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10 août 2025
LE GRAND RETOUR DE DAARA J
Tradition, dignité, respect des ancêtres : Daara J Family revient aux fondamentaux avec "Cosaan". Ce nouveau single des pionniers du hip-hop sénégalais invite à une reconnexion avec l'identité culturelle africaine
Le groupe légendaire Daara J Family, pionnier de la scène musicale sénégalaise, revient avec un nouveau single intitulé "Cosaan", annonciateur d'un album à paraître prochainement. Selon Madame Masira Konaté, responsable de la communication du groupe, ce titre qui signifie "tradition" en wolof, est une célébration des origines, des racines et de l'identité culturelle africaine. Porté par le duo mythique Faada Freddy et Ndongo D, "Cosaan" se distingue par son mélange audacieux de hip-hop, de reggae et de sonorités traditionnelles africaines. Les textes engagés, à la fois en wolof et traduits en français, invitent à une reconnexion avec la culture et l'histoire africaines. Le refrain, répétitif et percutant, rappelle l'importance de ne jamais oublier ses origines : "Même avec tout l'or du monde, n'oublie pas, n'oublie pas d'où tu viens !"
À travers leurs couplets, Faada et Ndongo abordent des thèmes profonds tels que la dignité, le respect des ancêtres, et la nécessité de préserver les valeurs culturelles. Faada évoque un voyage autour du monde, soulignant que "There is no place like home", tandis que Ndongo insiste sur l'importance de la transmission intergénérationnelle : "Que le fils apprenne du Père, que les petits-fils comprennent le message des aïeux."
Qualifié de "véritable chef-d'œuvre musical" par leurs fans, "Cosaan" est déjà perçu comme un hymne panafricain. Le single marque également le retour de Faada Freddy au Sénégal, où plusieurs rencontres avec le public seront organisées pour promouvoir le nouvel album. Avec "Cosaan", Daara J Family réaffirme son rôle de porte-voix de la jeunesse africaine, mêlant spiritualité, mémoire collective et fierté identitaire. Ce titre annonce un album attendu avec impatience, promettant d'allier une fois de plus engagement et innovation musicale.
"SENTRESOR", LA RÉVOLUTION DES PAIEMENTS
Fini les files d'attente au Trésor pour les petits montants. La nouvelle plateforme "Sentresor", lancée officiellement par le ministre Cheikh Diba, promet des paiements instantanés et une traçabilité complète
La direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor a lancé officiellement hier, lundi 2 juin, une nouvelle plateforme digitale dénommée "Sentresor" et destinée à faciliter les paiements de la dépense publique. Elle concerne essentiellement le paiement des bourses, des indemnités, des salaires et des secours dont les montants n'excèdent pas 100 mille francs CFA.
Pour faciliter les paiements et les dépenses publiques, la direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor a lancé officiellement une nouvelle plateforme digitale dénommée "Sentresor". Cette application couvre essentiellement le paiement des bourses, des indemnités, des salaires et des secours dont les montants n'excèdent pas 100 mille francs CFA. « L'objectif de SENTRESOR est de simplifier et d'optimiser nos collaborations mutuelles, renforçant ainsi l'efficacité de notre action commune au service des Sénégalais. Cette réforme est un volet important puisqu'elle touche une fonction essentielle, en permettant l'autonomisation des procédures liées à la dépense publique », a fait savoir Amadou Tidiane Gaye, le directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor. Selon lui, tous les types de paiements numéraires vont désormais être intégrés à la plateforme de façon à les entériner par des procédures digitales. « Dans cette ère de transition numérique où la technologie redéfinit chaque aspect de nos vies, il est impératif et judicieux pour notre administration de s'adapter et de s'aligner sur ces transformations », a-t-il soutenu. « La digitalisation des services publics n'est plus une option mais une nécessité pour une gestion moderne, transparente et efficace des ressources de l'État », a-t-il indiqué.
