L’Université Gaston Berger de Saint-Louis renoue avec la violence. La Coordination Saes de l’Ugb dénonce avec la dernière énergie des «actes de vandalisme» commis par un groupe d’étudiants qui ont versé de l’eau souillée dans le bureau du recteur et proféré des menaces de mort et des injures. Le Saes, qui exige la dissolution de la Coordination des étudiants de Saint-Louis, a décrété 72h de grève pour protester contre ces actes. Il a aussi reçu le soutien du bureau national qui va cesser les cours pendant 2 jours au niveau de tous les campus.
La coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis observe une grève de 72h depuis hier. Elle a suspendu toutes les activités pédagogiques et administratives pour s’insurger contre «les actes de vandalisme perpétrés par un groupe d’étudiants». Les syndicalistes exigent la dissolution de la Coordination des étudiants de Saint-Louis (Cesl) et la traduction en conseil de discipline des responsables des actes de «vandalisme» en prenant les sanctions qui s’imposent, mais également l’amélioration des conditions d’existence de tous les acteurs.
Dissolution de la Coordination des étudiants
Ce mercredi, un groupe d’étudiants dirigé par des membres de la Coordination des étudiants de Saint-Louis (Cesl), raconte la coordination Saes de l’Ugb, a fait «irruption dans le bureau du recteur de l’Université de Saint-Louis pour y verser des eaux usées et proférer des menaces de mort et des injures à l’encontre de ce dernier». Et ce n’est pas tout. Dans la matinée de mercredi, dénoncent encore les syndicalistes de la Coordination Saes de l’Ugb, un autre groupe d’étudiants, au motif de vouloir sortir leurs camarades d’une salle de classe, «s’en est pris physiquement à un camarade enseignant», relève-t-elle. Le Saes, qui constate avec «amertume» et «indignation» «ces actes de vandalisme» perpétrés sur la plus haute autorité de l’Université et sur un des leurs, condamne avec la «dernière énergie cette énième agression». A ce propos, la Coordination Saes exprime son soutien «sans faille» au recteur de l’Ugb et à leur camarade «violenté». Elle alerte, en outre, l’opinion sur ces «actes de vandalisme sans commune mesure» et appelle les autorités à prendre en urgence des mesures «nécessaires» pour assurer la sécurité du recteur et de tous les acteurs de l’Université. Le Saes, qui demande à ses camarades de se mobiliser autour de la question de la sécurité dans l’environnement du campus pédagogique, souligne dans la foulée les efforts que les enseignants sont en train de fournir pour que l’Ugb retrouve sa stabilité.
Ouverture d’une enquête
Depuis des mois, l’Université Gaston Berger est en proie à la violence. En mai de l’année dernière, rappelle le Saes, des bureaux des enseignants et du rectorat avaient été vandalisés avec comme conséquence la perte d’une grande partie des archives de l’Ugb. «Cette même violence sauvage avait coûté à l’Ugb la perte de 30 années d’archives. Aucune autorité n’avait alors fait le déplacement pour s’enquérir de la situation et évaluer les dégâts. Les auteurs identifiés avaient bénéficié d’une impunité totale», regrette le Bureau national (Bn) du Saes, qui a décidé de soutenir les enseignants de l’Ugb victimes «d’une violence inouïe et gratuite». Laquelle ne peut être «absoute par le respect des franchises universitaires qui, malgré leur caractère sacré, ne signifient pas un laisser-aller».
Parallèlement au mot d’ordre du Saes de l’Ugb, le Bureau national a décrété aussi 48h de grève au niveau des différents campus, valables aujourd’hui et demain, et demande «aux autorités de prendre immédiatement toutes les dispositions pour assurer la sécurité des biens et des personnes à l’Ugb et dans toutes les universités». Dans ce sillage, le Saes «exige qu’une enquête soit ouverte et que des sanctions idoines soient prises en toute rigueur contre les auteurs» tout en suggérant «aux collègues d’observer toutes les règles de sécurité et au besoin de rester chez eux jusqu’à ce que la situation soit maîtrisée». Au final, il décline toute responsabilité sur un éventuel bouleversement du calendrier universitaire et prévient qu’il «observera strictement un arrêt des enseignements aux dates échues»
L’ETUDIANT DETOURNE 5 MILLIONS DE FRANCS D’UN MULTISERVICE
Mamadou Lamine Lam a été condamné à un de prison année ferme et des dommages et intérêts d’un montant de six millions à payer à la partie civile.
Mamadou Lamine Lam est un étudiant en deuxième année de Lettres modernes à l’Ucad. Confronté à des difficultés financières pour s’inscrire, le nommé Ngagne Wade lui a confié un point multiservices afin qu’il le gère et puisse subvenir à ses besoins. Malheureusement pour le bailleur, le prévenu a détourné la somme de 5 millions du multiservice lui occasionnant un énorme tort. Le procureur a requis contre l’étudiant indélicat une peine d’un an dont six mois fermes. Finalement, Mamadou Lamine Lam a été condamné à un de prison année ferme et des dommages et intérêts d’un montant de six millions à payer à la partie civile.
Ngagne Wade, le propriétaire du point multiservices, est un homme abattu. A la barre, il avait du mal à prononcer des mots tellement sa déception est grande. Le Monsieur est un gorgorlu qui a dû emprunter de l’argent auprès des institutions de microcrédit pour monter cette affaire. Il avait vu que l’étudiant Mamadou Lamine Lam ne partait plus à l’Université et a voulu lui tendre la main. Ce dernier, selon la partie civile, passait tout son temps à dormir et avait des difficultés pour continuer ses études. C’est pourquoi, il avait décidé de monter une affaire et de la lui confier. Malheureusement pour lui, après un an d’exercice, il s’est rendu compte que le gérant du multiservice a englouti la somme de cinq millions FCFA. « J’ai investi parce que j’avais confiance en mon ami » a-t-il confié à la barre du tribunal. Interrogé, Mamadou Lamine Lam a eu dû mal à convaincre.
