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28 juin 2025
LE FRN MET EN GARDE MACKY SALL
Avec les manifestations qui ont éclaté ces derniers jours dans l’ensemble du territoire, les sénégalais épris de paix sont pendus aux lèvres du président de la République pour sortir le Sénégal de cette crise
Manifestement, l’étau se resserre de jour en jour sur le régime de Macky Sall. Après les violentes manifestations qui ont éclaté ces derniers jours suite à l’arrestation du président du PASTEF Ousmane Sonko, la Conférence des leaders du Front de résistance Nationale (FRN) se désole du manque d’humilité de Macky Sall à reconsidérer la situation.
Avec les manifestations qui ont éclaté ces derniers jours dans l’ensemble du territoire, les sénégalais épris de paix sont pendus aux lèvres du président de la République pour sortir le Sénégal de cette crise. Beaucoup de voix se sont élevées pour inviter le chef de l’Etat à mettre fin à cette escalade de violences en libérant le député. Mais visiblement, le FRN est loin d’être convaincu de la volonté du président de reculer : «Son complot minable, digne des pires navets en matière de mise en scène, a été éventé par le peuple sénégalais dans son ensemble. Refusant le fait, et manquant d’humilité pour reconsidérer son projet machiavélique, Macky Sall a opté, tête baissée, pour une fuite en avant.
Faisant dans la provocation et la répression tous azimuts des braves populations sénégalaises », s’insurge Mamadou Diop Decroix qui était le porte-parole du jour de la Conférence des Leaders du FRN. Et le parlementaire d’ajouter : ‘’Projetant de réitérer les coups fourrés faits à Karim Wade et à Khalifa Sall, le président de l’APR, usant comme toujours de subterfuges politiciens, a voulu utiliser illégalement les leviers étatiques pour, encore une fois, liquider un adversaire politique en la personne du président Ousmane Sonko.’’
Vilipendant Macky Sall, M. Decroix signale que l’opinion publique nationale et l’opinion publique internationale ont été les témoins des dérives autoritaires du régime de Macky Sall. Le FRN, par la voix du député Mamadou Diop Decroix, met en garde Macky Sall et son régime de toutes les conséquences qui pourraient encore découler de cette dangereuse situation. «Aux populations qui résistaient dans quasiment toutes les villes du Sénégal, la matraque des nervis des « Marrons du Feu » et les armes sophistiquées de la Police Nationale ont été servies. Face aux résistances héroïques du peuple sénégalais, particulièrement de sa frange jeune, le régime en place a choisi de franchir le Rubicon pour faire appel à l’Armée Nationale en vue de mater les masses laborieuses’’, s’alarme-t-il lors de cette conférence de presse.
Dans le même ordre d’idées, le FRN exige la libération sans condition du leader du PASTEF Ousmane Sonko, de ses partisans, ainsi que de tous les citoyens injustement détenus dans les commissariats et les prisons du Sénégal.
L’ancien ministre de la Communication sous Abdoulaye Wade appelle tous les partis de l’Opposition, les mouvements et associations de la Société Civile, les Activistes et Lanceurs d’Alertes de tout bord à former sans délai un Blog compact. Une plateforme, insiste-t-il, se donnera pour tâches prioritaires : l’élaboration d’un Plan d’Action en vue de mener des manifestations de contestation de masse pour la restauration de la Démocratie au Sénégal, la visite aussi, d’après lui, et la sensibilisation des Chefs religieux ainsi que la sensibilisation de toutes les couches de la population. Il fait savoir en outre que cette plateforme s’organisera en Coordinations locales, communales et départementales.
COMMENT LE JUGE MAMADOU SECK A ÉTÉ DESSAISI DU DOSSIER
Selon des sources de « L’As », le juge Mamadou Seck a passé le témoin au juge Samba Sall, sur ordonnance du président du Tribunal de grande instance (TGI) hors classe de Dakar
C’est connu, le Doyen des Juges en charge du 1er Cabinet a hérité du dossier d’Ousmane Sonko / Adji Sarr. Samba Sall est chargé de poursuivre l’enquête. C’est une décision du président du Tribunal de grande instance (TGI) hors classe de Dakar.
Selon des sources de « L’As » en effet, le juge Mamadou Seck a passé le témoin au juge Samba Sall, sur ordonnance du président du Tribunal de grande instance (TGI) hors classe de Dakar. Cela a été décidé au terme d’une réunion tenue hier.
Ibrahima Sambe a jeté son dévolu sur le Doyen des juges qui, comme son nom l’indique, est le plus expérimenté des juges exerçant dans les dix chambres du tribunal de Dakar. Mais pour en arriver là, une certaine procédure s’impose. C’est le procureur qui désigne le cabinet de son choix en matière d’instruction.
Toutefois, la loi lui fait obligation de recueillir l’avis du président du tribunal qui ne le lie tout de même pas. En revanche, en cas de récusation ou de désistement motivé comme c’est le cas, il incombe au président du tribunal de prendre une ordonnance pour réaffecter le dossier à une autre juge d’instruction.
