Ces éléments de langage ou leurs fragments constituent des argumentaires thématiques qui permettent de donner une position sur un sujet précis. Pour chaque sujet, je donne la parole au pouvoir, à l’opposition et à une voix que j’estime être vigilante.
1. Violences : ponctuation partisane de séquences
Pouvoir.
Vous êtes violents ; c’est parce que vous avez fait Y que nous avons réagi par Z. Nous n’avons fait que défendre la République.
Opposition.
C’est vous qui êtes violents ; c’est parce que vous avez fait X que nous avons réagi par Y. Nous n’avons fait que défendre le peuple.
Voix vigilante.
On voit bien que chacun ponctue de la manière qui arrange ses arguments. En démocratie, il est important de respecter la loi et la justice. La démocratie nécessite un état d’esprit qui favorise l’élégance dans le débat politique : l’argument de la force (y compris la force verbale) doit être remplacé par la force de l’argument.
2. Liberté, démocratie, État de droit
Opposition.
Le peuple réclame la liberté, la démocratie et l’État de droit.
Pouvoir.
La liberté, la démocratie et l’État de droit n’excluent pas la responsabilité.
Voix vigilante.
Ce qui serait intéressant, c’est d’amener les leaders de l’opposition à déclarer : « Le peuple réclame la liberté, la démocratie et l’État de droit dans un cadre responsable. Et nous souhaiterions bien comprendre en détail comment le pouvoir envisage la responsabilité, en nous fournissant des illustrations concrètes. Nous sommes prêts à les écouter, à y réfléchir sérieusement et à intégrer cette dimension dans nos actions, en vue de contribuer à l’harmonie globale de la société ».
3. Paix, ordre, tranquillité et stabilité
Pouvoir.
Ce pays a besoin de paix, d’ordre, de tranquillité et de stabilité.
Opposition.
La paix, l’ordre, la tranquillité et la stabilité ne peuvent se concevoir qu’à travers la vérité et la justice.
Voix vigilante.
Ce qui serait très intéressant, c’est d’amener les responsables du pouvoir à déclarer : « Ce pays a besoin de paix, d’ordre, de tranquillité et de stabilité dans le respect de la vérité et de la justice. Et nous souhaiterions bien comprendre en détail comment l’opposition envisage la vérité et la justice, en nous fournissant des exemples concrets. Nous sommes prêts à les écouter, à y réfléchir sérieusement et à intégrer ces éléments dans nos actions, en vue de contribuer à l’harmonie globale de la société ».
4. Résistance (mobilisation) vs subversion (insurrection)
Opposition.
Ces actes relèvent de la mobilisation et de la résistance face à l’oppression.
Pouvoir.
Ces actes relèvent de la subversion ; vous faites appel à l’insurrection.
Voix vigilante.
L’opposition a le droit de faire appel à la mobilisation et à la résistance contre l’oppression, comme le garantit la Constitution. Cependant, cela devrait être accompagné de déclaration explicite sur le caractère pacifique de ces manifestations, en rejetant toute forme de violence.
5. Respect des lois
Pouvoir.
Dans un État de droit, les citoyens ont l’obligation de respecter scrupuleusement la loi.
Opposition.
Le respect des lois suppose que celles-ci ne soient pas iniques ou scélérates comme dans les cas où l’injustice est institutionnalisée (à l’image de certaines lois sous l’apartheid) ou lorsque les dirigeants sont les premiers à les violer.
Voix vigilante.
Le pouvoir devrait comprendre que la violence est comme une énergie potentielle qui émerge d’abord sous forme de ressentiments, de rancœur et de colère accumulés. L’idéal est de créer les conditions qui permettent à cette énergie de s’écouler par les voies légales (par le biais de recours juridiques, de manifestations de contestations, de sanction via les urnes, etc.). Cependant, si toutes ces voies légales sont bloquées, le risque de déchaînement de violence augmente.
L’opposition doit apprendre à se projeter dans le futur en se posant régulièrement ces questions : qu’aurions-nous fait si nous étions aux commandes dans ce contexte où des manifestations dégénèrent, entraînant morts et destructions ? Avons-nous épuisé toutes les voies de recours légales face à ce que nous considérons comme illégal ? Sommes-nous sûrs de préserver, aux yeux des différents segments de l’électorat, cette posture républicaine et démocratique ?
6. Responsabilité à propos des morts
Opposition.
Le chef de l’État est le seul responsable des morts.
Pouvoir.
Le Chef de l’opposition est le seul responsable des morts.
Voix vigilante.
Les meurtriers et leurs commanditaires sont les seuls responsables des morts. Il est possible que la chaîne de responsabilité remonte jusqu’au niveau le plus élevé, mais attendons le retour des enquêtes.
7. Force
Pouvoir.
L’État est plus fort que les individus. Force restera à la loi.
Opposition.
Le peuple est plus fort que l’État. Force restera au peuple.
Voix vigilante.
Toutes ces assertions présentent des limites, car elles peuvent engendrer des illusions et des dénis. Ceux qui les évoquent l’utilisent pour menacer leur vis-à-vis ou se rassurer, mais personne ne peut prédire le cours des événements une fois qu’ils sont déclenchés. Il y a eu des insurrections réprimées dans le sang avec des milliers de morts, sans renversement du pouvoir, tout comme il y a eu dans l’histoire des changements de régime faisant suite à une mobilisation pacifique sans effusion de sang.
8. Autocratie vs populisme
Opposition.
Le pouvoir bascule dans l’autocratie.
Pouvoir.
L’opposition se livre au populisme.
Voix vigilante.
Il arrive souvent que d’anciens populistes deviennent de nouveaux autocrates. Cela ne doit pas juste dépendre des hommes. Il doit y avoir une explication dans la société vue comme un système. N’y a-t-il pas dans ce système une sorte d’attracteur étrange qui transforme les politiciens à leur insu ?
9. Dialogue
Pouvoir.
Nous invitons l’opposition à la table des négociations pour un dialogue.
Opposition.
Nous perdons notre temps en y participant. Ce dialogue n’est pas sincère. C’est simplement une tactique de communication. Les conclusions ne seront pas mises en œuvre. Vous agitez cette question du dialogue lorsque vous êtes en position de faiblesse.
Voix vigilante.
