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25 juillet 2025
par Abdoul Aziz Diop
Il Y A 14 ANS, LA RÉVOLUTION CITOYENNE DU 23 JUIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Contrairement aux analyses réductrices, le 23 juin 2011 constitue le jour de l'An de la révolution citoyenne sénégalaise. Cette journée historique a consacré le triomphe de l'idée républicaine sur la dérive monarchique de Wade
Le 23 juin 2021, après le déferlement de violences de février et mars 2021, deux grandes manifestations sont organisées à Dakar, l’une par la majorité et l’autre par l’opposition, pour célébrer le dixième anniversaire du 23 juin 2011. Après coup, le duel à distance que l’on croyait terminé se poursuivit de manière inattendue, croisant les regards du journaliste Yoro Dia et nous-même sur la qualification du grand épisode politique commémoré.
« 23 juin : Ce n’était pas la révolution » (Dia, 2021)
« Mais c’est une révolte ? – Non, Sire c’est une révolution. » C’est la réponse du Duc de La Rochefoucauld à Louis XVI qu’on a réveillé la nuit du 14 juillet pour lui annoncer la prise de la Bastille. L’histoire donnera raison au Duc sur le Roi, parce que ce n’était pas une révolte, mais une véritable révolution, qui finira par guillotiner le Roi. Pour le 23 juin 2011, dont on célèbre l’anniversaire aujourd’hui, on peut dire l’inverse. C’était une révolte, pas une révolution. C’était un sursaut politique, une révolte démocratique, mais pas une révolution. Quand il y a révolution, il y a un changement radical de régime ou même de système politique. Avec la Révolution française que Hegel qualifiait de « superbe lever de soleil », les Français ont coupé la tête du Roi, aboli la monarchie et proclamé la République. Les Américains ont fait la même chose en coupant le cordon ombilical avec la monarchie britannique pour proclamer leur République. En 1979, les Iraniens ferment le cycle ouvert en 1789, quand l’imam Khomeiny proclame à son tour la République après la fuite du Shah.
Le Printemps arabe a entraîné une véritable révolution en Tunisie et en Égypte, où la parenthèse a été rapidement fermée avec le bonapartisme et la Restauration initiée par SISSI. Le 23 juin, il n’y a pas de changement de régime ni de système et, contrairement à Louis XVI, WADE ne sera guillotiné que démocratiquement lorsque la présidentielle de 2012 a été organisée à date échue.
Les démocraties sont à l’abri des bourrasques et des furies de la Révolution grâce à l’alternance. La révolution en démocratie se passe toujours dans les urnes. Plus qu’une révolte démocratique, l’alternance de 2000 fut une véritable révolution démocratique, car le Sénégal est passé d’une ère (40 ans de Socialisme) à une autre. Les démocraties (je parle des vraies démocraties, où l’élection est un véritable mécanisme de remise en jeu du pouvoir) ont dompté et domestiqué les révolutions grâce à l’alternance démocratique au pouvoir. C’est du bon sens. Pourquoi prendre les armes quand on peut changer pacifiquement et démocratiquement les choses et le cours de l’histoire, comme en France en 1981, au Sénégal en 2000 et 2012 ?
C’est pourquoi, en démocratie, après alternance il y a toujours des réformes pour prendre en charge le message déposé dans les urnes. Les Anglais ont été le premier Peuple à le comprendre. Ainsi, depuis la Glorieuse Révolution de 1688, ils font des réformes pour éviter les révolutions alors que les Français refusent toujours les réformes et attendent la Révolution comme le grand soir, que les alternances enverront toujours aux calendes grecques. La grande sociologue Theda Skocpol nous dit : « On ne fait pas la révolution, elle finit par arriver. » Même si on ne peut parler de révolution le 23 juin, la grande révolte du 23 juin a fini par arriver et honnêtement, elle a surpris tout le monde, aussi bien le pouvoir que l’opposition, car aucun politique ne s’attendait à l’ampleur prise par cette révolte populaire spontanée.
Donc, aucune chapelle politique ou un camp de la société civile ne saurait s’approprier ou utiliser comme une rente ou un tremplin un mouvement populaire spontané, où les hommes politiques sont venus à la remorque et font la dissonance cognitive en réécrivant l’histoire, chacun à sa manière, pour tirer le drap politique de son côté.
« Une révolution citoyenne ! » (Diop, 2014)
Grosse bourde Yoro ! Ce n’est pas en rappelant l’histoire des autres que l’on écrit sa propre histoire.
Le 23 juin 2011, la République du 23 juin a renversé la Monarchie du 23 juin avant que l’Assemblée nationale ne la consacre par un vote de la majorité d’alors pour exclure 3 Sénégalais sur 4 du suffrage universel direct et égal.
Comment renverser une monarchie non encore établie ? C’est la question à laquelle il nous faut sans doute répondre. La consécration avait bien eu lieu lors d’un conseil des ministres qui entérina le projet de loi défendu en plénière, le 23 juin 2011, par le Garde des Sceaux ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy.
Les éclairages sur la véritable nature du régime du président Wade ont duré plus de 10 ans (2000-2011). Yoro Dia ne s’y est vraiment jamais intéressé sur la période. Jamais de mémoire de Sénégalais, les ouvrages sur la gouvernance du président Wade et sur le personnage lui-même n’ont préparé les esprits à l’assaut final contre la citadelle du népotisme dont nous avons personnellement rendu compte à travers le concept de libotisme - dérivé du mot lingala libota (la famille) -, pour désigner la politique de la famille dont Wade était l’inventeur.
Le 23 juin 2011 était donc l’aboutissement d’une longue marche commencée dès avril 2000 dont on connaît les figures de proue et le soubassement moral, éthique, intellectuel et politique grâce auquel avait été assurée la jonction de l’idée (torpillée) de République avec un soulèvement populaire inédit. On appelle Révolution cette jonction et non la reproduction à l’identique de ce qu’il s’est produit ailleurs aux États-Unis, en France et sous d’autres cieux à travers le monde.
« Les faits, écrit Mamadou Dia, sont têtus et font seuls l’Histoire. » Les Révolutions anglaises posent le principe de l’État de droit que Locke (1632-1704) théorise dans ses Traités du gouvernement civil (1690).
La Révolution américaine, correspondant aux événements entre 1774 et 1787 (13 ans), se solde certes par l’indépendance des colonies anglaises d’Amérique du Nord et la création de la république des États-Unis d’Amérique. Mais le soulèvement des colonies ne devient révolution qu’en 1776 quand la rébellion est menée par de remarquables personnalités (Jefferson, Madison, Franklin, Adams, Hamilton et Washington) soucieux, inspirés par la pensée des philosophes du siècle, de construire un État conforme au cartésianisme éthique et politique des Lumières.
En 1789 en France, les circonstances et l’inexpérience d’une classe politique moins préparée que ne l’était, un siècle plus tôt, son homologue anglais de 1688 ont conduit à de sanglantes dérives et ont fait le lit de la dictature. Ce n’est d’ailleurs qu’à la fin du XIXe siècle, sous la IIIe République, que se concrétise le projet des hommes de 1789.
Chez nous au Sénégal, nous renvoyons Yoro Dia à l’ouvrage collectif cosigné par 21 citoyens dont l’intitulé rend bien compte d’une « révolution démocratique et citoyenne » :
« M23 : Chronique d’une révolution citoyenne » (Les Éditions de La Brousse, 2013)
Nous admirons, chez Yoro Dia, le talent de narrateur de l’histoire des autres. Mais son pays en a aussi une de révolutionnaire couronnée le 23 juin 2011. S’il n’en était pas ainsi, Yoro vivrait dans une dynastie des Wade dont le peuple souverain a brûlé, Place Soweto, le pacte d’esclavage ce jour-là.