En garde à vue depuis mercredi, Ousmane Sonko a vu le juge Samba Sall lui délivrer un mandat d’amener. Le leader de Pastef est attendu ce matin à 9h00 au bureau du magistrat instructeur.
LE TRIBUNAL DE DIOURBEL INCENDIÉ
Des individus ont mis le feu à la salle d’audience du tribunal peu après 3 heures du matin,L’incident aura un impact sur le travail de l’institution judicaire avec le report des audiences et de la chambre criminelle prévue ce mois
Le tribunal de grande instance (TGI) de Diourbel a été incendié dans la nuit de jeudi à vendredi par des personnes non encore identifiées, a constaté l’APS.
Ces individus ont mis le feu à la salle d’audience du tribunal peu après 3 heures du matin, a-t-on appris des autorités judiciaires.
Diourbel, à l’image de beaucoup de localités du pays, n’a pas échappé aux manifestions violentes de protestation contre l’arrestation de l’opposant, Ousmane Sonko.
Les autorités judiciares ont indiqué qu’un rapport avait déjà été transmis aux autorités compétentes, alors qu’un huisier sera commis pour faire le constat et évaluer les dégâts en vue de la réfection.
L’incident aura un impact sur le travail de l’institution judicaire avec le report des audiences et de la chambre criminelle prévue ce mois.
Cependant, la Chambre pour enfant continuera de fonctionner afin d’évauer les dossiers, a souligné la même source.
UN SIGNAL FORT POUR LE REGIME
Ce qui devrait être une simple affaire politico-judiciaire s’est traduit à un embrasement généralisé plongeant le pays à feu et à sang.
Les violentes manifestations constatées hier dans le pays doivent être décryptées de façon lucide par les autorités. Les actes de vandalisme et autres pillages ciblés doivent renseigner sur un ras-le-bol généralisé et une désillusion sur l’actuel système de gouvernance.
Ce qui devrait être une simple affaire politico-judiciaire s’est traduit à un embrasement généralisé plongeant le pays à feu et à sang. Au-delà de l’affaire « Sonko-Adji Sarr », l’ampleur et la violence des manifestations partout dans le pays révèlent une certaine colère des populations qui, apparemment, semblent en profiter pour régler d’autres comptes avec leurs dirigeants. Ainsi, l’arrestation de l’opposant Sonko sonne comme un catalyseur. On peut se demander si le gouvernement n’est pas en train de récolter les fruits de ses mauvaises politiques. Tout au moins son échec en ce qui concerne sa politique d’emploi, d’éducation, de sécurité intérieure, entre autres.
En effet, les pillages ciblés et autres saccages renseignent sur le niveau de désolation des populations mais également sur la mentalité des jeunes qui étaient en première ligne lors des affrontements avec les forces de l’ordre. Tout cela peut également laisser entrevoir une impopularité du Président Macky Sall à qui d’ailleurs il est prêté à tort ou à raison une volonté de briguer un troisième mandat présidentiel. Quoi qu’il en soit, les manifestations notées ces derniers jours constituent un signal fort à décrypter par le chef de l’Etat et qui doit l’obliger à revoir ses différents plans ainsi que sa façon de gouverner à trois ans de la fin de son règne. Pour l’heure, face à cette crise cuisante, le gouvernement ne compte pas céder. Tout porte à croire qu’il va continuer le bras de fer avec les manifestants. Le ministre de l’Intérieur a indiqué hier que toutes les dispositions seront prises pour que force reste à la loi. Pendant ce temps, il est difficile et pratiquement impossible de faire régner l’ordre dans le pays. Les jeunes ont de ce fait tenu tête aux forces de l’ordre débordées dans beaucoup de localités.
ENQUETE CONTRE LES AUTEURS DE VIOLENCES
Dans un communiqué parvenu à «L’AS », hier, le gouvernement a dénoncé une violation flagrante de l’état de catastrophe sanitaire proclamé le 20 février 2021.Non sans regretter les actes de vandalisme et de violence, ayant malheureusement conduit à une mort d’homme en la personne de Cheikh Ibrahima COLY. Le gouvernement a ainsi présenté ses condoléances et exprimé sa compassion à la famille de la victime.
Selon les autorités, une enquête a été diligentée pour déterminer les circonstances du décès. Le gouvernement dit par ailleurs condamner fermement les actes de violence, les pillages et destructions de biens publics et privés et exprime sa solidarité aux personnes physiques et morales impactées par ces actes, «dont les instigateurs, auteurs et complices seront recherchés et poursuivis conformément à la loi ». En outre, le gouvernement met en garde contre la couverture tendancieuse des événements par certains médias, de nature à attiser la haine et la violence. Avant de préciser qu’il continuera à prendre toutes les dispositions nécessaires au maintien de l’ordre public conformément aux lois et règlements en vigueur.