Le dialogue est le fruit de l’interaction. Les pressions menées par l’opposition y contribuent. Le dialogue permet de réduire le climat d’animosité préjudiciable à tous. Avec une bonne lecture des peurs, des appréhensions, des attentes ou souhaits, le dialogue peut détendre la situation.
10. Objectivité, réalité, vérité
Opposition ou Pouvoir.
Parlons objectivement… ; disons la vérité… ; la réalité est… ; etc. (suivi d’un jugement, d’une évaluation ou d’une étiquette).
Voix vigilante.
L’objectivité est toujours teintée de subjectivité. Ne devrait-on pas se limiter à indiquer notre vision des choses et éviter de prétendre élever cette perception ou vision en vérité absolue ? Ma vérité n’est pas LA vérité, y compris tout ce que j’ai dit dans ce texte. Suis-je même aussi vigilante et pertinente que je prétends l’être ?
Cette voix conserve-t-elle sa pertinence dans ce contexte polarisé ? Certains trouveront les propos dérisoires et/ou inopportuns, tandis que d’autres pourraient y percevoir du bon sens et/ou de l’équilibre. Les premiers souhaiteraient que l’on condamne le camp opposé, suivant ainsi ce fameux principe : « Il y a un problème, il faut rechercher la cause et condamner le responsable ». Cela est nécessaire et efficace pour éviter les dérives autocratiques ou populistes. Cependant, dans les contextes relationnels, ce principe peut être complété par une approche plus orientée vers la médiation : « Il y a un problème relationnel, essayons de guider les protagonistes vers des comportements adéquats qui aident à retrouver une bonne interaction ».
LE RECENSEMENT DE LA POPULATION SE POURSUIT
La date de clôture des opérations de dénombrement du 5e Recensement général de la population et de l’habitat a été prolongée. C’est du moins ce qu’a écrit l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dans un communiqué transmis
La date de clôture des opérations de dénombrement du 5e Recensement général de la population et de l’habitat a été prolongée. C’est du moins ce qu’a écrit l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) dans un communiqué transmis. Ces opérations vont se poursuivre, selon l’ANSD, dans certaines localités des régions de Dakar et de Diourbel. Cela jusqu’au 20 juin 2023.
Selon le document, le taux de progression national de la collecte, à la fin de la journée du 13 juin 2023, est de 95 %. « Les données issues du recensement permettent aux pouvoirs publics, au secteur privé, à la société civile, aux acteurs au développement, au monde universitaire et à tous les utilisateurs de disposer d’informations statistiques exhaustives pour la conception, la mesure et l’analyse des programmes locaux et nationaux de développement », écrit le communiqué.
CERVEAU AFFAMÉ, FUTUR COMPROMIS
Une alimentation insuffisante ou inadaptée n’affecte pas que le corps. En cette journée mondiale contre la faim célébrée ce 15 juin, Emedia s’intéresse à la sous nutrition chez les enfants et à son impact négatif sur le développement du cerveau.
Une alimentation insuffisante ou inadaptée n’affecte pas que le corps. En cette journée mondiale contre la faim célébrée ce 15 juin, Emedia s’intéresse à la sous nutrition chez les enfants et à son impact négatif sur le développement du cerveau. Il sera aussi question du potentiel nutritif de certains aliments locaux qui ne sont pas assez valorisés.
En cette matinée, le Centre de Santé Keur Javouey de Derklé a des allures de jardin d’enfants. Accompagnés de parents ou proches, des enfants jouent dans la cour en attendant leur tour. Un peu à l’écart Binetou semble avoir trouvé dans les bras protecteurs de sa tante, un refuge dont elle ne veut se soustraire.
C’est une fille agréable mais frêle. La séance de pesée a révélé qu’elle pèse à peine 7 kg alors qu’elle a 11 mois. « C’est la fille de ma sœur qui travaille constamment. J’amène ma nièce ici parce que sa fragilité m’inquiète », explique la tante. Quand arrive leur tour après près d’une heure d’attente, l’infirmière fait la même remarque : « Elle est vraiment trop petite. Qu’est-ce qu’elle mange ? ». « De la bouillie, du CERELAC, de la purée, … », énumère la tante avant d’être interrompue par l’infirmière : « Ça, c’est de la nourriture pour des enfants de moins de 6 mois. À son âge, elle peut manger tout ce que les adultes mangent à l’exception des aliments durs et du piment. Je recommande particulièrement les haricots et le poisson. »
Elle prescrit un sirop de vitamines et une farine enrichie. Des produits disponibles au centre, à moindre coût. Elle devra revenir dans deux semaines pour un contrôle. Dans le cas de Binetou, le diagnostic évoque un retard de croissance dû à une alimentation inadaptée et insuffisante. Malheureusement, il existe des cas beaucoup plus graves. D’après l’ONG Action contre la faim, au Sénégal près d’un enfant sur cinq est atteint de malnutrition aigüe. Un rapport de l’OMS renseigne que « seuls 8 % des enfants âgés de 6-23 mois sont nourris de manière optimale, selon les pratiques recommandées en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. »
Des risques graves pour le développement du cerveau
Au-delà du déficit pondéral, la sous nutrition affecte également le développement du cerveau. La science a permis d’établir que l’être humain nait avec 100 milliards de neurones. Cependant à la naissance, il y a très peu de connexions entre ces neurones. Ce sont les expériences que l’enfant vit et les nutriments qu’il absorbe qui seront à l’origine des connexions neuronales. Et ce sont ces connexions qui vont déterminer son intelligence, sa mémoire, sa sociabilité et sa prédisposition à l’optimisme. Durant les premières années de vie, ces connexions s’établissent vite et avec facilité. Avec l’âge, quelques-unes de ces connexions peuvent continuer à se former mais un temps plus long et des efforts plus âpres seront nécessaires. C’est pourquoi il est plus facile de prendre soin d’un enfant que de réparer un adulte.
D’après l’Unicef, « les enfants qui souffrent de retard de croissance ne développeront peut-être jamais leur potentiel cognitif, ce qui nuira à leurs capacités d’apprentissage et entravera leurs possibilités d’apporter leur pleine contribution à la société ». Certes, nous n’avons pas connaissance d’études scientifiques ayant été menées au Sénégal pour attester de l’influence négative de la malnutrition sur le développement cérébral de l’enfant. Néanmoins, dans d’autres pays comme les Etats-Unis, des études ont montré que les enfants mal nourris développent plus fréquemment des troubles psychologiques et comportementaux.