Présidant la cérémonie de lancement officiel, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba a laissé entendre que cette application permet un traitement diligent des opérations, une réception instantanée des paiements sans nécessité de déplacement, tout en garantissant une traçabilité et une sécurité complète de toutes les opérations effectuées. Pour que "Sentresor" déploie "pleinement" ses potentialités, dit-il, il est "essentiel" et "impératif" que toutes les cibles visées se l'approprient. « J'invite donc les équipes à œuvrer dans ce sens. Un accompagnement et un soutien renforcé aux utilisateurs seront déterminants pour assurer une adoption durable et une exploitation optimale de la plateforme Sentresor » qui est une solution "évolutive", pensée pour s'adapter aux "mutations" de notre environnement économique et financier, a ajouté M. Diba. Selon le Ministre, il est donc important d'en assurer le suivi, d'écouter des retours d'expérience afin d'intégrer les améliorations nécessaires à l'évolution de cette fonctionnalité.
KAOLACK PRÊTE POUR LES SEMIS
75% de matériel agricole distribué, 80% de semences dans certaines zones : la région avance à bon rythme dans la préparation de la campagne 2025/2026. Mais derrière ces chiffres encourageants, les producteurs restent sur leurs gardes
Les opérations de distribution des semences, intrants et matériels agricoles, liées à la prochaine campagne 2025/2026 se poursuivent encore dans la région de Kaolack. Le directeur régional du développement rural (DRDR) Samba Gaye à cet effet, a annoncé pour l'instant un taux d'enlèvement du matériel agricole estimé à 75%.
Au-delà du petit matériel qui est presque distribué à 100%, le gouverneur de la région par notification, a aussi ordonné la levée du matériel motorisé (tracteurs) auprès des services départementaux pour accélérer le processus de mise en disposition de ce matériel d'usage dont les producteurs doivent se servir pour dérouler leurs activités champêtres.
Concernant les semences, a aussi indiqué la DRDR, les commissions en charge de la distribution sont présentement en place et ont démarré en majorité leurs opérations dans la quasi-totalité des communes de la région. Déjà au niveau de certains endroits dans le département de Nioro comme Keur Madiabel et Ndiba Ndiayène qui ont reçu leurs semences depuis la semaine dernière, le taux de distribution est à 80%. Certes une avance sur le temps, mais qui justifie en partie les performances obtenues dans le processus de digitalisation des opérations de distribution de semences et intrants dont la phase pilote est lancée cette année dans le département de Nioro.
Sur le reste des départements de Kaolack et Guinguinéo, la mise en attribution de ces facteurs de production se poursuit continuellement auprès des commissions, et comme prévu sur le calendrier, elle sera suivie cette année, par celle des intrants qui commence déjà à s'exercer dans la majeure partie de la région. Ce qui, du coup, a incité les services de la direction régionale de développement rural (DRDR) à lancer un appel solennel aux producteurs afin qu'ils retirent le plus vite possible leurs semences des magasins de stockage pour offrir une place aux stocks d'engrais qui ne peuvent guère rester à l'air libre ou être exposés au soleil ou aux précipitations. Par ailleurs, sur le terrain, les activités de débroussaillage et aménagement des terrains arables ont pris fin des semaines auparavant. Les précipitations enregistrées dans la nuit du Samedi 31 au Dimanche 1er Juin dernier, annoncent une suite favorable au processus de germination de certains semis. En l'occurrence les semis à sec comme le mil (souna) qui peut connaître ses premières pousses.
