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25 mai 2025
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE MERCREDI 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien, WiwSport
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Nous en appelons à la conscience collective. Pastef veut maintenir cette loi d’amnistie qui souille notre histoire. Nous ne devons pas laisser cette forfaiture prospérer. Nous avons affaire à des farceurs
Nous avons, enfin, pris connaissance de la proposition de loi interprétative de Pastef. Disons-le tout de suite : nous avons affaire à des farceurs.
D’abord, il ressort de leur proposition de loi que la loi d’amnistie de 2024 reste entièrement en vigueur. Autrement dit, si le texte de Pastef passe, les faits susceptibles d’être qualifiés de délits ou de crimes commis dans la période visée et ayant des motivations politiques ne pourront pas être connus par nos juridictions. Plus concrètement, et à titre d’exemple, si les personnes qui ont commis l’incendie criminel du « Bus de Yarakh » arrivent à prouver qu’elles étaient animées d’intentions politiques (bloquer le pays pour obtenir la libération de leurs camarades) et qu’elles appartenaient à un parti politique, rien ne devrait les empêcher de bénéficier de cette interprétation.
Ensuite, l’interprétation proposée vient paradoxalement obscurcir la loi d’amnistie, qui est suffisamment claire. Interpretatio cessat in claris : l’interprétation cesse lorsque les choses sont claires. Selon l’article 1er de la proposition de loi interprétative de Pastef, seuls « les faits […] ayant une motivation exclusivement politique » seront amnistiés. Plusieurs questions se posent : comment déterminer la motivation politique ? Les juridictions seront-elles amenées à sonder les âmes des prévenus et accusés ? Comment parvenir à identifier les personnes qui ont infiltré les manifestations pour commettre des crimes ? Comment refuser à ces dernières l’excuse de la motivation politique ? Autant d’éléments qui montrent que cette interprétation rendrait curieusement obscure la loi d’amnistie.
Enfin, la proposition de loi interprétative de Pastef exclut les infractions liées aux manifestations, mais commises sans motivation politique. La volonté de Pastef est claire ici : protéger ses militants et livrer les autres. Les membres des forces de l’ordre, qui veillent au maintien de l’ordre public, pourront-ils justifier leurs éventuelles infractions par une motivation exclusivement politique ? Le militant politique qui commet un crime pourra bénéficier de l’amnistie en disant simplement qu’il participait à une manifestation politique. En revanche, le gendarme qui commet un délit sera jugé, car il ne pourra en aucun cas invoquer une motivation politique pour justifier son infraction. En termes simples, le militant présumé criminel est protégé, mais le gendarme qui participe à une opération de maintien de l’ordre public sera livré à la justice. Voilà le régime Pastef : un gouvernement du Pastef, par les réseaux sociaux et pour le Pastef. Une République divisée et à terre !
Nous en appelons à la conscience collective. Il n’échappe à personne maintenant que Pastef veut maintenir cette loi d’amnistie qui souille notre histoire. Nous ne devons pas laisser cette forfaiture prospérer, et il ne s’agit nullement d’un combat partisan.
TROIS OUVRIERS MEURENT APRÈS UNE CHUTE DU 8E ÉTAGE
Selon les premières informations recueillies, les ouvriers travaillaient sur un échafaudage avant de faire une chute mortelle, à la Cité Keur Gorgui.
Un drame s’est produit ce mardi sur un chantier de la Cité Keur Gorgui, à proximité de la Sonatel. Trois ouvriers ont perdu la vie après une chute depuis le 8e étage d’un immeuble en construction.
Selon les premières informations recueillies, les ouvriers travaillaient sur un échafaudage avant de faire une chute mortelle.
Les circonstances exactes de l’accident restent à déterminer, mais ce nouveau drame relance le débat sur les conditions de sécurité sur les chantiers.
Face à la récurrence de ces tragédies, les autorités compétentes sont interpellées sur la nécessité d’un contrôle plus strict des normes de sécurité afin de protéger les travailleurs du secteur du bâtiment.
