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10 août 2025
INCERTITUDES AUTOUR DU STATUT DU CHEF DE L’OPPOSITION
Derrière les formules de courtoisie ayant marqué l’ouverture du Dialogue national initié par le président Bassirou Diomaye Faye, se profile une question de fond : qui incarnera officiellement le rôle de chef de l’opposition sénégalaise ?
Derrière les formules de courtoisie ayant marqué l’ouverture du Dialogue national initié par le président Bassirou Diomaye Faye, se profile une question de fond : qui incarnera officiellement le rôle de chef de l’opposition sénégalaise ? Cinq jours après le lancement des discussions, qui doivent s’achever ce mercredi, la question reste entière et les divergences de vues sont bien réelles.
Selon les termes de référence (TDR) rendus publics à l’ouverture du Dialogue national, ce point figure bien à l’ordre du jour. En plus de la rationalisation des partis politiques, de la réorganisation du calendrier républicain et de l’encadrement du financement des formations politiques, la reconnaissance du statut de l’opposition et de son chef constitue l’un des principaux sujets encore débattus.
Pourtant, la prise en charge de cette question semble timide, déplorent certains participants. ‘’La question est discutée, mais n’a pas encore été tranchée’’, confie une source proche des débats.
Invitée récemment sur la télévision nationale, la juriste et femme politique Amsatou Sow Sidibé s’est étonnée de l'absence de concrétisation d’un tel statut, malgré les dispositions claires issues du référendum du 20 mars 2016. ‘’L’article 58, alinéa 2 de la Constitution affirme que l’opposition a droit à un statut qui lui permet de s’acquitter de ses missions. Pour moi, cela devrait aller de soi. Je ne comprends pas qu’en 2025, rien n’ait été fait depuis 2016. Le dialogue ne doit pas être une simple palabre entre politiciens. J’espère que cette fois-ci sera la bonne’’, a-t-elle déclaré.
Mais rien n’est jamais simple dans l’arène politique sénégalaise. Les luttes de positionnement, aussi bien au sein du pouvoir que de l’opposition, compliquent l’adoption d’un consensus. Déjà, en 2023, le dialogue politique avait buté sur cette question. L’ancien Premier ministre Idrissa Seck, pourtant arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, n’avait jamais véritablement incarné ce rôle, plombé par des querelles protocolaires et des considérations d’ego.
Aujourd’hui encore, même si le contexte a changé, la problématique reste brûlante. Ousmane Sonko, leader du Pastef, avait donné le ton, lors du séminaire du 25 novembre 2024 à Saly Portudal, en défendant une lecture parlementaire du statut. Autrement dit, c’est le poids aux législatives – et non les résultats de la présidentielle – qui devrait déterminer le leadership de l’opposition.
Si cette logique était retenue, ce serait alors Macky Sall, leader du camp arrivé deuxième aux législatives, qui occuperait cette position. Mais celui-ci ne semble guère intéressé par ce rôle. Fort d’un important réseau international, il apparaît davantage tourné vers des ambitions diplomatiques, notamment le poste de secrétaire général de l’ONU. De plus, sa formation politique a boycotté le dialogue, même si certains de ses anciens cadres y participent. Macky Sall et son parti non partants, Amadou Ba reste en pole position pour prendre cette casquette, lui qui est arrivé deuxième à la présidentielle avec le soutien de son ancien parti.
Pour l’heure, le débat est porté par la commission politique du dialogue. Selon plusieurs indiscrétions, Pastef maintient la position exprimée par Ousmane Sonko. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) serait lui aussi favorable à cette approche. Mais reste à savoir si le président Bassirou Diomaye Faye y adhère pleinement.
L’économie, priorité silencieuse du dialogue
Au-delà des considérations politiques, beaucoup estiment que l’urgence est ailleurs. Le véritable enjeu, soulignent certains intervenants, est économique.
‘’Le principal défi est d’établir des cadres de concertation qui évitent de tout exposer sur la place publique’’, affirme un proche d’Amadou Ba. ‘’Pour nous, les questions économiques relèvent d’abord de la souveraineté. Notre leader Amadou Ba l’a dit clairement lors de l’ouverture du dialogue. Il faut désormais comprendre ce qu’il a dit et surtout ce qu’il n’a pas dit publiquement. Ces discussions doivent se tenir dans des cadres spécifiques, où chaque acteur apporte sa pierre à l’édifice pour le bien du Sénégal’’.
Quelles que soient les conclusions de cette séquence du dialogue politique, elles sont attendues avec intérêt, y compris par les partis absents du processus, comme l’Alliance pour la République (APR) ou encore la République des valeurs de Thierno Alassane Sall, qui vient d’interpeller publiquement le gouvernement sur la question du réendettement discret du pays.
Tout un programme !
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QUAND LE PRÉSIDENT FAIT LA MODE
À l'approche de la Tabaski, une nouvelle tendance vestimentaire séduit les Sénégalais : le "mode Diomaye". Le style du président Bassirou Diomaye Faye inspire désormais les choix des fidèles pour la grande fête religieuse
À quelques jours de la fête de Tabaski, les marchés de Ziguinchor bouillonnent d'activité, et une tendance particulière attire l'attention : le "mode Diomaye". Selon les vendeurs de tissus locaux, le style vestimentaire du président Bassirou Diomaye Faye influence considérablement les choix des Sénégalais.
"Le président influence beaucoup de gens avec son style d'habillement. Ses modèles sont très pris en ce moment", confie un commerçant textile. Cette influence présidentielle se traduit par une forte demande pour certains types de tissus, notamment les brodés unisex et les tissus perlés qui correspondent au style sobre et élégant du chef de l'État.
Les couturiers de Ziguinchor, habitués aux tendances traditionnelles comme le jazz et le brodé coton, voient désormais affluer les clients en quête de ces nouveaux modèles inspirés du "mode Diomaye". "Les brodés unisex sont très beaux pour les hommes. La plupart prennent le fil ou le tissu perlé", explique une vendeuse.
Cette tendance s'inscrit dans les préparatifs intenses de la Tabaski, période où les familles sénégalaises n'hésitent pas à investir dans de nouveaux vêtements malgré les difficultés économiques. Pour les tailleurs, c'est la course contre la montre pour satisfaire une clientèle désireuse d'adopter le style présidentiel lors de cette fête religieuse majeure.
PAR Thierno Sora Ndiaye
DIALLO N’EST PAS MORT, MAIS ASSASSINÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Diallo incarne cette résistance tenace face à une machine étatique broyeuse de vies. Son histoire s’inscrit dans la lignée des répressions sanglantes. Il ne s’agit pas de bavures, mais d’une doctrine bien assumée
« Tu sais grand, les gendarmes nous ont torturés dans le fourgon, ils nous marchaient sur les genoux et nous frappaient sur nos articulations »
Ces mots sont ceux d’un jeune homme courageux, digne et jovial que j’ai rencontré lors de mon séjour carcéral : Mamadou Diallo. Aujourd’hui, Mamadou Diallo n’est plus. Mais à quel prix ? Pour quelle finalité ?
Je ne prétends pas me faire le porte-parole d’un quelconque collectif. Cependant, je refuse que la souffrance d’un camarade, sa vie de militant, son histoire, sombrent dans l’oubli.