En définitive, il faut relever que depuis son arrivée au pouvoir, le président de la République a eu à gérer à plusieurs reprises des situations similaires après les arrestations de Karim Wade et de Khalifa Sall. Le régime avait réussi à l’époque à faire taire toutes les résistances et à restaurer l’ordre. Juste qu’avec Ousmane Sonko, la résistance semble plus tenace et plus générale. Loin de faire semblant de minimiser ce qui se passe, le gouvernement gagnerait à analyser la situation avec lucidité et jouer la carte de l’apaisement. Ces manifestations laissent entrevoir également que le message antifrançais de certains activistes ont eu leur effet. Il a été d’ailleurs mal décrypté par les jeunes manifestants qui semblent éprouver aujourd’hui de la haine pour l’ancienne puissance coloniale. Et tout ça devrait être analysé par les différentes forces vives de la nation.
par Morgane Oko
ERIC MENDI, L'AUTRE GAGNANT DU PRIX GONCOURT
EXCLUSIF SENEPLUS - Il aura marqué à sa manière l'édition 2020 du prix Goncourt. Simplement avec un petit texte sans prétention : « Mon Anomalie-challenge »
C'est parti comme qui dirait mine de rien, un peu comme un feu de brousse. Une étincelle d'abord, un petit vent ensuite, et hop !... la flamme.
D'après ce que nous savons de la petite histoire, au vu des éléments recoupés ici et là, Eric Mendi a parcouru en décembre 2020 « L'Anomalie », le livre prix Goncourt d'Hervé Le Tellier. Fasciné par la magie du dédoublement, élément central du roman de Le Tellier, Eric Mendi, saisi d'inspiration, va écrire aussitôt quelques lignes sur ce phénomène paranormal, en s'appuyant notamment sur le mythe du chasseur dédoublé, une histoire vraie, semble-t-il, selon certains peuples de la forêt équatoriale africaine.
Le résultat de cet exercice sera un texte de quelques petits paragraphes que Mendi intitulera « Mon Anomalie-challenge ». Il le fera précédé d'une petite introduction autour de la tendance à l'américanisation du roman français de notre époque.
Le texte est publié le 3 février 2021 sur Africultures. De qualité excellente, selon les lecteurs, et un brin original dans le style, avec une pertinence sans faille, notamment sur le petit exposé portant sur l'influence des auteurs américains sur la littérature française et le roman français en l'occurrence. L'article fera l'objet d'une attention particulière. Des reprises et des interprétations diverses paraissent aussitôt sur la toile, inondant la page « Actualités » du prix Goncourt sur Google pendant des semaines. Il ne serait pas exagéré de dire qu'Eric Mendi aura marqué à sa manière l'édition 2020 du prix Goncourt. Simplement avec un petit texte sans prétention : « Mon Anomalie-challenge ».
Pour rappel, Eric Mendi est deux fois lauréat du Grand prix des Belles-Lettres du GPAL. En 2016, lorsqu’il est couronné pour la seconde fois, il avait parmi ses concurrents en phase finale un certain Tahar Ben Jelloun de l’Académie Goncourt.
Parlant d'Eric Mendi, les universitaires norvégiens Trulls Olav Winther et Helge Ronning ont écrit dans la Store Norkse Leksikon (Grande Encyclopédie Norvégienne) : « Mendi n'écrit pas de manière aussi agressive que, par exemple, René Philombe ou Yodi Karone. Il ridiculise plus qu'il ne proteste, et on dit que cela fait de lui un représentant typique de la littérature de notre époque ».
NE PAS RÉSISTER, C'EST LAISSER LE PIRE S'ÉPANOUIR
Le CRD demande au président Macky Sall de constater le grave échec de sa gouvernance politique, sociale et économique et d’engager sans délais la transition avec les forces vives - DÉCLARATION DE PRESSE
SenePlu publie ci-dessous, la déclaration de presse, en version française et wolof, du CRD ce 5 mars, à propos de la situation sociopolitique nationale née de l'affaire Sonko.
"Le CRD regrette profondément les premières pertes en vies humaines, conséquences d’une situation construite par une entreprise programmée de recul démocratique au Sénégal, et présente ses condoléances les plus attristées aux familles des disparus.Après avoir fait l’étonnant et le décevant serment politicien de réduire l’opposition à sa plus simple expression, le président de la République a réduitla démocratie, les libertés publiques, citoyennes et l’état de droit à leur plus nulle expression.
Non content de surveiller, de contenir et de punir, il s’acharne dans son entreprise machiavélique de neutralisation tous azimuts, outrepassant les limites constitutionnelles de son pouvoir, dépossédant les citoyens de leurs droits fondamentaux et trahissant une fois de plus la volonté et la souveraineté populaires.
Les Sénégalais découvrent au quotidien les ruses par lesquelles il excelle terriblement dans la neutralisation de l’élection dont il cherche à accaparer le calendrier pour en faire sa propriété privée exclusive, étalant ainsison mépris des règles élémentaires de la démocratie représentative, participative et délibérative.