PAR AMADOU ALY MBAYE
COMPTES ET MÉCOMPTES DE L’ADMINISTRATION DU PRIX DU PAIN
Alors que l’économie nationale a été fortement libéralisée avec les programmes d’ajustement structurel, un certain nombre de filières, considérées comme « stratégiques », ou « sensibles », continuent de faire l’objet d’une massive intervention de l’État
Alors que l’économie nationale a été fortement libéralisée avec les programmes d’ajustement structurel, un certain nombre de filières, considérées comme « stratégiques », ou « sensibles », continuent de faire l’objet d’une massive intervention de l’État. C’est notamment le cas du pain, de l’huile raffinée et du sucre.
Plus que pour les autres produits, l’administration du prix du pain comporte beaucoup de limites, essentiellement liées à l’origine importée de la matière première de base (le blé), sur laquelle l’État n’a aucune prise. Une politique claire de substitution des céréales locales au blé permettrait de renforcer les chaines de valeur agroalimentaires nationales tout en préservant le pouvoir d’achat et la qualité des emplois.
Un héritage colonial qui coûte cher à l’économie
Le blé fait partie des céréales les plus commercialisées au monde, avec environ le sixième de la production mondiale faisant l’objet de commerce international. Les variétés les plus prisées sont celles produites dans les zones tempérées. Les principales régions exportatrices sont : l’Amérique du Nord (USA, Canada), l’UE, l’Australie, l’Asie centrale et l’Europe de l’Est (Kazakhstan, Russie et Ukraine) (US Department of Agriculture). Contrairement au blé, la farine de blé est beaucoup moins commercialisée, avec seulement 10% de la production mondiale qui est commercialisée. Ceci s’explique essentiellement par le fait que le blé se transporte relativement facilement tandis que la farine fait souvent l’objet de pratiques protectionnistes de la part des États.
Sans être producteur de blé, le Sénégal a gardé de la colonisation française une longue tradition de la baguette de pain, avec une consommation journalière estimée à plus de 3 millions de baguettes par jour. Contrairement au sucre, le secteur de la farine n’est pas un monopole, mais plutôt un oligopole, avec un nombre réduit d’entreprises, à la tête desquelles les GMD (Grands Moulins de Dakar), qui a une part de marché estimée à un peu moins de 50%. Les meuniers transforment le blé qu’ils importent eux-mêmes en farine et en aliments de bétail (ce segment de produit étant plus rentable que la farine).
En revanche, la production de pain est très concurrentielle, avec un nombre de boulangeries dépassant le millier, sur l’étendue du territoire national. Les boulangers distribuent le pain à travers un réseau très peu fiable de transport informel. Étant donné le caractère très fragmenté de l’industrie, couplé à une très forte administration des prix, les marges sur le pain sont très faibles, voire souvent négatives. La farine constitue une part non négligeable du coût de la baguette. Les variations du prix de la farine impactent donc négativement les marges des boulangers. Les coûts d’autres facteurs de production, comme le gasoil, l’électricité et le transport, affectent aussi ces marges ; tout comme le fait que les boulangers reprennent les miches de pain invendues à un prix modique, représentant souvent moins du tiers du prix de vente.
Aucune logique économique ne pourrait justifier la protection du pain. Le blé n’est pas forcément plus nutritif que les céréales locales, dont il constitue un produit de substitution. Ensuite, il pèse négativement sur la balance commerciale, et a peu d’effet d’entrainement sur le reste de l’économie. Au Sénégal, la consommation de blé par habitant (50 kg par personne) fait plus du double de celle du Nigeria (21 kg), de la Côte d’Ivoire (23 kg), et 67% de plus que celle du Cameroun (30 kg). En outre, elle est en constante augmentation parce que tirée à la fois par une démographie galopante et une urbanisation dynamique. C’est ainsi qu’entre 2013 et 2023, les importations de blé ont augmenté de 5.2% par an, soit presque le double du taux de croissance de la population (FAOSTAT).