Diallo a été arrêté lors des manifestations du vendredi 9 février 20241, par des gendarmes qui l’ont par la suite conduit à la Brigade Thiong2. De son arrestation à sa remise à la brigade de la gendarmerie, il a passé des heures entre tortures et violence policière ou violence d’État3.
Il faut le dire clairement : au Sénégal, l’appareil répressif de l’État fonctionne de manière mécanique. À tour de rôle, les politiciens ont donné les ordres et les hommes en uniforme les ont exécutés avec zèle. Cette violence ne date pas d’hier et n’a jamais disparu ; en réalité, aucun dirigeant n’a cherché à la déconstruire.
Senghor fut le premier héritier de cette violence, qu’il a pleinement assumée tout au long de son pouvoir. Le Parti africain de l’indépendance (PAI) fut l’une des premières formations politiques à en faire les frais. Comme le rapporte le professeur Abdoulaye Bathily dans son livre « Passion de liberté », le PAI fut dissous dès 1960, contraignant son secrétaire général, Majmouth Diop, à l’exil. En 1962, les tensions politiques atteignirent leur paroxysme avec l’arrestation du Premier ministre Mamadou Dia et de plusieurs de ses compagnons. L’année 1963 fut marquée par une répression sanglante après des élections contestées, causant plusieurs morts encore non élucidées. D’autres crises suivirent, tout aussi violentes. En 1968, le journal Dakar-Matin (devenu Le Soleil) publiait un communiqué officiel indiquant : « Les forces de l’ordre ont reçu l’autorisation de faire usage de leurs armes et de tirer à vue… ». Le 11 mai 1973, on pouvait lire dans la presse, tel que le rappelle l’historien Florian Bobin dans « Cette si longue quête » : « Encore un crime de Senghor : l’étudiant Omar Blondin Diop assassiné. »
Abdou Diouf ne fit guère mieux. Il perpétua cette même violence mécanique, notamment lors des événements de 1988, qui plongèrent le pays dans une crise profonde, et ceux de 1993, qui culminèrent avec l’assassinat d’un juge du Conseil constitutionnel.
Wade, opposant endurci ayant lui-même subi cette violence, n’hésita pas à en user une fois au pouvoir, avec les mêmes complicités. On se souvient des violences de 2012, parmi tant d’autres. Après la validation controversée de sa candidature, des manifestations éclatèrent, réprimées dans le sang, dans une brutalité devenue habituelle. La République sombrait alors dans une élection macabre, entre cadavres et blessés.
Macky Sall, héritier de cette élection sanglante, fut à son tour le prédicateur d’une des périodes les plus violentes de la République, toujours avec les mêmes complices. De 2021 à 2024, les morts restent dans les mémoires, les tombes encore visibles, les victimes toujours marquées par les séquelles.
Ce rappel appelle deux constats : d’une part, la violence d’État est inscrite dans l’ADN de nos institutions ; d’autre part, elle est une violence légitimée. Chez les forces de l’ordre (policiers, gendarmes, militaires), il ne s’agit pas de bavures mais d’une doctrine bien assumée. Une doctrine qui profite aux politiciens, chaque transition s’opérant sur des corps martyrisés. Comme le disait Mamadou Dia dans ses mémoires : « C’est la mort de Blondin Diop qui nous a libérés de prison. » Wade accéda au pouvoir sur le sang de plusieurs Sénégalais. Macky Sall lui succéda dans les mêmes conditions, avec des cadavres tout le long du pavé. Diomaye et Sonko n’échappent pas à cette logique : leur libération et leur accession au pouvoir sont jalonnées de cadavres et de détenu(e)s entassé(e)s.
Diallo est victime d’une doctrine de la violence assumée et bien revendiquée par les forces de l’ordres, et son témoignage en dit long sur les pratiques.
Nous nous sommes rencontrés dans les caves du Tribunal de grande instance de Dakar, en attendant le mandat de dépôt du procureur. À l’époque, nous avions nos propres moyens pour nous retrouver. Ce jour-là, c’est la coupe de mes cheveux qui fit sourire Diallo : « Grand, mes cheveux étaient plus longs que les tiens ! »
Je l’observai : il ne lui restait presque plus de cheveux. Intrigué, j’entamai la conversation.
Moi c’est Thierno Sora, et toi ?
-Moi c’est Diallo ¨bay¨
Mais que sont devenu tes cheveux ?
- Grand, les gendarmes nous ont torturés dans leur fourgon, ils nous frappaient sur les genoux et sur nos articulations. Moi ils m’ont arraché les cheveux à mains nues ¨danu boudi samay karaw¨
Non je n’ai pas saisi, ils t’arrachaient les cheveux comment ?
-Ils m’ont arrêté en me taxant, avec mes cheveux, de criminel de rue, et là ils ont commencé à me les arracher violemment de la tête. Tu peux toi-même regarder, je suis arrivé à la Brigade Thiong ensanglanté avec un autre. D’ailleurs lui, il a été envoyé à l’hôpital le lendemain (samedi 10), car il hurlait de souffrance et c’était intenable pour lui, tellement les gendarmes nous ont fait souffrir et il n’est pas revenu depuis.
Mais moi dans le pick-up où j’étais avec un ami, y avait aussi un qui saignait de la tête et les policiers se foutaient de sa souffrance. J’ai voulu parler on m’a giflé.
-Ce n’est rien, grand. Nous, ils nous ont forcés à nous courber sous les sièges du fourgon, frappés à coups de bottes dans le dos, sur la colonne vertébrale, la tête, les poignets, les genoux. Ils disaient : « Vous ne marcherez plus jamais, vous ne courrez plus, vous ne lancerez plus de pierres. » Ils se relayaient pour nous frapper. Certains nous cognaient à coups de casque, d’autres nous piétinaient les genoux. À un moment, je me suis mis à saigner sans même m’en rendre compte.
Mais frère, ce qu’ils vous ont infligé, c’était de la torture ?
-Ils voulaient notre mort ! Tu me parles de torture… Je me demandais si j’allais survivre. Nous sommes arrivés à Thiong couverts de sang.
Je lui rétorque comme l’autre avec qui on était dans le pick-up et qu’une fois arrivé à la police de grand Dakar, ils ont demandé à sa famille de lui changer de tenue.
-Il poursuivait, exactement, et tu peux demander à Abd… il était là à notre arrivé à la brigade, c’est là-bas qu’on a eu du répit. Mais on a vécu des choses pénibles durant l’arrestation jusqu’à la remise à la brigade, je ne pouvais même pas marcher lorsqu’on arrivait.
Boy Diallo façon, tu dois tout raconter quand tu sortiras de se merdier In-Sha-Alla.
Diallo n’était pas un homme faible, à l’inverse de certains politiciens. Il avait le courage de dire NON. NON à l’injustice, NON pour défendre la démocratie, NON pour préserver sa dignité. Comme le rappelle Tarde dans « L’Opinion et la foule », il faut se méfier de la tentation de réduire les masses à un simple amalgame. Les détenus politiques constituent une masse consciente et engagée. Diallo en était l’incarnation. Son traumatisme est celui de beaucoup d’autres, qui ignorent peut-être encore les séquelles qu’ils portent.
