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18 juillet 2025
L'ONU EN CROISADE CONTRE LES DISCOURS DE HAINE
Nous devons rester solidaires avec ceux qui sont visés - Nous devons affirmer que la diversité est une richesse et non une menace - ENTRETIEN AVEC ADAMA DIENG
Vous menez actuellement la nouvelle stratégie des Nations Unies de lutte contre les discours de haine. Quelles mesures concrètes seront adoptées pour s'attaquer à « l'ensemble du cycle de vie du discours de haine, depuis ses causes profondes jusqu'à son impact sur les sociétés » ?
La stratégie et le plan d'action de lutte contre les discours de haine comprennent 13 engagements. Ces engagements devront être pris à l'échelle mondiale, ainsi qu'au niveau national. Ils contiennent un large éventail de mesures, notamment :
Mieux comprendre et contrôler les discours haineux et leur impact sur les sociétés ;
Identifier et mettre au point des programmes pour traiter les facteurs et les causes profondes des discours de haine ;
Soutenir d'autres récits positifs pour combattre ces discours.
Il s'agit d'un programme de grande envergure, qui exigera la participation des États Membres, de la société civile, des médias, des entreprises technologiques et d'autres parties prenantes pertinentes. Cette responsabilité incombe aussi à chaque individu.
La définition du discours haineux fait actuellement face à de vives critiques.Le discours haineux est-il vraiment trop subjectif pour être défini ? Pouvez-vous proposer une définition du discours de haine ? Ou cela n'est-il possible qu'en mettant en danger la liberté d'expression, qui est menacée à l'échelle mondiale ?
Toute d'abord, il n'existe aucune définition juridique internationale du discours de haine. Ce que l'on considère comme « haineux » peut être controversé et contesté. Les Nations Unies ont toutefois élaboré une définition de travail, à défaut d'une définition juridique internationale. À l'ONU, nous comprenons le terme « discours de haine » ou « discours haineux » comme tout type de communication orale ou écrite ou tout type de comportement visant à attaquer ou utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l'encontre d'une personne ou d'un groupe sur la base de son identité, en d'autres termes, sur la base de sa religion, son origine ethnique, sa nationalité, sa race, sa couleur, son ascendance, son sexe ou tout autre facteur d'identité. Ce type de discours est souvent fondé sur l'intolérance et la haine, et les encourage. Dans certains contextes, ces discours peuvent également être dégradants et conflictuels.
À l'ONU, nous estimons également que la liberté d'opinion et d'expression est sacrée et qu'il ne faut jamais confondre la lutte contre les discours de haine avec la répression de cette liberté. Lutter contre les discours haineux ne signifie pas limiter ou interdire la liberté d'opinion et d'expression. Il s'agit d'empêcher que les discours de haine ne se transforment en quelque chose de beaucoup plus dangereux – en particulier l'incitation à la discrimination, l'hostilité et la violence, qui est interdite par le droit international – grâce aux engagements énoncés dans la stratégie et le plan d'action.
Selon vous, quelles sont les formes de mobilisation sociale les plus efficaces et puissantes contre les discours de haine ? Que peut-on en tirer ?
Les sociétés peuvent lutter contre les discours de haine et leur impact de plusieurs manières. Il faut en priorité s'assurer que les populations sont résilientes face aux discours haineux et aux divisions qu'ils souhaitent créer. Les États doivent également s'assurer que les politiques et les programmes de non-discrimination, d'inclusion et de protection des droits de l'homme sont mis en œuvre de manière adéquate. D'autres acteurs tels que les médias, les acteurs religieux et chaque individu ont un rôle à jouer et la responsabilité de contribuer à des sociétés pacifiques et inclusives. Nous devons mobiliser la jeunesse et investir dans l'éducation. Nous devons affirmer que la diversité est une richesse et non une menace. Dans les années 1930, alors que les discours haineux étaient en hausse en Europe, aucune action n'a été prise pour y mettre un terme. Cette situation a abouti à l'Holocauste, qui a causé la mort de 6 millions de Juifs. J'ai également pu constater ce phénomène au Rwanda où, en l'espace de 100 jours, près d'un million de personnes ont été tuées en raison de leur appartenance ethnique, parce qu'ils étaient des Tutsis. Nous l'avons vu encore au Myanmar, où plus de 700 000 Rohingya ont dû fuir leur pays et trouver refuge au Bangladesh à cause des violences auxquelles ils étaient confrontés. Ces situations d'extrême violence ont également été précédées par des discours de haine.
Que peut faire chaque personne pour combattre les discours de haine ? Comment pouvons-nous mieux soutenir tous ceux qui les combattent ?
Nous avons tous un rôle à jouer dans la lutte contre les discours de haine. À l'heure actuelle, beaucoup d'entre nous sont connectés grâce à Internet. Même si nous ne sommes pas les cibles de ces discours, nous devons nous impliquer pour les combattre, tout simplement car nous devons rester solidaires avec ceux qui sont visés. Nous devons veiller à ce que quiconque étant soumis aux discours haineux se sente soutenu. Nous devons nous unir pour faire entendre la voix de ces victimes.
Nous devons aussi mettre l'accent sur les droits de l'homme et la prévention dans les programmes scolaires des écoles du monde entier. Dans le cadre des engagements de la stratégie et du plan d'action sur les discours de haine, les Nations Unies organiseront une conférence internationale sur l'éducation pour la prévention axée sur la lutte contre les discours de haine, à laquelle plusieurs ministres de l'éducation participeront.
Regardez la vidéo suivante, dans laquelle Adama Dieng nous explique pourquoi les discours de haine n'ont pas leur place dans notre société.