Devant les éléments enquêteurs, il avait produit une reconnaissance de dette dans laquelle il s’engageait à rembourser son bienfaiteur. Après quelques mois d’attente sans voir l’ombre d’un billet de banque, Ngagne Wade a porté l’affaire devant les tribunaux. Face aux juges, le prévenu n’a trouvé comme réponse aux différentes questions de l’avocat de la partie civile et du procureur que de soutenir que certains clients ont refusé de rembourser des dettes contractées auprès de lui. Cette accumulation de dettes impayées aurait conduit au trou de cinq millions de francs réclamés par la partie civile. « Faux, a rétorqué le maître des poursuites qui lui a fait remarquer que dans les transactions de transfert d’argent il ne saurait y avoir de crédits ». Selon le maître des poursuites, les faits sont constants comme l’atteste la lettre de reconnaissance de dettes. Pour la répression, il a requis un an de prison dont six mois fermes. Quant à l’avocate de la défense, il a reconnu les faits reprochés à son client. Selon elle, son client a commis un abus de confiance. « On lui a confié la gestion d’un multiservices et il a dissipé l’argent. C’est avec regret que nous sollicitons une application bienveillante de la loi du fait de la constance des faits (…) en tant qu’avocat cela ne nous fait pas honneur de solliciter la clémence du tribunal » a plaidé la robe noire. Hélas, son appel à la clémence n’a pas été entendu puisque Mamadou Lamine Lam a été condamné à un an de prison ferme.
OUSMANE SONKO EN ORDRE DE BATAILLE CONTRE LE SYSTÈME
(SénePlus.com, Dakar) Ousmane Sonko demande à ses partisans de se remettre en ordre de bataille contre le système.
« Convictions fortes que malgré tout, il ne tient qu’à nous de briser ce cycle d’échecs et de déceptions, car les solutions sont bien en nous. Mais il faut s’y atteler dès maintenant; nous avons perdu trop de temps et le monde ne nous attend pas », a-t-il lancé à ses militants.
Le leader du pastef ne lâche pas son combat contre le système.
«JE FAIS DE LA MUSIQUE EQUITABLE…»
Avec calme et courtoisie, le fils du Colonel Fallou Wade, Alioune WADE, ARTISTE, a répondu à nos questions avec une bonne dose de lucidité.
Surnommé Marcus en référence à son idole, le fabuleux bassiste de Miles Davis, Alioune Wade a fait du chemin. De ses débuts à dix -huit ans avec Ismaël Lo en passant par ses piges au sein des Touré Kunda ou à côté des monstres sacrés comme : Joe Zawinul, Salif Keita et Marcus Muller, il a beaucoup évolué. Avec calme et courtoisie, le fils du Colonel Fallou Wade a répondu à nos questions avec une bonne dose de lucidité.
Artiste ! Je pense que c’est une notion plus élargie. Parce que quand on dit seulement bassiste, cela crée des barrières. C’est aussi pareil pour le terme musicien qui crée toujours ces mêmes barrières. Alors que quand on dit artiste, cela nous donne plus de liberté de toucher à tout ce que l’on veut. C’est comme quand je dis aussi que je ne suis pas jazzman. Je suis juste un musicien. Je ne fais pas du jazz. En fait, je fais de la musique équitable. Tout cela pour dire que je ne suis pas jazzman, rocker ou quelque chose d’autre. Le fait de dire que je suis juste musicien nous permet d’éviter toutes ces barrières. Du coup, c’est ce qui me permet de pouvoir jouer du baroque, de la musique de Bach ou Mozart, du Miles Davis, Stravinsky ou du Ndiaga Mbaye. En réalité, je ne me fixe jamais de barrières dans la musique.
Quand vous dites musique équitable cela renvoie à quoi exactement ?
En parlant de musique équitable, j’évoque surtout mon vécu. C’est mon parcours qui me l’impose en réalité. C’est parce que j’ai côtoyé beaucoup de musiciens et j’ai énormément appris à leurs côtés. Je commence cette liste par mon père qui a eu une formation classique car il a fait le Conservatoire de Paris dans les années soixante - dix. Ensuite, j’ai eu la chance et le luxe d’être derrière Ismaël Lo comme bassiste pendant dix ans. J’ai également travaillé avec d’autres grands musiciens à l’instar des Touré Kunda, Zawinul, Oumou Sangharé, Salif Keita, Paco Sery, des Brésiliens ou Cubains comme Harold Lopez ou encore Marcus Muller. C’est pour cela que je vous ai dit tantôt que c’est mon parcours et mon vécu qui m’imposent cette musique équitable. Du coup, j’ai pris des petits bouts de chaque artiste et c’est un vrai luxe pour moi. Franchement, c’est une bénédiction et c’est ce qui me permet de ne pas m’enfermer dans le Ndiouck, la musique classique, le Reggae ou le Jazz. D’ailleurs je pose la question à savoir si le jazz existe. Parce qu’il n’y a pas un accord qui définit le jazz. C’est le rythme et les harmonies qui étaient là depuis avec les Mozart, Jean Sébastian Bach et tous les autres. Je pense que le jazz c’est plutôt un état d’esprit. C’est une vision qui n’est pas définie par un accord, mais une façon de faire, un comportement. C’est quelque chose que l’on se partage entre l’Européen, l’Africain et l’Américain. Certes les racines viennent d’Afrique, l’arbre est né aux Etats Unis mais les fleurs viennent d’Europe. Je pense que c’est l’une des choses la plus positive qui a été créée par l’humanité sur la période des deux derniers siècles. Je veux dire que cela vient de l’esclavage puis de la colonisation et voilà le résultat.
Vous avez cité les personnes que vous avez approchées au niveau musical. Votre père, Ismaël Lo Oumou Sangharé et tous les autres. Concrètement qu’est-ce que toutes ces personnes vous ont apporté musicalement aujourd’hui ?
Ce sont les idées que j’ai au niveau des compositions. Il m’arrive de chanter une mélodie de Oumou Sangharé et rapidement, cela me donne une autre sonorité. Et il en va de même pour une chanson de Salif Keita et des autres. Déjà, le fait d’avoir eu une sagesse musicale très tôt m’a aussi servi. Parce que quand on joue avec Ismaël Lo à l’âge de dix -huit ans, ce n’est pas toujours évident. En effet, on vient avec beaucoup de fougue et on veut démontrer que l’on peut faire de belles choses et que l’on est aussi fort et musclé. Mais lui, il avait déjà quarante ans et il était assez expérimenté. De ce fait, il y a des choses que je ne pouvais pas faire ou bien qu’il ne me laissait pas faire. Et c’est par la suite que j’ai appris à accompagner un chanteur. Avec Salif Keita, j’ai appris autre chose car j’ai eu à faire des séances de studio avec lui. Il en est de même avec Paco Sery. Lui, il a un autre style de jouer de la batterie. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’ai appris beaucoup de choses avec tous ces gens - là. Tout cela se reflète dans ma musique maintenant
Et votre père, peut- on parler de filiation musicale?
