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18 juillet 2025
par Cheikh Tidiane Dièye
POUR QUE L'ÉCO SOIT RÉELLEMENT NOTRE MONNAIE
Je demande aux dirigeants de la CEDEAO de s’opposer à l’utilisation du nom et des signes de l’éco, qui constituent un symbole la libération des peuples ouest-africains et non un instrument de la servitude de certains États
Ils peuvent bien se donner bonne conscience en affirmant que le Franc CFA, sous sa forme coloniale et post-coloniale, est en train de mourir. Mais qu’ils n’essayent pas de nous faire croire que ce qui va naître sera l’ECO.
L’ECO n’est pas la monnaie de l’UEMOA et ne le sera pas. C’est un projet souverain de la CEDEAO pris au piège des manœuvres d’une France qui, face à des dirigeants africains sans épaisseur, a réussi à faire d’une pierre deux coups: torpiller un projet de la CEDEAO sur lequel elle n’a aucune prise et usurper un symbole monétaire qu’il fait naître ligoté et enchaîné à l’euro pour une durée indéterminée.
Au moment où la crise sans précédent du COVID 19 amène certains grands dirigeants du monde à se donner les moyens de consolider leurs acquis et à d’autres de rompre les équilibres défavorables et les chaînes de la dépendance, il se pourrait bien que rien ne change en Afrique. La faute à des dirigeants incapables de prendre conscience des enjeux de l’heure et de comprendre que les disruptions ne sont plus seulement nécessaires. Elles sont devenues incontournables.
Je demande, une fois encore, aux dirigeants de la CEDEAO de s’opposer à l’utilisation du nom et des signes de l’ECO, qui constituent un symbole de la libération des peuples ouest africains et non un instrument de la servitude de certains États.
J’invite en particulier le Nigeria, le Ghana et les autres pays de la ZMAO à rejeter la réforme de la France. Je milite et œuvre depuis plus de 15 ans pour l’avènement d’une monnaie souveraine et flexible dans la CEDEAO, en appui aux politiques sectorielles commerciale, agricole et industrielle. Je poursuivrai ce combat avec tous les intellectuels, militants, acteurs politiques et de la societe civile ouest africaine pour faire barrage aux desseins de la France et ses représentants.
Je recommande aux États de l’UEMOA de continuer à utiliser le Franc CFA arrimé à l’euro aussi longtemps qu’ils le voudront, tout en œuvrant, comme ce fut le cas ces dernières années, pour des convergences nécessaires à la création de l’ECO.
Ainsi, plus tard, lorsque les conditions seront réunies au niveau de la CEDEAO, et cela arrivera tôt ou tard, l’ECO naîtra en tant que monnaie libre, flexible et souveraine. Elle sera alors notre monnaie.
TIVAOUANE DEMANDE AUX FIDÈLES DE PRIER CHEZ EUX
Le message du Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, a été transmis par Serigne Babacar Sy Abdoul Aziz, hier, allant dans le sens du maintien de la suspension des prières en assemblée.
Pas de prière collective à Tivaouane pour la Korite. Le message du Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, a été transmis par Serigne Babacar Sy Abdoul Aziz, hier, allant dans le sens du maintien de la suspension des prières en assemblée.
La cité religieuse n’a pas levé cette suspension malgré l’assouplissement des mesures de restriction de l’état d’urgence prononcé par le chef de l’État, dans son discours à la Nation, le 11 mai dernier.
Pour annoncer la couleur, Tivaouane n’a pas célébré, hier, en assemblée, la nuit du destin communément appelée Leylatoul Qadr.
149 SÉNÉGALAIS ‘’BLOQUÉS’’ EN FRANCE REGAGNENT LEUR PAYS, CE JEUDI
Le ministère des Affaires étrangères annonce dans un communiqué le retour, jeudi, à Dakar, de 149 Sénégalais qui étaient ‘’bloqués’’ en France. Ils regagneront Dakar par un vol de la compagnie Air Sénégal.
Dakar, 21 mai (APS) - Le ministère des Affaires étrangères annonce dans un communiqué le retour, jeudi, à Dakar, de 149 Sénégalais qui étaient ‘’bloqués’’ en France.
