNANT-CHERCHEUR EN SCIENCES POLITIQUES A L'UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS : «Je pense qu’il faut organiser cette équipe»
«Je ne sais pas si on peut parler de renaissance de l’opposition radicale. Comme s’ils étaient en panne d’idée, les anciens ont déserté l’espace alors que l’actualité politique est chargée et qu’il y a de la matière. C’est pourquoi, ces leaders comme Ousmane Sonko, Barthélémy Dias, Thierno Bocoum et Babacar Diop se font leur propre analyse de la situation et proposent une alternative politique. Ils proposent des solutions et ont leur propre vision des choses. C’est une nouvelle génération qui émerge et c’est réconfortant pour l’avenir et pour le renouvellement de l’élite politique justement. Ils constituent une nouvelle élite politique avec une approche différente. Je pense qu’il faut organiser cette équipe afin que leur façon de voir la politique soit davantage déterminante dans l’espace et qu’ils puissent convaincre les citoyens. Ils sont issus d’écoles différentes ; mais ils se ressemblent et sont différents des autres qui sont moulés dans un système archaïque appartenant à un microcosme politique ; de gens qui se connaissaient et qui changent d’un régime à un autre. D’une alternance politique à une autre, on voit toujours les mêmes qui font leur reconversion pour participer à une forme de partage du pouvoir. Ils ne sont pas dans cette logique de partage du gâteau. Ils sont dans une logique d’analyse de la situation et de proposer des solutions par rapport aux priorités des Sénégalais. Et à mon avis, leur approche place les citoyens au cœur du dispositif politique. Et ils ont une ouverture d’esprit leur permettant de dialoguer, de discuter et de débattre sur des questions essentielles. Les anciens, même s’ils ont cette capacité, c’est toujours le même discours qui ne change pas. Le discours des anciens s’inscrit dans une continuité politique qui n’apporte rien et très chargé idéologiquement. En plus d’entretenir une forme de reproduction du système ancien. Ces jeunes ne sont pas dans un clientélisme, ils ne cherchent pas une redistribution de portion de pouvoir pour une clientèle donnée. Et donc, cela donc rompt complètement avec la réalité politique sénégalaise. A mon avis, c’est une innovation importante, pourvu que cela dure»
IBRAHIMA BAKHOUM, JOURNALISTE ET ANALYSTE POLITIQUE : «les réseaux sociaux et les médias donnent l’impression qu’il n’y a qu’eux»
«Ces gens ont appris très vite. Ils n’ont ni les années de Wade ni le parcours de Mamadou Diop Decroix. Juste qu’ils n’ont pas eu besoin de mettre un temps très long pour être connus dans le monde politique. Aujourd’hui, n’importe qui peut se positionner pourvu seulement que la personne sache communiquer sur les réseaux sociaux et se positionner dans les médias. Ces derniers, ne pouvant pas toujours inviter les mêmes personnes, courent souvent vers les nouvelles têtes qui émergent. Et ces nouvelles têtes en profitent pour occuper l’espace. Cependant, si on prend l’exemple de Thierno Bocoum, il a utilisé sa position en tant que chargé de communication de Rewmi pour émerger. En effet, le fait de porter la voix d’un parti visible comme le Rewmi avec des leaders charismatiques visibles, ça propulse la personne. Par contre, Sonko, il a un discours très porteur. Il lève des lièvres en parlant de pétrole, de détournement par-ci, de mauvaise gouvernance par-là, etc. Et les Sénégalais sont très réceptifs de ces messages. Il s’y ajoute son jeune âge et sa radiation considérée par beaucoup comme une injustice. Ce qui le met tout de suite en position de victime et fait sa force. En ce qui concerne Barthélémy Dias, il a toujours un discours radical. Il est amplifié certes ; mais la personne elle-même perturbe. Mais derrière tous ces gens, contrairement à ce que l’on peut penser, il y a toujours d’autres qu’on entend moins, mais qui sont de grands stratèges, qui prennent leur temps et qui savent où et quand il faut communiquer. Donc ils donnent l’impression de laisser l’espace aux autres. Mais lorsqu’ils parlent leur discours est écouté parce qu’il est rare. La denrée rare est toujours une denrée demandée. Les réseaux sociaux et les médias donnent l’impression qu’il n’y a qu’eux, alors qu’il y en a d’autres. Seulement, ils sont beaucoup plus organisés dans la démarche et plus structurés en termes de communication. En plus de cela, on a maintenant une jeunesse très politisée qui est en train de monter.»