Il y en a forcément car c’est tellement naturel. En réalité, j’étais submergé de musique quand j’étais jeune. Lui, il occupait le salon avec sa musique classique. Mes sœurs adoraient Vanessa Paradis, Elsa ou Patrick Bruel. Mes oncles, eux, penchaient pour Miles, Peter Tosh ou Bob Marley. Quant à ma mère, il était plus question de musique malienne ou sénégalaise avec Kiné Lam et Dial Mbaye. Ainsi, j’avais tout cela comme sons à ingurgiter continuellement. J’ai commencé par le solfège parce qu’il me l’avait un peu imposé. C’est par la suite que j’ai choisi l’instrument avec la basse quand j’avais onze ou douze ans. Mais entre les années quatre -vingt et quatre- vingt – six, j’avais commencé par jouer un peu de piano et à étudier le solfège.
Et il ne vous a jamais attiré vers son univers musical ?
Non ! En réalité, c’est un homme très libéral. Il mettait sa musique, écoutait et prenait des notes pour affiner ses partitions. Mais on avait vraiment la liberté de choisir notre orientation musicale. Parce qu’il y avait tout cela comme musiques dans la maison. Il ne pouvait pas nous imposer son univers. En fait, c’est la rue qui m’a imposé ce choix musical. C’est une vraie chance qu’au Sénégal il y ait de la musique partout. A l’époque, il y avait de la musique zaïroise, du Reggae avec Bob Marley, du Youssou Ndour, du Oumar Pène etc. Cela nous a procuré une richesse musicale inestimable...
Aujourd’hui est- ce qu’il a un regard sur le travail que vous abattez ?
C’est un perfectionniste qui n’est pas expansif. Je sais qu’il apprécie et aime ce que je fais, mais il ne me dit jamais j’aime ou je n’aime pas. Cependant, je sais qu’il écoute avec d’autres oreilles car c’est un musicien chevronné. Il m’a souvent critiqué quand je faisais du solfège ou quand je jouais des choses qui n’étaient pas bonnes à ses oreilles. Je sais qu’il écoute de loin tout en étant attentif à tout ce que je fais et je pense que c’est très normal. Mais maintenant, je suis beaucoup plus dedans que lui car on n’a pas la même formation. Lui, c’était plutôt l’Armée et il était beaucoup plus cartésien. Moi, je suis un civil comme ils le disent. Et du coup, il y a des limites.
Vous vivez à Paris. Qu’est-ce qui explique ce choix ?
Pour des choses que je suis en train de faire en ce moment. Être entouré de journalistes de mon pays qui s’intéressent à mon travail. Tout cela prouve que j’ai appris beaucoup de choses en Europe et je continue cet apprentissage. Cela m’a procuré beaucoup de choses que je ne pourrai citer. Je veux dire beaucoup d’expériences, beaucoup de belles choses etc. D’autant plus que ce n’était pas du tout facile au début. Parce que l’on part avec le rêve d’être connu. Mais après, on a la réalité en face et on se dit que je veux être reconnu par mes pairs et les musiciens. Mais en fréquentant les clubs de jazz, on se rend compte que le niveau est très élevé. Cela vous pousse à apprendre un peu plus et à écouter beaucoup plus de musiques. Je pense que c’est pour tout cela que je suis revenu aujourd’hui avec des musiciens en provenance d’horizons divers. Ils viennent d’un peu partout. De Cuba, le trompettiste est de la Croatie, le batteur est Camerounais etc. C’est Paris qui crée tout cela. Cette belle convergence n’existe nulle part ailleurs. Peut-être un peu à New York et encore….
Cela veut- il dire qu’au Sénégal les conditions de travail ne sont pas réunies pour que l’on puisse réussir de la sorte?
Je ne pourrai m’aventurer à le dire. Mais en tout cas, on commence le travail ici. Après, on se déplace avec ses connaissances un peu partout à travers le monde. C’est le travail entamé ici, en tant que débutant, qui nous permet d’être beaucoup plus aguerris. Je continue à suivre tout ce qui se passe dans la musique sénégalaise. Mais il faut admettre que déjà, géographiquement, ce n’est pas pareil. Paris est à deux heures de Vienne ou de Berlin ou New York six heures après. Et cette possibilité, on ne peut pas l’avoir ici. J’avais aussi besoin de sortir et de voyager. Je suis basé à Paris mais je ne reste jamais deux semaines à la maison sans voyager. Je bouge tout le temps et je pense que c’est beaucoup plus facile de le faire à Paris qu’à Dakar ou New York.
C’est l’environnement ou une question de moyens ?
Il y a tout cet ensemble ! Cela touche aux moyens et à l’environnement. Le fait d’habiter à Paris m’a permis d’avoir des relatons avec des Marocains, des Algériens, des Cubains, des Anglais, des Brésiliens etc. Au niveau du développement, ce n’est pas du tout pareil. Et tous ces peuples-là vivent aussi sur place car ils ont aussi été colonisés par la France. C’est pour cela que je dis souvent que même pour faire la meilleure musique africaine, il faut aller le faire à Paris. Parce que les meilleurs musiciens africains y vivent.
Pouvez-vous nous parler de votre album « African Fast Food », le troisième ou le quatrième déjà car il y a trop de confusion sur le nombre de vos albums. Comment l’avez-vous réalisé ?
Effectivement ! Avant « African Fast Foofd », j’ai fait l’album « Havana- Paris -Dakar » avec un ami pianiste cubain, Harold Lopez. J’ai également enregistré « Ayo Néné » qui n’est jamais sorti officiellement car je peinais à trouver un label pour le sortir. Il n’est disponible qu’aux Antilles, en Europe de l’Est et au Japon. J’ai également fait l’album « Mbollo » qui est enregistré en 2003 et sorti en 2006. Cela me fait donc quatre albums, si on compte l’album « HavanaParis- Dakar », sorti en collaboration avec Harold Lopez. Le but de cet album était de reprendre des classiques africains des années soixante et soixante-dix joués par des Cubains. J’avais fait des reprises de Ayé Africa Indépendance Chacha de Seydou, de Salif Keita. « Petit pays » de Cesaria Evora etc. African Fast Food est le dernier.