«CE CENTRE PERMET À L’ÉTAT ET À LA FÉDÉRATION D’ÉCONOMISER DE L’ARGENT»
Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le directeur Ibrahima Niang parle des nombreux avantages qu’offre l'infrastructure baptisée au nom de Youssoupha Ndiaye à Guéréo
Inauguré début octobre, le Centre d’excellence Youssoupha Ndiaye de Guéréo devrait soulager les autorités en termes de dépenses dans le cadre des préparations des différentes équipes. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le directeur Ibrahima Niang parle des nombreux avantages qu’offre cette infrastructure.
Pouvez-vous nous expliquer les fonctionnalités de ce centre ?
Il faut noter qu’au niveau du centre de Guéréo, tout a été presque refait. Comme à Toubab Dialaw, la Fédération a mis des millions pour qu'on puisse avoir de l’électricité à Guéréo et un forage. En dehors de cela, nous avons fait le terrain en gazon naturel. C’est l'une des meilleures réalisations. Après avoir amélioré le confort et rendu praticable le gazon naturel, nous avons réalisé quelques travaux à Toubab Dialaw. Nous avons construit des vestiaires, un terrain de Beach Soccer pour régler ce problème, mais aussi une tribune. Il y a aussi une intendance en cours de construction. Pour le moment, c’est là où nous en sommes pour les réalisations. Nous avons aussi un projet d’hôtel fédéral. Mais vu que nous avons un titre d'assiette foncier à Guéréo, nous avons jugé nécessaire de le mettre là-bas. Nous avons également un projet d'augmentation d'hébergement en construisant d’autres bâtiments pour recevoir les regroupements des équipes nationales. Nous avons deux à trois regroupements par semaine. Et si cela dépasse ce nombre, nous sommes obligés d’aller à l’extérieur. Dans le souci de faire économiser de l'argent à l'Etat du Sénégal et à la Fédération, nous allons construire.
Avez-vous fait appel à des entreprises étrangères pour la construction de ce stade ?
Ce terrain a été refait par les jardiniers du centre de développement technique Jules François Bocandé. Cela n’a nécessité aucune intervention privée ou étrangère. Cela montre tout simplement que si on fait confiance aux Sénégalais et qu’on met les moyens, ils peuvent faire un excellent boulot.
Comment parvenez-vous à gérer les deux complexes ?
Gérer, c’est s’organiser. Le rôle d’un manager n’est pas de faire, mais c’est de faire faire. Si on organise les choses comme il le faut, on n’est pas obligé d’être à chaque minute quelque part. L’essentiel, c’est d’avoir une bonne équipe, avec qui on fixe des objectifs et un planning de travail pour gérer les deux centres. Nous n’avons aucune difficulté particulière à gérer les deux infrastructures. J’ai des agents motivés et compétents pour le travail. Par rapport à Toubab Dialaw, il faut savoir que je suis là-bas depuis 2014. Lorsque je suis arrivé, le Centre était juste opérationnel. Depuis, nous avons attaqué le confort interne qui consiste à climatiser les chambres, avoir de l’eau chaude dans les chambres etc. A l’extérieur, nous avons créé un espace vert. Il fallait refaire les fissures, la peinture et régler le problème d'eau qui existait. Dehors, il fallait nettoyer et planter des arbres, rendre l'aire de jeu en gazon naturel praticable.
Vous êtes également secrétaire adjoint au bureau de la Fédération sénégalaise de football…
Le poste d’adjoint à la Fédération sénégalaise de football est la dernière nomination que j’ai eue. C’est un poste de secrétaire général adjoint chargé du développement et des infrastructures. Cela veut dire que sur les infrastructures qui existent, il y aura des directeurs qui vont travailler avec moi. Pour le reste, je reste secrétaire général adjoint. Donc, on pourrait assimiler ce poste à une formation. Les directeurs des deux centres vont fonctionner en toute autonomie. De mon côté, je vais juste de temps en temps faire des séances de travail. Ce qui est un allègement pour moi.
Que représente le futur stade qui sera bientôt inauguré à Toubab Dialaw ?
Aujourd’hui, nous avons là-bas un stade qui est réalisé avec un parking et les autres commodités. Même si ce n’est pas un stade de compétition internationale, il pourrait nous servir lors des matchs amicaux et de championnat. On se dirige vers l’inauguration d’un stade au centre technique Jules François Bocandé. C’est un grand pas pour le football sénégalais. Avec cette infrastructure, nous avons montré le modèle de synthétique qu’on doit utiliser pour nos travaux. Nous avons une tribune où toutes les places sont numérotées.
Peut-on dire que vous avez pris votre retraite concernant l’arbitrage ?
J’ai mis de côté l’arbitrage depuis quelques années. Avec mes charges, je n’ai plus le temps pour cela. Je n’ai pas encore déclaré de façon officielle mon arrêt. Mais si on reste pendant une saison sans siffler et on ne se prépare pas pour la saison suivante à cause de certaines conditions, je pense que c’en est fini avec l’arbitrage. C’est quelque chose qui prend beaucoup de temps. C’est des entrainements tous les jours, des réunions. C’est pourquoi, cela demande beaucoup de temps.
L’OPPOSITION ET LE POUVOIR ACHOPPENT SUR LE QUITUS FISCAL
Hier jeudi, le Pole de l’opposition, celui des non alignés et le groupe de la Majorité ont consacré le blocage sur le quitus fiscal que le pouvoir avait proposé comme exigence pour la création d’un parti politique.
Le dialogue politique enclenché depuis mai dernier se poursuit lentement avec de petites avancées. Hier jeudi, le Pole de l’opposition, celui des non alignés et le groupe de la Majorité ont consacré le blocage sur le quitus fiscal que le pouvoir avait proposé comme exigence pour la création d’un parti politique.