Ils regagneront Dakar par un vol de la compagnie Air Sénégal.
Selon le communiqué, le Sénégal a bénéficié du ‘’soutien’’ de la France pour pouvoir rapatrier ses citoyens.
Le ministère des Affaires étrangères promet de poursuivre ses démarches visant à rapatrier tous les Sénégalais ‘’bloqués’’ à l’étranger en raison notamment des mesures barrières prises par de nombreux pays pour éradiquer la pandémie de Covid-19.
LE BOTSWANA TENTE DE RELANCER SON ECONOMIE APRES 48 JOURS DE CONFINEMENT
Ce pays d'Afrique australe, riche en diamants et destination touristique appréciée, a progressivement assoupli les restrictions liées au coronavirus a cours des deux dernières semaines.
Jeudi le Botswana a mis fin à 48 jours de confinement, ce qui devrait permettre une reprise de l’activité économique et une réouverture des écoles.
Ce pays d'Afrique australe, riche en diamants et destination touristique appréciée, a progressivement assoupli les restrictions liées au coronavirus a cours des deux dernières semaines.
"A partir de minuit, toutes les restrictions seront levées", a déclaré le Dr Kereng Masupu, coordinateur national du groupe de travail sur la maladie COVID-19, lors d'un briefing télévisé.
"En fonction de l'évolution de la maladie, le retour au confinement demeure une option", a-t-il précisé.
Aussi bien pour les entreprises que pour les écoles, la réouverture annoncée se fera dans le suivi strict des règles d’hygiène et de distanciation. Au menu : contrôle obligatoire de la température corporelle, la désinfection régulière des surfaces et le port d’un masque facial.
Les citoyens botswanais et résidents qui rentrent de voyage seront soumis à une quarantaine obligatoire. Aucun touriste ou autre visiteur étranger n’est autorisé à entrer dans le pays.
Le Botswana a un nombre relativement faible d'infections par la maladie COVID-19, avec 29 cas enregistrés à ce jour et un seul décès.
Mais l'économie a été sévèrement touchée par l'épidémie, le PIB réel devant se contracter de 13 % en 2020, tandis que le déficit budgétaire a plus que doublé.
Le pays n'a pas pu vendre ses diamants au cours des trois derniers mois à cause de la fermeture des aéroports.
Le gouvernement a mis en place un plan de sauvetage économique, mais selon le quotidien national Mmegi, les entreprises locales ont pris une raclée au Botswana Stock Exchange, la bourse du pays.
Chiffré à 5 milliards de pula (413 millions de dollars), le plan de relance vise à amoindrir l'impact de l'épidémie. Pour sa part, la banque centrale a réduit les taux d'intérêt et diminué de moitié les réserves obligatoires requises des banques commerciales pour encourager la liquidité.
Avec un peu plus de 2 millions d’habitants, le Bostwana est une république démocratique stable. L’actuel président, Mokgweetsi Masisi, est au pouvoir depuis 2018.
DEUX DÉCÈS SUPPLÉMENTAIRES À DAKAR
Deux personnes sont mortes jeudi du Covid-19, dans les hôpitaux de Dakar, annonce un communiqué du ministère de la Santé.
Dakar, 21 mai (APS) – Deux personnes sont mortes jeudi du Covid-19, dans les hôpitaux de Dakar, annonce un communiqué du ministère de la Santé.
Avec ces deux décès, le nombre de personnes mortes de coronavirus s’élève à 32, selon la même source.
Il s’agit de deux hommes âgés de 61 et 68 ans, décédés dans les centres de traitement du Covid-19 de l’hôpital de Fann et de l’hôpital Principal.
Le Sénégal a enregistré son premier décès lié au nouveau coronavirus, le 31 mars, en la personne de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille.
Le ministère de la Santé a annoncé jeudi 98 nouvelles contaminations au Covid-19, un nombre portant à 2.812 le total des cas au Sénégal.