Quatre (4) mois de souffrance sans assistance, ni accompagnement à son égard. Il semblerait que la conscience de la responsabilité n’anime plus.
Une chose est sûre : aucun politicien n’a jamais réellement assumé la nécessité de prendre conscience de la violence d’État, ni de situer les responsabilités. Cette fois-ci, il ne saurait être question que ces souffrances s’effacent sans un devoir de justice, sans une réforme substantielle des structures de cette violence.
Un camarade juriste, lors d’une discussion, @jereave dit : «la police (entendez par là, toutes les forces régaliennes sensées rétablir l’ordre public) est une institution tout aussi importante que toutes les autres institutions. C’est la seule institution qui est attentatoire à notre liberté, c’est la seule qui est capable de nous tuer… ».
Réformer signifie avoir le courage de nommer les responsables de cette violence structurelle. Diallo n’est pas mort sous les coups de magistrats ou de politiciens, mais sous ceux de gendarmes, et des témoins pourront le confirmer.
Réformer, c’est déconstruire cette doctrine policière de la violence d’État. Il faut aussi réformer la justice, car aucun policier n’enquêtera jamais sérieusement sur ses frères d’armes.
À ce titre, la proposition du Dr Alioune Tine lors de la journée du dialogue national est salutaire : confier au Comité des droits de l’homme un mandat pour enquêter de manière impartiale sur toutes les victimes de 2021 à 2024.
C’est un devoir national : nous devons démanteler les structures qui rendent cette violence perpétuelle. Cette déconstruction commence par une prise de conscience politique en particulier de la part de nos dirigeants actuels, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, et doit s’étendre à la société. Il faut situer clairement les responsabilités des événements qui ont précédé leur accession au pouvoir. Sans cela, ils ne feront que reproduire une oligarchie politique peinte, une fois de plus, du sang des pauvres qu’elle méprise.
Mamadou Diallo n’est pas mort, il a été assassiné. Assassiné par une violence d’État systémique, héritée et perpétuée par chaque régime successif du Sénégal, des héritiers de Senghor aux dirigeants d’aujourd’hui. Son témoignage, comme ceux de tant d’autres victimes anonymes, révèle l’horreur d’une doctrine répressive assumée, où la torture et l’impunité sont érigées en méthodes de gouvernance.
Diallo incarne cette résistance fragile mais tenace face à une machine étatique broyeuse de vies. Son histoire n’est pas un fait isolé : elle s’inscrit dans une longue lignée de répressions sanglantes, de Blondin Diop aux martyrs des manifestations de 2021-2024. Pourtant, malgré les plaies encore ouvertes, aucune responsabilité n’a été clairement établie, aucun compte n’a été rendu.
Aujourd’hui, le devoir de mémoire doit se muer en devoir de justice. Il ne suffit pas de condamner symboliquement les bourreaux ; il faut démanteler les structures qui légitiment leur barbarie. Les réformes promises ne vaudront que si elles nomment les coupables, sanctionnent les crimes et rompent enfin avec cette tradition de violence légalisée.
La mort de Diallo ne doit pas être une fin, mais un cri d’alarme. Un cri pour exiger que plus jamais un Sénégalais ne soit torturé, humilié ou tué au nom de l’ordre public. Parce qu’un pays qui se construit sur le sang de sa jeunesse est un pays qui trahit son avenir.
Restituons à Diallo sa dignité, et à notre nation, son humanité.
1-Article du journal le Monde titré « Crise au Sénégal : un étudiant tué lors d’une journée de contestation du report de l’élection présidentielle »
2-Brigade de gendarmerie situé à la ville de Dakar, situé sur à la Thiong, lire l’article de Senenews intitulé «
Brigade gendarmerie de Thiong Dakar
3-Résister aux pratiques et violences d’Etat, Open Edition.
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POURQUOI L'AFRIQUE IMPORTE-T-ELLE CE QU'ELLE PRODUIT ?
Exporter du coton brut pour réimporter du textile, vendre des matières premières pour racheter des produits finis : l'Afrique s'est enfermée dans un modèle économique qui renchérit ses propres productions face aux importations subventionnées
Un paradoxe économique frappe le continent africain : les produits locaux sont souvent plus chers que leurs équivalents importés, créant un cercle vicieux qui freine le développement industriel.
En Côte d'Ivoire, un kilogramme de farine de manioc produite localement coûte entre 1,53€ et 2,90€, soit deux à quatre fois plus cher que la farine de blé importée d'Ukraine ou de Russie. Cette situation se retrouve dans de nombreux secteurs, des jus de fruits aux textiles.
Le problème principal réside dans l'absence de circuits industriels intégrés. Les pays africains exportent leurs matières premières - comme le coton brut du Bénin, du Burkina Faso ou du Mali - puis réimportent des produits semi-finis fabriqués à partir de ces mêmes matières. Cette dépendance génère des coûts supplémentaires : douanes, transport, taxes multiples représentant jusqu'à 30% du prix final.
Les entreprises africaines peinent à développer des économies d'échelle en raison d'infrastructures inadéquates. L'électricité instable oblige à utiliser des groupes électrogènes coûteux, tandis que les routes dégradées font grimper les frais de transport jusqu'à 50% du coût du produit. Le manque de chaînes du froid entraîne également des pertes importantes.
Paradoxalement, les produits importés bénéficient souvent de subventions dans leur pays d'origine et sont moins taxés à l'entrée dans les pays africains. Résultat : 80% des produits vendus en supermarché sont importés, créant une concurrence déloyale pour les producteurs locaux qui ne reçoivent que peu de soutien.
Pour inverser cette tendance, les experts préconisent une modernisation de la production avec mécanisation et automatisation, l'amélioration des infrastructures logistiques, et surtout la mise en place de politiques industrielles incitatives. L'objectif : créer un écosystème complet qui permette aux produits africains de devenir enfin compétitifs sur leur propre marché.
par Hady Traoré
DER-FJ, QUAND L’ACTION PUBLIQUE PERD SA BOUSSOLE
Pendant que la DER distribue des moutons, des projets entrepreneuriaux attendent leur financement. Cette inversion des priorités révèle un mal plus profond : la dilution des missions institutionnelles qui compromet la Vision Sénégal 2050
Il est des glissements qui, à force d’être tolérés, deviennent des normes tacites. Ils ne provoquent ni scandale ni indignation. Mais ils sapent, lentement mais sûrement, ce qui fonde l’action publique : la clarté des missions, la discipline des institutions, la lisibilité de l’État.
C’est ce que révèle l’initiative en cours de la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER-FJ), qui consiste à distribuer plus de 5 000 moutons à l’occasion de la Tabaski à des ménages jugés vulnérables. L’opération est déjà lancée. Une communication officielle l’accompagne, et les familles concernées sont invitées à se présenter dans les antennes locales de la DER pour s’y inscrire. Ce n’est donc pas une intention, mais une réalité. Et c’est précisément ce qui impose d’en interroger la portée.
Un geste en apparence louable, mais qui, à bien y regarder, soulève une question de fond : une institution publique peut-elle rester crédible si elle s’écarte de sa mission première sans être recadrée ?