Par ailleurs du côté des organisations de producteurs, l'inquiétude et la prudence sont les choses les mieux partagées. Car compte tenu d'une absence de bilan sur la précédente campagne et les contre-performances enregistrées notamment dans la production nationale de l'arachide, les paysans doutent de connaître les mêmes sous-productions que durant la dernière campagne de commercialisation agricole. Et ceci, du fait de la mauvaise qualité des semences distribuées et des engrais peu efficaces en tant que produit améliorant. Pour le Président du Conseil national de concertation et coopération rurale (CNCR) Cheikh Sidy Bâ, « les producteurs sont en train de vaquer à leurs dernières occupations d'avant campagne en termes d'aménagement des surfaces cultivables. À notre niveau, nous sommes en train de placer nos représentants au sein des commissions de distribution. À la sortie de la dernière campagne, les services de l'État avaient promis de faire une étude approfondie par rapport aux contre-performances enregistrées la dernière saison. On nous avait fait croire que la Direction de protection des végétaux (DPV), l'Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) et d'autres services techniques de l'État allaient se mobiliser et statuer sur la question, nous attendons toujours cet exercice, mais nous disons toutefois à nos représentants au sein des commissions d'être toujours vigilants par rapport à la qualité des semences et produits fertilisants distribués. Autrement dit, refuser de se laisser emporter par la voracité des opérateurs. Et si, par hasard, ils trouvent des graines incompatibles qui ne portent pas l'étiquette de la Direction nationale des semences (DISEN), qu'ils les retournent à leurs envoyeurs. Ceci aussi bien pour l'arachide que pour les autres spéculations ».
L'HEURE DE VÉRITÉ DU DIALOGUE
Après quatre jours de pourparlers intenses, les trois commissions s'apprêtent à remettre leurs rapports narratifs au comité de pilotage dirigé par le docteur Cheikh Guèye, marquant l'avant-dernière étape de ces concertations
Le dialogue national consacré cette année aux réformes du système politique entre dans son avant-dernier jour, ce mardi 3 juin. Cette journée décisive sera marquée par la remise, au comité de pilotage de ce dialogue dirigé par le docteur Cheikh Guèye, des rapports narratifs sur les différents points débattus au niveau des trois commissions mises en place pour réfléchir sur les 40 thématiques retenues dans le cadre de ces concertations.
Les acteurs engagés dans le dialogue national consacré cette année aux réformes du système politique sénégalais sont partis pour vivre leur plus longue journée, ce mardi 3 juin. En effet, après quatre jours de pourparlers, c'est au terme de cette journée que les trois commissions mises en place pour réfléchir sur les 40 thématiques retenues dans le cadre de ces concertations en vue de l'amélioration du système politique sénégalais vont officiellement remettre au comité de pilotage de ce dialogue dirigé par le docteur Cheikh Guèye, facilitateur général du dialogue, leur rapport narratif sur les différents points débattus. Ensuite, il reviendra à ce comité de pilotage de préparer un document de synthèse de tous les points discutés avec à la clé les appréciations finales de la pléthore de participants.
En effet, pour la première commission, le nombre important des membres, pas moins de 171 personnes a obligé les responsables à la subdiviser en trois sous-commissions. Présidée par Thiaba Sy Camara, c'est cette première commission démocratie, libertés et droits humains qui est chargée de réfléchir entre autres, sur le cumul de fonctions (Chef de l'État et chef de parti - Mandats d'élu local et fonctions administratives) ; la rationalisation des partis politiques et le calendrier républicain ; la charte des partis politiques ; le financement des partis politiques ; les modalités de mise en œuvre du statut de l'opposition et de son chef ; les conditions du prononcé exclusif de la déchéance électorale par le juge et l'exercice des libertés publiques (manifestations sur la voie publique, réunions publiques) ainsi que l'élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel aux citoyens, la régulation des fonds politiques et la réforme des articles 80 et suivants du code pénal pour ne citer que ces points.
COUTURIERS SOUS PRESSION AVANT LA TABASKI
Bourdonnement des machines, éclats de voix des clientes, chutes de tissus multicolores : l'effervescence règne dans les ateliers de Grand Dakar et Niary Tally
Alors que la fête de la Tabaski approche à grands pas, les ateliers de couture de Grand Dakar et de Niary Tally tournent à plein régime. Dans une ambiance électrique, couturiers et couturières s'affairent pour livrer les commandes à temps. Bazin riche, tissus « Nafi », Djipure Corée et HKG, Getzner..., tour d'horizon des tendances et des tarifs du moment.