Si dans d’autre pays pour aspirer à être président de la République, il faut impérativement être en règle avec le fisc, cela ne semble pas être une préoccupation pour la classe politique sénégalaise. La preuve, hier, l’opposition et même les non alignés ont rejeté la proposition de la Majorité qui réclamait que le quitus fiscal soit inscrit parmi les documents à exiger dans le cadre de la formation d’un parti politique.
Pour cette fois, c’est l’opposition et la société civile qui semblent faire la promotion de la délinquance fiscale dans notre pays. Pour eux, cette exigence est une atteinte au principe de libre association, d’autant plus que le quitus fiscal n’est même pas exigé aux candidats à la présidentielle. Ainsi donc, la rencontre de mardi dernier avait achoppé sur ce point qui a été rappelé hier encore à l’ordre du jour.
Face à la résistance des contempteurs de cette idée, la Majorité a lâché du lest. Finalement les parties ont convenu de l’exigence d’une déclaration sur l’honneur. Autrement dit, le déclarant doit jurer sur l’honneur qu’il est en règle avec le fisc. Il sera dès lors loisible à l’Administration de s’assurer de la conformité de la déclaration du demandeur.
En achoppant sur ce baromètre fiable du civisme, la classe politique démontre à quel point elle est inconséquente avec elle-même. Il reste alors au Comité du dialogue de s’entendre sur le cas des coalitions qu’il veut réglementer. Seulement à ce niveau également, les parties n’ont pas trouvé un compromis et ont dû renvoyer la question à mardi prochain.
PAPE DIOUF PREND SON ENVOL
Le chanteur a consommé son divorce avec Prince Art.
«Paris Dakar» ! Ce n’est pas le titre d’un voyage mais celui du single éponyme qui va annoncer l’album de Pape Diouf. Ce soir à 18 heures, le leader de la génération consciente fera face à ses fans sur les réseaux sociaux pour revenir sur son actualité et par la même occasion disserter sur «son premier album international».
Pape Diouf a consommé son divorce avec Prince Art. L’heure est venue pour le leader de la Génération consciente de croquer le monde à pleines dents ! Pour se hisser au rang de star mondiale, Pape Diouf va sortir un album. A cet effet, Paris Dakar est attendu en 2020. Ce soir, le single annonciateur de cet opus va sortir. Pape Diouf, qui a ralenti ses activités ces 3 dernières années, va réserver la primeur à ses fans. En effet, un direct sur les réseaux sociaux ce soir à 18 heures est prévu.
Hier, le natif de Guinaw Rail a animé une conférence de presse pour revenir sur son «divorce avec maturité» avec la maison de production Prince Art. Il s’est aussi épanché sur les contours de son nouvel album qui, espère t-il, va lui ouvrir les portes du showbiz mondial. «Notre continent est riche culturellement et a tellement de matière grise. Sur le plan de la musique, le Sénégal traine les pieds. Nos ainés ont réussi à installer le pays dans la cartographie mondiale. Ma génération ne doit pas faire moins. C’est pourquoi je veux prendre mes responsabilités. Depuis 3 ans, j’ai sillonné le monde pour travailler sur ma musique», a-t-il servi aux journalistes. Se sachant attendu sur sa rupture avec la maison de production musicale, Pape Diouf a joué la carte de l’apaisement.
«J’ai effectivement quitté Prince Art dans la paix. J’y ai fait 19ans. C’est le moment de changer. Avant de les quitter, j’ai parlé avec Ibou et Ngoné Ndour. Ils ont prié pour moi et j’ai fait pareil. Ils m’ont souhaité bonne chance tout comme je l’ai fait. Nous nous sommes séparés dans la maturité», a-t-il dit. Ibou Ndour que Le Quotidien avait interviewé avant que l’affaire ne s’effrite, était surpris d’apprendre le départ de Pape Diouf. Cette page étant tournée,
Pape Diouf a opéré un changement dans son management :«Dorénavant, c’est la société Pape diouf groupe (Pdg) qui gère ma carrière. C’est Makhtar Souba Tél qui sera mon manager. Badara Gadiaga sera mon chargé de la communication. Papis Konaté, qui avait arrêté sa collaboration avec la Génération consciente depuis 3ans, revient pour gérer l’orchestre.»
Le nouveau chargé de la communication de Pape Diouf n’a pas tardé à faire son travail. Badara Gadiaga a annoncé que «Pape Diouf a actuellement booké 76 dates. Ainsi le 11 janvier 2020, un Grand Bégué est prévu au Maroc. Le 15 de ce même mois, Pape Diouf fera un concert en Chine. Le 4 avril 2020, Pape Diouf recevra les artistes qui ont participé à son premier album international ici à Dakar. Nous sommes en négociation avec l’Olympia pour un concert en fin 2020».
Dans le communiqué de presse présentant le nouvel album de Pape Diouf, les noms de Jacob Des varieux, Awa Imani et Ina Modja entre autres ont été annoncés comme participants de Paris Dakar. Qui se veut, d’après toujours le communiqué, «une synthèse des nouveaux courants d’Afrique de l’Ouest». Il parait même que Pape Diouf a quitté sa zone de confort pour se frotter à l’Afro trap, la chasse gardée des rappeurs !
LE SENEGAL VEUT FAIRE PASSER LE TAUX DE COUVERTURE DE 60 A 100% EN 2025
Après la signature du second compact du Millenium challenge corporation, le ministère du Pétrole et des Energies a décliné sa feuille de route à l’horizon 2035, avec en bonne place un accès large et fiable à l’énergie.