La DER-FJ n’a pas été conçue comme une structure d’assistance sociale. Elle est née d’un impératif économique : structurer l’entrepreneuriat national, soutenir les initiatives des femmes et des jeunes, créer de la valeur et promouvoir l’autonomisation. C’est à travers cette logique que l’on espérait générer un impact durable sur l’emploi, la croissance inclusive et la réduction des inégalités structurelles. Elle devait être un levier de développement, un instrument de transformation productive. En se positionnant aujourd’hui comme acteur humanitaire à l’occasion d’une fête religieuse, elle s’éloigne de sa vocation initiale et compromet son ancrage stratégique.
Or, cette mission d’assistanat ne relève pas de son mandat. Elle revient à la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale, seule institution légitime pour agir sur le champ de la vulnérabilité, avec les outils de ciblage, les dispositifs d’action sociale et le mandat opérationnel requis.
Sortir de son couloir de compétence, même avec de bonnes intentions, crée une confusion préjudiciable à l’architecture de l’État. Un État efficace repose sur des institutions spécialisées, coordonnées, et strictement alignées sur leur mission.
La logique de l’opération soulève aussi d’autres interrogations. Proposer un paiement à tempérament à des ménages vulnérables pour l’achat d’un mouton : est-ce réellement restaurer leur dignité, ou exercer sur eux une pression financière différée ? L’aide devient une dette, le soulagement une charge. Ce qui devait réhabiliter risque, au final, de fragiliser davantage. Ce n’est plus un acte de solidarité, mais une inversion du sens. Imagine-t-on une mère de famille contrainte de rembourser, mois après mois, le prix d’un mouton offert pour sa dignité supposée ?
L’essentiel n’est pas l’opération elle-même, mais le signal qu’elle envoie, la confusion qu’elle introduit, et la trajectoire institutionnelle qu’elle suggère. Dans un État républicain moderne, la solidarité est essentielle. Mais elle doit passer par les bons canaux, au bon moment, avec les bons moyens. C’est ainsi que l’action publique gagne en crédibilité. Et c’est ainsi qu’on rompt, en profondeur, avec la gestion intuitive et les approximations du passé.
Au-delà du fond, l’enjeu touche aussi à la transparence budgétaire. Sur quelle ligne les ressources ont-elles été prélevées ? Cette opération a-t-elle été planifiée, votée, intégrée à une programmation officielle ? Ou a-t-elle été engagée sur une base discrétionnaire ? Et surtout : quels mécanismes ont encadré la sélection des fournisseurs ? Y a-t-il eu appel d’offres ? Publication ? Évaluation ? Respect des procédures de la commande publique ? En matière de finances publiques, la bonne intention ne suffit jamais. Seule la rigueur procédurale garantit la légitimité.
Il ne s’agit pas ici de remettre en cause des individus, ni de faire le procès d’une structure. Il s’agit de questionner une décision publique à l’aune de son mandat, de sa soutenabilité institutionnelle et de ses implications sur la lisibilité de l’action de l’État. Dans une démocratie fonctionnelle, les institutions se renforcent en évaluant constamment l’adéquation de leurs actions avec leur raison d’être.
Pendant que la DER déploie cette opération, des initiatives entrepreneuriales demeurent en attente de financement. Selon des estimations généralement relayées dans les milieux sectoriels, de nombreux dossiers de projets restent en instance, parfois depuis plus d’un an, faute de ressources disponibles ou de dispositifs d’accompagnement adéquats. Des jeunes porteurs de projets restent sans encadrement. Des coopératives rurales s’étiolent. Des femmes entrepreneures espèrent un soutien structuré pour sortir de l’informel. C’est là que la DER est attendue. C’est là que sa mission est capitale. C’est là qu’elle doit être à la hauteur. D’après les dernières données sectorielles, de nombreux projets restent sans financement, faute d’accompagnement structuré et de dispositifs adaptés.
La multiplication des missions secondaires, aussi bien intentionnées soient-elles, finit toujours par créer un brouillage stratégique. Une institution publique n’a pas vocation à répondre à toutes les urgences sociales. Elle doit se tenir à son cœur de métier, s’y consacrer pleinement et rendre des comptes sur ses résultats. À force de vouloir tout faire, on finit par ne rien accomplir en profondeur.
L’alignement entre les missions institutionnelles et les besoins du terrain ne doit pas être une variable d’ajustement. Il doit être le fruit d’une planification rigoureuse, d’une écoute constante des bénéficiaires réels, et d’une évaluation continue de l’impact. C’est par cette exigence que l’action publique gagne en respectabilité.
Il est également important de rappeler que toute confusion de rôles affaiblit la redevabilité. Lorsqu’une structure sort de son périmètre d’intervention, à qui rend-elle compte ? Sur quelles bases sera-t-elle évaluée ? Par quels critères jugera-t-on son efficacité ? La démocratie ne se nourrit pas d’initiatives généreuses, mais de responsabilités clairement établies.
Enfin, dans un pays où la défiance vis-à-vis de l’État est encore vive, la cohérence des actes institutionnels est une nécessité vitale. Chaque geste public est porteur de symboles, chaque décision administrative contribue à bâtir ou à éroder la confiance. Une structure comme la DER-FJ, par sa visibilité et son impact potentiel, a la responsabilité d’incarner l’exemplarité administrative. Elle doit être à la fois efficace et lisible, fidèle à sa mission et alignée à la vision globale de transformation.
On ne gouverne pas avec des symboles. On gouverne par la méthode, la clarté des mandats, la cohérence institutionnelle et la transparence des actes. Une institution publique ne peut être à la fois opérateur économique et acteur social sans brouiller son rôle, diluer son efficacité, et compromettre la chaîne de responsabilités publiques. À terme, c’est la confiance citoyenne dans les instruments de l’État qui s’effrite, et avec elle, la légitimité même de l’action publique.
Ceux qui sont chargés de mettre en œuvre la Vision Sénégal 2050, telle que portée par le président de la République et son Premier ministre, doivent comprendre qu’ils ne sont pas gestionnaires d’initiatives ponctuelles, mais dépositaires d’un cap stratégique national. Toute action entreprise doit s’aligner sur cette vision, et s’inscrire rigoureusement dans le périmètre du mandat confié. C’est à cette condition que la promesse de transformation pourra produire des résultats concrets.
Ce n’est qu’en respectant les mandats, en clarifiant les rôles et en réaffirmant la primauté des missions que l’action publique peut retrouver sa force transformatrice. Là commence la véritable rupture.
Hady Traoré este xpert-conseil
Gestion stratégique et Politique Publique-Canada
Fondateur du Think Tank : Ruptures et Perspectives hadytraore@hotmail.com
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
RENOUVELER L’APPEL DE NYERERE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment en est-on arrivé à cette situation de quasi faillite des États au niveau économique et social, de déliquescence au plan sécuritaire, de prolifération des insurrections armées et de résurgence des impérialismes ?
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 03/06/2025
Entendons-nous bien : la demande de réparations des Africains et de leurs descendants à travers le monde pour l’esclavage et le colonialisme est évidement juste et indispensable.
Les mouvements de libération et d’émancipation des Africains l’ont toujours inscrite à juste titre parmi leurs revendications
Cependant l’Afrique fait face en cette année 2025, à une situation d’une telle gravité que l’Union Africaine aurait dû plutôt souligner les menaces nouvelles à l’unité africaine et en appeler solennellement à la remobilisation des Africains à travers le monde.