Quelle est la particularité de cet album par rapport aux autres
Sans doute c’est la maturité ! Entre temps, j’ai eu à rencontrer beaucoup de grands musiciens comme Matar Samba, le trompettiste Malgache, le pianiste sorti de Berkeley. C’était une somme de belles expériences. J’ai pris des musiciens d’un peu partout mais avec beaucoup plus d’expérience. C’était très naturel dans le studio et chacun avait le droit de donner son avis pour la construction de cet album. Ce qui fait que cet album est différent de tous les autres conçus avant comme « Havana –Paris- Dakar » ou encore « Ayo Néné » et « Mbolo »
Dans cet album vous avez chanté « Malidé ». Est -ce parce que vous avez eu à travailler avec des artistes maliens ?
Certainement ! Car j’ai eu à travailler avec Oumou Sangharé, Fatoumata Diawara, Salif Keita, Cheikh Tidiane Seck, Kassé Madi, Mamdi Keita et tant d’autres. J’utilise beaucoup des mélodies mandingues pour ne pas dire malien car le Mali est venu bien après. Avant, on parlait de l’empire du Mali avec le Sénégal, la Guinée, la Gambie etc. Dès que je commence à composer, je ne me fixe pas de limites. Je joue une mélodie et à partir de là, cela devient une chanson.
Certains vous surnommaient Marcus et vous avez eu l’honneur de jouer à ses côtés et de chanter sur son dernier album. Comment s’est faite la rencontre et qu’avez-vous appris à ses côtés ?
Je crois que l’on s’était vu en Pologne au cours d’un grand événement qui a beaucoup contribué au rayonnement de mes six ou cinq dernières années dans la musique. C’est là où j’ai aussi rencontré Esperanza, mais aussi mon claviste. Il y avait One Shorter, Herbie Hancock et Marcus qui était venu jouer avec l’orchestre philarmonique. Je suis allé direct dans sa loge et je l’ai vu et lui ai expliqué ma démarche. Puis, il m’a dit qu’il préparait un album. C’était en 2014 et il y avait l’épidémie d’Ebola en Afrique. Il voulait faire un album sur le continent de ses ancêtres. Mais comme les Américains sont un peu frileux, il m’a dit qu’il allait le faire à Paris. Je lui ai dit que Paris est la meilleure place où on peut faire de la musique africaine. Il m’a chargé alors de lui faire le casting et de lui trouver les musiciens. Je lui ai filé ma carte. A l’époque, mon adresse mail était wademarcus et il m’a demandé pourquoi Marcus. Je lui ai alors tout expliqué et il était très ému. Et depuis, on a gardé le contact et on se parle souvent.
En tant qu’expert quel regard jetez- vous sur l’évolution de la musique sénégalaise ?
Je dois dire qu’il y a beaucoup de belles choses….
Non, là vous faites dans la diplomatie. Que pensez vous réellement de notre musique ?
Vous savez, partout, il y a du bon et du moins bon. Dans les années cinquante, le Bee Bop n’était pas accepté. Car avant, il y avait le Jazz, le Boggie etc. Même la musique Disco n’était pas acceptée au début et cela a toujours été ainsi. David Guetta n’est pas accepté partout, mais il y a toujours des millions de gens qui l’aiment. C’est pourquoi j’ai toujours du mal à critiquer une musique juste pour respecter les gens qui aiment et arrivent à écouter cette musique en question. Bien sûr, il y a beaucoup de choses à revoir. Mais tout n’est pas mauvais dans le Mbalakh. Je pense qu’il faut plutôt dire les musiques sénégalaises parce qu’il y en a plein. Pourtant la musique sénégalaise qui est beaucoup plus wolof est venue bien après. C’est après avoir longtemps tâté de la musique cubaine qu’ils ont intégré le sabar, la salsa et la rumba. Après ils ont créé le Mbalakh avec le Super Etoile et autres en remplaçant les congas par des sabars pour en faire cette musique populaire qu’est le Mbalakh. Mais on a d’autres pépites musicales au Sénégal Oriental, en Casamance etc. La musique Manjack est très belle et très variée. En revanche, c’est aux musiciens de vulgariser cette belle diversité musicale encore méconnue et qui n’est pas du tout écoutée. Les radios doivent aussi faire un effort pour mettre toutes ses musiques laissées en rade. Il y a de très bons chanteurs Mbalakh et percussionnistes que j’aime beaucoup. Après, il faut une direction beaucoup plus clean pour que ce soit plus accessible pour le Japonais ou l’Américain. C’est une musique très complexe. J’ai beaucoup joué avec Mbaye Dièye Faye entre 2001 et 2002 sur l’album Songma .Et très honnêtement, j’ai beaucoup appris au sein du Sing Sing Rythmes aux côtés de Mbaye Dièye et de ses frères.
(SénéPlus.com, Dakar) A Fimela Les populations continuent de vivre le calvaire à cause d’un manque d’eau. Le liquide précieux ne coule plus des robinets depuis soixante-quatre jours. Elles s’approvisionnent auprès des charretiers.
Les charrettes vendent les bidons d'eau à 100fcfa. Les populations payent jusqu'à 250fcfa.
Malgré 2 mois sans eau, la société SEOH a envoyé des factures 4000 francs, si elles ne sont pas payées, l’eau est coupée et l’usager paye 8000 francs pour être rétabli sinon le compteur est retiré et la facture revient à 25000.
Les populations n’en peuvent plus. Elles crient au secours.
Les producteurs de la filière anacarde opérant en Casamance ont pris part, à un conclave sous la forme d’une revue générale de leurs activités au titre de l’exercice 2018 pour ensuite lancer la campagne de 2019.
Les producteurs de la filière anacarde opérant en Casamance ont pris part avant-hier, mercredi 10 avril, à un conclave sous la forme d’une revue générale de leurs activités au titre de l’exercice 2018 pour ensuite lancer la campagne de 2019. Ces opérateurs déclarent avoir convoyé 32.000 tonnes l’an dernier mais s’arcboutent sur les impératifs de la transformation et de la commercialisation pour vaincre la pauvreté et estomper les flux migratoires imputés à un manque d’emplois.