Contre-Révolution
La Contre-Révolution désigne - acception extensive -, toutes les formes d’opposition à la Révolution dont l’une des plus réductrices est l’assimilation à une révolte sans boussole. L’acception restreinte limite, elle, la Contre-Révolution à la contestation idéologique des principes révolutionnaires.
Pour l’essentiel, une démarche contre-révolutionnaire est considérée comme une « idéalisation du passé » opposée à l’entreprise révolutionnaire de « construction de l’avenir ». Que faire alors du présent ? En 1688 en Angleterre, le « retour aux institutions traditionnelles dévoyées par la royauté » avait été suffisant pour le triomphe de la Révolution anglaise.
Le 23 juin 2011 n’aurait pas eu lieu, si les figures de proue, en Assemblée générale la veille, au centre culturel Daniel Brottier tout près de la Place de l’Indépendance à Dakar, n’avaient pas le sentiment que ce qui était possible le 19 mars 2000 ne le serait plus en février ou mars 2012 si rien n’est fait. L’unique cri de ralliement - « Touche pas à ma Constitution » -, était donc bien celle d’une révolution qui se poursuivit jusqu’au référendum du 20 mars 2016. Depuis cette date, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, rendant encore fécond le débat suscité par le journaliste Yoro Dia.
Yoro Dia est connu pour son élégance dans le débat d’idées... Dire que le 23 juin 2011 fut le point culminant d’une révolution citoyenne dont les jalons sont posés, année après année, entre avril 2000 et juin 2011, honore, preuves à l’appui, l’observateur politique devenu Docteur en science politique au terme d’un remarquable effort de recherche. « Ses balises » dans les colonnes du journal Le Quotidien avaient été assez courues. Mais Yoro Dia s’attendait à ce qu’une de ses balises soit un jour mal posée. Celle qui lui a fait dire que le « [23 juin 2011] n’était pas une révolution » est hors du mouvement de l’Histoire.
Le 23 juin 2011 correspond incontestablement au jour de l’An de la Révolution citoyenne et de la République du même nom.
Abdoul Aziz Diop est ancien porte-parole du Mouvement du 23 juin dont il préside la Commission Communication du 16 juin 2011 au 11 février 2012.
par Madieye Mbodj
D’UN DIALOGUE À L’AUTRE
Il y a visiblement ceux qui se livrent à des provocations, peut-être pour se faire arrêter, pensant ou espérant décrocher ainsi artificiellement un grade de « héros politique intraitable » ! MAL-heureux
D’un dialogue à l’autre, dans l’attente de la refondation de l’Etat et de la société, pour ancrer définitivement le mouvement collectif salvateur du « Jub-Jubal-Jubbanti » !
Nous publierons cette contribution en deux temps, avec une première partie : « D’un dialogue à l’autre », et une seconde partie : « Le temps de la refondation et du déploiement collectif du ’’ jub, jubal, jubbanti’’.
Les dialogues se succèdent mais ne se ressemblent pas. Dès le premier dialogue initié par le président Macky Sall en mai 2016, le Secrétariat Permanent de Yoonu Askan Wi / Mouvement pour l’Autonomie Populaire, dans deux communiqués en date du 22 mai et du 08 juin 2016, mettait en garde contre les illusions «d’un faux faux dialogue, faussement national » ! Pour cette raison d’ailleurs, s’il ne tenait qu’à certains comme moi, le nouveau pouvoir, pour le symbole et pour le changement de paradigme, aurait changé la date du 28 mai, fixée par Macky Sall comme « Journée nationale du dialogue ». Faudrait-il aussi rappeler ici le sort réservé à la fameuse Table ronde chargée de ‘’discuter de tout- avec un grand T’’, selon la formule lancée à l’époque par le président Abdou Diouf, héritier et continuateur de Senghor, dans le but calculé de desserrer l’étau de la contestation populaire et de diviser les rangs de l’opposition au lendemain des élections présidentielles et législatives de février 1988- et, il faut le lui reconnaitre, il avait pu arriver à ses fins !
Macky Sall quant à lui, avait vite fait de s’engager à appliquer les Conclusions des Assises nationales une fois élu en 2012, avant de s’en détourner par un tour de passe-passe à travers son Referendum constitutionnel maquillé du 20 mars 2016. Lesdites Assises, organisées à l’initiative des partis politiques et de la société civile, sous la direction du Professeur Amadou Makhtar MBOW, constituant pourtant le plus grand et le plus important consensus politique national jusqu’ici réalisé dans notre pays, ce, faut-il le souligner, malgré le boycott et les menaces du pouvoir wadien en place à l’époque ! Auparavant, le Code électoral consensuel de 1992 réalisé sous l’impulsion du juge Kéba Mbaye, n’avait pas réussi à empêcher, lors dès élections de février 1993, la démission du même Kéba Mbaye, suivie presqu’aussitôt de l’assassinat, le 15 mai 1993, de Me Babacar Seye, son remplaçant à la tête du Conseil constitutionnel. Pouvons-nous oublier le déroulement calamiteux des élections locales de 1996, le large boycott de la présidentielle de 2007, « la révolution citoyenne » du26 juin 2011, etc. ? Les évènements, encore frais dans nos mémoires, liés aux soulèvements et aux répressions meurtrières, aux meurtres et emprisonnements massifs entre mars 2021 et mars2024 ? Ou omettre les émeutes nées des élections municipales frauduleuses de 1960 à Saint-Louis ayant abouti à la dissolution du PAI historique, les législatives de 1963 marquées par la répression meurtrière des Allées du Centenaire (devenues Boulevard du Général De Gaule, aujourd’hui Boulevard Mamadou Dia), ‘’le pouvoir dans la rue’’ à l’occasion des grèves et contestations de mai 68, les arrestations et emprisonnements en janvier et juin 1975 de l’essentiel de l’appareil dirigeant de And-Jëf/Reenu Réew mi, organisés dans la clandestinité autour du journal XARE BI/ La Lutte ?
Sur la foi de cet éclairage historique et de ce rappel de quelques évènements marquants liés au vécu politique de l’admirable peuple africain du Sénégal, il est possible de dégager les considérations ci-après :
- Si les notions d’ « exception sénégalaise » ou de « modèle démocratique sénégalais » tant vantés, ont quelque part une allure de réalité symbolisée par l’avènement de trois alternances démocratiques à la tête de l’Etat en mars 2000, mars 2012 et mars 2024, nous ne soulignerons jamais assez le rôle éminent et déterminant des combats populaires et citoyens menés pour parvenir à ces résultats, ni des sacrifices multiples consentis par les masses de chez nous, les jeunesses en tête, en tant que véritable ‘’main de Dieu’’ et ‘’ meilleur gris-gris’’ ayant permis à notre pays de ne pas sombrer irrémédiablement dans le gouffre, mais plutôt d’avancer inexorablement, à son rythme, sur la voie du progrès ;
-Contrairement aux régimes précédents, le président Diomaye a lancé son initiative de dialogue, non pour juguler ponctuellement une crise le tenant au collet, mais plutôt pour mettre à profit un moment de sérénité nationale, propice à des discussions franches, loin de tout calcul de petite politique politicienne ou électoraliste. Il a, en même temps, mis sut la table un projet de termes de référence, mis à la disposition de l’ensemble des citoyen(ne)s, acteurs politiques, économiques et sociaux, invités de façon participative et inclusive à y apporter leurs propres inputs ; démarche inclusive et participative élargie et renforcée par la mise en ligne de la Plateforme jubbanti.sec.gouv.sn, destinée à recueillir les observations, avis et propositions de tout(e) citoyen(ne) de l’intérieur comme de la diaspora. A l’arrivée, la participation a été large et variée. Les tenants d’un’’ contre-dialogue alternatif‘’ ou d’u boycott pur et simple ont été à peine audibles, largement désavoués de partout. Qui plus est, des pans entiers dans leurs rang (et pas es moindres) ont tenu à prendre une part active au dialogue.