Le Sénégal et les États-Unis ont signé, le 10 décembre dernier, le second compact du Millenium challenge corporation (Mcc). Le montant du financement s’élève à 320 milliards de FCfa auxquels se rajoutent 30 milliards de FCfa du gouvernement. Son entrée en vigueur est prévue en juin 2020. Il est destiné au développement du secteur de l’énergie et à l’amélioration de la qualité du service à l’horizon 2035. La feuille de route repose sur quatre axes prioritaires : la création d’un environnement propice aux investissements, l’accès universel et équitable à l’énergie, l’efficacité opérationnelle sur toute la chaîne de valeur et le maintien de la viabilité financière du secteur. Ce partenariat témoigne du dynamisme des relations entre les deux pays, selon l’ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Tulinabo Mushingi. « Nos pays ont des liens économiques qui permettent d’avoir des partenariats fructueux et gagnants-gagnants », a-t-il salué. Il est d’avis que l’investissement du Mcc va améliorer la stabilité et la performance du réseau de l’électricité ainsi que l’acquisition de nouvelles infrastructures matérielles.
De son côté, le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, a parlé d’une initiative à plusieurs impacts sur la vie des populations. « Le Sénégal a adopté la stratégie 2035 avec le Pse. C’est le cadre de référence de toutes les politiques économiques et sociales. Elle comporte des objectifs ambitieux en termes de croissance économique, de développement humain et de protection de l’environnement », a-t-il affirmé.
Une énergie accessible et fiable
« Le coût élevé de l’énergie et le faible accès à l’électricité, notamment en zone rurale, ont été identifiés comme contrainte majeure à la croissance au Sénégal », a constaté le ministre. Fort de cela, il a émis, à travers le Mcc, son souhait de faire passer le taux de couverture de 60 à 100% en 2025. Ce travail devrait être assuré à 95% par l’opérateur traditionnel, la Senelec, et les 5% par des privés. A travers le second Mcc, le ministre de tutelle croit à un accès fiable à une énergie bon marché. Pour y arriver, il y a des préalables tels que la modernisation et le renforcement du réseau de transfert de la Senelec, l’amélioration de l’accès à l’électricité en zone rurale et périurbaine. Pour densifier le service, il compte sur les produits gaziers. « Nous allons mettre à contribution le gaz à travers nos centrales, avec la stratégie « gaz to power ». Un mix énergétique qui peut contribuer au développement du secteur », a-t-il estimé.
La feuille de route du second Mcc vise également à asseoir un secteur caractérisé par « des services énergétiques modernes dans le respect des principes d’acceptabilité sociale et environnementale, avec un prix compétitif supportable par les populations et apte à attirer les investisseurs ».
Vers la réorganisation de la Senelec en trois entités
Pour le développement du secteur de l’énergie, le ministre Mamadou Makhtar Cissé a estimé qu’il faut des réformes. « Un cadre légal est nécessaire à la viabilité financière et à la bonne gouvernance du secteur », a-t-il indiqué, avant d’évoquer la nécessité d’un schéma d’organisation et de fonctionnement à l’horizon 2035 qui va regrouper le ministère en charge du pétrole et ses démembrements, l’autorité de régulation du secteur ainsi que l’opérateur principal la Senelec. Selon lui, ce schéma vise de meilleurs résultats en termes d’accès et verra la Sénélec devenir un holding public avec des entités autonomes et séparées. L’une s’occupera de la production, l’autre du transport et le troisième de la distribution et de la vente. D’après l’autorité, le gouvernement est à pied d’œuvre pour des réformes. « Après la promulgation de la loi sur les ressources pétrolières, nous sommes en train de travailler sur les décrets d’application. Un projet de loi sur le code gazier a été adopté par le Conseil des ministres et une stratégie pour convertir notre énergie en gaz a été également décidée en novembre 2018 ».
SECOND COMPACT MCC : Les entreprises privées invitées à prendre des parts de marché
Pour le second compact du Millenium challenge corporation (Mcc), le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, a estimé que le privé a un grand rôle à jouer. Selon lui, c’est l’occasion pour lui de faire valoir ses atouts. « Le second compact Mcc va permettre de mieux faire intervenir le secteur privé. C’est l’occasion pour eux de se préparer et de gagner des parts de marché. Plus de 300 milliards de FCfa d’investissements dans un seul secteur, c’est un montant extrêmement important qui peut être exclusivement réservé à des entreprises nationales », a-t-il soutenu. D’après lui, les entreprises privées nationales doivent sortir de leur « frilosité » pour s’imposer. Il a souligné que tous les investissements destinés aux projets énergétiques vont se faire dans la transparence : « Le compact, c’est toute une organisation, tout se fait selon des règles bien établies ». Dès lors, il les a invitées à une plus grande organisation pour prendre le relai des investissements publics afin de « maintenir ou accélérer le taux de croissance à deux chiffres ». En outre, il a annoncé que des appels d’offres seront faits avant le lancement de chaque initiative sous la « surveillance » du Fonds souverain d’investissement stratégique (Fonsis). C’est ainsi qu’il a appelé à l’instauration d’un climat de confiance entre les acteurs pour « valoriser notre secteur privé ».
L’ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Tulinabo Mushingi, croit aussi aux chances du secteur privé national dans la large chaîne de projets, qu’est le second compact du Mcc. « Le gouvernement et les entreprises publiques ne peuvent pas tout faire. Il faut le concours des établissements privés », a-t-il déclaré.
CONFESSIONS POIGNANTES DE FEMMES ATTEINTES DE CANCER DU SEIN
Première cause de mortalité chez les femmes, le cancer du sein est devenu un véritable problème de santé publique.