Le bourdonnement des machines à coudre, les éclats de voix des clientes venues vérifier l'avancement de la couture de leurs tenues, les chutes de tissus multicolores qui volent au gré des découpes. À Grand-Dakar et Niary Tally, la Tabaski se prépare avec frénésie. L'air est lourd, mais l'ambiance est animée, presque festive. Les couturiers travaillent sans relâche, les yeux rivés sur leurs créations, pour honorer les engagements et livrer les commandes à temps.
Trouvée assise devant sa machine, concentrée mais sereine, Mami, couturière expérimentée, coud une robe en Bazin riche bleu. Elle confie : « Moi, j'ai reçu des commandes : des robes-jupes, des ensembles avec foulards. Il me reste encore quelques tenues à terminer ; mais je ne prends plus de commandes », assure-t-elle, pour respecter les délais de livraison convenus avec les clients.
Cette année, elle a beaucoup travaillé avec les tissus « Nafi », prisés pour leur élégance, leur accessibilité. « J'ai plus des tissus "Nafi" cette année, et des Bazin riches, surtout pour les enfants », explique-t-elle.
À quelques rues de là, rencontré devant son atelier installé en marge du trottoir, El Hadj, couturier à la main sûre, découpe minutieusement un tissu sur une table en bois. Il note : « Le tissu-tendance chez moi, cette année, c'est l'unisexe, les Djipure Corée et les Djipure HKG, et surtout pour les femmes. Je fais des robes, des tuniques, des boubous. Pour les hommes, j'ai eu plus de commandes d'habits Bazin, surtout les deux pièces », dit-il.
...Et les boutiques de tissus où, côté tarifs, la tendance des prix suit la qualité
« Les prix varient selon le tissu : le moins cher en unisexe est à 13.000 francs CFA les cinq yards. Le Djipure HKG est à 15.000 francs CFA, et le Djipure Corée peut atteindre les 25.000 francs CFA » pour la couture, précise le tailleur El Hadj.
Au cœur du marché de Grand-Dakar, les boutiques de tissus ne désemplissent pas. Les clients défilent, palpant les étoffes, comparant les motifs et négociant les prix. Awa, vendeuse de tissus, s'active entre ses rayons. « Cette semaine, les gens prennent surtout les Bazin riches. On me demande beaucoup les couleurs pastel : rose-poudré, vert-menthe, bleu-ciel. C'est doux et ça passe bien en famille. Les femmes aiment aussi les motifs fleuris ou brodés », fait savoir la vendeuse.
Pour ce qui est des prix, elle précise que cela dépend de la qualité. « Le tissu "Nafi", ça dépend de la qualité : celui à 2500 francs CFA le mètre s'écoule vite ; mais il y en a à 3500 francs CFA le mètre aussi. Le Bazin, c'est plus cher, surtout les grands noms comme Getzner. Mais les clients savent ce qu'ils veulent, ils viennent avec des idées précises » de ce qu'ils veulent acheter, explique-t-elle.
L'IMAGE TERNIE DE LA POLITIQUE
Ousseynou Nar Gueye exprime un paradoxe face aux inculpations d'anciens ministres. Tout en saluant la lutte contre la corruption, il craint que cette série d'affaires ne nourrisse la défiance généralisée envers les politiques
Ousseynou Nar Gueye est directeur général du périodique numérique sénégalais “Tract Hebdo”. Il était l'invité d'Africa Radio aujourd'hui lundi 02 juin 2025 à 07h45, interviewé par Nadir Djennad.
Au Sénégal, un cinquième ministre de l’ancien président Macky Sall a été écroué lundi 26 mai pour malversations présumées. Amadou Mansour Faye a été inculpé par une cour spéciale pour « corruption et détournement » dans la gestion de fonds anti-Covid. Il est soupçonné de "complicité de détournement de deniers publics" après des dépenses d'"un surplus global de 2,7 milliards de FCFA" (4,1 millions d'euros) dans des achats de riz destiné aux populations pendant la pandémie de covid, selon un rapport parlementaire.