Une régulation qui pénalise les plus faibles
Comme pour les autres denrées de première nécessité, la logique de l’intervention de l’État sur la filière blé-farine-pain est dictée par l’impératif d’éviter les hausses vertigineuses de prix pouvant conduire à des turbulences socio-politiques, et accessoirement, de protéger les unités industrielles existantes. La poursuite de ces deux objectifs, pour le moins contradictoires, conduit à des politiques qui érodent les marges des entreprises sans aucune garantie de baisse durable des prix. Dans le cycle de plafonnement de prix et changement de régime tarifaire et douanier, la situation post-covid19 se distingue significativement de celle d’avant.
Avant la Covid, le blé a été pendant longtemps assujetti à un tarif douanier de 5%, en sus d’un certain nombre de petits prélèvements, et exempté de la TVA. Ce qui fait que les droits de porte qui lui sont applicables sont négligeables. En revanche, la farine a été assujettie au tarif douanier maximal, au titre du TEC (Tarif Extérieur Commun), en plus d’une TVA de 18%. De plus, une Taxe Conjoncturelle à l’Importation de 10% est appliquée lorsque le prix à la tonne est inférieur à un prix de référence fixé à 201 400 FCFA. Avec ce niveau de protection sur la farine, contrastant avec celle applicable sur le blé, l’incitation à transformer le blé est élevée, rendant marginales les importations de farine.
Jusqu’au début des années 2010, le prix de la farine ne faisait pas l’objet d’une réglementation officielle, même s’il avait toujours été déterminé sur la base de consultations entre l’État et les meuniers. Cependant, pour la baguette, l’État fixe d’autorité et le prix plafond et le poids (par exemple 210 grammes). Certainement pour répondre à la critique selon laquelle on ne pouvait pas fixer le prix de la baguette tout en laissant celui de la farine fluctuer, l’État a commencé à administrer le prix de la farine à partir de 2012. Mais fixer le prix de la farine, sans avoir un quelconque contrôle sur celui du blé (qui compte pour 80% dans la production de la farine), est un exercice pour le moins délicat. Il s’en est suivi des variations incohérentes du prix homologué de la farine qui passe de 20 000 FCFA le sac de 50 kg à 18 890 FCFA avant de revenir à 20 000 FCFA, après une forte protestation des meuniers.
Avec la Covid et la crise ukrainienne, l’homologation du prix est rendue plus compliquée par les perturbations observées sur le marché international du blé. En 2021, suite à une hausse subite du prix de la tonne de 42%, l’Etat a été obligé de suspendre les droits de douane et la TVA, pour pouvoir maintenir le prix homologué à 16600 FCFA le sac, avant d’être obligé de le relever à 19200 FCFA, en décembre de la même année. Lors de la récente augmentation des prix, l’État a réduit le prix du sac de 19 200 à 15 200, en juin 2024.
La filière du pain, comme celle du sucre, enregistre beaucoup de rivalité entre des acteurs qui mettent l’État sous pression pour, chacun, tirer la couverture de son côté. Mais les logiques de groupe sont très différentes de ce qu’on observe dans le cas du sucre. Étant donné que le blé n’est pas produit localement, il n’y a pas de conflit sur la libéralisation ou la restriction des importations. Les deux catégories d’acteurs les plus en vue sont les meuniers (plus forts et mieux organisés) et les boulangers (plus nombreux, plus dispersés et moins bien organisés). C’est justement sur ces derniers, les plus faibles, que l’État fait porter le fardeau de la régulation. Le niveau de la protection sur la farine est beaucoup moins important que pour le sucre. Le ratio prix de détail (selon ANSD) sur le prix international (selon indice Mundi) est de 30%, sur la période 2000-2010 pour la farine, contre un pic de 379% pour le sucre, dans la même période. Avec un prix mondial qui fluctue d’une année à l’autre et un prix domestique plafonné, il est arrivé que ce ratio soit inférieur à 10%, selon les années.