Les aliments locaux à la rescousse
À Dakar, le Laboratoire de Nutrition et d’Alimentation Humaine effectue des recherches sur les bonnes pratiques alimentaires. Ces recherches montrent qu’il est possible de se nourrir sans vraiment sustenter le corps et le cerveau, d’où la nécessité de connaitre la valeur nutritive de chaque aliment. Le laboratoire s’intéresse particulièrement aux produits locaux comme le fonio plus riche que le riz, bien que moins consommé.
La Directrice, Dr Nicole Idohou Dossou a aussi indiqué au journal Le Monde qu’elle s’intéresse aux superaliments tels que le Moringa, la spiruline et le pain de singe. Des produits locaux assez accessibles ayant une valeur nutritive exceptionnelle. Le Moringa encore appelé arbre de vie a une composition nutritionnelle miraculeuse. Connue au Sénégal sous le nom de Nebeday, cette plante est riche en protéines, en sels minéraux et en vitamines qui contribuent à la bonne santé du corps et du cerveau.
La nutritionniste Pr Adama Diouf souligne la nécessité de surmonter certaines croyances telle que celle qui laisse croire que manger des œufs va rendre l’enfant muet. Elle appelle aussi à mettre fin à la monotonie alimentaire et à élaborer un guide alimentaire pour aider les populations à prendre de meilleures décisions concernant la nutrition.
LES AGENTS DES COLLECTIVITES TERRITORIALES ORPHELINS DE LEUR... AVOCAT
Décès de Sidya Ndiaye, secrétaire général de La Fgts. Un farouche défenseur des travailleurs a tiré sa révérence hier.
Un farouche défenseur des travailleurs a tiré sa révérence hier. Le secrétaire général de la Fédération générale des Travailleurs du Sénégal (Fgts), Sidya Ndiaye, a été rappelé à Dieu à l’hôpital Principal de Dakar où il était interné depuis quelques jours. Il laisse derrière des camarades orphelins d’un défenseur intraitable des intérêts de la classe ouvrière. Un homme de convictions, de foi et de générosité...
Une nouvelle bien triste ! Le monde syndical vient de perdre un monument. Sidya Ndiaye est parti les armes à la main. Décédé hier dès suite d’une longue maladie, il était jusque-là le secrétaire général de la Fédération générale des Travailleurs du Sénégal (Fgts). Il fut un grand et infatigable défenseur de la classe ouvrière en général et des travailleurs des collectivités territoriales et de la santé en particulier. Difficile de retracer l’engagement syndical de cet homme qui était de toutes les luttes, sur tous les fronts et dans tous les engagements tellement où il était omniprésent partout où les intérêts des travailleurs étaient bafoués. Avec sa disparition, ce sont tous les travailleurs du Sénégal qui sont en deuil mais surtout ceux des collectivités territoriales dont il fut le plus infatigable défenseur. Des travailleurs pour qui il a pu obtenir un bien-être social et de meilleures conditions de travail après d’âpres luttes et combats dont il avait pris la tête. «Il était un défenseur infatigable des droits des travailleurs et un fervent promoteur du dialogue social. Son engagement sans faille et sa passion pour le bien-être des employés des collectivités territoriales ont marqué le paysage syndical et la fonction publique territoriale. Il a consacré sa vie à améliorer les conditions de travail des fonctionnaires locaux. Sa contribution à la défense des travailleurs des collectivités territoriales ne sera jamais oubliée. C’est une grande perte pour nous», a témoigné avec tristesse le directeur général du Conseil supérieur de la Fonction publique locale et membre aussi du Conseil d’administration de la Fonction publique locale et de la Formation (Cnfplf), Abdou Khadre Ndiaye.
Alité depuis quelques jours et interné à l’hôpital Principal de Dakar où il a rendu l’âme, Sidya Ndiaye «trainait sa maladie depuis très longtemps». Il s’était même rendu à l’étranger pour des soins, selon le président de l’Union des routiers du Sénégal (Urs), Gora Khouma, dont le syndicat est affilié à la Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal (Cnts). Une santé fragile que, pourtant, le défunt n’a presque jamais affichée devant les travailleurs. «Sidya est parti avec dignité. Il a longtemps lutté avec la maladie qui l’a finalement emporté. On s’en remet à la volonté divine», a dit le vice-président de la FgtsB, Mballo Dia Thiam, qui fut l’un de ses plus proches compagnons de lutte au sein de l’alliance « And Gueusseum » qui fit trembler et rompre à plusieurs reprises le pouvoir en place.
Toujours sur le terrain de la lutte syndicale, Sidya Ndiaye a mené de longs et parfois très durs combats avec toujours l’assurance de les «gagner». Les grèves qu’il déclenchait en guise d’arme ultime ont parfois conduit à la paralysie générale du secteur des collectivités territoriales, obligeant le Gouvernement à ouvrir des négociations avec lui Homme au caractère bien trempé et d’une grande humanité, Sidya Ndiaye a toujours combattu l’injustice, et s’est toujours battu pour une correction du régime indemnitaire des travailleurs. Il a marqué plusieurs générations de militantes et militants syndicaux. Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Sutsas (Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action syndicale) et président de l’Alliance «And Guëssëm» a parcouru un long chemin syndical avec le défunt. Depuis Genève où il se trouve en ce moment, M. Thiam dit avoir perdu «le» camarade Sidya», «un combattant infatigable et indomptable qui s’est battu toute sa vie pour la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs au sein des collectivités territoriales où il n’a raté aucun combat». Des combats, dit-il, «qui nous ont valu beaucoup de succès dans le cadre de And Guëssëm et de l’intersyndicale des collectivités territoriales dont il était le président».
Pour parvenir à l’amélioration des conditions de travail des travailleurs des collectivités territoriales, il refusait de manquer les grands rendez-vous des syndicats malgré son état de santé. Surtout quand il fallait monter au créneau pour réclamer des droits notamment l’application de protocoles d’accords signés avec l’Etat. S’il était quelque fois méprisé par certains leaders syndicaux ou des autorités étatiques estimant qu’il y avait trop de grèves, Sidya n’en avait cure. En bon et même très bon homme de terrain, il a su défier et gagner.
Connu pour son franc-parler, son courage et son abnégation, il dirigeait le puissant syndicat des travailleurs des collectivités territoriales. Mais le défunt patron de la Fgts s’est surtout battu sans relâche pour la création de la fonction publique locale qui fut le combat de sa vie.