Nombreux étaient les opérateurs de la filière anacarde des régions de Sédhiou, Kolda et de Ziguinchor à prendre part à Sédhiou à la revue de la campagne 2018. L’analyse de la situation a relevé certes des contraintes mais aussi des succès, notamment le relèvement des collectes à 32.000 tonnes, rien que pour les produits convoyés à partir de la gare maritime de Ziguinchor. Ibrahima Khalil Sagna, le président du cadre régional de concertation des opérateurs de la filière anacarde de Sédhiou et maître d’œuvre de l’atelier de lancement de la campagne 2019 a fait savoir qu’ « il a été question de faire une revue de la campagne 2018, les contraintes et les succès qu’on a obtenus, éventuellement demander des corrections et procéder au lancement de la campagne 2019 de commercialisation de la filière anacarde. La campagne écoulée est un bilan mitigé ».
Il a aussi indiqué toujours et au titre des évaluations que « l’Etat a instauré une décision qui interdisait les évacuations par voie terrestre, ce qui a permis de booster les activités au port de Ziguinchor. Nous avons pu envoyer à Dakar 32.000 tonnes. Nous avons pu aussi corriger quelques imperfections et améliorer au fur et à mesure qu’on évolue et qu’on puisse ajuster et s’adapter au mouvement du marché mondial», a noté Ibrahima Khalil Sagna, lors de cette l’assemblée tenue à l’hôtel de ville de Sédhiou.
Une fois les défis de la transformation et de la commercialisation relevés, ajoute Ibrahima Khalil Sagna, la pauvreté et les flux migratoires irréguliers vont s’estomper. « Aujourd’hui, la transformation du cajou s’impose à nous acteurs de la filière. Une fois que le Sénégal est coté, ça fait un fonds de commerce et de la valeur ajoutée. Nous créons de la richesse et de l’emploi. Ce qui est une réponse également à la question de la migration irrégulière», déclarera-t-il. Les opérateurs de la filière anacarde ont montré du doigt les contraintes qui s’opposent à leur plein épanouissement. Il s’agit notamment de l’inexistence de titre d’occupation des vergers par voie de délibération en vue des prêts bancaires, des vergers issus d’un héritage non achevé et l’inadaptation des modes de financement des banques classiques à la filière anacarde.
CONSTERNATION ET TRISTESSE A LA MORGUE D’ARISTIDE LE DANTEC
Hier, jeudi 11 avril, la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec a été très petite pour contenir l’immense foule qui est venue rendre un dernier hommage à Momar Seyni Ndiaye.
Hier, jeudi 11 avril, la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec a été très petite pour contenir l’immense foule qui est venue rendre un dernier hommage à Momar Seyni Ndiaye. Décédé avant-hier, mercredi 10 avril à Dakar, la levée du corps du journaliste et analyste politique est suivie de la prière mortuaire avant son inhumation au cimetière musulman de Yoff. Consternation et tristesse se lisaient sur tous les visages.
L a morgue de l’hôpital Aristide le Dantec a accueilli hier, jeudi 11 avril, une immense foule venue accompagner à sa dernière demeure, le journaliste-formateur et analyste politique Momar Seyni Ndiaye, décédé la veille, mercredi 10 avril à Dakar des suites d’un malaise. La cérémonie de levée du corps a enregistré la présence de nombreuses personnalités.
A 10h, le lieu était déjà plein comme un œuf. Journalistes, autorités politique et administrative, amis, parents, proches et voisins étaient là pour rendre hommage au disparu. Tout a été fait dans la sobriété, à l’image de la vie du défunt qui, discret et disponible, a partagé tout son savoir avec le monde de la presse en particulier, et ses concitoyens en général. Consternation et tristesse se lisaient sur les visages. C’était la désolation totale. Si certains portent des lunettes de soleil (noires fumées) pour dissimuler leur chagrin, d’autres se fondent en larmes. Momar Diongue, journaliste-formateur n’a pu retenir ses larmes. «Momar a les bénédictions de ses parents, de sa femme, de ses enfants et de toute sa famille entière», a témoigné son grand-frère, Pape Ndiaye. Dans la foulée, il a magnifié l’esprit de solidarité de son petit-frère qui a partagé tout ce qu’il a, durant sa vie. Car, dit-il «Momar a partagé son savoir avec le monde de la presse, avec le monde des intellectuels, avec le monde de la politique, avec le monde des universitaires».
Et de poursuivre: «il a partagé son patrimoine avec sa propre famille. A chaque fin du moi, il fait le tour de la famille pour donner à chacun une enveloppe». «Momar était un fervent croyant. D’ailleurs, il est allé très tôt à la Mecque, aux lieux saint de l’Islam pour accomplir un des piliers de l’Islam (le pèlerinage, ndlr)», a attesté Pape. Avant de remercier dans la foulée, l’épouse du défunt, la communauté de la presse ainsi que les autorités politiques. Souleymane Fall, ami d’enfance du défunt dira: «Momar, on s’est connu à bas âges. C’est entre les années 1964 et 1965», se souvient-il. «Son amour pour le journalisme, c’est dans le sang. Il a formé son premier son journal, «Colobane Morning», alors qu’il était encore à l’école primaire. Quand nous jouions au football, il reportait. Quand deux personnes se battaient, il se disait qu’il est la Cours suprême. Il est un homme de cœur, qui a les bénédictions de ses parents. Il est un homme libre. Son franc parlé n’est pas une chose qu’il a créée, mais plutôt fait partie de son sang», a dit-il Souleymane. C’est à 10h 48mn que le corbillard de la ville de Dakar est sortie de la morgue de l’hôpital Le Dantec, avec le la dépouille de Momar Seyni Ndiaye à l’intérieur. Il a été enterré cimetière musulman de Yoff où la prière mortuaire a été effectuée et où il reposera désormais pour l’éternité. Que la terre de Yoff lui soit légère.