BARA DIOUF RACONTE LES DÉBUTS DU SOLEIL
Dans cet entretien qui n’a jamais été rendu public, le premier patron du Soleil revient sur les premières années du premier quotidien national sénégalais et les péripéties de sa création par le président Léopold Sédar Senghor
En 2010, le Sénégal célébrait ses 50 ans d’indépendance. Dans le cadre d’un projet de documentaire, nous avions décidé de filmer et interroger diverses personnalités témoins de l’époque coloniale. Parmi eux, Bara Diouf, ancien Directeur général du journal «Le Soleil», rencontré dans sa villa au centre-ville. Dans cet entretien qui n’a jamais été rendu public, il nous raconte, entre autres sujets, les premières années du premier quotidien national sénégalais et les péripéties de sa création par le président Léopold Sédar Senghor.
RETOUR AU SÉNÉGAL APRÈS UNE QUINZAINE D’ANNÉES D’ABSENCE
«En 1959, le Général Charles de Gaulle avait décidé d’organiser la 6ème session du Conseil exécutif de la Communauté à Saint-Louis du Sénégal qui était la capitale de l’Afrique occidentale française (Aof). Le quotidien français Le Monde devait ainsi y envoyer des journalistes de renom. À l’époque, j’étais reporter dans ce prestigieux journal et son directeur et fondateur, Hubert Beuve-Mery, décida de me mettre dans la délégation puisque l’événement se passait dans mon pays d’origine. Ainsi, après une quinzaine d’absence du Sénégal (mes parents résidaient en Côte d’Ivoire et j’avais passé mes études en France), je débarquais à Saint-Louis pour la couverture médiatique de ce Sommet de la Communauté. À l’époque, sous la Loi cadre et un peu avant l’indépendance, Obeye Diop était le ministre de l’Information du Sénégal et il fut surpris de voir sur la liste de la délégation française le nom, à consonance bien sénégalaise, d’un certain Bara Diouf. Et puisqu’il cherchait à recruter un coopérant pour encadrer la presse nationale naissante, les Français l’avaient orienté vers moi. C’est ainsi qu’il me proposa à Mamadou Dia, président du Conseil des ministres, qui accepta de me garder. À l’époque, il n’existait que quelques rares publications comme «Dakar Jeunes», «Condition humaine» (créé par Léopold Sédar Senghor et dirigé par Alioune Badara Mbengue), «Afrique nouvelle» ainsi que «Petit Jules», un hebdomadaire aux écrits d’une violence inouïe qui remettait en cause le pouvoir colonial. Il faut dire que Dakar avait une vie intellectuelle et journalistique très dense».
CRÉATION DU QUOTIDIEN LE SOLEIL
«Quand je suis revenu de France lors du fameux voyage du Général de Gaulle en 1959 à Saint-Louis, Houphouët Boigny, qui participait au Sommet, a tout fait pour me récupérer et m’emmener avec lui en Côte d’Ivoire, mais Obeye Diop avait proposé de me nommer comme directeur général de l’Agence de presse sénégalaise (Aps). Une agence que j’avais créée et fondée car seuls des journalistes français étaient là pour le compte de l’Agence France presse (Afp). Le directeur de l’antenne locale était d’ailleurs mon condisciple à l’Ecole de journalisme de la rue du Louvre à Paris. Et plus tard, après l’indépendance, les autorités décidèrent de mettre sur pied un journal sénégalais. Je me souviens que Michel de Breteuil, qui avait beaucoup d’estime pour moi, était le patron de «Paris Dakar» fondé durant la colonisation et qui s’appela ensuite «Dakar Matin» afin de coller à la nouvelle ambiance politique. Ce n’était plus, en effet, Paris-Dakar comme un axe, mais Dakar qui, chaque matin, donnait le ton et indiquait comment vivaient le Sénégal, l’Afrique et le monde. Après tant d’années, il avait envie de partir et de me laisser la publication puisque j’étais le premier Sénégalais diplômé en journalisme. Et je me souviens que Michel de Breteuil avait dit à Senghor: «Je m’en vais, je n’ai plus de place ici car le système colonial qui m’a vu naître et grandir est fini. J’ai fait mon travail, je suis en bonne amitié avec tout le monde, mais c’est bien le moment de partir en fermant mon journal. En attendant, je vous laisse le soin de former ceux qui vont diriger le vôtre». C’est ainsi que Senghor avait décidé de créer un quotidien qu’il avait lui-même appelé Le Soleil. Et comme j’étais le premier sénégalais ancien directeur d’une entreprise de presse, qui voulez-vous qu’il choisisse pour faire partie des premiers dirigeants de ce nouveau journal ? Ce n’est pas parce que j’étais le meilleur, mais comme le dit une formule, c’est le vide qui fait la valeur (rires). La valeur d’un individu n’a de sens que s’il y a un vide. Il faut dire que j’aimais ce métier, j’aimais également mon pays et j’avais un esprit d’équilibre et de raison. Je ne suis jamais tombé dans les excès politiques ou autres et suis toujours admiratif de l’éminente dignité de la personne humaine, quelle que soit son origine, son rang social ou son appartenance religieuse. J’en suis arrivé à un esprit de dépassement où personne n’est mauvais, l’essentiel est de tenir un langage de vérité».