La baguette de pain fait face à un niveau d’administration de prix plus contraignant que la farine. Le ratio prix de vente sur prix de revient, est presque égal à 1, indiquant une marge presque nulle pour la plupart des années, voire négative parfois. Alors que, pour certaines années, le taux de protection effective (qui mesure les incitations nettes du régime d’importation sur la rentabilité des entreprises) avoisine les 90% pour les meuniers, il est négatif (-81%) pour les boulangers.
Promouvoir les céréales locales à la place du blé importé
A mon avis, l’État doit développer et rendre publics un plan, et un échéancier, de retrait de l’industrie du pain, dans sa forme actuelle. À la place, il doit encourager la recherche sur des produits de substitution au pain dans sa forme actuelle, basés sur nos céréales locales. Ce qui aura l’avantage de construire une filière plus forte, moins dépendante des importations et mieux articulée à nos chaines de valeur agricoles. Du fait de la dynamique démographique en cours et de l’urbanisation rapide que connait le pays, l’industrie du pain devrait continuer à garder des perspectives de croissance et de génération d’emplois assez favorables, dans les années à venir. Ce serait dommage qu’une intervention si peu opportune continue d’obérer les différentes composantes de la valeur ajoutée du secteur (salaires, profits, impôts), en plus de maintenir la majorité des emplois à la lisière de l’informel.
Une équation de taille est celle relative au changement des habitudes de consommation, au regard du niveau de dépendance actuelle des populations pour la baguette. L’économie expérimentale et comportementale est la branche de l’économie qui étudie les moyens politiques de changement des comportements et habitudes bien ancrés dans les sociétés, à travers le design et l’application de « traitements » (des systèmes d’incitations) bien conçus. Ce type d’expérience qui a connu des succès documentés dans plusieurs pays, s’appuie sur des protocoles de plus en plus maîtrisés. Ils pourront permettre de favoriser une transition plus lisse vers cette nouvelle forme d’organisation de la filière.
LA COMMISSION DES LOIS SAISIE SUR L’IMMUNITÉ DE MOUSTAPHA DIOP
Cette procédure, conforme aux règlements intérieurs de l’Assemblée nationale, fait suite à une demande des autorités judiciaires.
La Commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains est convoquée en réunion ce mercredi 12 mars 2025 à 11 heures.
La rencontre se tiendra dans la salle Marie Joséphine Diallo du nouveau bâtiment de l’Assemblée nationale.
L’ordre du jour de cette séance portera sur l’examen d’un projet de résolution visant la constitution d’une Commission ad hoc.
Celle-ci aura pour mission d’étudier et de statuer sur la demande de levée de l’immunité parlementaire du député Moustapha Diop.
Cette procédure, conforme aux règlements intérieurs de l’Assemblée nationale, fait suite à une demande des autorités judiciaires.
L’ASSEMBLÉE SE PENCHE SUR UNE PROPOSITION D’INTERPRÉTATION DE LA LOI D’AMNISTIE
Le texte, approuvé sans réserve par le président de l’Assemblée, sera examiné par la commission technique le 21 mars, avant d’être soumis à une plénière le 2 avril pour débat et adoption éventuelle.
Le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a annoncé avoir reçu une proposition de loi du député Amadou Ba, membre du parti Pastef, portant sur l’interprétation de la loi d’amnistie.
Cette initiative législative vise à clarifier certains aspects de la loi afin de lever toute ambiguïté sur son application.
Le président a donné un avis favorable à cette proposition, sans émettre d’observation particulière. Cet aval ouvre la voie à l’examen du texte par les instances compétentes de l’Assemblée nationale.
Le calendrier parlementaire prévoit que la commission technique se réunira le 21 mars pour une étude approfondie du texte.
Cette étape sera suivie d’une plénière programmée pour le 2 avril, où les députés devront débattre et statuer sur l’adoption ou non de cette interprétation de la loi d’amnistie.