En attendant le rapport définitif et les décisions finales du chef de l’Etat (portant sur les recommandations et les modalités de mise en œuvre), l’on peut, de l’avis de la plupart des participants, estimer globalement positifs les résultats obtenus, avec 100% de consensus pour la Commission Réformes institutionnelles et Organes de Gestion des Elections, 94% pour la Commission Processus Electoral et 26% pour la Commission Démocratie, Libertés et Droits Humains. Au-delà de ces chiffres, il faudra au finish analyser la qualité et la portée des pas franchis. Sous ce dernier rapport, pour ne donner que quelques exemples illustratifs de préoccupations de très longue date, la suppression de l’Arrêté Ousmane Ngom ainsi que des dispositions surannées des Articles 80 et 254 du Code pénal (Commission Libertés), réputés liberticides, ou la révision du mode de scrutin majoritaire à un tour ou raw gàddu aux élections législatives et territoriales, inique et inéquitable (Commission Processus électoral) ainsi que les modalités de mise en place et de fonctionnement de la future Cour constitutionnelle ou de la future CENI (Commission Réformes institutionnelles) devraient, entre autres, en harmonie et cohérence d’ensemble avec les réformes en vue, la vision et les orientations de refondation de l’Etat et de la société, renforcer et enrichir fortement la marche vers le renouveau du système politique sénégalais. Système devant reposer sur les fondations solides d‘une Constitution stable, pour la promotion de la démocratie participative, inclusive et novatrice, l’articulation étroite entre démocratie politique et démocratie sociale pour la prise en mains effective des préoccupations des travailleurs et des larges masses populaires des villes et des campagnes, la fin du présidentialisme néocolonial, la séparation fonctionnelle et l’équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, l’équité territoriale et la territorialisation du développement, la souveraineté politique, économique, monétaire, sécuritaire, culturelle et linguistique, au sein d’une Afrique libre, unie, prospère et de progrès. Dans un tel cadre, nous pourrons déployer pleinement le concept que j’appelle « l’approche 235 » ou 2 P, 3E, 5R : Proximité et Participation ; Economie, Efficacité, Efficience ; République, Responsabilité, Respect, Rationalité, Rupture.
Dans notre entendement, dialogue ne voudra jamais dire complaisance, impunité ni unanimité, laquelle d’ailleurs n’est pas de ce monde. Dialoguer ne signifiera jamais non plus une quelconque suspension de l’obligation républicaine permanente de reddition des comptes afin que tous les voleurs rendent gorge, quels qu’ils soient. La ‘’chasse aux sorcières’’ a bon dos, mais là aussi, Dame Justice se doit san trembler de traquer et de débusquer tous les sorciers, toutes les sorcières, coupables de graves crimes hypothéquant l’avenir du pays et de la nation. Et ce fameux ’’franco-sénégalais’’, conseiller occulte et courtier de la FrançAfrique, d’entrer en scène pour exprimer son ‘’inquiétude’,’ poussant le patriotisme jusqu’à conseiller doctement à Diomaye et Sonko de ne pas faire de la justice « un instrument de vengeance ». Il fait ainsi écho à la clameur de la meute qui s’indigne, outrée : «C’est la justice des vainqueurs » ! Mais diantre, pouvez-vous nous citer un seul exemple de pays dans le monde où s’exercerait « la justice des vaincus » ?! Peut-on allègrement confondre liberté de débat contradictoire, liberté d’opinion ou de critique, et liberté d’insulter et de diffamer à longueur de micro ou de plateau ? Il y a visiblement ceux qui se livrent à des provocations, peut-être pour se faire arrêter, pensant ou espérant décrocher ainsi artificiellement un grade de « héros politique intraitable » ! MAL-heureux qui comme Moustapha Diakhaté, Abdou Nguer, Albert Bourgi et tutti quanti,..! Il y a par contre la pratique convaincante de Pastef, de ses dirigeants, cadres et militants qui, des années durant, malgré les complots les plus ignobles, les emprisonnements arbitraires, les meurtres, les tortures et les violences les plus cyniques, se sont efforcés sans gémir sans pleurer, de mener le combat pied à pied, sur le terrain ou à la tribune de l’Assemblée nationale, dans les médias et réseaux sociaux, sans oublier la bataille sur le front théorique et idéologique à travers articles de presse, publications d’ouvrages, et autres supports, pour un vrai debat public.
Au vu d’un tel parcours du combattant, soutenir aujourd’hui que Pastef serait « un parti fasciste » prônant « une dictature nazie », c’est chercher, dans la plus stupide ignorance et légèreté, à se moquer de la glorieuse histoire des luttes farouches des peuples du monde pour la liberté, la justice et la vérité. S’agissant de ceux et celles qui restent désespérément accroché-e-s aux lubies de leur paradis perdu, personne ne pourra les empêcher de crier à tue-tête à l’acharnement : et ce sera toujours … la faute à Sonko, qui ne devrait s’en prendre qu’à l’éclat trop blanc de son plumage !!! L’Ambassade de Trump au Sénégal vient cavalièrement de refuser de délivrer des visas à des joueuses de notre équipe nationale féminine de basket et à leurs encadreurs techniques pour un stage de préparation de dix jours aux Etats-Unis, c‘est certainement une fois de plus … la faute à Sonko ! De prétendus intellectuels éclairés, ‘’démocrates et républicains‘’ devant l’Eternel, montés sur leurs grands chevaux de chroniqueurs ou politistes courroucés, n’ont pas manqué de crier haro sur « Impulsivité et immaturité diplomatique » du Premier ministre de Diomaye, pout avoir osé, en toute souveraineté, responsabilité et dignité, ordonner au ministère compétent.
BACHIR FOFANA PLACÉ EN GARDE À VUE
Le chroniqueur est dans le collimateur de la justice après avoir dénoncé l'attribution d'un marché de l'Assemblée nationale à Cheikh Guèye, déjà impliqué dans l'affaire du Palais de justice de Guédiawaye
Le chroniqueur Bachir Fofana a été placé en garde à vue à la suite d’une procédure enclenchée par le Parquet, qui s’est autosaisi du dossier. Cette démarche intervient après que le président de l’Assemblée nationale Malick Ndiaye a initialement porté plainte pour diffusion de fausses nouvelles.
Cependant, dès que le président de l’Assemblée a appris que le ministère public s’était autosaisi, il a décidé de retirer sa plainte, laissant le soin au Parquet de poursuivre la procédure de manière autonome. À l’heure actuelle, la police judiciaire est à l’écoute des instructions du procureur pour décider du sort de Bachir Fofana.
Pour rappel, l’affaire fait suite à des déclarations de Bachir Fofana selon lesquelles le marché des véhicules de l’Assemblée nationale aurait été attribué à Cheikh Guèye, patron de l’entreprise TCS. Ce dernier est une figure déjà connue dans une autre affaire : celle de la construction du Palais de justice de Guédiawaye.