LE CRÉDO DU SOLEIL DE L’ÉPOQUE
«Nos objectifs étaient de réveiller les consciences, construire une nation et informer sur la marche de l’Etat en misant sur des intellectuels. Mon option politique était axée sur l’Homme afin de forger sa dignité, sa valeur, de bâtir un citoyen laïc, ouvert à tout le monde, capable d’oublier sa race, sa religion, son ethnie, pour ne voir que sa grandeur et sa capacité de réaliser une belle et grande Afrique. À l’époque du « Soleil », le président Senghor et nous autres journalistes étions obsédés par l’idée de créer un homme de culture et de civilisation plutôt qu’un Sénégalais opposé aux autres nationalités africaines. Ce combat n’était vraiment pas le nôtre et je me souviens que lorsque j’avais eu des divergences avec Sékou Touré, le président de la Guinée, Senghor m’avait convoqué dans son bureau et m’avait dit ceci : « Bara, laisse tomber cette polémique, ça ne vaut pas la peine, surtout avec quelqu’un comme Sékou Touré et tout le combat qu’il a mené pour l’Afrique. Il ne faut pas perdre ton temps en le jugeant pour ce qu’il est en train de faire maintenant. Faisons notre Afrique, faisons le Sénégal et travaillons pour qu’il n’y ait plus de querelles ethniques entre Sérères, Wolofs, Toucouleurs, Diolas, etc., mais uniquement un grand peuple sénégalais». Ce conseil de Senghor, je le réitère aux jeunes d’aujourd’hui : soyez de grands hommes de culture, ayez des diplômes, élaborez de grandes pensées politiques sur l’homme et son éternité! Voilà ce combat que nous menions à l’époque, ce qui expliquait pourquoi il m’était facile de faire des éditoriaux dans de telles conditions, dans un tel contexte. Je n’attaquais personne, je n’avais que de grands principes d’humanisme sur lesquels je m’appuyais. Souvent, je prenais les discours de Senghor et en discutais avec lui. Il me recevait dans son bureau et nous analysions ses discours pendant des heures. Et quand je sortais de ces échanges intellectuels, j’avais assez d’éléments et d’idées qui étaient ainsi la quintessence de mes éditoriaux. Ma chance était aussi que j’écrivais bien. Je n’étais pas un brillant intellectuel, mais je savais agencer un sujet, un verbe et un complément dans de très bonnes conditions».
NOSTALGIQUE DU SOLEIL DES ANNÉES 1970 – 1980 ?