La mémoire d’un homme bon…
«C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Sidya Ndiaye, président de l’intersyndicale des travailleurs des collectivités territoriales, membre du Conseil supérieur de la Fonction publique et membre aussi du Conseil d’administration de la Fonction publique locale et de la Formation (Cnfplf). Il était un grand défenseur des droits des travailleurs des collectivités territoriales», a magnifié Matham Ba, membre du conseil d’administration de la Fonction publique qui dit saluer « la mémoire d’un homme bon, intègre et généreux»
Le secrétaire général de l’Union des Routiers du Sénégal (Urs), affiliée à la confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Gora Khouma dit être «affecté par cette disparition d’un «camarade de lutte et de combat. Un ami, un camarade et un infatigable syndicaliste avec qui nous avons partagé beaucoup de choses. Même en dehors du syndicalisme», a-t-il témoigné. «C’est de parsa générosité que j’ai eu l’honneur de présenter au président de la République, le 1e mai passé, le cahier de doléances de la FGTS B dont je suis devenu le secrétaire général adjoint dès notre affiliation. C’est aussi lui qui m’a donné l’opportunité d’être ici à Genève pour participer à cette 111e conférence internationale du travail àGenève». Dans ses confidences, M. Thiam «pleure» un ami avec qui il a fondé l’Alliance «And Guëssëm» — une plateforme regroupant la majorité des syndicats de santé au Sénégal.
Il parle d’une grande perte pour le monde syndical et pour tout le Sénégal. «Nous présentons nos condoléances à toute sa famille, à tous les travailleurs mais aussi à M. le président de la République, M. Mahmouth Saleh, au général Dieng et au Pr Bèye qui n’ont ménagé aucun effort pour que Sidya Ndiaye puisse continuer à combattre pour la survie. Et il amené ce combat-là jusqu’à son dernier souffle. Il s’est battu mais, devant la volonté divine, on ne peut que continuer à prier pour lui et à mener le combat pour la défense des intérêts matériels et moraux de tous les travailleurs du Sénégal, en particulier ceux de notre coalition «, confie Mballo Dia Thiam depuis Genève. Il dit partager la peine de la famille biologique et des camarades de cette figure emblématique du syndicalisme au Sénégal. Un homme qui a consacré sa vie, et jusqu’à son dernier souffle, au combat pour la dignité des travailleurs…
LE BARCA VEUT MIKAYIL FAYE
Mikayil Ngor Faye sera d’ici très peu le 5ème Sénégalais à évoluer au Fc Barcelone. L’officialisation ne devrait pas tarder après qu’il a satisfait à la traditionnelle visite médicale d’après le journaliste italien Fabrizio Romano.
Mikayil Ngor Faye sera d’ici très peu le 5ème Sénégalais à évoluer au Fc Barcelone. L’officialisation ne devrait pas tarder après qu’il a satisfait à la traditionnelle visite médicale d’après le journaliste italien Fabrizio Romano. La durée du contrat et le montant de l’indemnité de transfert seront également dévoilés dans les prochaines heures.
Une nouvelle étape dans la carrière de cette pépite sénégalaise qui compte aux yeux du club blaugrana. D’après Romano, le Barça a fixé une clause libératoire de 400 millions d’euros (263 milliards FCFA). Un moyen de ferrer Mikayil mais aussi de confir- mer les bonnes intentions du board catalan qui compte sur lui pour les pro- chaines saisons. Avec le départ de Jordi Alba, le défenseur sénégalais pour- rait être un palliatif à Alejandro Baldé au poste de latéral gauche.
L’ancien pensionnaire de l’Institut Diambars aura l’opportunité de montrer ses preuves puisque Xavi a décidé de l’intégrer dans l’équipe A pour la tournée de pré-saison. Une occasion en or pour Mikayil Ngor Faye de taper dans son œil et réussir là où ses prédécesseurs (Diawandou Diagne, Moussa Wagué, Moussa Ndiaye, Alpha Dionkou) n’ont pas réussi.
JOURNEE DE L'ENFANT AFRICAIN, LE CURSEUR MIS SUR L’ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE
Un symposium national s’est ouvert, à Dakar, pour deux jours, ces 15 et 16 juin, regroupant des experts pour apporter des réponses concrètes à des situations préjudiciables au développement des enfants dans l’environnement du numérique.
Depuis 1991, la journée mondiale de l’enfant africain est célébrée en souvenir du 16 juin 1976 où des milliers d’étudiants sud-africains ont manifesté à Soweto, pour exiger une éducation de qualité. Lors de ces manifestations, des centaines d’enfants ont été tués par le régime de l’apartheid.
C’est dans ce contexte qu’un symposium national s’est ouvert, à Dakar, pour deux jours, ces 15 et 16 juin, regroupant des experts afin d’apporter des réponses concrètes à des situations préjudiciables au développement des enfants dans l’environnement du numérique.
« Une thématique extrêmement pertinente qui met en exergue à la fois les avantages mais également les inconvénients de l’environnement numérique dans la protection de l’enfant », a justifié le Directeur de la protection judiciaire et sociale (Dpjs), le magistrat Amadou Ndiaye, face à la presse, à l’issue de la cérémonie d’ouverture présidée par le ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall.
« Le Sénégal dispose, en interne, d’une stratégie nationale de protection des enfants en ligne. Le Sénégal est également l’un des rares pays africains à avoir mis en place un portail de signalement numérique des abus d’enfants. Le Sénégal dispose également d’institutions de lutte contre la cybercriminalité et la pédopornographie en l’occurrence au niveau de la police et de la gendarmerie », a confié le magistrat.
Avant d’ajouter : « Nous avons également une institution dédiée qui est la commission nationale des données personnelles, qui protège les droits humains en général dans l’environnement numérique. Le Sénégal a assez d’outils pour à la fois encadrer l’usage du numérique dans le bons sens mais également de réprimer tout usage excessif du numérique. »
Faisant de la protection de l’enfant et la promotion de leurs droits « une priorité », le Sénégal a ratifié la quasi-totalité des textes et instruments juridiques établis pour les droits humains et le bien-être des enfants.