Première cause de mortalité chez les femmes, le cancer du sein est devenu un véritable problème de santé publique. Compte tenu de sa prise en charge excessivement coûteuse, il fait des ravages au Sénégal où chaque année, 1758 nouveaux cas sont enregistrés. «L’as» est allé à la rencontre de quelques femmes souffrant du cancer du sein. Comment elles vivent la maladie ? Les difficultés auxquelles elles font face ? quid du rejet dont elles font l’objet de la part de leurs proches ou conjoints ? Les réponses sont bouleversantes….
«Moi, j’ai été abandonnée par mon mari. Lorsqu’il a appris que je suis malade du cancer du sein, il a commencé à se montrer indifférent. Il sortait tous les soirs et rentrer à des heures indues, sous prétexte qu’il a beaucoup de travail. Il refusait obstinément de me payer les médicaments et n’a jamais pensé m’accompagner à l’hôpital. Ce qui fait que je ressens davantage la maladie. Je suis tout le temps stressée et anéantie. Je sais qu’il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre», raconte en pleurs Victoria Lopez. Comme elle, beaucoup de femmes qui souffrent de la maladie vivent le même calvaire. Habillée d’un pantalon et d’un chemisier qui lui arrive lui aux genoux etle voile sur la tête pour cacher sa maigreur, Victoria quitte chaque matin Cambérène pour se rendre à l’hôpital Dalal Diam Guédiawaye pour effectuer ses séances de radiothérapie. Elle vient toujours seule. En plus de la maladie, elle est obligée de supporter la solitude voire le rejet. Ce qui, selon elle, risque de précipiter sa fin. «En plus de la maladie, je souffre dans mon cœur du manque de soutien de mon mari. Après la séance de radiothérapie je me sens faible. Une fois, j’ai failli tomber à la sortie de l’hôpital. C’est un passant qui est venu à mon secours», se rappelle cette jeune maman de deux enfants dont l’avenir la préoccupe profondément. «Je pense à mes deux enfants, car je sais qu’ils vont bientôt être orphelins de mère et qu’ils ne pourront pas compter sur le soutien et l’amour de leur papa», dit-elle avec tristesse.
PREMIERE CAUSE DE MORTALITE CHEZ LES FEMMES
Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez la femme, et la troisième cause de mortalité en général. Selon la Ligue Sénégalaise contre le Cancer (Lisca), le cancer du sein est le premier cancer le plus fréquent au Sénégal chez la femme avec environ 1.000 nouveaux cas par an. Son diagnostic est fait à un stade avancé dans 70% des cas et le taux de survie à 5 ans est seulement de 13%. La principale cause de cette mortalité élevée est le long délai entre l’apparition du premier symptôme et la consultation, qui est en moyenne d’une année. Le cancer du sein devient un phénomène courant au Sénégal, avec une mortalité féminine qui atteint aujourd’hui une ampleur inquiétante. Les causes vont de l’utilisation de produits contraceptifs non adaptés à des antécédents familiaux en passant par la consommation d’alcool etc. Cette situation est difficile à vivre pour les femmes, souvent en situation de faiblesse économique qui se retrouvent pour la plupart dans des conditions de déchéance du fait du rejet de leur mari et des violences morales et physiques qu’elles subissent.
AMADOU GAYE, 42 ANS : «EN TANT QUE FEMME, MON EPOUSE NE M’ATTIRE PLUS»
«Ma femme a été diagnostiquée du cancer du sein en 2017. Cela est arrivé après la naissance de notre deuxième enfant. La nouvelle nous est tombée comme un coup de massue. Pour moi, c’était difficile de la voir dans cet état alors qu’elle était belle comme une fée. J’ai pensé qu’elle avait été changée. Elle a subi une ablation du sein gauche. En toute sincérité, elle ne m’attire plus en tant que femme, mais je ne vais pas la quitter. Je compte la soutenir jusqu’au bout, mais je fréquente d’autres filles»
MARIE FALL, 59 ANS : «LES VOISINS PENSAIENT QUE J’ETAIS ATTEINTE DU SIDA»
«De février 2019 lorsqu’on m’a diagnostiqué la maladie jusqu’à maintenant, j’ai dépensé plus de 5 millions Fcfa entre l’intervention chirurgicale, la chimiothérapie et la radiothérapie. Lorsqu’on m’a annoncée la maladie, j’avais des problèmes psychologiques. J’étais convaincue que ma fin était arrivée. Je pleurais tout le temps. Mes enfants m’ont amenée dans le privé. Les mêmes médecins qui travaillent dans le public sont aussi dans le privé. On m’a dit qu’à l’hôpital Aristide Le Dantec, la liste d’attente est longue pour la prise en charge et qu’il valait mieux aller dans le privé. J’ai été opérée dans une clinique de la place. Dans le quartier, les voisins pensaient que j’avais le Sida et me fuyaient, car j’avais beaucoup maigri. Quand je sortais, on me pointait du doigt».
AIDA DIOP, 37 ANS : «LA MA- LADIE A FREINE MON TRAVAIL»
«Je suis célibataire et sans enfant. Je suis couturière de profession. A l’annonce de la maladie en 2018, entre les rendez-vous et les traitements, le boulot ne marchait plus, car je n’allais plus à l’atelier. Tous les jours, je devais me rendre à l’hôpital Dalal Diam pour faire la radiothérapie. Cette maladie a handicapé mon travail. Après la radiothérapie, j’avais mal partout, je ne pouvais même plus bouger. Pendant des heures, je restais allongée. Ma famille me soutient. Mon seul problème, c’est mon travail. Je ne peux pas expliquer à mes clients de quoi je souffre. J’accuse du retard dans la livraison de leurs commandes».