Si une résistance légitime et farouche ne lui est pas opposée à temps, il inscrira inéluctablement le Sénégal dans une bien sombre destination, au regard du cycle infernal de dé-démocratisation qu’il a entrepris et qui fait des misères aux forces vives de la nation avec la politisation du droit.
Sous son règne aux allures dictatoriales, ne pas résister c’est laisser le pire s’épanouir et anéantir nos desseins républicains, après avoir neutralisé par des moyens déloyaux et indignes les hommes et les femmes porteurs de ces idéaux qui font la noblesse de l’engagement politique et la fierté de leurs concitoyens.
Neutraliser son projet dictatorial et totalitariste est le premier acte de résistance à lui opposer farouchement pour retrouver l’espoir et réhabiliter la dignité de la fonction présidentielle réduite aujourd’hui à sa plus vile expression.
Le CRD salue toutes les initiativesvisant à unir les forces patriotiques de l’opposition, de la société civile et de la nationautour de l’essentiel pour freiner cette progression machiavélique de neutralisation politique, électorale et démocratique.
Le CRD exige le retour de l’état de droit, à une justice indépendante et digne. Il réclame la fin de la persécution des opposants, des rafles préventives, du recours à des milices comme supplétifs aux forces de l’ordre,la libération immédiate de tous les citoyens détenus sous de fallacieux prétextes et le retour au respect des libertés publiques, encparticulier celles de la presse.
Le CRD invitela vaillante jeunesse sénégalaise qui a su se mobiliser pour stopper la progression de la dictature à la préservation des biens.Il l’appelle à une large participation aux manifestations organisées le 5 mars 2021 à travers le pays.
Le CRD alerte la communauté internationale sur les graves dérives du régime de Macky Sall qui pourraient remettre en cause la stabilité du Sénégal et de la sous-région.
Le CRD demande au président Macky Sall de constater le grave échec de sa gouvernance politique, sociale et économique et d’engager sans délais la transition avec les forces vives.
Yeenéb CRD maanaam (Déggo ngir dekkil bokk ci Senegal)
Lu epp tuuru,deret tuuru na,ay bakkan rot nanu,jaxasoo,capaxoo ak musiba ak balaa law ci reew mi.
Ki toog ci jal bi gëna kawe ci réew mi, waxoon na neey, dina fexe ba kenn ci ńiy jàkkoonteg moom dootu fi tekki dara, leegi genaa wone ni xotti na sartu réew mi, yoonal yëngu ngir bokk, jaambure am sań sań.
Xeeb na leegi di wëddu, di tere, di dóore, faf na mbëkk fu ne, jéggi li nu ko mayoon, xotti malaanu ndeyu réew mi yi sax, kon wàcc na yoonu njarińu askan wi, salfaane sunu bëgg bëgg ak màqaama
Bès bu Yalla sàkk waa Senegal gëna yeewu ci pexe yi nga xam, moom la lal ngir bańa yeesal ndomo yiamal tànnum ci anam ak app yi ńu tënk. Lepp mu def ko ci cobareem, faale wul kenn, boolewul kenn, xanaa ńenn ci ńonàm.
Su nu gaawul ak taral sunu fippu, fippu, bu jaadu, di na daanel réew mi ci kamb gu rëy, gu xóot. Ndax kat li mu wane mooy jikkoy golo boole ci ju bukki. Tebb dugg fii tay, ellëg fale, fitna, judul geex, nasaxal dooley réew mi, tëj wunt yi nu wara jar, ngir suuxët jàmm ak yokkute.
Ci nguurug waa ji, nguuru door ak daane, bańa fippu mooy seeya nawloo, ngor, fayda, dogu, maandu
Nun noo wara suulseeyal jaasi yeek paaka, yeek fitt yi mu yore loolu moodi xàll yoonu jàmm, yaakar, dellosi maqaama ak toogaay, jefinu njiit dëgg, ndax kat loolu dafa fi tumurànke
Nun ńi fas Deggo ngir bokk (CRD) ňoo ngiy tàllal sunuy yoxo : moo xam làngi politik yi ak kepp kuy yengatu ci mbiri jamono, kepp ku bëgg réew mi, mu jaral nga bëre, nga xeex, ngir soppi li fi ne. Ñoo ngi woo doomi réewmi nu juboo ci li am solo, maana, ak njariń, nanu lànk baňa nangu nu fiy neenal yengu ngir ngir randal lu baaxul, teg lu bees lu baax
CRD (Deggoo) di na def keemtalay kattanam ngir nu defaraat jal bi, yoonu dëgg ak sutura dellusiwaat. War nan delloosi buum bi mbooy mbooy ba. Nanu gennee ci kaso yi, ni nga xamne defu ňu dara, ludul ňoo baň, ňo lànk, du nu ko nangu.