Dans cette affaire pendante devant la justice, Cheikh Guèye a reconnu devant les enquêteurs avoir versé 50 millions FCFA en liquide à l’ex-ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall, qui l’avait « diplomatiquement refusé ».
LA CHINE EST UNE UNIVERSITE POUR METTRE EN EXERGUE LA MANIERE DONT UN ETAT INVENTE SES CHAMPIONS
Pour l'administrateur de Gainde 2000, Ibrahima Nour Eddine DIAGNE, le voyage du Premier ministre en Chine est une bonne opportunité pour le secteur privé
Pour l'administrateur de Gainde 2000, le voyage du Premier ministre en Chine est une bonne opportunité pour le secteur privé. Dans cet entretien accordé à «L'As», l'entrepreneur sénégalais considère, en effet, la Chine comme une excellente université pour mettre en exergue la manière dont un état doit inventer ses champions.
Le Premier ministre Ousmane Sonko , qui est en visite officielle en Chine, a mis l'accent dans ses différentes interventions sur le partenariat entre secteurs privés pour parler des deux pays. qu'est-ce que la Chine peut apporter de nouveau aux entrepreneurs sénégalais ?
La Chine, dans le contexte de guerre économique dans laquelle elle se trouve, cherchera à séduire de plus en plus les pays émergents, où, en voie de l’être. Le Sénégal a une stratégie déclinée dans la Vision 2050 et au sein de laquelle les infrastructures et l’industrialisation occupent une bonne place. L’axe asiatique semble donc très pertinent dans la mesure où nos ambitions de développement exigent du partenariat, des technologies, des compétences, de l’innovation et des investissements massifs. La Chine coche quasiment toutes les cases. Par ailleurs, la volonté de mettre en avant le secteur privé sénégalais est sans doute le présage d’une volonté ferme d’aller à la fois vers du transfert de technologies et des investissements privés important pour ne pas alourdir l’endettement de l’Etat, tout en favorisant le développement des infrastructures et l’accélération du processus d’industrialisation.
Mais est-ce que le secteur privé sénégalais est assez solide pour entretenir des relations fructueuses avec leurs homologues chinois ?
Le secteur privé sénégalais est à la hauteur de tous les défis. On se fait souvent de mauvais procès sur nos capacités à exécuter des missions dans le respect strict des délais, avec toutes les exigences de qualité et avec des coûts compétitifs. C’est notre système de marché public qui ne met pas suffisamment en valeur le meilleur de nos entrepreneurs du secteur privé. Il y a des technologies que nous ne possédons pas et que nous devons impérativement acquérir par des alliances. La Chine est une excellente université pour mettre en exergue la manière dont un Etat doit inventer ses champions. Le défi pour le Sénégal, c’est de mettre en place des dispositifs stratégiques pour accompagner vers le succès et la croissance des entreprises du pays. Tant que nos allons vers la Chine, ils transporteront plus de touristes et de commerçants que d’industriels, le gap qu’il nous reste à combler sera visible et manifeste.
Sonko semble ''snober'' les pays occidentaux au profit de ce pays. est-ce que vous comprenez cette option des nouvelles autorités ?
Je ne pense pas que l’expression « snober » traduit la démarche de nos autorités vis-à-vis de l’occident. Le Sénégal doit avoir pour premiers partenaires les pays pour lesquels la libre circulation des biens et des personnes est de mise. C’est donc l’Afrique qui doit être notre terrain de jeu prioritaire. N’ayant encore pas une maturité industrielle, soutenue par des infrastructures adéquates, nous sommes tenus d’être un pays ouvert. Les nations occidentales ne sont pas bannies de notre système de construction de richesses et de bien-être. Je pense que les pays d’Asie, du moyen et du proche orient sont plus accessibles pour la plupart des enjeux que nous considérons. Le partenariat avec les pays européens et les Amériques ont pleinement leur place dans notre économie. Le changement substantiel que j’observe, c’est que nous sommes de plus en plus conscients que le surendettement n’est pas une option et que le secteur privé est le véritable moteur de la croissance économique. Sur le plan diplomatique et politique, nous restons dans la même tradition de relations de bonnes qualités avec toutes les nations partageant nos valeurs et notre idéal.
Vous êtes dans le secteur du numérique, secteur qui fait partie des thèmes débattus au Forum d'été de Davos. Où en est la Chine en matière technologique?
Qu’est-ce que le Sénégal peut faire pour bénéficier de l'avancée technologique de ce pays ?
La Chine se détache de plus en plus en termes de maîtrise technologique, y compris pour le volet numérique. Comme toute nation responsable, la Chine protège son économie et arme son secteur privé. Sa dépendance technologique est quasi nulle. Nous devons tisser avec la Chine des relations gagnant-gagnant. En mettant en place des ponts économiques judicieux avec une grande puissance technologique comme la Chine, nos politiques de soutien à l’innovation et notre stratégie d’industrialisation pourraient aboutir plus rapidement. Cependant, nous ne devons pas perdre de vue que nous devons développer nos capacités de négociation et de valorisation de nos intérêts, quel que soit le partenaire avec lequel nous traitons. Jamais un vendeur ne doit déterminer la préférence d’un acheteur. L’Etat doit beaucoup investir sur les dispositifs d’accompagnement du secteur privé avec pour seule finalité, l’émergence d’un tissu de PME/PMI, capable de servir le marché domestique et d’autres pays africains. Mettre en place des zones économiques spéciales bien maîtrisées participe de cette nécessité. Notre ambition de digital nation, outre le savoir-faire national, peut s’appuyer sur la Chine et sur d’autres pays pour, d’une part, ne pas rentrer dans une dépendance contre-productive, d’autre part, pour assurer la diversité de nos options.
Ce régime prône la souveraineté économique. Mais dans un contexte de monde globalisé et dans un contexte où le Sénégal est un pays en voie de développement, comment, selon vous, les nouvelles autorités peuvent-elles faire pour allier souveraineté et ouverture économique ?
Les deux expressions ne sont pas antinomiques. La souveraineté, c’est un exercice que l’on doit pratiquer différemment selon les sujets, les enjeux, nos propres limites et nos besoins. La souveraineté, ce n’est ni une religion, ni une doctrine. C’est un slogan que toutes les nations libres affirment sans complexe et qui finit par devenir un marqueur positif pour l’économie mondiale. L’ouverture est une nécessité absolue car nous sommes dans un monde d’échange et d’interdépendance. L’affirmation de notre souveraineté nous permet de ne plus jamais consacrer nos ressources publiques aux développements d’entreprises étrangères, surtout lorsque la réciproque est inenvisageable. C’est une démarche d’ensemble que tout le continent africain devrait adopter pour faire en sorte que nos rivalités héritées de l’ère coloniale ne nous conduisent à préférer donner à des nations déjà riches nos marchés au double du prix pour obtenir la moitié de ce que le voisin était disposé à nous offrir à prix réduit. Cette maladie inconsciente qui nous a amené à rater la quasi-totalité de nos plans de développement depuis 6 décennies doit être définitivement éradiquée.
UN FILS D’UN TIRAILLEUR DEPOSE UNE PLAINTE CONTRE L’ETAT FRANÇAIS
Biram Senghor, fils de Mbap Senghor, un tirailleur sénégalais tué par l’armée coloniale française, le 1er décembre 1944 à Thiaroye, a déposé une plainte devant le tribunal judiciaire de Paris contre X et l’état français pour «recel de cadavre».
Biram Senghor, fils de Mbap Senghor, un tirailleur sénégalais tué par l’armée coloniale française, le 1er décembre 1944, dans le camp de Thiaroye, a déposé hier une plainte devantle tribunaljudiciairede Paris contre x et contre l’etat français pour des faits de «recel de cadavre».