L’Afrique en 2025 : la situation sociale dégradée, menaces sécuritaires et résurgence de l’impérialisme
Aux plans politique, économique et sociale, la situation de l’Afrique est sans doute plus grave que jamais et la survie même du continent est menacée à plusieurs niveaux.
Près de 700 millions de personnes, plus que la moitié de la population totale du continent, vivent dans la pauvreté et cette proportion ne devrait que légèrement diminuer d'ici 2030 selon la Banque Mondiale. L'insécurité alimentaire concerne plus de 114 millions de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire. Un peu plus de 40 pour cent soit plus de 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité, ce qui correspond au taux le plus bas au monde.
Des « groupes terroristes armés » sévissent partout, de l’Afrique de l’Ouest, Nigeria, Niger, Burkina Faso et Mali, à l’Afrique centrale, Tchad et Cameroun notamment, du Mozambique et de la RDC en Afrique Australe à la Somalie en Afrique de l’Est.
Il y a aussi les guerres civiles qui ravagent le Soudan, désormais menacé d’une deuxième partition après la création d’un Etat indépendant dans sa partie sud, ce Soudan Sud déchiré depuis son indépendance, l’Ethiopie, la République Démocratique du Congo, la Somalie et la Centrafrique. Il y a en outre les bases militaires étrangères qui prolifèrent à présent à travers le continent. Les seuls États-Unis en entretiennent au moins 34.
La France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Turquie, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, la Turquie et la Chine assurent aussi chacun au moins une présence militaire.
Le commandement militaire américain pour l’Afrique, AFRICOM bénéficie désormais d’une présence quasi permanente, organisant chaque année des exercices militaires avec la quasi-totalité des armées nationales.
L’espace africain est en voie de contrôle par les satellites américains Starlink/Space X de M. Elon Musk, qui sous le prétexte de fournir une connectivité sans défaut à meilleur coût pour l’usage des dernières technologies numériques, constituent en fait un système de surveillance et de contrôle sans parade de la communication et de l’information. On a déjà vu ces satellites à œuvre au cours de la guerre Russie/Ukraine.
Plusieurs pays africains, le Nigeria, le Kenya, le Rwanda, la Zambie et l’Afrique du Sud notamment, considèrent de contracter avec Starlink/Space X, s’ils ne l’ont pas déjà fait. Ceci en contradiction totale avec la Convention de l'Union africaine sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel qui aurait dû être mise en œuvre au cours des 10 premières années de la création de l’UA, dans le cadre de l’Agenda 2063.
L’impérialisme est devenu plus agressif que jamais, ayant désormais aboli toutes les règles qui régissaient les relations internationales et réduit même le pouvoir symbolique des Nations Unies a sa plus simple expression.
Dans ce monde anarchique, il peut tout se permettre y compris des guerres de conquête et de colonisation comme au XIXème siècle, ainsi qu’on le voit en ce moment même à Gaza en Palestine.
L’UA en panne, l’Agenda 2063 compromis ?
Dans ce contexte, 23 ans après la création de l’Union Africaine, la mise en œuvre de l’Agenda 2063, le programme d’action adopté en 2013 et dont l’objectif stratégique est le développement inclusif et durable de l’Afrique dans le cadre de l’unité panafricaine et de la Renaissance Africaine, est-il encore réalisable ?
Est-il même encore de mise ? Regardons l’état d’avancement des 12 « projets phares » par lesquelles l’Union Africaine se promettait d’attendre son objectif stratégique
Réseau intégré de Trains à Grande Vitesse
Formulation d’une stratégie africaine sur les produits de base
Création de la Zone de Libre Echange continentale Africaine (ZLECA)
Le passeport africain et la libre circulation des personnes.
Faire taire les armes d’ici 2020.
Mise en œuvre du projet du barrage de Grand Inga.
Création d’un marché unique africain du transport aérien.
Établissement d’’un Forum Economique Africain.
Mise en place des institutions financières africaines.
Le réseau panafricain des services en ligne.
Stratégie spatiale africaine pour l’espace extra atmosphérique.
Une Université Africaine Virtuelle et en ligne.
A notre connaissance, un seul de ces projets, celui relatif à la création de la Zone de Libre Echange Economique (Zleca), a connu un début de réalisation.
Il est entré en vigueur le 1er janvier 2024 et 54 des 55 Etats membres y ont maintenant adhéré. Mais le commerce interafricain n’est encore que de 15% alors que l’on vise 50% et qu’il est de 64% au sein de l’Union Européenne.
Regardons les unions régionales, censées constituer les pierres angulaires de la fédération continentale : aucune n’a atteint un niveau d’intégration significatif, ni au plan économique, ni au plan militaire, ni au plan monétaire, ni même en matière de circulation des personnes et des biens.
Celle de l’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, la plus intégrée auparavant est maintenant fragmentée, le Mali, le Niger et le Burkina Faso s’en étant retirés pour constituer l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
Comment en est-on arrivé là ?
Comment en est-on arrivé à cette situation de quasi faillite des États au niveau économique et social, de déliquescence au plan sécuritaire, de prolifération des insurrections armées et de résurgence des impérialismes ?
N’est-ce pas parce la voie finalement empruntée par les Etats africains en se constituant les 25 et 26 mai 1963 à Addis Abeba, en Organisation de l’Unité Africaine (OUA) a mené là ?
On avait alors choisi de conserver les « États nains » et de procéder à leur union. C’était à l’initiative du Groupe dit de Monrovia, animé par les Senghor, Houphouët Boigny, et Tubman du Libéria et contre l’avis du Groupe dit de Casablanca mené les présidents Kwame Nkrumah du Ghana, Modibo Keita du Mali et Sékou Touré de la Guinée et par le roi du Maroc Mohamed V .
Le premier Groupe préconisait une simple coopération entre États souverains, « dans les frontières héritées de la colonisation » plutôt .
Le Groupe de Casablanca par contre préconisait l’unification immédiate des états dans un gouvernement fédéral sous la forme des États-Unis d’Afrique avec une économie planifiée au niveau continental, une armée unique et une politique étrangère commune
La création de l’OUA fut donc la victoire du Groupe de Monrovia sur celui de Casablanca.
M. Doudou Ngom, le chef de la diplomatie sénégalaise d’alors en témoigna ainsi : « il fallait enterrer les groupes de Monrovia et de Casablanca et il fallait le faire dans des conditions telles que le nouveau départ à prendre fut favorable au Sénégal. C’était du moins ma mission ».
Ce n’est que 37 ans après la création de l’OUA, au tournant du siècle, que la nécessité d’œuvrer à une véritable intégration politique et économique continentale s’imposa aux chefs d’états africains.
C’est que la persistance de la misère, la récurrence des conflits internes et entre États et les guerres civiles avaient fini de démontrer l’impossibilité du développement économique et social et de l’instauration de la paix et de la sécurité dans une Afrique balkanisée en « États nains » selon Cheikh Ana Diop l’avait prédit.