TEMOIGNAGES… TEMOIGNAGES…
ABDOULAYE NDIAGA SYLLA, JOURNALISTE ET DIRECTEUR GENERAL DE L’ISSIC : «Momar réunissait toutes les qualités d’un journaliste de terrain»
«Il était un journaliste chevronné, très compétent et très disponible, qui a beaucoup apporté à la presse sénégalaise, du point de vue de la position qu’il prenait toujours dans le cadre de la défense de la liberté de la presse. Il est également attesté qu’il était, du point de vue de la couverture des évènements, quelqu’un de multidimensionnel. Il pouvait parler du sport, comme de l’économie ou de la politique. C’était quelqu’un de très disponible qui réunissait toutes les qualités d’un journaliste de terrain. Il a marqué la presse sénégalaise et son décès est quelque chose de très dure pour sa corporation. Il a toujours été aux avants postes dans les combats menés par le Synpics. Et il était également d’une disponibilité très remarquable quand il s’agissait de pousser les jeunes confrères à travailler comme il faut, en respectant les principes de l’éthique et de la déontologie.»
MOMAR DIONGUE, JOURNALISTE ET ANALYSTE POLITIQUE : «Quelqu’un qui a toujours voulu vivre à la sueur de son front»
«C’est une grande figure de la presse qui vient de partir. Quelqu’un qui a toujours porté en bandoulière le professionnalisme, sa déontologie, surtout sa probité intellectuelle. C’est quelqu’un qui a toujours voulu vivre à la sueur de son front. La meilleure preuve est, bien qu’il soit partie à la retraite, il n’a cessé de mener ses activités en enseignant dans les écoles, en faisant également des travaux de consultance; tout cela pour gagner honnêtement sa vie. Ce qui est maintenant une qualité rare. C’est ce que je retiens de lui. Et aussi son courage parce qu’il n’est pas évident de se savoir malade, mais de continuer toujours à se rendre disponible et continuer à mener ses activités. Ça, il faut s’armer de courage et avoir une bonne fois pour pouvoir le faire. Il est généreux dans tout ce qui est aspect matériel, mais généreux aussi dans ce qui est immatériel c’est-à-dire la transmission de son savoir. Il n’a jamais cessé de partager ses idées et ses connaissances avec les étudiants qu’il a eu à enseigner. Sa propension a toujours faire en sorte qu’à travers les amitiés qu’il a eu à tisser, d’autres amitiés se nouent et se tissent et se développent. Moi, il y a beaucoup de personnes que je ne connaissais pas et que j’ai eu la chance de connaître par le biais de Momar Seyni qui, dès que vraiment vous rentrez en contact avec lui, vous vous appréciez mutuellement. Et… il ne ménage aucun effort pour que cette amitié-là puisse se développer avec d’autres de son cercle. C’est quelqu’un qui rassemblait les amis autour de lui.»
SERIGNE MBAYE THIAM, MINISTRE DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT : «J’ai pu observer la hauteur, le caractère équidistant et la profondeur ses analyses»
«Je suis venu pour témoigner de l’estime, de la haute considération que j’avais pour l’homme, qui était aussi devenu un homme public parce qu’intervenant dans les médias publics. J’ai pu observer la hauteur, le caractère équidistant et la profondeur de ses analyses. Je ne l’ai pas connu personnellement, ni au plan professionnel, ni au plan privée, mais mon déplacement indique l’estime que j’avais pour lui dans l’exercice de ses missions au service de la société mais aussi des gouvernants. Parce qu’avoir des points de vue sur la façon dont nous conduisons les affaires qu’ils nous ont confié est toujours utiles pour un homme public qui est au service du peuple de son pays.»
ABDOU LATIF COULIBALY, JOURNALISTE ET ANCIEN MINISTRE DE LA CULTURE «Ses couvertures dans Le Soleil et ses rayonnements dans le basket sénégalais»
«C’est une grosse perte! C’est un homme d’une exceptionnelle valeur professionnelle qu’on perd de manière si brutale. Car je l’ai vu pas plus tard que dimanche dernier et aujourd’hui (hier jeudi, ndlr), on assiste à sa levée de corps. Nous avons été surpris par sa mort, mais malheureusement ça en est ainsi. On s’incline devant la volonté divine. Mais moi, personnellement, j’ai eu des relations assez exceptionnelles avec lui dans ma carrière professionnelle. Il était journaliste-reporter sportif. Je me rappelle de ses couvertures dans Le Soleil et de ses rayonnements dans le basket sénégalais. Nous avons été présentés par mon défunt cousin Cheikh Gueye.»
AYMEROU ANNONCE LES COULEURS
Le parlement ne vote plus la confiance - Les questions d'actualité vont rester - Si nous ne changeons pas l'article 87, ça confèrerait des pouvoirs exorbitants au président de la République
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakar est formel : la suppression du poste de Premier ministre n’entame en rien l’action gouvernementale. Aymérou Gningue qui a accordé une interview à Sud Quotidien, mardi dernier, annonce déjà que le projet de loi va passer comme une lettre à la poste. Le patron des députés de la Majorité appelle par la même occasion les ministres de Macky II, à faire preuve d’humilité et écouter davantage les Sénégalais parce que selon lui, on ne peut plus gouverner le Sénégal comme si on était dans les années 60.
Le quinquennat que démarre le président Macky Sall sera fondamentalement marqué par la suppression du poste de Premier ministre, ce qui ne va pas manquer de créer quelques soucis entre l’Exécutif et le Législatif. Comment appréhendez-vous cela en tant que président du groupe parlementaire de la majorité ?
D’abord, je voudrais clarifier une chose, le Premier ministre n’est pas une institution. L’institution, c’est le Président de la République, l’Assemblée nationale, le Gouvernement, le HCCT, le Conseil économique, social et environnemental et l’institution judiciaire dans ses différentes composantes. Ce qu’il y a, c’est que le gouvernement jusque-là était dirigé par un Premier ministre qui est nommé par le président de la République. Je crois que la décision de supprimer ce poste, épouse justement sa volonté de vouloir aller très vite. Parmi une de ses caractéristiques du Président Sall, c’est quelqu’un qui travaille beaucoup et qui connait profondément ses dossiers. Je crois que quand vous avez un président de la République qui est jeune, qui travaille énormément et qui a une parfaite connaissance de ses dossiers, la suppression du poste de Premier ministre ne peut pas impacter négativement le travail qui doit être fait. Au contraire, c’est quelque chose qui va permettre justement aux différents ministres de travailler au rythme que le Président souhaite. Et ça va impacter sur le vécu des populations.