C’est un fait inédit. Une plainte contre l’Etat français, 80 ans après le massacre perpétré par l’armée coloniale française, le 1er décembre 1944, à Thiaroye. Elle a été déposée hier mardi 24 juin, en France, contre X et contre l’Etat français, par Biram Senghor, fils de Mbap Senghor, un tirailleur sénégalais tué par l’armée coloniale française.
La plainte, enregistrée au parquet du tribunal judiciaire de Paris sous le N° de parquet 25175000244, vise des faits de « recel de cadavre», selon un document consulté par « L’As ». Une infraction réprimée par l’article 434-7 du Code pénal français qui punit le fait de cacher ou de dissimuler le corps d'une personne décédée à la suite d'un homicide ou de violences. Il est prévu une peine de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende.
Cette démarche inédite intervient sept mois après la reconnaissance par la France de ce crime colonial qui a fait 35 morts officiellement mais plus de 300, selon des historiens. « Maintenant que la France a reconnu avoir massacré son père, M. Senghor demande le retour de son corps afin qu’il puisse l’honorer. Or, depuis 80 ans, des individus travaillent à maintenir l’opacité autour des faits et en empêchant l’accès à des documents qui permettraient de localiser les corps et de connaître le nombre de victimes », a plaidé Mbaye Dieng, l’avocat sénégalais de Biram Senghor, mandaté à Paris pour le représenter, dans des propos rapportés par le journal français, Le Monde. Pourtant, la France affirme avoir remis au Sénégal l’intégralité des archives sur le massacre en 2012.
Mais malgré le geste mémoriel concédé par l’ancien pays colonisateur en novembre 2024, des doutes subsistent sur la détermination de Paris à faire la lumière sur cette tuerie. Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, est un épisode longtemps passé sous silence dans l’histoire coloniale française. Il visait des tirailleurs sénégalais qui réclamaient simplement le paiement de leur solde à leur retour d’Europe après avoir combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’en est suivi une répression brutale dans laquelle Mbap Senghor et plusieurs de ses frères d’armes, tirailleurs sénégalais, ont trouvé la mort sous les balles de l’armée française.
LES CHANCES D’UNE PROCEDURE
L’action judiciaire intentée, en France, devant le tribunal judiciaire de Paris pour «recel de cadavre», ne devrait pas être promenade de santé. L’idée du requérant Biram Senghor pour redorer l’image et la dignité de son père tirailleur, Mbap Senghor et ses frères d’armes est noble. Mais a-t-elle des chances d’aboutir. L’As a tenté de trouver réponse. Dans la plainte, c’est l’article 434-7 du Code pénal français relatif au fait de cacher ou de dissimuler le corps d'une personne décédée à la suite d'un homicide ou de violences qui est visé. Il faut dire que, selon une source très au fait de ces questions, le recel de cadavre est une infraction continue dont la prescription ne commence à courir qu’à compter du jour où la dissimulation a pris fin. En l’espèce, cela veut dire au moment de la découverte du corps.
De ce point de vue, le délai de prescription ne court qu’à partir de la découverte du cadavre selon la jurisprudence française. Même si pour le moment, beaucoup de zones d’ombre subsistent sur le massacre de Thiaroye 44, il faut dire que des fouilles menées par des archéologues ont permis de découvrir, en début juin 2025, des squelettes humains avec des balles dans le corps dans le cimetière de Thiaroye où ces tirailleurs africains ont été massacrés par l’armée française en 1944.
Donc, techniquement, c’est bien possible de prescrire l’affaire. D’autant que la jurisprudence française, par exemple, admet que le recel de cadavre est une infraction continue. «La découverte en 2025 fait courir le délai de prescription à partir de cette date, et non de 1944, tant que la dissimulation a duré sans interruption», explique le juge à L’As.
En revanche, l’issue dépendra de la qualification des faits, de l’intention caractérisée de dissimulation et de la décision du tribunal judiciaire de Paris. De ce point de vue, l’Etat peut bien être pénalement condamné et civilement responsable. Tout dépendra, soutient notre interlocuteur, de la suite réservée à la plainte étant entendu que l’instruction peut durer des années sans forcément
LES CAUSES D’UN PHENOMENE GENANT QUI PREND DE L’AMPLEUR
L’âge suscite une certaine anxiété chez la personne car il est un des indicateurs de la vieillesse. C’est pareil pour les cheveux blancs, annonciateurs d’un autre temps : le début du troisième âge. Plus on grandit et plus on vieillit
Considérés comme un signe de sagesse ou le reflet du temps qui passe (vieillesse), les cheveux blancs sont aujourd’hui de plus en plus visibles sur les têtes et barbes juvéniles. Au Sénégal, comme ailleurs, de nombreux jeunes découvrent dès l’adolescence ou au début de la vingtaine les premiers signes de cette dépigmentation capillaire. Si pour certains, cela reste un détail sans grande importance, pour d’autres, c’est un véritable choc, souvent perçu comme un vieillissement prématuré. entre facteurs héréditaires, stress, modes de vie modernes et carences nutritionnelles, l’apparition précoce des cheveux blancs soulève de nombreuses interrogations.
L’âge suscite une certaine anxiété chez la personne car il est un des indicateurs de la vieillesse. C’est pareil pour les cheveux blancs, annonciateurs d’un autre temps : le début du troisième âge. Plus on grandit et plus on vieillit. C’est dans l’ordre naturel des choses. Cependant, les cheveux gris peuvent faire leur apparition plutôt que prévu et souvent de façon très précoce. Âgé d’une quarantaine d'années, Fatou a vu ses premiers cheveux blancs à l’âge de 12 ans quand elle était au collège. « Au début, c'était fun pour moi parce que j'avais toujours ce petit bout de touffe qui était au milieu de mes cheveux tout noir et ça me faisait vraiment plaisir, même si mes camarades de promo d'alors se moquaient de moi en me traitant de vieillir avant l’âge », se souvient-elle. Elle ajoute que sa mère utilisait du charbon pour cacher un peu ses cheveux blancs. « Mais au fil des années, pratiquement à 30 ans, la blancheur s'est répandue, pour ne pas dire éparpillée un peu partout et ça se voyait de plus en plus, plus que quand j'étais plus jeune. Et ça a commencé à me gêner à l'âge de 30 ans. Je ne pouvais plus me concentrer sur autre chose qu'à mes cheveux. À chaque fois que j'allais au salon pour me faire coiffer, on me faisait la remarque. On me disait souvent : vous avez des cheveux blancs très jeunes. J'étais obligée d'expliquer pourquoi j'avais ces cheveux blancs, que j'avais ces cheveux à l'âge de 12 ans », se désole-t-elle.
Fatou : «des gens qui m’appelaient tata ou «yaye boy» alors qu’ils ont le même âge que moi»
A l’en croire, ça devenait agaçant de plus en plus et les gens n'arrêtent pas. «À chaque fois que j'allais me faire coiffer, on me faisait la remarque. D'autres m'appelaient tata, d'autres maman alors qu'on avait le même âge. J'ai pris la décision de faire des locks pour au moins m'épargner ces explications. Finalement, je prenais la teinte noire pour cacher un peu mes cheveux blancs et éviter des remarques agaçantes. Et beaucoup de jeunes en souffrent parce qu'on n'en parle pas assez. Malgré mes locks, ça se voit», s’en désole-t-elle. Âgée de 28 ans, Astou Fall subit la même chose que Fatou. «J’ai subi pas mal de moqueries et certains me traitaient de mamie», regrette-t-elle. La femme de teint noir et à la taille moyenne se dit complexée à cause de ses cheveux à deux tons. Avec le temps, elle a appris à en faire fi. Cependant, il suffit d’une petite remarque de ses proches pour la faire sortir de ses gonds. La vendeuse en pharmacie essuie également quelques remarques dans son lieu de travail. «Les clients ne se concentrent que sur ma tête. C’est compliqué par rapport à mon âge. C’est comme si j’avais 50 ans», se désole-telle.