LE CARIBBEAN PAN AFRICAN NETWORK DÉNONCE LES SANCTIONS AMÉRICAINES CONTRE CUBA
L'organisation s'insurge contre des mesures visant spécifiquement à "intimider les investisseurs étrangers" et à "saper la capacité des entités cubaines à produire des biens et services"
(SenePlus) - Un message ferme a été adressé à l'administration Trump par le Caribbean Pan African Network (CPAN). Dans un communiqué publié le 27 février 2025, l'organisation pancaribéenne, présente dans dix-sept pays de la région, condamne fermement la décision de Washington de réinscrire Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme.
Le CPAN rappelle que l'administration Biden avait fait un pas positif le 14 janvier 2025 en retirant Cuba de cette liste controversée, une décision alors saluée comme "un pas dans la bonne direction" par la CARICOM, principale organisation multilatérale caribéenne. Cependant, moins d'une semaine plus tard, la nouvelle administration Trump a non seulement réintégré Cuba sur cette liste, mais a également rétabli plusieurs mesures punitives.
"Le président Donald Trump a révoqué la suspension des poursuites judiciaires devant les tribunaux américains en vertu du titre III de la loi Helms-Burton, et réinstauré la liste des entités cubaines restreintes avec lesquelles les personnes ou entités américaines ne peuvent effectuer de transactions", précise le communiqué.
L'organisation dénonce également les sanctions imposées par le secrétaire d'État américain Marco Rubio contre toute personne facilitant le travail des brigades médicales cubaines, mondialement reconnues pour leur expertise.
Selon le CPAN, ces mesures ont un objectif clair : "intimider les investisseurs étrangers, fermer les sources possibles de revenus externes pour Cuba, saper la capacité des entités cubaines à produire des biens et services, et ravager le niveau de vie et la qualité de vie du peuple cubain."
Le réseau pancaribéen rappelle que depuis trente ans, une large majorité des nations du monde votent chaque année à l'Assemblée générale des Nations Unies pour condamner l'embargo américain contre Cuba, le qualifiant de violation du droit international.
"Nous affirmons, sans crainte d'être contredits, que le gouvernement des États-Unis a l'obligation légale claire de mettre fin à son embargo financier, économique et commercial contre Cuba et de retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme du Département d'État américain", conclut le communiqué signé par le Comité exécutif du Caribbean Pan African Network.
PAR Adama Dieng
UN PAS HISTORIQUE VERS L’UNITÉ DU MONDE MUSULMAN
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour la première fois, des érudits sunnites et chiites de premier plan se sont engagés dans un dialogue substantiel, transformant en actes l'appel lancé en 2022 par le Grand Imam d'Al-Azhar
Dans un monde où les divisions ont trop souvent entravé le progrès, le besoin d’unité entre les musulmans n’a jamais été aussi urgent. L’islam, dès sa création, a mis l’accent sur la fraternité, la coopération et la solidarité entre les croyants. Pourtant, l’histoire a été témoin de moments où les différences ont été exploitées, conduisant à la fragmentation et à la discorde entre musulmans. Plutôt que de disperser leur énergie dans des conflits, les musulmans doivent reconnaître l’immense force qui naît de l’unité. En acceptant la diversité au sein de la Oumma et en nous focalisant sur les défis communs, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux, nous pouvons garantir que nos efforts collectifs contribuent à la prospérité et à la dignité de tous.
Fin février 2025, à Bahreïn, nous avons assisté à un moment déterminant dans l’histoire des relations intra-islamiques. L’appel lancé le 3 novembre 2022 lors de la Conférence de dialogue intra-islamique à Manama, au Bahreïn par Son Éminence le professeur Ahmed Al-Tayeb, grand imam d’Al-Azhar et président du Conseil des sages musulmans, en faveur d’un dialogue entre les principaux érudits des écoles de pensée islamique, principalement sunnites, et les érudits chiites, s’est finalement traduit par des actes. La conférence, organisée sous le thème « Une seule oumma… un seul destin commun », a vu des personnalités religieuses de premier plan issues de diverses traditions islamiques s’engager dans des discussions approfondies et significatives, aboutissant à une recommandation concrète : la création d’un groupe d’experts pour poursuivre cette réflexion essentielle et assurer son application pratique.