Citant « l’avantage social, éducatif et pédagogique, communicationnel », entre autres, qu’on peut tirer de l’environnement numérique, le magistrat a, toutefois, insisté sur les inconvénients dont « la cybercriminalité et la pédopornographie. »
Ainsi, a-t-il préconisé, les défis à relever « sont tout simplement l’éducation des enfants à l’usage du numérique ». Dans la mesure où a-t-il expliqué : « le numérique est un outil qu’il ne faut pas être mettre à la disposition ou à la portée des enfants à n’importe quel âge. »
Aussi, a-t-il souligné : « Lorsqu’un enfant a accès au numérique, il est important que les institutions mais également les parents, les communautés, les encadrent et les éduquent par rapport à cet outil qui peut à la fois être bénéfique et néfaste. C’est un problème à la fois d’éducation, d’encadrement de l’enfant qui utilise un appareil numérique. Il peut en tirer un bon profit en allant dans le bon sens mais il lui est interdit d’aller dans certains sites dans certains domaines qui peuvent lui porter préjudice ».
Pour la 33e édition, des manifestations décentralisées sont prévues dans les six (6) ressorts d’inspection de l’éducation surveillée et de la protection sociale (IESPS) que sont : Thiès, Kaolack, Saint- Louis, Tambacounda, Ziguinchor et Dakar.
CHEIKH OUMAR ANNE FACE AU SAEMSS ET CUSEMS
Hier mardi 13 juin 2023, le ministre de l’Education nationale Cheikh Oumar Aanne a rencontré une délégation syndicale du SAEMSS et du CUSEMS dirigée par leurs secrétaires généraux respectifs El Hadji Malick Youm et Ndongo Sarr
Hier mardi 13 juin 2023, le Ministre de l’Education nationale Cheikh Oumar ANNE a rencontré une délégation syndicale du SAEMSS et du CUSEMS dirigée par leurs secrétaires généraux respectifs El Hadji Malick YOUM et Ndongo SARR. S’exprimant à cette rencontre, le ministre de l’Education nationale a réaffirmé sa disponibilité à rencontrer régulièrement les organisations syndicales et à œuvrer pour le maintien de la paix sociale dans le secteur de l’éducation et de la formation.
En effet, la rencontre s’inscrit dans ce sillage et a porté sur les interpellations contenues dans la dernière déclaration des syndicats sus cités. Il s’agit de la convocation du comité de suivi des accords. Sur ce point, le Ministre a pris l’engagement de travailler avec son collègue en charge de la Fonction publique pour la convocation du comité de suivi des accords le jeudi 22 juin 2023. Sur la situation des enseignants décisionnaires, le décret est remis dans le circuit et le point sera abordé par le comité de suivi pour un règlement définitif de la question. Du prêt au logement DMC et du paiement des rappels, ces points seront abordés dans le cadre des travaux du comité de suivi. Le ministre a par ailleurs réitéré l’engagement du Gouvernement à diligenter les dossiers en instance. Concernant l’octroi des parcelles, le Ministre en charge de l’Urbanisme et de l’habitat reçoit les syndicats le jeudi 15 juin 2023.
Sur la situation des maîtres d’éducation physique et sportive (MEPS), ils sont 1075 inscrits qui seront formés en trois cohortes en raison des capacités d’accueil du CNEPS de Thiès. Le MEN verse une contribution financière par cohorte. La DAGE a entamé la procédure de transfert des fonds. La formation à distance, avec des regroupements ponctuels débutera dès le mois de juillet 2023. Même les MEPS qui ne sont pas utilisés par le MEN sont intégrés partant d’une approche par corps. Pour la formation diplomante, cette question concerne les professeurs de philosophie, les chargés de cours, les bénéficiaires de mise en position de stage et autres professeurs contractuels en attente de formation. Le MEN a décidé du versement de la contrepartie financière nécessaire à l’organisation des sessions et de poursuivre la concertation avec le Ministère en charge de l’Enseignement supérieur pour une solution pérenne. La DAGE a déjà entamé la procédure de transfert des fonds. Une rencontre est prévue avec la FASTEF pour le démarrage des formations à partir du lundi 17 juillet 2023. En outre, les professeurs d’économie familiale et sociale titulaires de diplômes spéciaux seront aussi pris en charge dans le cadre de ces formations.
DES RETENUES POUR FAIT DE GRÈVE : seuls les enseignants figurant sur les listes envoyées par les chefs d’établissement aux Inspecteurs de l’Education et de la Formation (IEF) et aux Inspecteurs d’Académie (IA) sont concernés. Toutefois tout enseignant qui ferait l’objet de retenues anormales peut se signaler et les corrections nécessaires se feront après vérification. Dans une dynamique d’apaisement, le ministre de l’Education nationale a décidé de la suspension des retenues pour faits de grève. DES MESURES CONCERNANT LES ENSEIGNANTS DE DIOULOULOU : dans un souci d’apaisement, le ministre a décidé de faire preuve d’indulgence à leur égard. Le nécessaire sera fait par les services compétents en rapport avec les concernés. DE L’IMPACT DES PERTURBATIONS SUR LE QUANTUM HORAIRE : un plan de contingence est élaboré dans les circonscriptions dont le quantum est fortement impacté. DE LA CATÉGORISATION DES ETABLISSEMENTS : le MEN a pris l’engagement de faire le suivi auprès du ministre en charge des Finances pour la signature des actes y relatifs. DES RENCONTRES SECTORIELLES : après la période marquée par l’organisation des élections de représentativité, les rencontres mensuelles vont être relancées. Toutefois, le ministre a réitéré son engagement à œuvrer pour le respect de tous les accords signés entre le Gouvernement et les syndicats de l’enseignement et pour la décrispation de la situation. Les deux parties se sont engagées à combiner leurs efforts pour un bon déroulement de l’année scolaire en cours.
Par Mamadou Guissé
LE DIALOGUE, C’EST LE FUEL QUI FAIT TOURNER LE MOTEUR D’UNE DÉMOCRATIE
Le dialogue n’est pas une invention des temps modernes. Au Sénégal, le dialogue a toujours été un élément central de la coexistence pacifique entre les différentes composantes culturelles, ethniques, religieuses et politiques.
Le dialogue, c’est le fuel qui fait tourner le moteur d’une démocratie.
À travers l’histoire et dans la plupart des sociétés humaines, le dialogue ou le fait de rassembler des personnes pour les aider à surmonter leurs différences et à résoudre leurs problèmes a toujours été une mission prestigieuse, généralement confiée à des individus expérimentés, à des anciens ou à des personnes respectées pour la qualité de leur jugement et leur sagesse.