Daouda Diop age de 27 ans : «je voyais venir les regards et quolibets de mes amis»
Daouda Diop, quant à lui, a découvert ses cheveux blancs en peignant sa barbe. Le jeune de 27 ans voit quelques poils disgracieux qu’il inspecte sous toutes les coutures. « J’étais vraiment surpris surtout par rapport à mon âge », admet-il. Le vendeur de chaussures avoue avoir éprouvé une certaine gêne. « Je voyais venir les regards et quolibets de mes amis », explique-t-il. Pour fuir les railleries et remarques, le sieur a décidé de couper le mal à la racine en se teignant les cheveux et la barbe.
Dr Mousse Pathe Mbaye, gériatre : «le tabagisme chez les sujets jeunes peut expliquer l'apparition precoce des cheveux blancs»
En effet, l’apparition précoce des cheveux blancs peut avoir plusieurs causes. Selon le gériatre Dr Moussé Pathé Mbaye, les explications qu'on pourrait émettre devant ce phénomène sont très fréquentes chez les sujets jeunes. « En premier, on va énoncer le stress. En réalité, le stress interfère avec la production de cette mélanine par des mécanismes bien connus. Actuellement, on sait que la majeure partie des jeunes sont stressés avec des conditions socio-économiques précaires. Je ne vous l'apprends pas. Il y a de multiples problèmes qui se posent dans ce pays. Le tabagisme aussi est incriminé. La recrudescence du tabagisme chez les sujets jeunes peut expliquer l'apparition précoce des cheveux blancs. Le tabac n'a que des effets délétères. Le tabac n'a pas d'avantage du tout», indique-t-il. L’ampleur de la pollution, les rayons ultraviolets…, selon lui, sont aussi capables de dégrader la mélanine et décolorer les cheveux. «Il y a aussi des facteurs génétiques. Si l'un des parents a eu des cheveux blancs à 20 ans, il est possible que le sujet jeune développe des cheveux blancs à partir de 20 ans à 19 ans. C'est la génétique, c'est la programmation en tant que telle», affirme-t-il.
Dr Ibrahima Ndiaye, dermatologue «le stress est un facteur déclenchant des canities précoces»
Phénomène de plus en plus fréquent chez les sujets jeunes, l’apparition précoce des cheveux blancs ou canitie précoce pose un réel problème aux personnes qui en ont. Entre moqueries, remarques déplacées, ils vivent cette situation au quotidien. Le dermatologue, Dr Ibrahima Ndiaye, indique que le stress est un facteur déclenchant des canities précoces.
L’As : Qu'est-ce qui explique l’apparition précoce des cheveux blancs chez les jeunes ?
Dr Ibrahima Ndiaye : Le terme scientifique utilisé pour parler du blanchiment des cheveux, ça s'appelle la canitie. C'est le blanchissement des cheveux. En règle générale, le blanchissement des cheveux va avec l'âge. Plus on prend de l'âge, plus les cheveux vieillissent. C'est un phénomène naturel puisque les cheveux vont perdre le stock de mélanine. Vous savez que la mélanine est une substance qui est sur notre peau qui fait que nous sommes noirs et sur les cheveux qui fait que les cheveux sont noirs. Donc quand on vieillit le stock de mélanine présent au niveau des cheveux va être épuisé et c'est ça qui entraîne le grisonnement puis le blanchiment des cheveux. Aujourd'hui on voit quand même des canities précoces, c'est-à-dire un blanchissement des cheveux qui s'installe chez des jeunes. quels peuvent être les facteurs qui favorisent ce phénomène? Le stress est un facteur déclenchant des canities précoces. Même les gens, ont signalé les scientifiques, ont montré que le tabagisme peut entraîner une canitie précoce mais aussi une alimentation pauvre en butine, en vitamine B8 et en vitamine B12. Et ces vitamines on les trouve dans la viande, dans le lait et dans les œufs. Et souvent donc, ceux qui ne mangent pas trop de viande, ceux qu'on appelle les gens qui ne prennent pas de viande, peuvent donc développer souvent cette canitie précoce.
Est-ce un phénomène nouveau puisqu’il fallait être très âgé pour avoir des cheveux blancs ?
Il y a d'autres maladies, je ne vais pas entrer dans les détails, qui peuvent entraîner une canitie. Par exemple, quand on a ce qu'on appelle le vitiligo, on peut l'avoir pour s'accompagner de blanchissement de cheveux. Un blanchissement de cheveux d'origine naturelle ne redevient jamais noir. Il faut que vous me compreniez, lorsqu'il s'agit d'un blanchissement naturel par le vieillissement, on ne peut pas avoir un retour à la normale. Alors que quand il s'agit d'un blanchissement lié à une pathologie comme par exemple un vitiligo, si on arrive à régler le problème du vitiligo, on peut recolorer les cheveux de façon noire. Donc, ça peut être réversible si la maladie en cause a été traitée. Il y a d'autres maladies qui peuvent donner cette pathologie de blanchissement des cheveux. Je ne vais pas entrer là-dedans, il y a beaucoup de maladies dermatologiques. Par contre, il y a quelque chose que je voulais signaler. On peut à la naissance avoir un blanchissement des cheveux. Des cheveux blancs à la naissance. Ça, il faut évoquer le syndrome, la carence en zinc, une carence en zinc peut donner des cheveux blancs. Mais surtout aussi, cette maladie qu'on appelle l'albinos. L'albinos, c'est que quand on est avec un stock de mélanines faibles, ou bien on n'a pas de mélanine, cette maladie congénitale peut donner des cheveux blancs à la naissance. C'est ce qu'on appelle la loco touchie congénitale, qui est différente de la canitie. Donc, à la naissance, on peut avoir des cheveux blancs. Et ces cheveux blancs sont souvent liés à une maladie qui s'appelle l'albinos oculo cutanée. C'est ce qu'on appelle en wolof le poulet. Voilà donc rapidement posé le débat sur la canitie.
CRI DU CŒUR DES JEUNES AVOCATS SENEGALAIS
Précarité économique, fiscalité lourde, pénuries de formations continues post-capa...L’accès à la profession d'avocat est très sélectif au Sénégal. Et réussir le concours du barreau est perçu comme une réussite professionnelle et sociale
Le 20 juin dernier, les membres de l’Association des jeunes avocats sénégalais (AJAS) ont élu un nouveau président en la personne de Me Mouhamadou Bassirou Baldé. Celui-ci s'engage à œuvrer activement pour l'épanouissement professionnel et le bien-être de la jeune génération d'avocats qui, malgré l’image dégagée, font face à des difficultés profondes.
L’accès à la profession d'avocat est très sélectif au Sénégal. Et réussir le concours du barreau est perçu comme une réussite professionnelle et sociale. Mieux, d’aucuns considèrent que les avocats vivent dans le luxe. Mais derrière cette apparence, force est de constater que certaines robes noires, particulièrement les jeunes, sont loin d’être nanties et épanouies.