"Une promesse de campagne"
Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont promis de faire rendre des comptes aux anciens dirigeants qu'ils accusent d'agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l'ex-président Macky Sall. Selon le journaliste sénégalais Ousseynou Nar Gueye, il y aura de nouvelles inculpations d’anciens ministres de Macky Sall. Le directeur général du périodique numérique sénégalais “ Tract Hebdo” estime que ces inculpations donnent une mauvaise image des responsables politiques "Il y a une petite musique que l'on entend : tous pourris. Il y a une désaffection de la population envers la classe politique", déclare Ousseynou Nar Gueye.
Toutefois, Ousseynou Nar Gueye indique, au passage, "que le régime Pastef actuel a tout son soutien, par ailleurs. Tout comme il a le soutien d'une grande partie de la jeunesse sénégalaise".
LA CENTIF ENREGISTRE UNE HAUSSE DES DÉCLARATIONS D’OPÉRATIONS SUSPECTES
Dans son rapport annuel 2024, la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières () signale une progression de 15 % et une explosion des transactions en espèces.
La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) a publié son rapport d’activités pour l’année 2024, soulignant une augmentation de l’activité déclarative et des efforts continus dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
Le rapport révèle une hausse de « 15% des déclarations d’opérations suspectes (DOS) », passant de « 807 en 2023 à 928 en 2024 ».
Cette augmentation témoigne, selon la CENTIF, « d’une dynamique positive et d’une appropriation croissante du dispositif de lutte contre le blanchiment par les entités déclarantes ».
Les banques et établissements financiers restent les principaux contributeurs, représentant « 82,87% » des DOS.
Parallèlement, les déclarations de transactions en espèces (DTE) ont connu une augmentation encore plus spectaculaire de 151%, passant de 16 993 410 en 2023 à 42 735 186 en 2024.
Cette forte progression confirme l’adhésion continue des assujettis au dispositif de déclaration.
Types d’Infractions Déclarées
En 2024, la fraude a été la catégorie d’infraction la plus signalée, avec « 554 cas, contre 473 en 2023 (+17%) ».
Les infractions à la réglementation des changes ont également connu une augmentation significative, doublant en un an, passant de « 33 en 2023 à 66 en 2024 (+100%) ».
D’autres infractions incluent les infractions fiscales pénales (73 cas) et la corruption (138 cas).
La CENTIF a également intensifié ses échanges d’informations au niveau national et international. Le rapport indique que e nombre de demandes d’informations nationales (DIN) envoyées par la CENTIF a significativement augmenté, passant de « 1 186 en 2023 à 2 172 en 2024 », soit une progression de 83%.
Cependant, le volume global des flux d’informations étrangères a diminué de 28%, passant de 88 échanges en 2023 à 63 en 2024. Cette baisse est principalement due à une réduction des demandes sortantes.
Selon le document, en termes de suites données aux dossiers, les transmissions au Procureur ont légèrement diminué, passant de 43 en 2023 à 46 en 2024, tandis que les classements de dossiers ont significativement baissé, passant de 70 à 45.
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SONKO FAIT L'IMPASSE SUR LES DISPARITIONS À CONAKRY
Deux activistes de la société civile et un journaliste ont disparu en Guinée depuis plusieurs mois. Interrogé sur ce dossier sensible, le chef du gouvernement sénégalais a choisi la retenue diplomatique
Lors de son point de presse à Conakry, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a été interpellé par un journaliste de RFI sur la disparition de deux activistes de la société civile et d'un journaliste en Guinée, sujet qui préoccupe les organisations sénégalaises et guinéennes.
Face à cette question sensible, Sonko a adopté une posture diplomatique ferme, refusant de commenter publiquement les affaires internes guinéennes. "Je m'abstiendrai par respect de venir en Guinée pour avoir à dicter aux Guinéens ce qu'il y a à faire", a-t-il déclaré, établissant un parallèle avec les arrestations au Sénégal que les autorités guinéennes ne commentent pas.