Këf ay jaambur na fi dakk Réew mi ňëppa ko bokk. Ku ne am nga saň saň, warugar, wareef, àq ak yelleef
Noo ngi yëgël di ňaan, di artu gan yi ne ci réew mi ak ňi di jeflante ak ňun, ci fànn yu bare, nu wax Persidaa Maky Sall dëgg, mu bàyyi lu bon li mu def, te nar yokk fitna ci réew mi ak réew yi nu wër.
Jotna léegi réewmi mi jublu ci yoon wu bes : nu taxaw delloosi mbaax yi amoon, nu tekki ci Afirik ak adduna.
Nu génne fi mbas mi, delloosi sunu alal, sunnuy meňňeef.
Ci mujjantal li nuy laaj,di ko naan moodi njiitu reew mi nangu ni dafa jadd yoon,jeggi yoon, mu tekki ndomboom,nu jublu civyoon wu bees,wu doomi reew mi mena jaar,nangu jaar"
LE TRIBUNAL DE PIKINE ET AUCHAN VANDALISES PAR LES JEUNES
Les manifestations nées de l’arrestation du leader du Pastef, Ousmane Sonko, se sont intensément poursuivies dans la journée d’hier.
Les manifestations nées de l’arrestation du leader du Pastef, Ousmane Sonko, se sont intensément poursuivies dans la journée d’hier. Dans la banlieue, des jeunes en furie se sont attaqués au Palais de Justice de Pikine et de Guédiawaye avant de vandaliser le magasin Auchan de Pikine.
A Pikine, la journée d’hier a été très mouvementée pour les populations qui ont assisté à des jets de pierres, des pneus brûlés, et au vandalisme de magasin Auchan. C’est très tôt le matin que des jeunes, sortis manifester contre l’arrestation du leader du Pastef, se sont attaqués au tribunal de Pikine. Le ton a été donné par un groupe d’élèves qui ont délogé leurs camarades des établissements de la banlieue. Formant de petits blocs, les lycéens scandaient : «Libérez Sonko». Ce qui a incité d’autres jeunes à se joindre à eux.
Munis de pierres pour la plupart, ils se sont attaqués au Palais de Justice de Pikine-Guédiawaye en cassant des vitres. Ce qui a paralysé tout le système judiciaire. Il s’est ensuivi des jets de grenades lacrymogènes de la part de forces de l’ordre qui sont intervenues pour contenir la furie des assaillants.
Informée des faits, l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums) est montée au créneau pour dénoncer avec la dernière énergie cette attaque. «L’Ums condamne ces attaques avec la plus grande fermeté», tonnent, dans un communiqué, le président Souleymane Téliko et ses. Ils invitent par ailleurs leurs collègues avec insistance à faire preuve, conformément à leur serment, de neutralité et d’impartialité, à ne céder à aucune pression, d’où qu’elle vienne. Ils n’ont pas manqué d’appeler «au sens des responsabilités de tous, pour le bien de la Justice, qui est le dernier rempart de la société». Toujours déchainés, les jeunes ont brûlé des pneus sur la route qui longe le tribunal, et l’avenue Icotaf, paralysant ainsi la circulation.
Le magasin Auchan de Pikine n’a pas échappé à la furie des manifestants. Même les jets de grenades lacrymogènes n’ont pas découragé les jeunes qui ont défoncé la porte du magasin avant de le piller. Face à cette attaque de plus, le chargé de communication de Auchan est monté au créneau pour alerter sur les dégâts collatéraux que peuvent engendrés ces actes. Pape Samba Diouf a condamné avec la dernière énergie les actes de vandalisme perpétrés dans les magasins d’Auchan avant de souligner que certains employés de la chaine ont été blessés.
A l’en croire, «sept magasins ont été saccagés, pillés et vandalisés. Nos employés ont été agressés physiquement. L’un de nos gardiens a même subi une mutilation partielle des deux doigts». Par ailleurs, il avertit sur les conséquences qui, dit-il, retomberont directement sur les Sénégalais. «Ce sont les Sénégalais qui ont été violentés. Les employés de Auchan sont aussi des Sénégalais, des pères et mères de famille», affirme-t-il avant de préciser que Auchan est aussi un patrimoine du Sénégal. «D’autant qu’il a 1730 collaborateurs et 600 fournisseurs qui sont tous des Sénégalais», souligne Pape Samba Diouf qui avertit que des dispositions seront prises pour renforcer le maximum possible la sécurité de tous les magasins pour que ce genre de situation ne se reproduise plus à l’avenir.
Par ailleurs, il annonce que justice sera saisie dans le cadre de cette affaire. «Nous avons des éléments de preuve que nous mettrons à la disposition de la justice pour punir ces gens qui ont commis ces actes ignobles», informe-t-il.
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
LA FARCE
Quand le procureur parle, je l’imagine au garde-à-vous devant Macky. Quand les forces de l’ordre sortent, je ne ressens plus cette dignité qui pare l’uniforme. Ne sachant pas construire notre pays, ils veulent en faire un cimetière
La farce a trop duré. Elle est d’un goût amer. Ce qui se passe dans notre pays, s’il aboutit, actera notre chute dans une dictature assumée.