Le nouveau président de l’AJAS estime en effet que contrairement à l’image perçue de l’extérieur, le jeune avocat fait face à des difficultés multiples et profondes, souvent invisibles au grand public. Il s’agit d’abord, selon Me Mouhamadou Bassirou Baldé, de la précarité économique dans laquelle beaucoup d’avocats évoluent, et de l’absence d’un accompagnement institutionnel à l’installation. «De nombreux cabinets fonctionnent sans aide publique, alors que les charges professionnelles sont particulièrement lourdes. Le manque de dispositifs fiscaux incitatifs aggrave encore cette précarité et ne facilite pas l’installation des jeunes confrères», a pesté Me Baldé dans une note parvenue à L’AS Quotidien. Ensuite, le Président de l’AJAS pointe du doigt l’accès restreint aux opportunités professionnelles qui constitue un obstacle majeur.
A l’en croire, la concurrence croissante sur un marché du droit saturé, l’absence de spécialisation valorisée et l’inégalité d’accès à certains contentieux à haute valeur ajoutée marginalisent les jeunes confrères. À cela s’ajoutent, regrette-t-il, des conditions matérielles d’exercice difficiles, ainsi qu’un accès limité à des ressources documentaires et technologiques à jour. Enfin, Me Baldé déplore la pénurie de formations continues post-CAPA (Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat) qui représente un déficit structurel. Selon lui, une fois le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat obtenu, très peu de programmes structurés accompagnent les jeunes confrères dans la consolidation de leurs compétences pratiques, notamment en gestion de cabinet, fiscalité ou en gestion et fidélisation de la clientèle.
PRIORITES DE L’AJAS
Par ailleurs, Me Mouhamadou Bassirou Baldé a décliné les priorités de la nouvelle équipe dirigeante de l’Association des jeunes avocats sénégalais (AJAS). Il estime que leur ambition est de faire de l’AJAS une association dynamique, solidaire, formatrice et influente, pleinement ancrée dans les réalités du jeune avocat sénégalais.
Leurs priorités, dit-il, s’articuleront autour de plusieurs axes stratégiques : «le renforcement des capacités professionnelles des jeunes avocats à travers des formations techniques et pratiques adaptées; l’amélioration des conditions d’exercice, notamment en militant pour la mise en place de dispositifs de soutien à l’installation et à la protection sociale des jeunes avocats; le développement de partenariats institutionnels et internationaux, afin d’ouvrir davantage de perspectives professionnelles à leurs membres; et la diversification des services rendus à la communauté juridique, pour faire de l’AJAS un acteur incontournable du Barreau et de la société civile».
Le nouveau bureau de l’AJAS, installé pour deux ans, dit également vouloir inscrire son action dans la durée, en construisant des solutions pérennes aux difficultés structurelles que rencontrent les jeunes avocats, avec pour seule boussole : l’intérêt général de la profession. Auparavant, le nouveau président de l’AJAS, Mouhamadou Bassirou Baldé avait exprimé sa profonde gratitude envers ses pairs pour la confiance placée en lui. Il dit également mesurer pleinement la solennité et la responsabilité attachées à cette fonction
LE REGGAE, UNE PHILOSOPHIE QUI LIBERE
A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré, ce samedi, la Fête de la musique. Pour la circonstance, le Musée des civilisations noires a choisi de parler de la musique reggae.
A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré, ce samedi, la Fête de la musique. Pour la circonstance, le Musée des civilisations noires a choisi de parler de la musique reggae.
A l’instar des autres pays du monde, le Sénégal a célébré, samedi 21 juin, la Fête de la musique. Pour la circonstance, le Musée des civilisations noires (Mcn) a choisi de parler de la musique reggae. Une occasion saisie par le panéliste Alassane Bèye pour revenir sur l’origine de cette musique qui a marqué l’histoire de l’humanité. D’après l’écrivain ayant produit un livre intitulé Le reggae : Chronique d’une musique magique, le reggae, qui est l’essence de la musique jamaïcaine, a une histoire. Et pour la comprendre, il faut remonter le temps. Il a commencé avec les fils de l’esclavage. Selon Alassane Bèye, cette musique a contribué à façonner la vie de l’homme de par sa philosophie. «Il nous fait voyager et nous façonne dans notre façon de vivre», a-t-il poursuivi. A l’en croire, les premiers colons de la Jamaïque ne sont pas les Britanniques, mais les Espagnols qui l’ont occupée de 1794 à 1894. Et ce n’est qu’après l’occupation britannique que commence, dans cette localité, la traite négrière. Il a cité de grands noms qui ont débuté cette musique pour exprimer ce qu’ils avaient dans le cœur. Mais, on ne peut pas parler de reggae sans mentionner le nom de Hailé Sélassié, 225e de la lignée de Salomon.
En fait, Hailé Sélassié était un grand roi, un empereur qui avait offert aux rastas un terrain de 500 mètres carrés en 1948. Il a été un panafricaniste chanté par tous les rastas comme le dieu noir. «La musique reggae aura plusieurs mutations. Elle va évoluer jusqu’à impacter le monde. L’Angleterre est le pays où le reggae a beaucoup impacté. Aux Etats-Unis, l’impact a été l’œuvre des Jamaïcains. En Afrique, le reggae a eu aussi son importance. Jimmy Cliff a fait des concerts en Afrique. En 1982, Burning Spear a beaucoup contribué à développer le reggae en Afrique», explique Alassane Bèye, qui compte plusieurs genres dans la musique reggae.
D’après Cheikh Amala Doucouré, le reggae a atteint son apogée en 1976. Cependant, «ce ne sont pas les rastas qui ont fait le succès du reggae, mais c’est l’aspect rastafari», a-t-il précisé. A l’en croire, le nom reggae est apparu en 1968. «C’est avec Toots Hibbert, avec la chanson Do the reggae», a-til indiqué. A son avis, les Africains n’ont pas su profiter du reggae. «On s’est libérés de l’esclavage mais on est encore attachés à ça. L’importance du reggae, c’est de donner à l’Africain sa liberté», a-t-il rappelé. Il en veut pour preuve l’absence de développement économique en Afrique, où les gens ne s’inspirent pas de la philosophie du reggae. «On dépense notre argent dans les fêtes religieuses. Nous sommes dans une société où les gens qui ne font rien sont les plus riches», a-t-il déploré. Il pense que la manière de changer ces réalités, c’est le reggae. «Il faut réveiller les gens sur ce qui est important dans la vie. Les Sénégalais jouent avec leur vie», a-t-il relevé, tout en soulignant que c’est la philosophie qui fait la différence. Depuis 2018, le reggae est déclaré patrimoine immatériel de l’Unesco. Pour les panélistes, le reggae est plus que de la musique. «C’est l’aspect rastafari, la présence de l’empereur dans le temps et l’espace qui a beaucoup inspiré les uns et les autres. C’est un glorieux passé historique. Pour les rastas, l’empereur est l’accomplissement de la prophétie. Le reggae a porté la conscience, le renouveau», a conclu Ras Makha Diop.
MAURICE SOUDIECK DIONE ALERTE SUR LES RISQUES DE CONFUSION DES ROLES
Lors d’un panel dans le cadre de la commémoration du 23 juin organisé par Y’en a marre, le Pr Maurice Soudieck Dione, s’est exprimé sur les risques d’une dyarchie entre le président de la République et le Premier ministre
Lors d’un panel dans le cadre de la commémoration du 23 juin organisé par le mouvement Y’en a marre, Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé en Science politique à l’Ugb, s’est exprimé sur les risques d’une dyarchie entre le président de la République et le Premier ministre. Seneweb, qui est revenu sur cette intervention du Pr Dione, informe qu’il a alerté contre les risques de confusion des rôles au sommet de l’Etat. M. Dione soutient que «si les rapports entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement ne sont pas clairement définis, cela pourrait engendrer une dyarchie, source d’instabilité et de blocages institutionnels». De ce fait, rapporte le média en ligne, il a invité à clarifier ce rapport de force à travers une réforme constitutionnelle qui éviterait les chevauchements de prérogatives. «Il faut donner au Président la légitimité populaire, mais sans que son pouvoir ne devienne absolu», a-t-il déclaré.