Le dialogue n’est pas une invention des temps modernes. Au Sénégal, le dialogue a toujours été un élément central de la coexistence pacifique entre les différentes composantes culturelles, ethniques, religieuses et politiques. Les différents royaumes qui se sont constitués et reconstitués à travers les siècles, ont toujours développées des stratégies de dialogue afin de pacificier les relations entre leurs peuples. Parmi ces stratégies, on peut citer le cousinage à plaisanterie, les mariages mixtes, etc.
Dans le Sénégal des temps modernes, les acquis historiques de laïcité ont plus ou moins créé un environnement propice pour les percepts de la démocratie telle qu’héritée de la colonisation. Ainsi, le dialogue est très présent dans le débat public social et politique de nos jours. Pour rappel, les années soixante et soixante-dix ont été marquées par des dialogues entre l’Union progressiste sénégalaise, le Mouvement démocratique populaire, le Parti africain de l’indépendance, le Parti Démocratique Sénégalais, le Parti Populaire Sénégalais etc. Ces pratiques ont été entretenues par la deuxième génération à partir des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix (Parti socialiste, Parti démocratique sénégalais, And-Jëf/PADS, REWMI, etc.).
Cependant, la réussite de tout dialogue dépend largement de la disposition des parties prenantes à aboutir à des résultats concrets. Les bonnes dispositions débutent avant tout par l’initiative de lancer un dialogue quand la situation le requiert. Il est important de noter que la situation politique actuelle du Sénégal est caractérisée par un niveau de polarisation jamais atteint de par le passé.
Le Président Macky Sall, depuis son accession à la magistrature suprême a, dans la poursuite d’une tradition bien sénégalaise, fait montre à chaque, d’un leadership consensuel et d’une volonté de dialogue sincère et inclusif. La Coalition Benno Bokk Yaakaar qui l’a porté au pouvoir en 2012 détient le record de longévité pour une coalition politique de toute l’histoire moderne du Sénégal.
Pour rappel, déjà en 2013, il mit en place la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI) qu’il confia au Doyen Amadou Makhtar Mbow qui était auparavant Président des Assises nationales (Janvier 2008 – Avril 2009). Cette commission avait pour mission de « formuler toutes propositions visant à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l’Etat de droit et à moderniser le régime politique » Les propositions de la CNRI sont largement inspirées des recommandations des Assises nationales. Le choix de Amadou Makhtar Mbow dénote d’une volonté du Président Sall de faire un trait d’union entre les conclusions des Assises nationales qu’il avait signé avec réserves et son besoin de réconcilier ses convictions de gouvernance sobre et vertueuse. Ces consultations ayant couvert des thèmes divers tels que l’administration, le judiciaire, le parlement, la sécurité pour ne citer que ceux-là, ont abouti sur des propositions de réformes variées.
Dans la même veine, en 2016, il lança un dialogue national sur les réformes politiques malgré la victoire du OUI au référendum de révision de la constitution. « Malgré toutes nos divergences, le dialogue est indispensable surtout quand nous traversons des moments cruciaux de notre nation. Après le référendum, j’ai voulu que des échanges soient organisés entre acteurs notamment, les hommes religieux, les syndicats, les politiques, le patronat et des autres entités représentatives. Chacun a sa liberté de penser et d’appartenance, mais nous avons un même intérêt, celui de voir notre pays rayonner. » Ce sont là, les mots du Président Macky à l’ouverture de ces concertations.
Il ne s’arrête pas là. Moins de deux mois après sa réélection en 2019 avec plus de 58% des suffrages exprimés, sans en être obligé mais mû simplement par sa volonté de consensus, Monsieur Sall appelle le pays à un dialogue national dont l’une des composantes principales est le dialogue politique.
C’est lors d’une interview avec une radio de la place le 03 mai 2023, à la veille de la célébration de la fête nationale, que le Président Macky Sall lança un appel à un dialogue national. Une annonce de taille accueillie différemment par les uns et les autres mais qui a le mérite, dans une situation politique tendue, de casser le mur de glasses entre le pouvoir et l’opposition.
Le mercredi 31 mai 2023 a marqué le lancement officiel des concertations. La salle des banquets au niveau du Palais de la République n’a pu contenir les représentants de toutes les forces de la nation. Des allocutions de haute facture de la part des participants ont rencontré une oreille attentive et conciliante du Président de la République. Les différentes commissions se sont engagées à travailler de façon inclusive et efficace afin d’abord de produire des termes de références du dialogue ; l’objectif étant d’aboutir à des conclusions dans un délai permettant de respecter le calendrier électoral.
TAXAWU/ YEWWI : EVENTUELLES CONSEQUENCES D'UNE SEPARATION ANNONCEE...
La coalition de l’opposition n’entend plus laisser Khalifa Sall, l'édile de Dakarl, poursuivre des actes aux antipodes des règles qui régissent son fonctionnement. Une séparation qui, si elle est définitive, ne sera pas sans conséquences...
Même si le divorce n’est pas encore officiellement acté entre Yewwi et Taxawu Sénégal, on peut prédire une proche séparation entre ces deux entités politiques. La grande coalition de l’opposition n’entend plus, selon son dernier communiqué, laisser Khalifa Sall, leader de Taxawou Sénégal, poursuivre des actes aux antipodes des règles qui régissent son fonctionnement. Une séparation qui, si elle est définitive, ne sera pas sans conséquences...
Cette coalition, connue pour son opposition radicale au pouvoir en place et à son chef, le président Macky Sall, avait été mise en place pour aller ensemble aux élections municipales et législatives. Et les bons résultats obtenus à l’issue de ces deux consultations électorales lui ont permis de s’imposer sur la scène politique comme pratiquement la première force politique du pays. Toutefois, les partis membres de cette coalition avaient convenu de la liberté pour le leader de chacun d’eux de se présenter à l’élection présidentielle. Le seul engagement pris était qu’en cas de second tour, le candidat issu de cette coalition le mieux placé serait soutenu par tous les autres partis. Mais voilà que depuis la poignée de main de Barthélémy Diaz, la révélation faite par le même maire de Dakar d’une audience avec le président Macky Sall, ennemi juré de Yewwi Askan Wi, l’accolade de Khalifa Sall avec le même président Macky Sall, la décision de l’ancien et du nouveau maires de Dakar de participer au dialogue national en cours, tout cela a engendré des suspicions entre les membres de la coalition. En effet, il est reproché à Khalifa Sall de poser des actes aux antipodes des règles qui régissent la coalition notamment sa décision d’aller répondre au dialogue lancé par le chef de l’État lui-même. Si cette position de Taxawu Sénégal de répondre à la main tendue du chef de l’Etat a été clairement expliquée par son leader, cela n’a pas pour autant mis fin à la suspicion nourrie par les militants de Yewwi à l’endroit de l’ex maire de Dakar accusé de préparer un « deal » avec le Palais. Preuve de ce désamour, les huées dont il a été l’objet lors du meeting organisé par le F24 à la Place de la Nation.