Le Président Sall a cette préoccupation que nous partageons tous. C’est de dire : à partir du moment où les moyens existent, ce qui reste, c’est de mettre en harmonie ces deux éléments pour pouvoir travailler vite et bien pour que les Sénégalais, partout où ils se retrouvent, puissent sentir qu’effectivement que non seulement le premier mandat a été plébiscité mais le deuxième est aussi en train d’impacter les vécus quotidiens des populations.
Avec cette suppression une dizaine d’articles environ vont devoir être changés au niveau du règlement intérieur de l’Assemblée nationale aussi. Quid aussi de la déclaration de politique générale, de la motion de censure, etc. ?
Je dois d’abord vous dire que nous, en tant que majorité, nous allons défendre la position du président de la République par rapport à la suppression du poste de Premier ministre. Nous allons voter parce que nous partageons avec lui la volonté de travailler. Dans l’ensemble, il y a 19 articles qui vont être concernés par la suppression du poste de Premier ministre. Le Premier ministre, dans la Constitution, a été cité près de 32 fois et ça concerne 19 articles. Mais, c’est vraiment des articles de forme. C’est-à-dire que les changements n’auront pas une très grande incidence. Ce qui est important, c’est que le poste de Premier ministre n’existera plus. Alors se pose évidemment la question de la responsabilité parce que jusque-là, il y a la confiance au gouvernement qui est votée. Maintenant, on n’aura plus la possibilité de voter la confiance au gouvernement. Il ne faut pas se voiler la face, le régime sénégalais est un régime présidentiel. C’est le président de la République qui nomme le Premier ministre. Il avait la possibilité d’en nommer autant de fois qu’il le souhaite.
Ce que je crois, c’est qu’à partir du moment où l’Assemblée nationale ne vote plus la confiance, il est aussi normal que certains articles de la Constitution puissent être modifiés parce que l’article 87 de la Constitution dit que le président de la République peut dissoudre l’Assemblée nationale après deux ans de législation. Il faudrait de ce côté-là que cet article soit revu.
Quels sont les mécanismes qui vont être utilisés pour arriver à la suppression et à la modification des différents textes relatifs au Premier ministre ?
Nous allons en discuter entre majorité et gouvernement de façon à ce que le projet de loi qui va être soumis à l’Assemblée nationale puisse intégrer déjà cette préoccupation des députés. Nous pourrons, dans les discussions que nous aurons avec le gouvernement, demander à ce que l’article 87 qui donnait au président de la République la possibilité de dissoudre l’ Assemblée, soit retiré de la Constitution. Ça maintiendrait l’équilibre pour dire que le parlement va continuer à faire son travail à travers le renforcement du contrôle des politiques publiques. C’est ça qui est important.
Comment le législatif va-t-il procéder pour le contrôle du travail de l’Exécutif ? Allez-vous à chaque fois qu’il y aura une question d’actualité convoquer un ministre ?
Les questions d’actualité telles qu’elles existaient vont rester et les ministres vont venir devant l’Assemblée nationale par rapport à ces questions d’actualité pour répondre de leur politique par rapport à l’Assemblée nationale. C’est codifié dans le cadre du règlement intérieur mais nous pouvons aussi avoir l’initiative d’interpeller un ministre dans le cadre du programme de contrôle des politiques publiques. Nous avons ce qu’on appelle avant le débat d’orientation budgétaire. Nous avons aussi les questions d’actualité, les questions écrites et orales que nous pouvons adresser au gouvernement en demandant aux ministres de venir devant la représentation nationale défendre les politiques.
Le Premier ministre était considéré comme un fusible. Avec sa suppression, le président de la République va être en contact direct avec la population. N’y a-t-il pas un risque à ce niveau-là ?
Non, il n’y a pas de risque parce qu’au fond, dans le régime qui est issu de la Constitution de 2001 qui est la dernière Constitution même s’il y a eu des révisions, le Premier ministre ne fait qu’appliquer la politique définie par la Président. Vous le voyez vous-même à travers ce que nous vivons quotidiennement. Celui qui a toujours été interpellé, c’est le président de la République. C’est lui qui est toujours en première ligne. Parce que tout le monde sait que celui qui définit la politique de la nation, c’est le Président de la République, que le Premier ministre n’est qu’un coordonnateur de l’activité gouvernementale. Si nous avons un président qui a une capacité de travail, qui a une connaissance des dossiers qui intéressent vraiment la marche du pays et qui veut s’impliquer et qui n’a pas besoin d’un élément supplémentaire, je crois qu’il faut dire bravo et donner un quitus pour lui permettre de pouvoir mener la barque. Je n’ai aucun problème par rapport à ça.
Il est aussi reproché à cette législature l’absence ou la non-récurrence de propositions de loi. Pour la plupart, l’initiative vient de l’Exécutif. Quel est réellement le problème pour qu’on n’ait pas d’initiatives venant des députés ?
Quand vous faites une proposition de loi qui a une incidence financière, vous devez aller justifier comment vous allez trouver la compensation à ne pas opérer dans le budget de l’Etat. Donc, les propositions de loi ne sont pas aussi simples. Et quand vous avez aussi une majorité qui travaille comme je l’ai dit, mais pourquoi chercher à forcément faire des propositions de loi ? Parce que dans les projets de loi qui sont soumis, avant même qu’ils nous soient soumis, nous avons quand même la possibilité puisque nous travaillons dans le cadre d’une majorité d’avoir des échanges qui nous permettent de trouver un consensus au niveau des textes et cela se passe comme ça partout dans le monde. Le jour maintenant où il y aura une opposition très forte par rapport à des propositions du gouvernement, en ce moment, on viendra avec des propositions de loi. Mais, on n’est pas dans ce cas de figure. Au-delà de ça, nous avons la possibilité d’amender les textes qui nous sont soumis par le gouvernement. A chaque fois qu’un texte nous a été soumis et que nous avons senti le besoin d’apporter des amendements qui vont dans le sens de consolider la démocratie et de renforcer l’Etat de droit dans notre pays, nous l’avons fait. C’est le cas de la loi sur le parrainage.