Le chef du gouvernement sénégalais a souligné que les États doivent respecter "les réalités internes" de chacun, même dans un contexte de relations fraternelles. Il a précisé que si de telles questions devaient être abordées, ce serait "en douce, amicalement" et non lors d'une conférence de presse publique.
Sonko a conclu en exprimant ses vœux pour que "tous nos pays connaissent la paix, la stabilité politique, la concorde", tout en reconnaissant l'impact potentiel de l'instabilité de chaque pays sur ses voisins dans un contexte sécuritaire déjà fragile dans la région.
par Sane Balama
HOMMAGE À DEME MAMADOU DEME, UN MAGISTRAT D'EXCEPTION
Figure emblématique de la magistrature sénégalaise, cet homme d'une intégrité inflexible laisse derrière lui une empreinte indélébile, particulièrement à Ziguinchor, sa terre de cœur
Le Premier président Déme Mamadou Déme s’en va. Il a fait valoir ses droits à une pension de retraite. Mais Ziguinchor – et la justice sénégalaise – garderont à jamais son empreinte.
Le Premier président Déme incarne l’idéal du magistrat : une humilité remarquable, une intégrité inflexible, une érudition juridique incontestable et un calme olympien qui ont forgé le respect de tous ceux qui ont eu l’honneur de travailler à ses côtés.
Ziguinchor occupe une place particulière dans son parcours t il en avait un attachement indéfectible. Après y avoir effectué son stage d’auditeur de justice en 1983, il y est revenu, après des passages à Saint-Louis et Tambacounda, comme Président du Tribunal régional, avant d’en devenir le Premier Président de la Cour d’appel. Cette région, qu’il a tant servie, restera à jamais son terroir de cœur.
À la tête de l’Union des Magistrats Sénégalais (UMS), il a fait preuve d’un leadership visionnaire, obtenant avec son équipe des avancées majeures, notamment en matière de conditions salariales. Son engagement a renforcé la dignité de la magistrature sénégalaise.
Son excellence l’a conduit à la Cour de Justice de l’OHADA en Côte d’Ivoire, où il a brillé avant que Ziguinchor ne le rappelle une dernière fois, comme pour sceller son destin avec cette terre.
Départ dans l’émotion, mais une empreinte éternelle
Lors de la cérémonie de passation d service, le Premier Président Déme a reçu un hommage solennel et profondément mérité de la part de ses pairs, marquant la fin d’une carrière exemplaire au service de la justice. L’IGAJ Cheikh Tidiane Lam, le Premier président intérimaire, le Président du Tribunal de grande Instance ainsi que l’Administrateur des greffes, entouré des magistrats et greffiers, ont tenu à saluer l’homme intègre, le juriste érudit et le leader humble qui a marqué tant d’esprits par son professionnalisme et son humanité.
Dans une atmosphère chargée d’émotion, les mots prononcés ont retracé un parcours sans faute, soulignant :
- Son engagement indéfectible pour l’indépendance et la dignité de la justice ;
- Son rôle clé dans l’amélioration des conditions des magistrats lors de sa présidence à l’UMS ;
- Son attachement viscéral à Ziguinchor, où il a laissé une empreinte judiciaire durable. Huit années au total.
En réponse, le Premier président Déme, visiblement touché, a exprimé sa gratitude envers tous les acteurs du système judiciaire, rappelant que la justice n’est rien sans les femmes et les hommes qui la servent avec abnégation". Avec humilité, il a confié que Ziguinchor resterait à jamais dans son cœur, tout en souhaitant plein succès à son successeur, le magistrat Khaoussou Abdel Khadr Diop.
Il conclut son adresse par une citation bien à propos : « un magistrat ne se mesure pas à la longueur de sa carrière, mais à la profondeur de son intégrité et à l’impact de son engagement. »
Ainsi s’achève un chapitre majeur de la magistrature sénégalaise, mais l’héritage de Mamadou Déme, lui, demeure immortel.