Cette initiative, rendue possible grâce au patronage du roi, Sa Majesté Hamad Bin Issa Al Khalifa, témoigne du rôle de Bahreïn en tant que pont de réconciliation. Historiquement, Bahreïn a été une terre de coexistence entre les communautés sunnites et chiites, malgré les défis. Sous la direction du roi, Sa Majesté Hamad bin Isa Al Khalifa, des efforts ont été faits pour favoriser davantage l’inclusion et reconnaître la riche diversité des traditions islamiques de la nation. Ce dialogue représente un pas en avant pour assurer une gestion constructive de la diversité dans le monde musulman.
La vision du Grand Imam : courage, sagesse et unité
Au cœur de ce dialogue se trouve le Grand Imam d’Al-Azhar, le professeur Ahmed Al-Tayeb, dont la sagesse et le courage d’avoir initié une telle rencontre ne peuvent être exagérés. Il défend depuis longtemps l’idée que les divisions entre musulmans sunnites et chiites et d’autres traditions islamiques sont artificielles, et qu’elles sont plus le résultat de manœuvres historiques et politiques que de divergences théologiques. En effet, comme il l’a souligné dans son discours, rien ne différencie fondamentalement un sunnite d’un chiite aux yeux de l’islam.
Son appel à l’unité n’est pas un appel à effacer les différences mais plutôt à adopter les principes communs qui lient tous les musulmans. Il nous a rappelé que la première constitution proclamée par le Prophète Mahomet (PSL) à Médine réaffirmait le principe de non-discrimination. Ce précédent historique devrait servir de modèle aux sociétés musulmanes contemporaines aux prises avec des tensions sectaires qui ont, dans de nombreux cas, dégénéré en conflits armés.
Au cours de la dernière décennie, les tensions entre sunnites et chiites ont été exploitées pour alimenter la violence dans différentes parties du monde. Ces divisions ont permis à des forces extérieures de manipuler et d’affaiblir la Oumma musulmane, en dressant les frères les uns contre les autres tout en ignorant le principe fondamental d’unité que défend l’Islam. Le dialogue à Bahreïn est un effort courageux pour dépasser ces divisions et œuvrer vers une thérapie collective et au progrès.
De la rhétorique à l’action
Ce qui distingue ce dialogue des discussions passées sur le rapprochement sunnite-chiite, c’est son engagement à agir. La recommandation de créer un groupe d’experts marque un progrès qui va des discussions théoriques aux mesures pratiques visant à assurer une paix et une compréhension durables. Ce groupe d’experts sera chargé d’élaborer des cadres formels pour institutionnaliser le dialogue intra-islamique, favoriser la tolérance religieuse et empêcher que les conflits sectaires ne soient instrumentalisés à des fins politiques.
Outre les chefs religieux, le rôle de la jeunesse musulmane dans la construction de l’avenir de l’unité ne peut être négligé. Les jeunes de tout le monde musulman doivent être impliqués dans ces discussions et initiatives. Ce sont eux qui porteront les principes de fraternité, de tolérance et de collaboration. Les programmes scolaires devraient inclure des exemples historiques de coexistences réussies entre différentes traditions islamiques, en mettant l’accent sur les valeurs communes plutôt que sur les points de discorde.
Il est impératif que cette dynamique se poursuive. Les gouvernements, les chefs religieux et les organisations de la société civile doivent investir dans des initiatives de consolidation de la paix qui favorisent le respect et la compréhension mutuels. En outre, les établissements d’enseignement islamique devraient intégrer des enseignements qui mettent l’accent sur l’héritage commun de toutes les écoles de pensée musulmane plutôt que sur leurs différences.
Un appel à une gestion constructive de la diversité
La diversité au sein de l’islam doit être considérée comme une force plutôt qu’une source de division. Le Coran et la Sunna soulignent l’importance de l’unité, de la coopération et du respect mutuel. Comme l’a judicieusement souligné le Grand Imam, la priorité doit être de protéger notre religion, nos terres et notre peuple, quelle que soit l’identité d’une entité sectaire.