«Je n’ai pas de nostalgie pour cette époque. Le président Senghor est parti et ne reviendra plus, la naissance du « Soleil » c’est derrière nous. Seulement, je suis fier de dire que la plupart des grands journalistes sénégalais et d’autres pays africains comme Babacar Touré, Gabriel Jacques Gomis, Aly Kheury Ndao, Hamadoun Touré et tant d’autres, sont passés entre mes mains et, parmi eux, personne ne m’en a voulu. Je répète qu’il n’y a pas un seul qui est parti en m’en voulant car j’ai eu cette chance, très tôt, d’accepter l’autre tel qu’il est. Ce qui m’intéressait chez les gens avec qui j’étais au «Soleil», c’est ce qu’ils avaient dans la tête et le fruit de leur travail. Je ne perdais jamais mon temps sur des considérations religieuses, politiques, ethniques ou autres. Ce qui m’intéressait, c’était l’homme, son intelligence, son éminente dignité, sa perception de la grandeur et du beau, son patriotisme et son combat. Dès que je voyais qu’une personne avait ces capacités, je le prenais et le protégeais. Et que l’on me fasse la guerre ou non, pour moi c’étaient de faux problèmes. Le vrai problème est je puisse contribuer à l’épanouissement d’une presse de qualité et je pense qu’à travers «Le Soleil», non seulement j’ai atteint cet objectif, mais j’ai aidé à l’éclosion d’une classe journalistique sénégalaise qui a fait ses preuves un peu partout à travers le monde. D’ailleurs, la plupart de ceux qui ont créé ou animé les premiers journaux privés au Sénégal ont fait leurs premières armes au «Soleil». Cette presse privée va bien sûr jouer un très grand rôle dans dix ou quinze ans. Peut-être que je ne serais plus là pour voir ça car je suis relativement vieux maintenant (rires)».
REGARD SUR LA PRESSE ACTUELLE
«Cela me fait très mal de voir l’état de la presse actuelle car je suis un idéaliste toujours à la recherche du beau et du parfait, pour ne pas dire un perfectionniste. Cependant, il faut que j’accepte que la plupart de ces jeunes journalistes viennent à peine d’atterrir dans un domaine qui était jusqu’ici très éloigné pour eux, intellectuellement. Certains ne sont pas bien formés et ils arrivent tous en masse dans la profession. Malheureusement, il faut l’avouer, au début, ce ne sont pas les meilleurs qui se sont saisis de la presse car la plupart des diplômés de l’époque voulaient devenir avocats ou fonctionnaires dans l’administration générale. Et il a fallu d’autres générations, avec la création du Cesti (Centre d’études des sciences et techniques de l’information de l’Université de Dakar), pour que de jeunes diplômés s’intéressent à la presse, mais les places étaient déjà prises. Aujourd’hui, de nombreux jeunes ont émergé avec de nouvelles idées, mais n’ont pas toujours un grand niveau, ce qui explique cette sorte de médiocrité que nous sentons. Mais, cela va passer dans cinq ou dix ans car l’Afrique bouge et les générations avancent. Soyons patients, tolérants et acceptons cette petite médiocrité, ou plutôt ce manque de métier que nous allons bientôt dépasser».
CONSEIL AUX JEUNES JOURNALISTES
«Le seul conseil que je donne aux jeunes journalistes est celui-ci: lisez car votre drame est que vous ne lisez pas beaucoup. Lisez tout ! Vous avez ce devoir d’être l’écho de la Nation et, pour bien transmettre cet écho, vous devez en percevoir le bruit».
L'ECO À PETITS PAS
Le vrai changement en profondeur c’est la rupture des liens « techniques » entre les pays concernés, le Trésor et la Banque de France. La France ne va plus cogérer la monnaie ouest-africaine avec les États concernés
Le projet de loi entérinant la fin du franc CFA a été adopté ce mercredi 20 mai en Conseil des ministres par le gouvernement français. Ce texte valide formellement la transformation de la monnaie ouest-africaine qui changera de nom pour s'appeler l'éco. C’est une nouvelle étape après l’annonce faite le 21 décembre par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.
La réforme concerne huit pays membres de l'Union monétaire ouest-africaine : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Elle était dans les tuyaux depuis au moins trois ans et a pu aboutir après de longues négociations entre la France et les pays concernés lors du dernier semestre 2019.
Ce qui va changer c’est tout d’abord le nom de la monnaie. Le franc CFA deviendra l’éco. Mais le vrai changement en profondeur c’est la rupture des liens « techniques » entre les pays concernés, le Trésor et la Banque de France. La France ne va plus cogérer la monnaie ouest-africaine avec les États concernés.