En outre, la libération des anciennes colonies portugaises d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Australe, l’indépendance de la Namibie, la victoire l’Afrique de Sud sur l’apartheid ainsi que l’avènement de Mouammar Kadhafi en Libye contribuèrent à la renaissance du panafricanisme.
L’objectif adoptée dès lors était désormais « d’accélérer les progrès vers l'unité et l'intégration continentale pour une croissance soutenue, le commerce, les échanges de biens et services, la libre circulation des personnes et des capitaux grâce à la création d'une Afrique unie et à l'intégration accélérée de l'économie par la mise en place de la ZLEC. »
Remettre le projet des États-Unis d’Afrique sur les rails, revisiter l’Agenda 2063
Après la faillite de l’OUA, voici que l’UA est en panne ! Ne convient-il pas dès lors de remettre le projet des États-Unis d’Afrique sur les rails et de revisiter l’Agenda 2063 ?
Le président Julius Nyerere dont Cheikh Anta Diop disait qu’il était la personnification de la vertu en politique, expliquait ainsi, en 1995 déjà, l’impasse dans lequel le projet panafricaniste lui paraissait engagé.
« Une fois qu’on a une multitude d’hymnes nationaux, autant de drapeaux, de passeports, des sièges aux Nations Unies, des gens qui ont droit aux 21 coups de canons sans parler de la myriade de ministres, de premier ministres et d’envoyés spéciaux, vous avez une armée de gens puissants qui ont intérêt à maintenir l’Afrique balkanisée. Ce sont à eux que Nkrumah a fait face en 1965… »
Julius Nyerere d’en appeler alors à la jeunesse africaine :
« Mon appel s’adresse à la nouvelle génération d’Africains et de leaders africains pour qu’ils travaillent à l’unité avec la ferme conviction que sans unité, l’Afrique n’a pas du futur. Si tant est que nous voulons vraiment avoir notre place sous le soleil ».
« L’Unité ne nous rendra pas riche mais il rendra difficile que l’Afrique et les Africains ne soient pas pris en compte et soient humiliés. ».
L’appel du président Julius Nyerere à la jeunesse africaine et à la « nouvelle génération de leaders africains », plutôt qu’aux « vieux présidents » et aux bureaucrates, n’est-il pas pertinent encore aujourd’hui ?
Ne devrait-il pas plutôt constituer le mot d’ordre de l’UA à l’occasion de la Journée de l’Afrique 2025 ?
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ELGAS DÉNONCE "L'ÉLAN CONSERVATEUR" SÉNÉGALAIS
De la Casamance aux mythes historiques, il assume pleinement son rôle de "secoueur de cocotier" et pointe un système qui préfère "l'hystérie collective" à l'analyse critique. Sa devise : "L'acte de production doit rester libre"
"Il y a peut-être un élan conservateur qui n'a jamais réellement disparu dans la société sénégalaise." Cette mise en garde d'Elgas, formulée dimanche dans l'émission "BL" de Pape Alioune Sarr, jette une lumière crue sur les mécanismes de censure qui frappent régulièrement les intellectuels du pays.
L'analyse de l'animateur d'"Afrique, mémoire d'un continent" sur RFI, va bien au-delà du simple constat. Il dénonce l'existence d'une véritable "volonté construite par des élites conservatrices de tenir un discours d'intimidation contre beaucoup de forces créatrices et courageuses".
Cette offensive ne serait pas le fruit du hasard mais d'une stratégie délibérée visant à museler toute voix discordante. "L'aventure intellectuelle n'est pas de tout repos", prévient Elgas. "Poser des questions, c'est croiser le fer avec des forces obscurantistes diverses qui ont d'ailleurs leurs arguments, leurs contre-arguments, leur contre-récit."
Pour étayer son propos, l'intellectuel dresse un historique éloquent des censures au Sénégal. L'affaire Séverine Awenengo Dalberto sur la Casamance n'est que le dernier épisode d'une longue série. "Beaucoup d'autres livres ont subi la censure au Sénégal sur le même sujet", rappelle-t-il, citant "Ce que disent les armes" de Jean-Claude Marut, censuré sous Abdoulaye Wade, ou les difficultés de l'écrivain Mamadou Dia.
Cette récurrence révèle selon lui "un élan conservateur qui n'a jamais réellement disparu", une force souterraine mais persistante qui refait surface dès qu'un intellectuel ose questionner les narratifs établis.
La peur comme arme de contrôle
Le mécanisme principal de cet élan conservateur repose sur l'instrumentalisation de la peur. Elgas démonte cette stratégie : "La peur serait légitime. On peut avoir peur, mais la peur ne peut pas être la tétanie. La peur ne peut pas être l'anesthésie. La peur ne peut pas être l'argument de l'empêchement du débat."
Pour lui, cet argument sécuritaire brandit systématiquement est "totalement irrecevable". Il masque en réalité la volonté de ces élites de préserver un ordre intellectuel qui leur convient, quitte à sacrifier la liberté de recherche et d'expression.
Cet élan conservateur trouve un terreau favorable dans un paysage médiatique peu enclin à la confrontation. Elgas pointe du doigt la complaisance du journalisme local : "Quand on regarde les interviews des présidents de la République ici au Sénégal, on a l'impression que c'est une cour face à un roi. Même les relances sont timides, interdites."
Cette docilité médiatique facilite le travail des forces conservatrices qui préfèrent "l'hystérie collective" à l'analyse posée. L'intellectuel salue d'ailleurs l'émission "39 minutes" qui avait osé recevoir Séverine Awenengo Dalberto : "C'est le contraire de ce que l'on dit. C'est-à-dire ne pas suivre l'hystérie collective, prendre un livre, le lire, le comprendre."
Résistance et contre-offensive intellectuelle
Face à cette offensive conservatrice, Elgas prône la résistance organisée. "Il faut qu'il y ait des leaders d'opinion beaucoup plus charismatiques et puis des directeurs courageux", plaide-t-il, appelant à "une dose de courage, de rébellion" pour briser les codes établis.
L'intellectuel assume pleinement son rôle de "déconstruction" des mythes, notamment à travers sa collection éditoriale où il publie des textes "piquants". "Je ne suis pas obligé d'être d'accord avec mes auteurs (...) mais je les soutiens dans cette entreprise de déconstruction de beaucoup de mythes."
"Cette question de la frontalité du débat, elle est essentielle", martèle l'auteur de "Un Dieu et des moeurs", estimant qu'on ne peut plus "faire l'économie de répondre factuellement, frontalement" dans une période où les enjeux intellectuels sont cruciaux.
Son appel est sans ambiguïté : "L'acte de production ne peut pas subir des intimidations et doit rester libre. C'est ça le maître mot." Une liberté qu'il considère comme menacée par cet élan conservateur qui, selon lui, gangrène progressivement l'espace intellectuel sénégalais.
SONKO PLAIDE POUR UN CORRIDOR ENTRE LE SÉNÉGAL ET LA SIERRA LEONE
Reçu à Freetown, le Premier ministre sénégalais a appelé pour un axe stratégique Dakar–Freetown, dans une dynamique d’intégration et d’industrialisation régionales.