En outre, l’unité intra-musulmane doit s’étendre au-delà des relations entre sunnites et chiites pour englober l’ensemble des communautés musulmanes du monde. Qu’ils soient africains, asiatiques, moyen-orientaux ou occidentaux, tous ont des expériences et des contributions uniques à offrir. Une Oumma unie ne doit pas se limiter aux seules discussions théologiques, mais doit s’étendre à la coopération en matière de développement économique, de progrès scientifique et d’initiatives humanitaires qui élèvent tous les musulmans et l’humanité dans son ensemble.
Le dialogue à Bahreïn est un faisceau d’espoir pour que les musulmans puissent dépasser des divisions vieilles de plusieurs siècles et œuvrer ensemble pour le bien commun. L’histoire, la langue, la foi et l’héritage culturel commun aux musulmans devraient servir de fondement à une Oumma plus forte et plus unie.
Peut-on conclure qu’une nouvelle ère s’annonce pour l’Oumma musulmane ?
Le dialogue intra-islamique de Bahreïn marque le début de ce qui pourrait être un nouveau chapitre de l’histoire de l’Islam. La création d’un groupe d’experts est une étape prometteuse vers l’institutionnalisation des efforts de réconciliation. Cependant, son succès dépend de l’engagement durable des dirigeants de tout le monde musulman. Nous devons tous nous approprier cette vision – gouvernements, institutions religieuses, intellectuels et citoyens ordinaires.
Pour que cette initiative réussisse, elle doit être suivie de politiques concrètes et d’initiatives locales dans les pays à majorité musulmane. Les mosquées, les universités et les organisations communautaires doivent s’engager activement à favoriser le dialogue et à veiller à ce que le message d’unité atteigne toutes les strates de la société. Le dialogue ne doit pas rester un événement confiné aux conférences mais doit devenir un processus continu qui façonne la conscience des générations futures.
Il est temps de laisser derrière nous les divisions du passé et d’embrasser un avenir où tous les musulmans se rassembleront en une seule Oumma, guidée par les principes de justice, d’égalité et de fraternité. Les enseignements du Prophète Mahomet nous exhortent à favoriser l’amour et l’harmonie entre nous. Dans cet esprit, le dialogue à Bahreïn ne doit pas être un événement isolé mais le fondement d’un mouvement durable vers l’unité.
Ce n’est qu’en nous unissant que nous pourrons relever les défis qui menacent nos communautés et que nous pourrons garantir que les générations futures héritent d’un monde défini non pas par le sectarisme mais par la solidarité et le respect mutuel.
Adama Dieng est un diplomate sénégalais, ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU et fervent défenseur de la paix, de la justice et de la réconciliation.
par Alioune Dione
COMMENT L’ÉTAT SPECTACLE MET EN SCÈNE LA FABRIQUE SOCIALE
L’inertie sur les réformes de la justice, la réduction du coût de la vie qui est non opérationnelle au niveau bottom-up et le retard dans la renégociation des contrats pétroliers montrent que gouverner c’est aussi se dédire
Le meilleur moyen de gouverner sans être contraint de produire des résultats à court terme est de faire de l'attribution externe une idéologie des masses. Dramatiser le social, jouer sur les peurs, instaurer le désespoir, disqualifier les élites et nul ne sera obligé de vous demander des résultats dans l'immédiat. L'idéologie en question, comme l'affirmait Naomi Klein, est un caméléon qui change sans cesse de nom et d'identité. La stratégie de choc employée par ce nouveau gouvernement, dont l'exclamation et la lamentation constituent les principes directeurs pour édulcorer la ferveur des promesses entrevues, est un aveu d'incapacité.
Le sentier de la gouvernance sobre et vertueuse tant promu semble beaucoup plus long qu'annoncé, beaucoup plus rude que prévu. Les illusions vendues par une prétendue rupture systémique se confrontent aujourd'hui à une réalité qui impose de maîtriser l'optique sociale. L'État, dans sa complexité multiple, met en exergue toute impuissance qui ne peut être palliée par une démagogie politique quelconque. La stratégie de choc peut déresponsabiliser, mais elle ne masque en rien les véritables problèmes auxquels la nation fait face.