Autre changement, la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France. Cette obligation était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par tous ceux qui ont œuvré pour cette réforme. La France va aussi quitter tous les organes de décision et de gestion de l’UEMOA. Mais Paris continuera d'offrir des garanties en cas de crise monétaire.
Le processus n’en est qu’à son début
Pour l’instant l’éco va toujours être rattaché à l’euro avec une parité fixe ce qui garantit la même valeur de la monnaie pour les consommateurs. Paris passe en somme d’un rôle de co-gestionnaire à un rôle de garant, mais en pratique cela ne va rien changer dans le quotidien des consommateurs.
Les étapes et les questions sont encore nombreuses. A quelle date les nouveaux billets seront-ils imprimés ? Quand entreront-ils en vigueur ? Il faudra probablement patienter pour tenir un eco entre les mains, peut-être même plusieurs années.
Il faudra attendre encore plus longtemps pour que l’ancienne zone franc rallie à elle les autres pays de la Cédéao, pour construire une monnaie unique. Dans la zone Cédéao, certains ne voient d’ailleurs pas cette réforme d’un bon œil notamment le Nigeria.
L'Afrique centrale, zone monétaire à part
Le géant économique n’appartient pas à la zone franc, il gère sa propre devise, le naïra. Et comme les autres pays anglophones de la région, le Nigeria est prudent et exigeant. Ces pays qui participent à la réflexion sur une monnaie unique dans la zone Cédéao, mettent en avant pour aller vers cette monnaie des critères auxquels peu d’Etats peuvent répondre.
A noter que cette réforme ne concerne pour l’instant pas les six pays d’Afrique centrale qui utilisent aussi le franc CFA. Ils se trouvent dans une zone monétaire distincte et sont dans une autre dynamique régionale. Le débat est cependant déjà lancé.
LE FLÉAU DES FAUX BILLETS
Des immeubles poussant comme des champignons, de nouveaux riches qui sortent ex nihilo… Les signaux alimentant les soupçons de blanchiment et faux monnayage sont nombreux. La dernière affaire portant sur plus de 1 200 milliards F CFA donne le vertige
En plus de chasser des investisseurs potentiels, la contrefaçon de monnaie est un fléau qui pourrait être préjudiciable à toute l’économie, en créant un déséquilibre entre la masse monétaire et la production de biens et services.
Des immeubles qui poussent comme des champignons. De rutilantes voitures qui roulent sur les routes de la capitale. Les nouveaux riches qui sortent ex nihilo… Les signaux sont assez nombreux pour alimenter les soupçons de blanchiment et faux monnayage de billets de banque. Un mal si profond qui peut gangréner toute l’économie nationale. Pour les spécialistes de la matière économique, c’est surtout la dernière affaire qui porte sur une valeur estimée à plus de 1 200 milliards F CFA qui donne le vertige. Docteur Souleymane Astou Diagne témoigne : ‘’J’ai eu le tournis quand j’ai entendu cette information. Je me demande comment des gens peuvent prendre le risque de mettre autant de liquidités en circulation dans notre économie nationale. C’est plus qu’un crime ça. On doit les sanctionner de la manière la plus sévère possible. Ils mettent en danger tout le tissu économique national : nos emplois, notre santé, l’éducation… Tout est mis en péril, si leur forfait avait été accompli. Cela décrédibilise tout le système économique.’’
Abondant dans le même sens, docteur Malick Sané, Directeur du Laboratoire de politiques commerciales, estime que cela dépasse l’entendement et devrait augmenter la vigilance des plus hautes autorités.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur, avec un laxisme parfois complice de certaines autorités, peut avoir des effets néfastes sur le tissu économique. Parmi ces impacts, relève le Dr Sané, il y a le risque d’inflation, de discrédit de la monnaie elle-même… ‘’Le faux monnayage est source de déséquilibre de l’économie. Vous savez, la création monétaire voudrait que toute monnaie créée ait une contrepartie.