En visite officielle de 48 heures à Freetown, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a été reçu ce lundi 2 juin 2025 par le président de la République de Sierra Leone, Julius Maada Bio, au Palais présidentiel du State House. Cette audience s’inscrit dans le cadre d’une tournée régionale initiée par le chef du gouvernement sénégalais, après des étapes en Côte d’Ivoire et en Guinée.
Lors de cet entretien de haut niveau, M. Sonko a salué l’accueil chaleureux qui lui a été réservé par les autorités sierra-léonaises, soulignant d’emblée l’importance stratégique de ce déplacement. « Monsieur le président, vous avez dit tantôt que nos pays ont tout le potentiel, tous les atouts, toutes les ressources pour travailler à notre développement. Il ne nous manque que cette synergie et cette coopération. »
Dans le prolongement de la visite effectuée un an plus tôt par le président Bassirou Diomaye Faye, M. Sonko a inscrit son déplacement dans une dynamique de continuité, avec pour objectif d’approfondir les relations bilatérales : « Ma visite ici s’inscrit dans cette continuité, pour magnifier l’importance des relations entre les deux États. »
Gaz, fer, or et bauxite..
Il a ensuite insisté sur la proximité géographique entre Dakar et Freetown, plaidant pour la création d’un corridor stratégique entre les deux capitales. « Freetown – Dakar, c’est moins de 1000 kilomètres si on passe par la voie maritime. Moins de deux heures par voie aérienne. C’est presque une journée de voyage avec une bonne route. Avec une coopération renforcée, nous pouvons développer un corridor Dakar – Freetown, pour booster nos échanges commerciaux. Nous sommes là pour qu’ensemble, nous puissions développer cet axe. »
Freetown veut une coopération renforcée avec Dakar
Porté par une vision panafricaniste axée sur l’intégration économique régionale, Ousmane Sonko a mis en avant les complémentarités économiques entre les deux pays. Il a évoqué la nécessité d’industrialiser les économies locales à partir des ressources naturelles respectives : « Avec la mutualisation de nos ressources naturelles – gaz et phosphate pour le Sénégal ; fer, or et bauxite pour la Sierra Leone – nous sommes convaincus d’y arriver rapidement. »
..Vers une industrialisation commune
Le Premier ministre sénégalais a exprimé sa confiance dans les perspectives de cette coopération : « Je suis convaincu qu’à l’issue de cette visite, nous allons faire des pas de géant dans la matérialisation de plusieurs accords touchant la coopération entre les deux pays. Ensemble, nous pouvons aller vers l’industrialisation, la transformation de nos ressources locales avec la valeur ajoutée que cela crée, pour gagner dix, cent, voire mille fois plus que ce que nous tirons actuellement de nos matières premières. »
Abordant un autre registre, Ousmane Sonko a tenu à adresser un message de gratitude au président Julius Maada Bio pour l’accueil réservé aux ressortissants sénégalais vivant en Sierra Leone : « La communauté sénégalaise que j’ai rencontrée ici à Freetown m’a dit qu’elle a été très bien accueillie, traitée et intégrée dans le pays. Je vous en remercie. »
Cette audience entre les deux dirigeants a marqué un moment fort de la visite de M. Sonko, qui ambitionne de faire de la coopération régionale un pilier central de sa diplomatie. Elle augure d’un nouveau souffle dans les relations entre le Sénégal et la Sierra Leone, avec des projets concrets à l’horizon dans les domaines économiques, énergétiques et industriels.
L’HYGIÈNE MENSTRUELLE, UN ENJEU CLÉ POUR LA RÉUSSITE DES FILLES
En organisant une Journée de sensibilisation à l’hygiène au lycée de Darou Khoudoss, l’ADEF Sénégal a tiré la sonnette d’alarme sur les conditions sanitaires précaires en milieu scolaire rural. Manque d’eau, absence de toilettes, maladies hydriques...
En marge de la Journée de sensibilisation sur l’hygiène en milieu scolaire, organisée, lundi 1er juin, au Lycée Darou Khoudoss (Département de Tivaouane) l’Association pour le Développement durable, l’Éducation et la Formation (ADEF Sénégal) a souligné plusieurs problèmes qui font obstacle aux performances des élèves en milieu rural. Parmi ceux-ci, le manque d’eau, le manque d’hygiène, accentué souvent par un défaut de toilettes. Ce qui entraîne souvent la prolifération de maladies comme la diarrhée. Les filles sont également très impactées du fait de leur inconfort en périodes menstruelles. Beaucoup d’entre elles désertent les classes pendant ces jours. Ce qui se répercute négativement sur leurs résultats scolaires.
« Effectivement, nous avons constaté que dans certaines écoles, il y avait des problèmes liés à l’hygiène, surtout des maladies hydriques comme la diarrhée et autres. Mais nous avons aussi constaté l’absentéisme des filles à l’école parce qu’avant nos interventions dans les différentes écoles pour la construction de toilettes, on a constaté que des filles n’étaient pas à l’aise durant leur période menstruelle et du coup, elles étaient obligées de s’absenter durant cette période-là. Ce qui, naturellement impacte leurs performances scolaires. Nous avions constaté également en plus de ces maladies, de l’absentéisme des filles à l’école, une perte de temps énorme. Par exemple, si je prends l’école Darou Mar Naan (commune de Darou Khoudoss), les élèves parcouraient des centaines de mètres pour avoir de l’eau, soit au niveau des champs ou des écoles voisines », a confié Babacar Kébé, le président d’ADEF Sénégal.
L’ADEF Sénégal, qui a organisé le premier Parlement des enfants pour l’Eau à Mboro, en février 2025, avait entrepris le projet de réfectionner les toilettes du Lycée de Darou Khoudoss, la construction de nouvelles toilettes et aussi d’un forage qui puisse alimenter l’école en eau potable. Mais pour ça, le soutien de partenaires était essentiel. « Grâce au soutien de l’agence de l’eau Adour-Garonne et de Toulouse Métropole pour ce projet-là, nous nous sommes rendus compte après un an, quand nous sommes retournés faire des enquêtes, qu’il y a véritablement une performance scolaire déjà au niveau de ces élèves. On n’a constaté aucun cas de maladie. Le directeur de l’école nous l’a confirmé. Depuis l’utilisation du forage, il y a eu zéro maladie. Ça prouve naturellement que ce sont des projets qui impactent dans la vie quotidienne des écoles », a indiqué M. Kébé.
Cependant, l’ADEF et ses partenaires ne vont pas s’arrêter là. Ils vont poursuivre des travaux au lycée de Darou Khoudoss pour améliorer les conditions de vie et d’étude des élèves. « Donc nous avons déjà entièrement réfectionné les toilettes du Lycée et on est en train de poursuivre pour le creusage d’un nouveau forage parce qu’on avait fait un forage de 21 mètres et là, on s’est rendu compte après analyse que la qualité de l’eau n’était pas bonne. Là, on est dans une logique de faire un forage de 80 mètres de profondeur pour nous assurer d’atteindre une nappe vraiment bonne avec une eau de bonne qualité pour les élèves. Nous tenons beaucoup à la santé des élèves et comme je l’ai dit tantôt, l’objectif est que les élèves puissent vivre, apprendre dans de meilleures conditions sanitaires », assure-t-il. Avant de rappeler que « le projet d’adduction d’eau potable et d’assainissement du Lycée de Darou Khoudoss est porté par l’association Dynam’eau de Bordeaux avec le soutien de ses partenaires à savoir l’agence de l’eau Adour Garonne et la région nouvelle aquitaine ».