La méthode est sale, très sale, mais porte la même empreinte. La même intention. Celle d’un pouvoir qui brime. Intimide. Amuse la galerie. Pour n’être interpellé sur ses lacunes.
En premier lieu, il y a nos institutions. Plus que jamais dévoyées. Rabaissées à de simples machins de répression, chargées du sale boulot. Elles ne jouissent plus d’aucune confiance. C’est ce qu’il y a de plus désastreux. Quand le procureur parle, je l’imagine au garde-à-vous devant Macky Sall. Quand les forces de l’ordre sortent, je ne ressens plus cette dignité qui pare l’uniforme. Je vois seulement des ombres ravageuses, à l’assaut de la ville.
Sur leur garde, fébriles, elles esquivent les regards de colère. Essuient des mots et des crachats. Lancent des grenades. Vont de maison d’opposant à maison d’activiste. Pour défoncer des portes… Voilà à quoi sont réduites aujourd’hui nos forces de l’ordre. En rentrant à la maison, elles ne peuvent pas raconter leur journée de travail.
La terreur s’en fout de la manière. Ce qu’elle veut, c’est que tout le monde la voie. Qu’on ne pense qu’à elle. Qu’avant de parler, d’écrire, de se positionner, qu’on songe surtout au sort de l’autre. L’autre tout près, cueilli l’avant-veille. Hier. Ce matin. L’autre qui se nomme Fatima. Guy. Maïmouna. Abbas. Awa. Lath. Marième. Jean. Marie. Adama. Maïmouna. Birame. Aïda. Assane. Ramatoulaye. Clédor. L’autre qui est chacune des 47 femmes arrêtées. Chacun des nombreux autres inconnus. L’autre qui est Ndèye Khady. Et maintenant Ousmane.
Avant Ousmane, j’ai besoin de m’arrêter sur cette dame. Ndèye Khady Ndiaye, propriétaire du salon de massage, la trouble-fête. Son sort aurait été tout autre, si elle avait apporté son faux témoignage pour conforter ce qui est devenu un mensonge d’État. On ne l’aurait pas séparée de son bébé malade (âgé d’un mois) pour la « cuisiner » en garde à vue. Son effronterie lui coûte cher : elle reçoit sur son dos, chaque jour, un nouveau chef d’accusation. Elle a même fini par être poursuivie pour complicité de « viols ».
Ndèye Khady aurait menti, Ousmane serait presque foutu. Elle ne l’a pas fait, car tout le monde n’est pas indigne.
Indigne, Ousmane Sonko non plus ne l’a pas été, face à cette souillure qui en dit long sur leurs auteurs. Pour ruiner son capital-sympathie, largement fondé sur son discours d’intégrité, rien n’était plus adéquat qu’une affaire de mœurs. Étaler sa vie privée par tous les moyens. Le rendre suspect. Pas plus. Même s’il faut réduire aussi en décombres la vie d’une jeune de vingt ans.
Ce que, dans une neutralité hypocrite et sournoise, on veut ramener à une affaire privée ne l’est pas. Il n’est pas ici question de croire Adji Sarr ou Ousmane Sonko. Le dilemme est plus grave, plus imparable : aucun citoyen n’a le droit de se dérober. Nous risquons de commettre une injustice envers une victime de viols ou une injustice envers un opposant persécuté, parce que président potentiel (et qui, s’il était un jour élu, restera confronté à cette calomnie).
Devant Dieu et devant les hommes, je n’ai aucun moyen de croire Adji Sarr. Le contenu de sa plainte ; les témoignages, jusqu’ici crédibles, de ses proches affirmant l’avoir entendue parler de son coup ; les avocate, médecin et neveu du député de la majorité cités pour l’avoir escortée à l’hôpital ; les millions mentionnés pour convaincre Ndèye Khady ; les arrestations tous azimuts ; le traitement expéditif de ce dossier, qu’on essaie de remplir par d’autres accusations colportées en cours de route ; la nervosité de l’Exécutif, son déferlement dans les médias ; les réponses sans relief de sa plume à l’encre contaminée ; ses nervis placés sur la Corniche ; les menaces de son chef, fier de cacher des « dossiers sous le coude » ; et surtout, la liquidation toute récente de Khalifa Sall et Karim Wade, dans des simulacres de procès, sont autant de facteurs rendant insoutenable cette farce.
Les mains entre lesquelles se trouve notre État veulent étouffer notre peuple. À défaut de s’imposer à notre estime par la beauté du caractère, nos gouvernants croient se faire respecter par l’abus. Pour chaque goutte de sang qu’ils sont prêts à verser, ils rendront compte. Ne sachant construire notre pays, ils veulent en faire un cimetière. Des vies et des libertés.
Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye est ancien Enfant de Troupe du Prytanée Militaire de Kadiogo (Burkina Faso). Diplômé en droit de Sciences Po Paris et de Panthéon-Assas, il est l’auteur du blog Assumer l’Afrique.