C’est la valeur de la production qui représente à peu près la monnaie créée, ce qui donne la masse monétaire. Si la quantité de monnaie excède la valeur des biens et services existant dans l’économie, cela peut déboucher sur ce qu’on appelle l’inflation monétaire. De telle sorte que les gens auront de l’argent, mais la marchandise fait défaut’’, peste-t-il. Et de renchérir : ‘’L’autre risque, c’est le discrédit porté sur la monnaie. La valeur de celle-ci est basée sur la confiance. Si une monnaie est reproduite à certaines proportions de manière frauduleuse, cela peut saper le moral des agents économiques qui ne veulent plus détenir cette monnaie.’’
Dans la même veine, Souleymane Astou Diagne souligne qu’en fait, cette baisse de la confiance des acteurs instaure une incertitude sur le marché. ‘’Il faut savoir, dit-il, pour que l’économie puisse fonctionner, il faut que les transactions économiques soient très élevées. Or, les faux billets ralentissent ces transactions, à cause de ce déficit de confiance. Cela peut se traduire par une réduction de la production ou des activités commerciales. Ce qui est fort préjudiciable à l’économie nationale’’. Les faux billets, renseigne-t-il, augmentent de manière artificielle la masse monétaire en circulation. ‘’Comme vous le savez, il revient à la Banque centrale de mesurer le niveau de la masse monétaire en circulation ; et c’est en fonction de la production de biens et services. Toute augmentation de monnaie non émise par la Banque centrale peut impacter sur la politique monétaire et économique, et peut avoir des impacts sur les prix’’.
Toutefois, tiennent à préciser nos interlocuteurs, le fléau n’a pas encore atteint des proportions de nature à avoir de telles influences sur le marché sénégalais. ‘’Nous pouvons craindre l’inflation si, par exemple, cette contrefaçon de monnaie atteint certains niveaux. Mais force est de constater que ce n’est pas encore le cas. Tout dépend donc de la quantité de fausse monnaie en circulation. Pour l’heure, le phénomène est marginal et il est heureux de constater que les forces de défense et de sécurité veillent au grain’’, reconnait le Dr Diagne.
A en croire l’économiste Bassirou Bèye, ancien formateur à l’Ecole supérieure d’économie appliquée (ESEA/ex-ENEA), l’Etat devrait, en tout cas, tout mettre en œuvre pour juguler le mal qui devient endémique. ‘’Je pense qu’il faudrait même penser, à l’instar de certains pays, mettre en place une brigade spéciale chargée de traquer ces criminels dont l’activité s’avère désastreuse pour notre faible économie. Certains signes devraient pousser à s’interroger sur la fortune de certains citoyens. On ne devient pas riche comme Crésus en un claquement de doigts, alors que, dans la pratique, on ne mène aucune activité pour justifier une telle richesse. Et une telle brigade aurait pu mener ce genre d’enquête, car le phénomène prend de l’ampleur’’.
A en croire l’économiste, ‘’lutter contre les faux billets, c’est préserver la croissance économique. Ne pas gérer cette problématique, c’est mener le pays vers la faillite’’.
Il y va, fait-il remarquer, de la pérennité même des régimes. ‘’Certes, on n’a pas encore atteint certains niveaux et des efforts sont déployés pour mettre les délinquants hors d’état de nuire. Mais, il urge de renforcer la lutte pour enrayer toute dérive. Il faut savoir que la production de fausse monnaie peut même être utilisée comme une arme politique ou géopolitique. Cela a été fait dans certains pays comme en Guinée, quand celle-ci a pris la décision d’avoir sa propre monnaie. Le débat se pose aussi avec l’Eco qui est encore en gestation. C’est un véritable problème qui nécessite la prise de décisions fortes’’. Très inquiet, le spécialiste prévient que même à l’intérieur d’un pays, ce procédé tout comme le trafic de drogue peut jouer à la déstabilisation d’un pouvoir.
Il faudrait donc, selon lui, user de tous les moyens possibles dont le renseignement, l’espionnage… pour endiguer le mal. La monnaie, explique M. Bèye, est au centre de l’activité économique. ‘’Quand le secteur monétaire est déréglé, tous les autres secteurs suivent. Et c’est un désastre pour un pays. En attendant de trouver des moyens efficaces pour démanteler ces réseaux, il faut surtout essayer de protéger les populations, en leur rendant accessibles les outils de détection de fausse monnaie. Mais dans le moyen, long terme, il faut penser à de véritables politiques pour les éradiquer une bonne fois pour toutes’’.