ANITA FAYE, 55 ANS : «JE SAIS QUE JE VAIS MOURIR…»
«Je suis veuve et mère d’un garçon.Je vis avec mes sœurs. Ma famille ne m’a pas soutenue dans ma maladie que j’ai découverte il y a juste 6 mois. Mais, mon fils qui vit à l’étranger m’envoie de l’argent pour mon traitement, mais il ne sait pas que je souffre du cancer du sein. Je ne veux pas l’inquiéter. Je viens seule pour mes consultations. Mes sœurs ont d’autres préoccupations, elles passent tout leur temps à chercher les dernières tendances des tissus ou des modèles de couture. Elles n’ont pas le temps de faire des va-et-vient entre les hôpitaux. Elles ne savent même pas de quoi je souffre. Je crois que je vais devenir folle. Parfois, je me retranche dans ma chambre et pleure toutes les larmes de mon corps. Je sais que je vais mourir, car mentalement je ne supporte plus la maladie. Si j’avais au moins le soutien de mes proches, cela m’aurait aidée»
BINTA DIENG, TECHNICIENNE EN RADIOTHERAPIE A L’HOPITAL DALAL DIAM «Certaines patientes ont vu leur état se dégrader du fait du manque de soutien de leurs proches»
Technicienne en radiothérapie l’hôpital Dalal Diam, Binta Dieng dégage une bonne palette de profils chez les malades. «Certaines patientes viennent avec des problèmes psychologiques très avancés. Au delà du traitement que nous leur procurons, nous leur apportons notre aide sur le plan psychologique. C’est une maladie très douloureuse à cause de la chimiothérapie qu’on fait deux fois par semaines. Après une séance de chimio, le malade a la diarrhée, des vomissements, une chute de cheveux. Par contre pour la radiothérapie, c’est 20 à 25 séances et le patient vient tous les jours», renseigne Binta Dieng. Dès qu’on découvre la maladie, explique-t-elle, on commence normalement la chimiothérapie. «Après cette étape, c’est la chirurgie, ensuite la radiothérapie pour que les rayons puissent tuer les cellules». Pour Binta Dieng, certains patients ont vu leur état se dégrader. «Et ce n’est sûrement pas la maladie, mais les problèmes psychologiques et le manque de soutien de leurs proches. La maladie ne s’accommode pas de stress», précise-t-elle.
INTERVIEW AVEC DR FATMA GUENOUNE, CANCEROLOGUE : «il y a eu 1758 nouveaux cas de cancer du sein au Sénégal en 2018»
Présidente de la Ligue Sénégalaise contre le Cancer (Lisca), Dr Fatma Guenoune fait figure de référence dans la lutte contre cette maladie. Elle dirige depuis plusieurs années la Lisca. Oncologue de son état, elle renseigne qu’il y a 1758 nouveaux cas de cancer du sein au Sénégal en 2018.
Qu’est-ce que c’est le cancer du sein ?
Le cancer du sein est une tumeur maligne qui se développe dans les cellules du sein dont la fonction biologique est de produire du lait. Chaque sein est composé de 15 à 20 compartiments séparés par de la graisse. Chaque compartiment est composé de lobules et de canaux. Les lobules produisent le lait que les canaux transportent vers le mamelon. Une cellule cancéreuse est une cellule modifiée qui perd sa capacité de réparation et qui se met à se multiplier pour donner une masse qu’on appelle tumeur maligne.
Quelles sont les causes du cancer du sein ?
Pour les facteurs de risques, il y a l’hérédité. Elle concerne 5 à 10% de l’ensemble des cancers du sein et elle est due à la transmission d’un gène «muté» appelé BRCA, d’une génération à l’autre. On a aussi l’hyperœstrogènie dans la mesure où le cancer du sein est qualifié de cancer hormono-dépendant car toute cause d’augmentation du taux d’œstrogène dans l’organisme est un facteur de risque. Dans ce groupe, il y a la non fécondité ou la fécondité tardive. Une femme qui n’a jamais eu d’enfant ou dont la première grossesse menée à terme est tardive, après 30 ans, a un risque sensiblement élevé de développer un cancer du sein. L’obésité car la graisse qui fabrique naturellement de l’œstrogène est en excès. La ménopause tardive et la puberté précoce qui signifie une plus grande quantité d’œstrogènes dans l’organisme durant la vie. - Les mastopathies : elles constituent l’ensemble des lésions bénignes du sein pouvant prêter à confusion avec le cancer et dont certaines peuvent évoluer plus tard vers le cancer. - L’alimentation et l’alcool : une alimentation riche en matière grasse notamment en graisse saturée mais aussi en protéines animales augmenterait le risque de cancer du sein alors que les légumes, les fruits et les aliments contenant de la B-carotène, de la vitamine C et D protègeraient contre le cancer du sein. - Le tabac : une femme qui fume ou qui a fumé un paquet par jour augmente le risque de cancer du sein de 4,6 fois par rapport à une femme qui n’a jamais fumé.
De quoi a besoin une femme atteinte de cancer du sein pour sa prise en charge ?
Elle a besoin d’un bilan diagnostic qui comprend : un traitement par la chimiothérapie, une intervention chirurgicale soit la quadrantectomie, ou la mastectomie. Elle a aussi besoin d’un traitement par la radiothérapie qui se fait en vingt quatre (24) séances. Il lui faut une hormonothérapie, de même que des médicaments d’appoint.
Quelles sont les statistiques du cancer du sein au Sénégal ?
Selon Globacan 2018, il y a 1758 nouveaux cas de cancer du sein au Sénégal et c’est un chiffre approximatif. Pour avoir la réalité, il faudrait avoir un registre de tumeurs fonctionnelles. Mais je peux vous donner les chiffres du centre Juliot Curie de l’hôpital Aristide le Dantec qui a reçu environ 495 cas de cancer du sein en 2018.