MACKY SALL FACE AU DÉFI ONUSIEN
Trilingue, francophone et anglophile, Macky Sall cultive le profil idéal pour l'ONU. Mais entre le soutien prudent de Paris, l'attente de Washington et les réticences de Dakar, l'ancien président sénégalais navigue en eaux troubles
L'ancien président du Sénégal, Macky Sall, pourrait-il devenir le premier Africain francophone à diriger les Nations Unies ? Depuis la fin de son mandat en avril 2024, l'ex-chef d'État se positionne discrètement, mais résolument pour succéder à António Guterres, renseigne ‘’Africa Intelligence’’. Entre diplomatie souterraine, réseaux d'influence, défis géopolitiques et obstacles internes, cette ambition soulève autant d'interrogations que d'espoirs.
Depuis la fin de son second mandat à la tête du Sénégal, Macky Sall ne s'est jamais totalement éclipsé de la scène internationale. Après avoir brièvement occupé le poste d'envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, il dirige, depuis septembre 2024, le Global Center on Adaptation (GCA), une structure spécialisée dans les enjeux climatiques, basée à Rotterdam, mais très active sur le continent africain. Installé à Marrakech, il se mue progressivement en "diplomate global", rôdant un profil taillé pour les exigences du Secrétariat général des Nations Unies.
Si sa candidature n'est pas encore officielle, plusieurs éléments laissent penser qu'elle est bel et bien en préparation. Selon ‘’Africa Intelligence’’, Macky Sall a rencontré Emmanuel Macron en mars 2025 pour sonder le soutien de la France, traditionnellement influente au sein du Conseil de sécurité. Il aurait également activé des relais auprès de diplomates américains proches du camp républicain, avant même le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. L'ancien président du Sénégal joue à fond la carte du multilatéralisme pragmatique. Il met en avant son expérience à la présidence de l'Union africaine en 2022, durant laquelle il avait plaidé pour une meilleure représentation du continent africain au Conseil de sécurité ainsi qu'une plus grande justice climatique. L'une de ses forces demeure sa capacité à dialoguer avec toutes les parties : Occidentaux, pays du Golfe, Chine, Russie. Récemment, des échanges avec l'ancien ambassadeur chinois en France, Lu Shaye, laissent entrevoir un soutien possible de Pékin. Un voyage en Chine serait même envisagé pour consolider cette relation.
Obstacles internes : Dakar, entre silence officiel et méfiance politique
Le soutien du pays d'origine est une condition sine qua non pour toute candidature au poste de secrétaire général. Or, les relations de Macky Sall avec le nouveau pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont tendues. Depuis leur arrivée, les demandes de reddition des comptes et les risques de poursuites judiciaires visant l'ex-président fragilisent sa position. Si Macky Sall conserve une stature internationale enviable, il fait face à une contestation nationale persistante. Accusations de gestion opaque, climat social tendu à la fin de son mandat, gestion de la crise préélectorale… Son passif pourrait être exploitable par ses détracteurs au moment opportun. Malgré cela, il continue de bénéficier d'un capital symbolique fort sur la scène mondiale : élu trois fois "Leader africain de l'année" entre 2014 et 2022, récipiendaire du Prix Mandela pour la paix, il sait incarner le visage d'une Afrique réformiste et engagée dans la gouvernance mondiale.
Par ailleurs, selon certaines sources proches de son entourage, des discussions informelles seraient en cours pour arrondir les angles. L'objectif : éviter que le Sénégal ne s'oppose pas publiquement à la candidature de son ancien chef d'État. Une opposition frontale serait, en effet, contre-productive pour l'image internationale du pays. Le choix du secrétaire général de l'ONU repose sur une coutume de rotation géographique non écrite. Après l'Amérique latine (Pérez de Cuéllar), l'Afrique (Boutros-Ghali, Kofi Annan), l'Asie (Ban Ki-moon) et l'Europe (Guterres), plusieurs experts estiment que l'Amérique du Sud pourrait être favorisée pour 2026. Des noms comme Michelle Bachelet ou Alicia Bárcena circulent.