Revenant sur la lutte contre le fléau, Souleymane Astou Diagne estime qu’il faudrait une répression plus sévère. ‘’Cela s’apparente à un vol, parce que c’est l’argent d’honnêtes citoyens qui est parfois subtilisé de manière frauduleuse. Tu fais une transaction en donnant de la bonne monnaie. En retour, on te donne de l’argent que tu ne pourras utiliser nulle part. C’est du vol. C’est de l’arnaque. Il faut donc des solutions judiciaires sévères’’, souligne le Dr Diagne, non sans préciser que de pareilles informations pourraient chasser d’éventuels investisseurs. ‘’Imaginez des étrangers qui veulent venir investir chez nous. S’ils voient de telles informations, ils peuvent se retourner, parce qu’ils n’auront plus confiance au système’’.
ENTRE LE ZIMBABWE, LA DIPLOMATIE DU CORONAVIRUS
Depuis le début de la crise sanitaire, la Chine, déjà bien implantée au Zimbabwe, est venue prêter main-forte à ce pays du sud de l'Afrique dans sa lutte contre le Covid-19
Depuis le début de la crise sanitaire, la Chine, déjà bien implantée au Zimbabwe, est venue prêter main-forte à ce pays du sud de l'Afrique dans sa lutte contre le Covid-19. Le soft power chinois n'a jamais été aussi présent.
Depuis le début de la pandémie, Pékin investit des millions de dollars dans le système de santé du Zimbabwe. C'est ce que l'on nomme la diplomatie du coronavirus. La Chine, déjà bien implantée dans le pays, n'a jamais été aussi efficace présente au Zimbabwe.
Des équipes de médecins sont déployées dans le pays, des centres d'isolations sont construits, et Pékin ramène dans ses bagages le matériel médical dont le Zimbabwe a besoin pour faire face à l'épidémie. La santé devient un marché très prometteur pour Pékin sur le continent.
Côté Zimbabwéen, cette aide est la bienvenue. "Nous avons besoin de matériel de protection et nous devons accroître nos capacités de recherche en laboratoire", explique un médecin d'un nouveau centre médical construit avec les moyens chinois à Marondera.
Une aide précieuse pour ce pays qui se prépare à être touché de plein fouet par la crise économique. Et un moyen inespéré pour Pékin pour s'imposer un peu plus dans cette région d'Afrique.
Dakar, 21 mai (APS) - Le ministère de la Santé a annoncé jeudi 98 nouvelles contaminations au Covid-19, un nombre portant à 2.812 le total des cas au Sénégal.
Les nouveaux cas de coronavirus proviennent de 1.215 tests virologiques effectués par les services sanitaires, a indiqué le docteur Aloyse Waly Diouf, directeur de cabinet du ministre de la Santé.
Six des nouvelles contaminations ont été causées par la transmission communautaire, autrement dit, les agents de santé n’ont pas pu identifier la source de l’infection des personnes testées, a précisé M. Diouf en présentant le bilan national quotidien de la pandémie de Covid-19.
Le restant, soit 92 cas, concerne des personnes ‘’contacts’’ placées en observation par les services de santé.
Les six cas de Covid-19 causés par la transmission communautaire ont été identifiés dans les quartiers des Maristes (1), des Castors (1), de la Cité Keur Damel (1), du Plateau (1), situés tous dans le département de Dakar, à Guédiawaye (1) et à Touba (1).
Selon M. Diouf, le cumul des patients guéris s’élève à 1.251, un effectif incluant les 65 patients contrôlés négatifs et déclarés guéris jeudi.
Onze patients sont dans les services de réanimation des établissements de santé, et 1.530 patients sont, à ce jour, sous traitement, a-t-il dit.
Selon le ministère de la Santé, la maladie de coronavirus a fait 30 morts au Sénégal, où le premier cas a été diagnostiqué le 2 mars.