UN AUTRE CADRE DE L’OPPOSITION EN GESTATION
C’est dans un contexte de retrouvailles Wade Macky que les camps se multiplient dans l’opposition.
C’est dans un contexte de retrouvailles Wade Macky que les camps se multiplient dans l’opposition. Trois des quatre candidats malheureux à la dernière Présidentielle peaufinent un «cadre de concertations». Il s’agit de Idrissa et ses alliés Gakou, Papa Diop et Hadjibou Soumaré, Madické Niang et Issa Sall. Sonko, lui, a choisi sa coalition Jotna.
Vraisemblablement, le paysage politique est en train de connaître une nouvelle recomposition. C’est l’essence de ce qui fut le C25 (les 25 candidats et recalés de la Présidentielle) qui se retrouve éparpillé en grands ensembles. Même si le Front de résistance nationale (Frn) demeure encore la plateforme politique et stratégique qui les unit. Il y avait déjà le Congrès de la renaissance démocratique (Crd) qui regroupe Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo et autres, Ousmane Sonko et sa coalition Jotna. Et aujourd’hui, c’est un autre front qui est en gestation et qui regroupe d’autres grands noms de la politique.
«Les leaders politiques Papa Diop, Cheikh Hadjibou Soumaré, Idrissa Seck, Madické Niang, El Hadji Issa Sall et Malick Gakou se sont réunis, à nouveau, ce jeudi 24 octobre 2019, pour poursuivre leurs échanges et réflexions sur la situation nationale. Au terme de leur rencontre, ils se sont accordés sur la nécessité de formaliser le cadre de concertations mis en place au lendemain de l’élection présidentielle du 24 février 2019», informe un communiqué qui a sanctionné la rencontre. Mais de quel cadre parle-t-on ? Il y avait en tout cas celui qui regroupait les 4 candidats malheureux qui avaient contesté la victoire du candidat de Benno bokk yaakaar.
Et à l’époque, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Madické Niang et Issa Sall s’étaient réunis chez le leader de Rewmi et avaient publié un communiqué commun. Depuis, plus rien. Constat : dans ce cadre de concertations en devenir, il y a quand même, au-delà de Madické Niang et Issa Sall, des soutiens à la candidature de Seck, comme Papa Diop, Malick Gakou et Hadjibou Soumaré.
Si pour l’heure ces leaders n’ont pas voulu s’épancher sur leur objectif, il y a que l’éventuelle formalisation de leur cadre de concertations intervient dans un contexte de retrouvailles entre Macky Sall et Abdoulaye Wade. Et peut-être une occasion de structurer leur organisation et de participer activement à la vie politique. D’autant plus que nombre d’entre eux ont observé un long silence depuis la dernière Présidentielle. Est-ce une coalition en vue des prochaines élections territoriales ? On en saura davantage certainement à la fin des concertations politiques et lorsque la date du scrutin sera fixée.
Un petit quart d’heure de discours en français et presque autant en wolof, devant des militants armés surexcités, pendus aux lèvres de leur leader dans l’attente d’une nouvelle feuille de route. Ce lundi 21 octobre, Khalifa Sall a endossé le boubou d’un présidentiable. Le discours servi est, presque, une profession de foi. Fidélité aux valeurs socialistes. Ancrage dans l’opposition, « avec responsabilité mais sans compromission, avec fermeté mais sans excès ». Le décor est campé. La prison n’est pas venue à bout de l’ambition de l’ancien maire de Dakar, mais ceux qui s’attendaient à un durcissement de sa démarche politique devront s’adapter au tempo de Sall : « Nous ne devons avoir ni haine ni rancœur, même dans l’adversité. Nous ne devons pas céder aux excès de la politique, ni perdre notre temps à ressasser le passé. »
Khalifa Sall a donc tourné la page de ses déboires judiciaires, même s’il lui faudra faire preuve de tact pour recouvrer tous ses droits. En attendant, il se projette dans le futur et décline son projet de société à travers trois viatiques : la résilience, l’attachement à son identité idéologique (le socialisme) et la centralité des conclusions des Assises nationales dans son programme politique. En se présidentialisant ainsi en avance, Khalifa Sall affiche sa volonté de reprendre son projet politique là où il l’avait laissé avant sa mésaventure judiciaire. « Une grande Nation comme la nôtre ne peut se construire qu’à travers de grandes dynamiques autour des femmes, des hommes et des valeurs. Nous devons être ces femmes et ces hommes et incarner ces valeurs pour tracer un chemin d’espoir pour les millions de Sénégalais qui s’impatientent et s’angoissent. »
Excellent orateur, parlant devant un auditoire acquis, venu pour s’enflammer, il a prononcé l’un de ces grands discours lyriques et sentimentaux qui ponctuent la tradition de la gauche. Il en ressort que l’ancien maire de Dakar endosse les habits d’un social-démocrate résolu, réaliste mais clairement progressiste : centralité de l’école dans la construction de la citoyenneté, modèle de gouvernance qui garantit le « vivre ensemble », effectivité de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance de la justice, de la démocratie, de la décentralisation, des libertés publiques, des droits humains et de la transparence dans la gestion des ressources publiques, etc. Khalifa Sall est persuadé qu’il faut « placer l’homme au cœur des politiques publiques et le considérer comme la première ressource sur laquelle l’Etat doit investir », et prône la solidarité avec les couches vulnérables et la solidarité entre les générations.
Le discours est bien ficelé et l’orateur y projette des ethos constitutifs de son identité politique. Développé par Aristote et repris aujourd’hui surtout en analyse du discours, l’ethos a été défini comme « les traits de caractère que l’orateur doit montrer (peu importe sa sincérité) à l’auditoire pour faire bonne impression ». Autrement dit, c’est l’image que le locuteur donne de lui-même dans son discours pour assurer son efficacité. L’ethos aide l’orateur à se montrer crédible en faisant preuve de pondération, de sincérité et d’amabilité.