Khalifa, un incompris ?
Bien qu’il ait décidé de prendre part au dialogue, Khalifa Sall n’a jamais cessé de marteler qu’il reste dans l’opposition. Il a toujours manifesté un soutien indéfectible à Ousmane Sonko en dénonçant les injustices que subit le leader de Pastef et chef de l’opposition. Il a aussi dénoncé avec constance le troisième mandat de Macky Sall et se bat sans relâche pour des élections inclusives auxquelles non seulement lui mais aussi Karim Wade et Ousmane Sonko, entre autres, pourraient participer. Last but not least, Khalifa Sall plaide pour la libération de tous les détenus politiques du pays. D’ailleurs, il n’a pas manqué de souligner avec beaucoup de courage tous ces points lors de la cérémonie de lancement du dialogue national devant le chef de l’État. Ce faisant, il portait les principales doléances de Yewwi. Donc qu’est-ce qui peut expliquer les divergences entre le socialiste et les autres membres de ladite coalition ? Selon un spécialiste des questions politiques consulté par nos soins, l’ancien maire de Dakar joue sa survie politique. «Il faut comprendre que Khalifa Sall est en train de jouer sa toute dernière carte pour avoir la chance de retrouver son éligibilité. Et cette chance qui est entre les mains du président de la République qui a appelé au dialogue, il ne doit pas la laisser passer. C’est pourquoi il fera tout pour la saisir. Le reste c’est après. Mais pour l’heure il faut qu’il se donne les moyens de réintégrer le jeu politique» a-t-il analysé. D’après notre interlocuteur, c’est sous ce prisme qu’il faut comprendre la décision de Khalifa Sall — de participer au dialogue — qu’il juge «logique, compréhensible et très réfléchie». S’agissant des attaques et menaces de Yewwi qui ne cautionne pas cette démarche, notre spécialiste les explique en ces termes : «les autres leaders de cette coalition sont dans leur rôle. On peut le leur concéder. Mais il faudrait qu’ils se montrent moins exigeants. Quiconque parmi eux serait dans la position de Khalifa allait adopter la même posture». Poursuivant, notre interlocuteur estime que «maintenant, il faut souhaiter que, sur tous les points pour lesquels l’opposition est en train de lutter, Khalifa puisse arracher des points de convergence à l’issue du dialogue. Ce serait une grande victoire pour la démocratie et un pas important vers l’apaisement du climat politique» soutient notre interlocuteur. Toutefois, il admet qu’un leader de la trempe d’Ousmane Sonko «peut avoir toutes les raisons de ne pas prendre part à la table de discussion vu tout ce qui lui arrive et qu’il impute au président de la République. Donc, vu sous cet angle, il peut considérer que le dialogue manque de sincérité et ne garantit pas une solution durable. Il en est de même pour tous ceux qui exigent des préalables ou qui soupçonnent des compromissions de nature à fausser l’esprit de ce dialogue» a-t-il ajouté. D’après toujours notre interlocuteur, la situation que traverse le Sénégal est assez compliquée aussi bien au plan social qu’au niveau politique. C’est la raison pour laquelle il invite l’État et les acteurs politiques à mettre en avant l’intérêt général et à travailler ensemble pour un Sénégal prospère en termes de développement et de stabilité.
Les conséquences d’un divorce imminent...
Considéré comme l’un des hommes plus expérimentés de la classe politique actuelle vu son background, Khalifa Sall est un leader sur qui il faut beaucoup compter pour la prochaine élection présidentielle. L’ancien maire de Dakar, après avoir été emprisonné par l’actuel régime, a réussi malgré tout à rebondir jusqu’à devenir une des figures emblématiques de l’opposition. Une renaissance devenue réalité depuis la victoire de Barthélémy Dias aux dernières élections locales qui l’ont vu conquérir la mairie de Dakar et à laquelle il a beaucoup contribué. Au sein de Yewwi également, sa présence dans la conférence des leaders a été d’un grand apport notamment grâce à sa base politique dans la capitale et la présence de Taxawu Sénégal dans tous les départements du pays. Toujours est-il que les divergences qui l’opposent en ce moment aux autres composantes de cette coalition dont il est un des fondateurs ne seront pas sans conséquences. C’est du moins l’avis de notre analyste politique d’après qui les choses se jouent à deux niveaux. «Khalifa Sall n’a pas intérêt à se séparer de Yewwi puisque, tant qu’il reste dans cette coalition, il peut être vu comme un vrai opposant au pouvoir en place et gagner davantage l’estime des populations. Et au cas où il redeviendrait éligible, il pourrait agrandir sa famille politique par l’adhésion de tout ceux qui sont contre le pouvoir et qui voient en lui la constance, l’expérience, la politesse qui sont des valeurs dans notre pays» explique notre consultant. Précisant sa pensée, il explique qu’en l’état actuel de la situation politique, tout leader qui est soupçonné d’être de connivence avec le régime peut le payer cher. Toutefois, «le contexte peut évoluer» estime-t-il. En guise de conseils, il invite le chef de Taxawu Sénégal à poursuivre le dialogue tout en évitant de se séparer de Yewwi. Parlant justement de cette coalition qui, par un communiqué, a presque acté son divorce avec Khalifa Sall, il a prédit que la première conséquence peut se traduire par l’éclatement du groupe parlementaire de la coalition. Ce qui va affaiblir sa force à l’Assemblée nationale surtout lors du vote de certaines lois de grande importance et donner moins d’entrain aux débats. Au-delà de la capacité de mobilisation, l’opposition a également besoin d’ « expérience, de charisme, de sagesse et de maîtrise du fonctionnement de l’État». Et toutes ces qualités «Khalifa Sall les incarne» soutient en conclusion notre spécialiste des questions politiques.