«AFRICTIVISTES» INVITE LE POUVOIR JUDICIAIRE À SE RESSAISIR
Les membres « AfricTivistes » exhortent le pouvoir judiciaire à se ressaisir et de gérer dans la responsabilité
La tension sociale causée par l’affaire opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko à la masseuse Adji Sarr, continue de susciter des indignations des acteurs politiques, la société civile et les activistes. C’est le cas des membres des « AfricTivistes ». Ils invitent ainsi le pouvoir judiciaire de se ressaisir et de gérer dans la responsabilité.
Les membres « AfricTivistes » exhortent le pouvoir judiciaire à se ressaisir et de gérer dans la responsabilité. «Nous dénonçons égalementtoutes les arrestations préventives pour une soi-disante prévention à des troubles publics. Ces arrestations préventives, des fois sous la coupe de délit d’intention, sont illégales et illégitimes et symbolisent aujourd’hui le recul démocratique constaté au Sénégal », ajoutent-ils dans un communiqué parvenu hier à «L’As». Ils déplorent par ailleurs la machination politique avec un principal objectif, liquider leur leader politique et chef de l’opposition ainsi que les série d’arrestations dans de nombreuses localités, souvent, avec comme prétexte l’interdiction de rassemblements à cause de la pandémie à coronavirus. « Une centaine d’arrestations a été notée dans le pays. Si la plupart a été libérée, il n’en demeure pas moins de 20 personnes placées à ce jour sous mandat de dépôt pour des délits divers: atteinte à la sûreté de l’Etat, menaces de morts contre des personnalités du régime, appel à l’insurrection », indiquent-ils. Les membres «AfricTivistes» regrettent dans la même veine des dégâts matériels notés pendant ces deux jours, surtout la mort d’au moins un jeune d’une vingtaine d’années est à déplorer à Bignona, région de Ziguinchor (Sud du Sénégal).
AfricTivistes invite en outre les autorités à respecter le droit d’association, d’informer et d’accès à l’information des citoyens. D’autant que rappelle-t-il, « la constitution sénégalaise en son article 8 garantit à tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales dont les libertés d’opinion, d’expression, de la presse, d’association, de réunion, de déplacement, de manifestation, entre autres. Ils appellent ainsi les organisations soucieuses des libertés de presse à se mobiliser pour que le droit à une information plurielle inscrit dans la constitution soit sauvegardé et respecté. «La déclaration universelle des droits de l’homme notamment en son article 19 dispose que “tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. Nul ne peut être privé de sa liberté sauf pour des motifs et dans des conditions préalablement déterminées par la loi; en particulier nul ne peut être arrêté ou détenu arbitrairement », ajoutent les membres « AfricTivistes » qui fustigent aussi les menaces du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) contre certains médias privés pour une supposée incitation à la violence.
Ils réitèrent également leur appel au calme et à l’apaisement et restent solidaire du peuple sénégalais face à ces inquiétantes menaces sur les droits et acquis démocratiques
par Florian Bobin
GARE AUX MARTYRS
En ce début de mars 2021, il y a comme un air de déjà-vu au Sénégal. On se croirait 50 ans en arrière, à un temps où le régime de Senghor faisait appel à l’armée et aux milices du parti unique pour mater les manifestations
Arrestations de dissidents, rafles de militants opposés au régime, instrumentalisation de la justice, répression féroce des manifestations de rue, intimidation des fonctionnaires, torture des prisonniers politiques ; le tout orchestré par une élite politico-financière prédatrice qui ne cesse d’accentuer la précarisation d’un peuple qu’elle prétend représenter. Depuis février, plus un jour ne passe sans que l’on n’apprenne, de Dakar à Ziguinchor en passant par Kaolack et Kédougou, des descentes policières visant militants du parti Pastef (Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité), membres du mouvement FRAPP (Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine) et divers citoyens engagés contre l’autoritarisme du régime de Macky Sall.
Ousmane Sonko, principale figure de l’opposition sénégalaise et président du Pastef, accusé par Adji Sarr, employée d’un salon de beauté, de « viol et menaces de mort », avait vu son immunité parlementaire levée le 26 février après le vote d’une commission ad-hoc composée quasi-exclusivement de membres de la majorité gouvernementale. Ce 3 mars, alors qu’il se rendait au tribunal pour répondre à la convocation du juge d’instruction, Sonko fut arrêté et placé en garde à vue à la gendarmerie de Colobane pour « troubles à l’ordre public ». La goute de trop qui embrasa la capitale. En dépit du couvre-feu imposé depuis deux mois, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se poursuivirent tard dans la nuit. En outre, les images du préfet de police de Dakar, Alioune Badara Samb, appelant à charger « tout le monde », la presse incluse, interpellent sur les méthodes répressives de l’État sénégalais.