Lors de la journée de sensibilisation, l’infirmière du Lycée de Darou Khoudoss, Mme Dorosa a exposé les conséquences d’un manque d’hygiène, notamment les maladies diarrhéiques et gastro-intestinales. Elle a réalisé une démonstration du lavage des mains, à laquelle élèves et enseignants ont participé avec enthousiasme. Pour renforcer ces bons réflexes au quotidien, ADEF a offert au lycée plusieurs lavoirs, qui seront installés devant chaque salle de classe et chaque toilette, afin de faciliter la pratique régulière du lavage des mains. La sensibilisation à l’hygiène est une priorité dans tous nos projets d’eau potable et d’assainissement. C’est un levier essentiel pour la santé et la réussite scolaire.
par Ibrahima Lissa Faye
LA PRESSE ABANDONNÉE À SON SORT
Depuis plus d'un an, nous subissons une asphyxie progressive qui menace notre survie et, à travers nous, un pilier essentiel de la démocratie. Il est urgent d'agir avant qu'il ne soit trop tard
Excellence Monsieur le président de la République, Monsieur le Premier ministre,
C'est avec une profonde inquiétude que je m'adresse à vous concernant la situation alarmante que traverse la presse sénégalaise. Elle nous interpelle tous en tant que leader et/ou simple citoyen. Une action salutaire et urgente s'impose sinon l'histoire retiendra, que de manière délibérée, une mise à mort du secteur des médias est savamment planifiée et orchestrée. J'en appelle à votre empathie à votre responsabilité devant l'histoire.
En effet, depuis plus d'un an, notre secteur subit une asphyxie progressive résultant de "mesures iniques et inappropriées", mettant en péril non seulement la survie économique des entreprises de presse, la dignité, l'indépendance et le professionnalisme de ses travailleurs mais également la liberté d'information qui constitue un pilier fondamental de notre démocratie.
Cette tradition d'une presse indépendante, crédible et professionnelle est l'oxygène de notre démocratie. Elle garantit la transparence des Institutions, favorise le débat public éclairé et constitue un contre-pouvoir essentiel. Des valeurs qui ont beaucoup contribué à votre accession au pouvoir et que le parti Pastef prône depuis sa création. Notre pays, reconnu pour sa tradition démocratique exemplaire en Afrique, ne peut se permettre de voir s'affaisser ce rempart contre l'arbitraire et la désinformation.
Quel que soit le reproche qu'on puisse faire aux médias, de manière générale, ils constituent la vitrine, un maillon important de notre chère Nation. La crédibilité de nos médias, fruit d'années de professionnalisme et d'engagement, est aujourd'hui menacée par des conditions économiques insoutenables.
Lors du Conseil des ministres du 7 mai 2025 et en août dernier, vous-même, Son Excellence, Monsieur le Président de la République, avez donné des instructions claires pour qu'une attention particulière soit portée à la situation de la presse. Cependant, depuis lors, aucune action concrète n'a été entreprise pour donner suite à cette directive. Plus préoccupant encore, nous observons une absence totale de volonté de notre Tutelle d'ouvrir un dialogue constructif.
Suite à votre invitation, le Patronat de presse a adressé une demande d'audience au ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique. Mais, au détour d'une lettre-réponse, datée du 27 mai, empreinte de vitriol et de condescendance, Monsieur Alioune Sall n'a même pas daigné proposer une date de rencontre. Depuis le dépôt des conclusions des Assises Nationales de la Presse et même bien avant, nous constatons avec regret que le ministre déroule en solo ce qui semble être un agenda personnel, souvent, en violation des textes qui régissent le Secteur des Médias.
Au-delà des considérations institutionnelles, c'est la situation sociale des travailleurs qui nous alarme le plus. Pour preuve, à la veille de la fête de Tabaski, les hommes et femmes des médias se trouvent dans un désarroi total. Beaucoup croulent sous le poids d'arriérés de salaires s'étalant sur plusieurs mois. Certains sont menacés d'expulsion de leur logement, tandis que d'autres voient leurs familles se disloquer sous la pression des difficultés économiques. Cette situation déjà gravissime va être accentuée par l'impossibilité pour ces professionnels de couvrir les dépenses liées à cette importante fête religieuse.
Son Excellence, Monsieur le président de la République, Monsieur le Premier ministre, en tant que garants des Institutions, vous n'êtes pas sans savoir que la presse professionnelle incarne une part essentielle de la souveraineté nationale. L'histoire récente de certaines contrées africaines nous enseigne que la vulnérabilité du secteur médiatique peut être exploitée par des forces obscures contribuant à déstabiliser des pays entiers. Sans une presse forte, indépendante et crédible, c'est la voix même de notre Nation qui s'éteint, laissant place aux rumeurs et aux manipulations.
Face à cette situation qui ne peut plus perdurer, je vous appelle solennellement à :
- Intervenir personnellement pour un dialogue constructif entre le Gouvernement et les acteurs de la presse
- Mettre en place des mesures d'urgence pour soulager la détresse financière des entreprises de presse et de leurs employés
- Veiller à l'application effective des conclusions des Assises Nationales de la Presse
- Garantir que les textes régissant le secteur soient respectés par tous et mis à jour
- Soutenir les initiatives visant à renforcer le professionnalisme et la crédibilité des médias sénégalais
Le Sénégal a toujours pu compter sur des bonnes volontés, des médiateurs, des facilitateurs qui ont aidé à résoudre discrètement des crises. Mais hélas, cette fois-ci, la presse semble abandonnée à son sort. Ceux qui ont tenté tout au début ont buté sur une fin de non-recevoir de certaines autorités qui seraient sous l'influence de certains faucons aux desseins inavoués. Il est vital actuellement que le père de la Nation et le chef du Gouvernement que vous êtes, soient très sensibles à la grave situation de vulnérabilité croissante du secteur des médias.
Certes, il n'y a aucune guerre, aucune velléité de confrontation de la part de la presse. Encore que même s'il en existait, permettez-moi, Son Excellence, Monsieur le Président de la République et Monsieur le Premier Ministre, de vous rappeler cette sagesse universelle : toutes les guerres finissent autour d'une table.
Aujourd'hui plus qu'hier, le délitement continu du tissu socio-économique des employés des médias requiert une réaction rapide à la hauteur de la gravité de la situation du moment. Et, cela passera inéluctablement par l'ouverture d'un dialogue avant que l'irréparable ne se produise.
Son Excellence, Monsieur le président de la République, Monsieur le Premier ministre, préserver une presse crédible et professionnelle n'est pas seulement une question économique, c'est un impératif social et démocratique pour l'avenir du Sénégal. Nous vous exhortons à prendre les mesures qui s'imposent pour sauver la presse sénégalaise et, à travers elle, préserver un pilier essentiel de notre démocratie et un pan important d'un secteur pourvoyeur d'emplois.
Dans l'attente d'une réaction à la hauteur des enjeux, veuillez agréer, Excellence Monsieur le président de la République, Excellence Monsieur le Premier ministre, l'expression de notre très haute considération.