Cependant, la crise de représentation que traverse l'ONU, notamment du côté africain, pourrait relancer l'idée d'une candidature africaine forte. Macky Sall, francophone, anglophile et trilingue (français, anglais, wolof), pourrait apparaître comme un compromis acceptable, à condition de neutraliser les réticences.
Une ambition encore officieuse, des alliés sur la réserve
Interrogé sur la RTS à propos de la possible candidature de Macky Sall au poste de secrétaire général des Nations Unies, l’ancien ministre des Transports et des Collectivités territoriales, Omar Youm, a tenu à tempérer les spéculations. ‘’Je ne suis pas au courant d’une telle démarche officielle’’, a-t-il déclaré, ajoutant que ‘’cette question n’a, à ce stade, fait l’objet d’aucun débat au sein de notre famille politique’’. Une prudence qui trahit l’embarras ou, à tout le moins, la volonté de ne pas précipiter les positions publiques sur un dossier encore entouré de discrétion. S’il confirme la présence remarquée de l’ancien chef de l’État dans plusieurs conférences internationales ces derniers mois, Omar Youm préfère parler de ‘’repositionnement global’’ plutôt que de campagne. Néanmoins, il ne cache pas son admiration pour la stature internationale de Macky Sall. ‘’Il a toutes les qualités pour exercer de hautes fonctions au sein du système multilatéral. Il a été l’un des premiers dirigeants africains à porter la réforme du Conseil de sécurité à l’agenda diplomatique. Si l’Union africaine dispose aujourd’hui d’un siège au G20, c’est en grande partie grâce à lui. Il a contribué à redonner à l’Afrique une place dans les discussions sur les systèmes de notation et les règles du jeu économique mondial’’.
Cependant, lorsqu’il est interrogé sur les critiques visant Macky Sall concernant les violations des droits humains sous son régime — notamment le lourd bilan des manifestations ayant conduit à la mort de plusieurs dizaines de jeunes Sénégalais — Omar Youm élude. ‘’Il n’est pas le principal responsable. Il y avait des policiers en fonction qui faisaient le maintien de l’ordre’’, balaie-t-il sans s’appesantir. Une posture de déni ou de défense qui contraste avec la sensibilité attachée aux droits humains au sein de l’ONU et qui pourrait peser dans une évaluation plus politique de la candidature, si elle venait à se formaliser.
En attendant, les proches de Macky Sall oscillent entre prudence institutionnelle et hommage à un bilan international qu’ils jugent exceptionnel.
Soutiens internationaux : Paris oui, Washington en attente, Chine probable
En Europe, la France semble être l'allié le plus stable de Macky Sall. Emmanuel Macron, malgré les tensions avec le nouveau pouvoir sénégalais, pourrait y voir un levier pour maintenir une influence francophone au sein des Nations Unies. Aux États-Unis, le retour de Donald Trump pourrait bousculer les équilibres traditionnels, mais Sall semble avoir anticipé cette donne en nouant des liens dans la nouvelle administration américaine. Il était même présent à l’investiture de Trump. Avec la Chine, les signaux sont au vert, Pékin voyant d'un bon œil un dirigeant africain pragmatique et expérimenté.
Cette candidature est possible, mais semée d'embûches. Si Macky Sall décide de franchir le pas de manière officielle, il devra conjuguer finesse diplomatique, soutien de puissances internationales et apaisement des tensions internes. La course pour succéder à Guterres ne se gagnera ni à New York ni à Paris uniquement, mais sur les cinq continents, dans les couloirs feutrés du multilatéralisme et, surtout, au Conseil de sécurité.
Réussira-t-il à surmonter les écueils et à réunir les conditions d'un large consensus ? Reste à voir si la diplomatie mondiale est prête à confier ses clés à un ancien chef d'État africain dont le parcours est aussi contrasté qu'internationalisé.