En ce début du mois de mars 2021, il y a comme un air de déjà-vu au Sénégal. On se croirait cinquante ans en arrière. A un temps où, afin de « réduire l’opposition à sa plus simple expression », pour reprendre les termes du président Macky Sall, il s’agissait d’absorber au sein de la coalition gouvernementale les plus modérés ou de comploter à l’encontre des plus récalcitrants. Un temps où, pour mater les manifestants, de la Medina au campus de l’université de Dakar, le président Léopold Sédar Senghor faisait appel à l’armée et aux milices du parti unique, l’UPS (Union progressiste sénégalaise) ; des « gros bras » en civil renforçant les rangs de la police et la gendarmerie.
La relecture des mots de l’historien et ancien leader étudiant Abdoulaye Bathily à propos de la mobilisation de mai 1968 apparait plus que jamais d’actualité : « Les bombes lacrymogènes et coups de crosse de matraque eurent raison des travailleurs les plus téméraires. En réponse aux brutalités policières, les travailleurs auxquels se mêlèrent les élèves et le lumpenprolétariat s’attaquèrent aux véhicules et magasins dont plusieurs furent incendiés. […] Les affrontements avec la police furent particulièrement vifs dans les quartiers populaires » (1). En plus des centaines de blessés, des étudiants sénégalais et étrangers exclus ou renvoyés du pays, la répression de mai-juin 1968 engendra la mort de plusieurs jeunes dont Hanna Salomon Khoury à l’université de Dakar et Moumar Sy au lycée de Pikine, aux côtés d’autres restés dans l’anonymat. Enrôlé de force dans l’armée en marge des manifestations estudiantines de 1971, l’étudiant Al Ousseynou Cissé fut pour sa part tué à la frontière bissau-guinéenne par les troupes coloniales portugaises.
Deux ans plus tard, ce fut au tour d’Omar Blondin Diop, philosophe révolutionnaire hétérodoxe, jugé pour « atteinte à la sureté de l’État » et condamné à trois années de réclusion en mars 1972, d’être assassiné à la prison de Gorée en mai 1973. Les détenus y avaient droit à une heure de sorties individuelles de cellule par jour et étaient régulièrement soumis à l’arbitraire de l’isolement carcéral. La mort de Blondin Diop intervint ainsi à l’issue d’un mois passé au « cachot disciplinaire » et fut, dès son annonce, présenté comme un « suicide par pendaison ». Pourtant, le juge d’instruction chargé de l’affaire, Moustapha Touré, avait découvert dans le registre de la prison que Blondin Diop s’était évanoui la semaine précédant l’annonce de sa mort « par suicide ». Allant à l’encontre des ordres officiels, il inculpa alors deux suspects, mais, avant qu’il n’eût le temps de procéder à l’arrestation d’un troisième, les autorités le remplacèrent par le juge Elias Dosseh, qui mit fin aux poursuites judiciaires en rendant une « ordonnance d’incompétence ».
Dans le même temps, le gouvernement sénégalais enclencha une importante campagne médiatique visant à faire passer ce crime d’État pour un « malheureux incident ». Par voie de presse d’abord, puis par la publication du Livre Blanc sur le suicide d’Oumar Blondin Diop. Ce document prétend rétablir les faits, mais est en réalité truffé d’approximations et de contre-vérités historiques. Seule une minorité crut véritablement à la thèse officielle. Face aux manifestations déclenchées par l’annonce de la mort de Blondin Diop, qui rappelèrent le climat insurrectionnel de mai 1968, le tout-puissant ministre de l’intérieur de l’époque Jean Collin convoqua le père du défunt dans son bureau, lui confiant : « Je ne peux pas vous rendre le corps de votre fils. Sinon, il y aura du sang. Donc mes hommes vont l’enterrer ». L’inhumation du corps fut expéditive, et en la seule présence de son père et frère cadet. Pendant un an, un car du GMI (Groupement d’intervention mobile), la police anti-émeute, se parqua devant la tombe du philosophe-militant afin d’empêcher tout rassemblement à sa mémoire – une tradition maintenue tous les 11 mai jusque dans les années 1990.
Les récentes déclarations de la directrice de la maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel, Khadidiatou Ndiouck Faye, sont ainsi extrêmement préoccupantes. S’exprimant sur les conditions de détention du militant Guy Marius Sagna, elle affirme qu’« il [les] a traités de voleurs et de bande de vauriens ». « J’ai alors demandé à mes hommes de l’amener aux mitards [des cellules punitives], poursuit-elle. Là-bas, la règle est que le détenu se suicide ». Sauf preuves irréfutables du contraire, tout prisonnier politique mort en détention doit être considéré comme victime d’un assassinat.
Plusieurs jeunes sénégalais sont déjà tombés sous les balles. Gare aux martyrs. Un régime qui souffle sur les braises attise le feu.
(1) Abdoulaye Bathily, 2018, Mai 1968 à Dakar ou la révolte universitaire et la démocratie, L’Harmattan Sénégal, pp. 109, 115-116.