QUAND L’ÉDUCATION AIDE À SURMONTER LE HANDICAP ET LES PRÉJUGÉS
Problèmes de vision et environnement scolaire hostile sont quelques-unes des entraves à l’éducation des enfants albinos. Toutefois lorsque ces difficultés sont éliminées, l’enfant pourra réaliser son potentiel et aspirer à un avenir prometteur.
Problèmes de vision et environnement scolaire hostile sont quelques-unes des entraves à l’éducation des enfants albinos. Toutefois lorsque ces difficultés sont éliminées ou mieux gérées, l’enfant pourra réaliser son potentiel et aspirer à un avenir prometteur. En cette journée mondiale de l’albinisme célébrée ce 12 juin, Emedia a passé la journée avec Fatbintou, une élève modèle qui surmonte admirablement les difficultés liées à cette condition.
C’est jour de composition au collège Hyacinthe Thiandoum. Sous la vigilante surveillance de M. Sambou, l’ordre règne dans cette classe de 4ème de cet établissement privé catholique. Avec discipline, les élèves vont mettre leurs sacs près du tableau de sorte qu’il ne subsiste sur les tables-bancs que la feuille de devoir et le stylo. En tant que responsable de classe, c’est à Fatbinetou Diop que revient la tâche de recopier au tableau le contenu du test d’informatique. On découvre à travers sa démarche assurée, ses gestes posés et son visage serein, une assurance qui dépasse son jeune âge.
À 13 ans, cette jeune fille studieuse et sociable fait l’unanimité autour de sa personne. « Elle est toujours dans le club de l’excellence et dans le tableau d’honneur. Elle est responsable de classe depuis la 6ème et maintient l’ordre auprès de ses camarades quand le Professeur est absent », témoigne Mme Faye, Préfet des classes de 4ème et 3ème. Elle finit le test assez vite et révèle, sans se départir de son sourire discret, que “Ce n’était pas difficile”. En réalité, elle était dans son élément.
Très douée en Mathématiques et Informatique, elle projette de faire carrière dans la mécanique ou l’Informatique. Elle est optimiste pour l’avenir et ne se fixe aucune limite. “J’ai mes rêves et je vais continuer à travailler dur pour les atteindre”, confie-t-elle. En elle, on ne décèle aucune trace de vulnérabilité ou de traumatisme juste de l’espoir et de la détermination. Son albinisme ne semble aucunement l’affecter. “Il n’y a aucune différence entre les autres et moi à part la couleur de ma peau. Pour le reste on a les mêmes capacités”.
Le chemin qui mène de la classe à la bibliothèque est bondée de monde. On devine, à travers les salutations et gestes amicaux des autres élèves, qu’elle est populaire. On ne manifeste envers elle ni hostilité, ni prévenance excessive. Elle baigne dans une normalité qui la réconforte. “Dans cette école, on insiste sur l’éducation sociale. Les élèves sont sensibilisés et bien éduqués. Il n’y a pas de place pour la discrimination et l’exclusion sociale”, explique Mme Faye. On arrive à la bibliothèque et en habituée des lieux, elle s’installe confortablement avant de révéler qu’à cause de ses problèmes de vision, elle s’assoit toujours devant. Cependant, elle se garde de s’attarder sur ce point négatif et révèle putôt qu’elle se sent comme un poisson dans l’eau dans cette école.
Des débuts difficiles
Pourtant, sa vie n’a pas été exempte de coups durs. Quand elle était enfant à Thiès, une école a refusé de l’admettre. « Ils ont accepté mon frère mais ont clairement fait savoir à mes parents qu’ils n’avaient jamais eu d’élève albinos et qu’ils ne sauraient pas comment gérer ça. » Pendant des semaines, elle reste seule à la maison avant qu’on ne finisse, après de constants efforts de ses parents et l’aide de quelques bonnes volontés, à lui trouver une école qui l’accepte. Elle est cependant exposée aux regards inquisiteurs et au rejet de certains élèves qui ne veulent pas la fréquenter ou s’asseoir à ses côtés. « Au début ça me faisait mal mais j’ai fini par m’habituer », se souvient-elle.
Finalement, elle quitte la famille à Thiès et vient s’installer à Dakar chez la sœur de son père qui l’inscrit à Hyacinthe Thiandoum. Là aussi, les débuts sont difficiles. Étant timide, elle sort rarement de la classe pendant la récréation et doit faire face au comportement de certains élèves qui la jugent ou la rejettent. « Je me souviens qu’une élève déconseillait aux autres de me fréquenter parce que je dois surement être sale », se souvient-elle avec tristesse avant de préciser qu’il s’agissait d’un acte isolé davantage motivé par l’ignorance que par la méchanceté. Il faut dire qu’elle a fini par se faire beaucoup d’amis auprès des élèves tandis que tous les professeurs sont conquis par sa discipline, son mental et son intelligence. “Elle est une fierté pour l’école”, admet Mme Faye qui souligne que son environnement familial est à la source de cette réussite que l’école a aidé à cristalliser.
Un environnement familial sain
En effet, Fatbintou a grandi dans une famille soudée qui l’encourage. Son père, Mouhamadou Bamba Diop est le Président de l’Association Nationale des Albinos du Sénégal (ANAS). Il est très actif dans la lutte en faveur des personnes albinos et a même aidé à construire à Thiès un centre d’accueil pour enfants albinos. Les deux petits frères des Fatbintou sont aussi atteints d’albinisme tandis que sa mère, sa grande sœur et son grand frère ne le sont pas. Néanmoins, ces différences n’entravent en rien l’harmonie familiale qui a fait d’elle une personne positive. Elle est toujours très heureuse de retourner à Thiès durant les vacances. La tante avec laquelle elle vit à Dakar veille scrupuleusement à ce qu’elle ait une vie équilibrée partagée entre les études et des activités ludiques.
À travers la vie de cette jeune fille on voit qu’un environnement familial et scolaire sain et protecteur peut permettre à un enfant albinos de réaliser son potentiel et de se rendre utile à son pays. Malheureusement, Fatbineou est une exception. Beaucoup d’autres enfants sont privés de scolarité et ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour voler de leurs propres ailes.