On avait jusque-là un régime qui est plus ou moins similaire à celui de la France. Si vous devrez définir aujourd’hui le régime actuel avec la suppression du poste de Premier ministre, comment le qualifierez vous ?
Nous sommes très loin du régime français. C’est que dans le régime français, le gouvernement est responsable. C’est d’ailleurs ça qui offre la possibilité de pouvoir vivre ce qu’on appelle les cohabitations. Au Sénégal, il n’est pas possible de vivre une cohabitation. Dans la Constitution actuelle, si un jour, il y avait même une majorité qui serait de l’opposition, tout ce qu’elle pourrait, c’est faire des réformes constitutionnelles avec sa majorité pour faire les changements ou ré-introduire le poste de Premier ministre, ainsi de suite. Parce que c’est le Président qui définit la politique de la nation et dans tous les cas, c’est le Président qui choisit. On sera peut-être dans un régime où il y aura un ping-pong ou il y aura peut-être ce qu’on appelle des votes de sanctions. Mais à mon avis, c’est très différent. Encore une fois, le régime au Sénégal est un régime présidentiel où c’est le Président qui définit la politique et il y a un gouvernement responsable devant le Président de la République. D’ailleurs à chaque fois, le Président peut changer son Premier ministre et changer son gouvernement. Maintenant, il est vrai que si nous ne changeons pas l’article 87 que j’ai évoqué tout à l’heure en donnant la possibilité au Président de pouvoir dissoudre le Parlement, après deux ans d’exercice, ça lui confèrerait des pouvoirs exorbitants. Parce qu’il serait et dans l’Exécutif et dans le Législatif. C’est pourquoi je pense que cet article 87 doit être modifié.
Benno Bokk Yaakaar est une coalition qui a une longévité qui étonne les observateurs. Pensez-vous qu’elle peut aller encore au-delà des Locales de décembre 2019, des Législatives de 2022, de la présidentielle 2024 ?
Franchement, je le crois. Mais, je pense qu’il va falloir évoluer. De Benno Bokk Yaakaar, on est passé à la Majorité présidentielle. Donc, il faut réfléchir à avoir une direction politique unifiée. Il faut que les formes changent et que nous puissions avoir de l’audace pour aller vers une unité politique.
C’est-à-dire qu’il n’y ait plus d’APR, ni Parti socialiste, ni AFP ?
Non, les partis même peuvent garder leurs spécificités mais au moins qu’on ait un cadre politique organisé à la manière de l’Ump (Union pour la Majorité Présidentielle, France Ndlr) ; un cadre de politique large ; une direction politique unifiée, Nous pouvons avancer politiquement et nous fortifier. Aujourd’hui, le Président est en train de débuter son second mandat. Ce que nous devons faire, c’est peut-être faire évoluer le cadre qui était là en initiant des concertations entre les différents dirigeants, de sorte qu’elles puissent permettre de prendre en charge les préoccupations des Sénégalais. C’est d’autant plus facile que nous avons un plan, un programme sur lequel nous tous, nous sommes d’accord.
Quid dans ce cas du chef de l’opposition ? Proviendra-t-il de l’ opposition parlementaire ou de la légitimité tirée de la Présidentielle ?
Je pense que là, ça ne peut sortir que du débat. C’est là toute la pertinence de la concertation qui est proposée par le président de la République. Vous savez, vous avez beau être un bon tailleur si vous ne prenez pas la mesure de celui pour qui vous allez faire la tenue, l’habit risque d’être trop large ou trop court, comme le pantalon de Moriba.
Donc, il faudra que ces gens-là viennent pour qu’on puisse débattre et que nous puissions nous mettre d’accord sur la formule pour pouvoir désigner le chef de l’opposition. Mais, je pense qu’en toute démocratie, il est bon que la majorité gouverne. Il est sain d’avoir une opposition qui s’oppose dans le cadre républicain et une justice qui fait correctement son travail. C’est l’équilibre de ces institutions.
Quid de la presse ? Selon vous, faut-il organiser des assises de la presse, notamment avec les réseaux sociaux, le phénomène des fake news. Quelles doivent être les garanties que l’Etat doit mettre en place contre les dérives ?
Il y a la loi que nous avons votée sur les communications électroniques. Cette loi , contrairement à ce qu’on a dit, ne vise qu’à appeler les gens à avoir plus de conscience parce que vous, (journalistes, Ndlr), avez un outil redoutable mais qui peut détruire et parfois, de façon gratuite. Il va falloir que les gens soient responsables. Je pense d’abord à ceux qui sont les vrais professionnels de la presse qui sentent le besoin d’organiser cette presse. C’est un secteur aujourd’hui où chacun, avec un smartphone peut filmer et mettre sur les réseaux sociaux. Il faut qu’on encadre cela. Ce n’est pas possible.
Nous ne pouvons pas continuer à gouverner le Sénégal comme si on était dans les années 1960. Les choses ont évolué. Il va falloir qu’à chaque moment que nous puissions prendre en compte les préoccupations des populations à la base. Il faut que le citoyen soit érigé en sentinelle, qu’il puisse lui aussi faire le contrôle des politiques qui sont mises en œuvre. C’est pourquoi malgré le jugement positif que je fais au gouvernement, je crois qu’il a intérêt à développer ce qu’on appelle l’horizontalité. La verticalité, c’est une très bonne chose. Les rapports qu’ils ont avec le président, c’est une très bonne chose, mais il faut d’abord qu’ils (ministres, Ndlr) soient solidaires horizontalement entre collègues ministres et puis aussi qu’ils soient à l’écoute des populations. L’ère où on pouvait être ministre et puis être imbu de sa personne, regarder les gens de haut est totalement révolue. Il faut que les gens changent et sachent que les Sénégalais les écoutent.
Il faut qu’ils soient proches des populations. Là, il y a beaucoup d’exemples qu’on peut donner mais c’est un appel que je fais en tant que député du peuple en contact avec les populations pour que les gens changent d’attitude, soient beaucoup plus proches des populations. Certes, ils vont rendre compte au président de la République, ils ont les moyens d’organisation verticale qui leur permettent de se retrouver toutes les semaines et de débattre. Mais, il faut déjà qu’il y ait une plus grande solidarité gouvernementale mais aussi une approche horizontale qui permette aux ministres de prendre en charge les préoccupations des populations à la base et cela est extrêmement important.