«RESTONS AVEC NOTRE MONNAIE ACTUELLE QUI MARCHE, ET QU’IL NE FAUT PAS AFFAIBLIR»
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, par ailleurs président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) s’est prononcé sur le débat autour de la nouvelle monnaie devant remplacer le Franc CFA
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, par ailleurs Président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) a rendu hier une visite de courtoisie à l’Imam Babacar Ndiour de la mosquée Moussanté de Thiès. Après avoir participé à la prière du vendredi, il s’est prononcé sur le débat autour de la nouvelle monnaie devant remplacer le Franc CFA. Pour le moment, il propose de maintenir notre monnaie actuelle qui marche et de ne pas l’affaiblir
«J’ai beaucoup entendu parler de l’Imam Babacar Ndiour comme j’ai aussi beaucoup écouté ses sermons de vérité, mais aussi utiles aux musulmans et aux citoyens de façon générale. C’est pourquoi, j’ai fait le déplacement pour avoir l’occasion de l’écouter de vive voix. » C’est ce qu’a déclaré hier l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, par ailleurs Président de l’Alliance pour la Citoyenneté et le Travail(ACT). Il était allé rendre visite à l’Imam de la grande mosquée de Moussanté et après avoir assisté à la prière du vendredi, il s’est prononcé sur le débat autour de l’Eco, la nouvelle monnaie devant remplacer le Fcfa dans le courant de 2020.
« Pour l’instant, restons sur notre monnaie actuelle qui marche et qu’il ne faut pas affaiblir », a-t-il affirmé avant d’ajouter : « A trop s’interroger sur le futur d’une monnaie, on crée de la suspicion et on ne fait que la pousser vers la réduction en valeur. Demain l’Eco pourrait être tout simplement une continuité du Fcfa pour les 8 pays de l’Union Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Donc pas de panique, l’heure doit être à rassurer les populations ; l’évolution était nécessaire, elle est allée dans le sens de la dignité. C’est cette même dignité qui a permis de mettre fin à près de 60 ans de dépendance relative par rapport à la France. Cette parenthèse est fermée est c’est à nous de construire ce qui vient, mais surtout sans polémique susceptible d’être défavorable à notre monnaie, parce que tout ce qui est défavorable à une monnaie finit par être défavorable à une économie. »
Dans son sermon de vendredi devant l’ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye, l’Imam Babacar Ndiour a, comme à l’accoutumée, touché du doigt les tares de la société. Il a convoqué la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) dans son sermon, pour évoquer la question de l’inversion de la preuve. Selon Abdoul Mbaye, dans le cas d’espèce, l’inversion de la preuve est une violation de droit fondamental et de ce point de vue, il partage totalement l’avis de l’Imam Babacar Ndiour. « Quelqu’un qui s’est enrichi doit être en mesure de dire comment il l’a été », a notamment expliqué Abdoul Mbaye pour étayer sa position.
S’agissant de la pertinence de la CREI, il soutient qu’elle se justifie et doit continuer d’exister. Mais pour lui, il faut aller dans le sens de réformes, pour que le recours puisse exister car comme l’homme se trompe, le juge peut aussi se tromper, Seul Dieu ne se trompe pas.
Revenant sur les sermons de l’Imam Babacar Ndiour, il renseigne qu’ils sont utiles aux musulmans et aux citoyens de façon générale. « Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion de venir entendre ses sermons, C’est pourquoi j’ai fait le déplacement ce jour pour avoir l’occasion de l’écouter de vive voix », martèle-t-il encore.
Il ajoute : « L’occasion m’a été ainsi donnée d’entendre un sermon de très grande qualité, comme on n’en entend pas tous les jours dans les mosquées et il faut bien le reconnaître. C’est un sermon plein de vérités, ancré sur l’Islam à travers les Hadith et la vie de certains des compagnons du Prophète ». Il a noté un passage du sermon ayant trait à la nécessité de faire du sport.
Selon lui, l’Imam a lancé là un véritable message de santé publique en donnant des conseils d’alimentation. Fréquemment, Imam Babacar Ndiour flétrit certains comportements dans l’arène politique et pour Abdoul Mbaye, quand quelqu’un est dans la vérité, il est très probable qu’il heurte les politiques. C’est parce que malheureusement, la conception de la politique du Sénégal est bâtie sur la trahison à travers par exemple la transhumance.
Pour lui, la politique, c’est le refuge de beaucoup de défauts et c’est pourquoi un homme religieux, un Imam comme Babacar Ndiour, soucieux de vérité et d’éducation morale, ne peut que parfois fustiger les comportements et certains propos des politiques et des politiciens.
A son avis d’ailleurs, les politiciens ont leur part de responsabilité dans la crise des valeurs et dans son sermon, l’imam a accordé une importance particulière à l’origine de l’argent. Malheureusement, dit-il, « l’origine de l’argent du politicien est très rarement licite et il faut regretter que nos compatriotes tendent souvent la main pour le recevoir. C’est là un exemple entre beaucoup d’autres, sans compter les débauches, les changements de comportements qui vont à l’encontre des valeurs fondamentales qui furent de celles de notre société, de l’Islam et de tout croyant »