Dans son discours, Khalifa Sall nous a dit comment il voudrait que nous le percevions. Il a un programme politique qui se nourrit des travaux des Assises nationales (ethos de crédibilité). Il pardonne à ses adversaires et tourne la page de son incarcération (ethos de responsabilité). Il est résilient et ancré dans ses valeurs politiques (ethos de courage). Il opte pour un Etat solidaire avec les couches vulnérables (ethos de solidarité). Il ressort de l’analyse de ce discours une nette volonté de montrer les caractéristiques d’un chef qui pourrait se résumer ainsi : « Je suis un homme de convictions qui change les choses ».
Formé à l’école senghorienne, Khalifa Sall sait que dans notre culture, la retenue, le secret et la hauteur passent pour les attributs nécessaires de tout présidentiable. Il polit son image, adresse des œillades appuyées à la grande famille socialiste et déclame son amour au « peuple » des Assises. Il sait qu’à son absence, de nouvelles vocations ont vu le jour et de nouvelles ambitions se sont affirmées. Il lui faut donc brusquer le rythme des saisons pour rattraper son retard.
Habilement, trop habilement, Khalifa a esquivé les questions qui fâchent (il n’a pas répondu aux questions des journalistes) sur l’avenir de sa coalition avec Idrissa Seck, sur la désertion de quelques-uns de ses lieutenants partis rejoindre la majorité, sur son éligibilité après sa condamnation et sur tant d’autres. Mais il était venu pour rassurer sa base et ses sympathisants. Il était venu démontrer sa crédibilité personnelle et celle de son projet. L’avenir nous dira s’il a réussi son exercice. Il lui faudra cependant beaucoup d’habileté pour se remettre au centre de l’échiquier politique.
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LES TUNISIENS PRETS A OFFRIR UN JOUR DE SALAIRE PAR MOIS A L'ETAT
Offrir chaque mois, pendant cinq ans, un jour de salaire à l’État : l'idée, suggérée au nouveau président tunisien Kaïs Saïed par des citoyens afin de diminuer la dette publique, fait débat sur les réseaux.
Offrir chaque mois, pendant cinq ans, un jour de salaire à l’État : l'idée, suggérée au nouveau président tunisien Kaïs Saïed par des citoyens afin de diminuer la dette publique, fait débat sur les réseaux.Du Chili, à Hong Kong en passant par Beyrouth, des manifestants revêtent le masque de Joker, le "méchant" de Batman, en passe de devenir un symbole de contestation.Enfin, au Liban, les soldats ont multiplié les gestes de solidarité avec les manifestants.
IBRAHIMA DEME «GÊNÉ» PAR L’IMPLICATION DE SONKO DANS L'AFFAIRE DES 94 MILLIARDS
Selon le président du mouvement Ensemble, le leader de Pastef a fait des dénonciations et un travail important sur ce dossier et devait s’en arrêter là, au lieu de s’y impliquer en disant qu’il pouvait le prendre
Le dossier relatif aux 94 milliards de francs Cfa supposés détournés par Mamour Diallo et qui a atterri sur la table du juge d’instruction, après audition de l’accusateur Ousmane Sonko, continue de susciter des commentaires. La dernière sortie en date reste celle de Ibrahima Hamidou Dème qui était l’invité de «Mnf» à la 7tv. «Je suis le dossier. J’ai entendu la déclaration de Ousmane Sonko et j’ai noté un passage qui m’a gêné», a déclaré l’ancien juge qui avait démissionné avec fracas de la Magistrature il y a deux ans. «Ousmane Sonko a dit à ses détracteurs qu’il pouvait prendre les 12% avec son cabinet parce que c’est légal. Si l’on considère la morale, les jeunes politiques qui disent incarner la rupture ne doivent pas se permettre de faire tout ce qui est légal au regard de la loi.
C’est une erreur de dire que je pouvais prendre le dossier», a-t-il expliqué. Selon le président du mouvement Ensemble, le leader de Pastef a fait des dénonciations et un travail important sur ce dossier et devait s’en arrêter là, au lieu de s’y impliquer en disant qu’il pouvait le prendre. «Cela pose un problème éthique et moral pour nous qui voulons galvaniser une rupture vertueuse, car tout ce qui est légal n’est pas moral», souligne-t-il. Cependant, le démissionnaire trouve que l’affaire des 94 milliards traduit avec exactitude la «faillite de l’Etat du Sénégal et surtout celle de la justice sénégalaise» dans la considération dont ce dossier devait faire l’objet. «Depuis plus d’une année, on parle de 94 milliards et la justice ne se prononce pas. Ce n’est pas normal, car le procureur doit se saisir d’un dossier suite à une plainte ou à une dénonciation», explique M. Dème.
Il avance que le procureur représente la société sénégalaise et doit lui rendre compte en montrant là où se situe la vérité sur des dossiers comme celui des94 milliards. «Maintenant s’ilest là et que l’on parle de détournement d’une telle somme, je pense que le minimum c’était dese saisir du dossier», insist t-il. En fait, l’ancien juge trouve«anormal» le fait que le terrain fasse l’objet d’une indemnisation à hauteur de94milliardsdefrancsCfa.Pourlui,ilyaune«surestimation sur le prix et l’Etat devait mener des négociations sérieuses pour préserver nos deniers publics».
A l’en croire, l’Etat doit, dans ces cas de figure, déléguer des institutions habilitées comme la Cour des compte dans le but d’avoir une vision éclairée sur la cohérence et la légalité des opérations avant de signer quoi que ce soit