L’inertie sur les réformes de la justice, la réduction du coût de la vie qui est non opérationnelle au niveau bottom-up et le retard dans la renégociation des contrats pétroliers montrent que gouverner c’est aussi se dédire. Se dédire des engagements éthiques irréalistes promus, se dédire des gages populistes donnés pour la capture de l’aspiration des masses, se dédire de la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire. Mais, les urgences n’attendent pas le temps de la planification à long terme, elles mettent tout gouvernement face à ses responsabilités politico-sociales.
À présent, la société subit le supplice tantale d’un État suffisant et autiste qui prend toute critique comme une haine viscérale à l’encontre de son fameux projet. Un projet farfelu qui ne se matérialise qu’en slogans, très loin de la réalité sociale vécue. Il faut comprendre qu’une nation ne peut point se construire dans une vision singulière basée sur l’idolâtrie d’un leader. Elle se construit par un ensemble de visions à la fois cohérentes et contradictoires. Harmoniser les contradictions, diagnostiquer les politiques déclinées et critiquer la posture des gouvernants est un principe sine qua non pour faire émerger le pays dans ses dimensions sociales et économiques.
En effet, l'économie sénégalaise sombre et le constat est un truisme, l'insécurité économique nous guette mais nous préférons attribuer les causes sans chercher des mesures urgentes pour redresser le pays. La rupture tant promue se transfigure juste en un nouvel État-système en marche avec des ambitions débordantes pour des moyens limités. Une politique d'intention idyllique qui, dans la pratique, ne se matérialise nulle part. Un contre-système qui est dans un processus de remplacement de personnes et non d'une transformation profonde des institutions étatiques.
Ces dernières perdurent toujours avec leurs rouages et mécanismes qui restent inchangés. Actuellement, le seul changement qui s'opère au sein du système est la présence de nouveaux leaders aux compétences moindres et aux capacités de lamentation incommensurables. De loin, les solutions étaient prédites comme des effets miracles, mais une fois le pouvoir acquis, la stérilité dans l'action pragmatique se voit de manière évidente. Nous sommes face à un État dont les marges de manœuvre sont limitées et qui préfère souvent se donner en spectacle.
La théâtralisation de la gouvernance par les sorties médiatiques des gouvernants, qui ne changent en rien la providence sociale, montre le niveau de relativisation de leur charge à l'égard du pays qu'ils disent trouver en ruine. Une ruine que le bas peuple ressent douloureusement, mais non les nouveaux bourgeois. Les privilèges restent maintenus, le monisme dans la pensée se pérennise aussi par les moyens de contrôle coercitif sur les opinions. Le projet tant annoncé, et dont la réalisation demande un don de soi que les nouveaux bourgeois imposent aux peuples mais s'abstiennent d'opérer, est la preuve qu'il n'y a aucune configuration nouvelle au sein du système de gouvernance étatique.
L'exigence du développement demande des sacrifices collectifs et non partiels. Malheureusement, ce projet initié pour un progrès à la fois endogène et souverainiste exige plus que les mesures mises en place pour accompagner son impulsion. Au niveau macro de l'État, tout paraît bien fait, bien pensé et bien structuré, alors qu'au niveau micro de la société rien n'est encore opérant et tout demeure intact, ou du moins en involution criarde.
La vision du développement se brouille dans une incertitude croissante pour l'avenir du pays qui, en quelques mois, est en décadence libre dans sa diplomatie et son ouverture universelle. Une nation ne se construit pas sur une vision unique esseulée par une orthodoxie sacrée d'un hyper-individualisme jamais réfutable. Elle se conçoit dans sa garantie de débats publics et des contradictions qui mettent en mouvement la marche sociale. Ce mouvement sans achèvement brusque fait le progrès des nations et leur impulsion dans l’histoire universelle.