Outre cette question, Maurice Soudieck Dione a appelé à des réformes structurelles profondes. Il a ainsi plaidé pour «une refonte du statut du procureur, souvent accusé d’être sous l’influence de l’Exécutif, une véritable séparation des pouvoirs et un renforcement de l’indépendance des corps de contrôle de l’Etat». Il a, dans la même veine, déploré «la persistance du mandat de dépôt systématique». Pr Dione plaide pour «une Justice qui protège les citoyens, au lieu d’être un levier de répression politique». «La démocratie, ce n’est pas simplement la règle de la majorité ; c’est aussi la garantie que la minorité puisse jouer pleinement son rôle de contrepouvoir», a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, Maurice Soudieck Dione a souligné que le divorce entre les citoyens et les institutions reste aujourd’hui profond. Rejetant le discours selon lequel les blocages institutionnels viendraient du fait que nos textes sont d’inspiration occidentale, il relève que cette thèse n’est qu’un prétexte pour justifier des pratiques antidémocratiques. «L’enjeu n’est pas l’origine des textes, mais la manière dont ils sont appliqués et appropriés par les gouvernants», renseigne-t-il. D’ailleurs, il a rappelé que l’histoire précoloniale du Sénégal, avec des figures comme Souleymane Baal ou les souverains du Sine, du Fouta et d’ailleurs, a incarné, bien avant l’Etat moderne, des formes de limitation du pouvoir.
PAR Adama Dieng
L'IMPLOSION DU SOUDAN DOIT ÊTRE STOPPEE À EL-FASHER
EXCLUSIF SENEPLUS- Prendre en otage des populations civiles pour négocier l'impunité ne peut être une fois de plus accepté par les Nations Unies ou l'Union africaine. Aucun pays ne devrait prétendre n'avoir pas été averti des conséquences
Il y a quelques jours, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) et la Mission d'établissement des faits des Nations Unies créée pour enquêter et documenter les atrocités de masse commises au Soudan depuis avril 2023 ont alerté le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine et le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies de leurs conclusions alarmantes.
Depuis plus de deux ans, le Soudan est en proie à l'un des conflits les plus brutaux de son histoire, marqué par une multitude de violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire, constitutives d'atrocités criminelles, notamment de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. En raison d'une couverture médiatique internationale limitée et d'un accès international limité à ce pays, de nombreuses âmes innocentes ont péri dans l'anonymat, laissant derrière elles des familles désespérées. Le bilan total des victimes du conflit en cours s'alourdit et est estimé à plus de dizaines de milliers. Le chiffre exact des victimes directes n'est pas disponible : 12 millions de civils ont été déplacés à l'intérieur du pays et 4 millions de réfugiés sont dénombrés. Il faut également compter les victimes indirectes : des femmes, des enfants et des hommes ont succombé aux dommages causés aux infrastructures et aux services, notamment par le manque de nourriture et de médicaments, ou ont été blessés, violés et traumatisés. La souffrance du peuple soudanais, des êtres humains comme chacun d'entre nous, est si grave qu'elle dépasse peut-être l'entendement.
Aujourd'hui, la ville d'El-Fasher, l'un des derniers bastions des Forces armées soudanaises au Darfour, est assiégée par leurs anciens alliés, les Forces de soutien rapide (FSR). Un nouveau bain de sang pour les civils soudanais se profile. Les FSR se sont illustrées en répétant, vingt ans plus tard et dans tout le pays, les atrocités des tristement célèbres milices arabes Janjawid, dont elles sont les descendantes directes. Elles utilisent désormais la famine comme arme de guerre lors du siège d'El-Fasher.
Le Soudan se fragmente et son tissu social implose. À la fin de l'année dernière, j'ai exprimé ma profonde inquiétude face à l'escalade de la violence et aux pertes en vies humaines dans diverses régions du Soudan, ainsi qu'aux informations faisant état de crimes graves, notamment des massacres, des agressions sexuelles, des actes de torture, des enlèvements et des pillages. En outre, j'ai souligné que les discours de haine, la haine raciale et l'incitation à la violence à motivation ethnique avaient atteint des niveaux intolérables. Cette situation est d'autant plus alarmante que des informations font état de mobilisations massives et d'armement de civils dans le cadre de l'escalade de la violence. Depuis lors, les hostilités se sont intensifiées. Les lignes de front ont atteint des provinces jusque-là épargnées, comme dans les provinces d’Al Jazeera et du Kordofan, propageant la violence intercommunautaire et conduisant à de nouvelles atrocités, notamment des exécutions et d'autres actes de représailles contre la population civile.
Il existe un risque aigu que de nouvelles atrocités se produisent au Soudan, tous les facteurs de risque étant clairement visibles. Le conflit armé en cours est le résultat de cycles de conflits non résolus et d'instabilité. Le Soudan a une longue histoire de tensions intergroupes et de discriminations à l'encontre de groupes ethniques protégés, liées à un long passé de violations graves des droits de l'homme et de commissions d'atrocités. Les parties ont démontré des motivations, des motivations et la capacité de commettre de nouvelles atrocités, comme en témoignent la propagation de discours de haine et d'incitation à la violence visant des groupes particuliers. Aggravées par l'instabilité politique et historiquement, le recours à la force pour résoudre les conflits politiques, la partition imminente de certaines parties du Soudan et l'absence d'alerte et de réponse précoces, notamment en raison de la fermeture des forces de maintien de la paix de l'Union africaine et des Nations Unies (MINUAD) au Darfour en 2021, des mesures doivent être prises dès maintenant pour mettre fin à cette spirale de violence et de désintégration. Les rapports présentés cette semaine par la Commission de la CADHP et la Mission d'établissement des faits de l'ONU ne peuvent être ignorés. Les belligérants responsables d'atrocités criminelles devraient être sanctionnés aux niveaux international et régional et inscrits sur la liste noire politique de la communauté des États qui affirment défendre les droits humains comme un principe fondamental de leur politique étrangère. Cela ne devrait être qu'une première étape avant leur poursuite, seule mesure permettant de mettre fin au cycle récurrent de conflits et à la désintégration du Soudan. Prendre en otage des populations civiles pour négocier l'impunité ne peut être une fois de plus accepté par les Nations Unies ou l'Union africaine.
Bien entendu, le paysage de la justice et de la responsabilité aux niveaux régional et international ne se limite pas à la Mission d'établissement des faits de l'ONU. Il comprend plusieurs autres acteurs importants, tels que la Cour pénale internationale et la Mission conjointe d'établissement des faits sur le Soudan de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples et du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, ainsi que les efforts de documentation soudanais. Cependant, leurs mandats ne sont pas égaux. La Cour est un mécanisme judiciaire créé pour poursuivre les principaux responsables de crimes internationaux. Sa compétence découle d'une saisine du Conseil de sécurité des Nations Unies en 2005 et sa portée géographique est limitée au Darfour. Si la Mission conjointe d'établissement des faits de l'UA et la Mission d'établissement des faits de l'ONU ont toutes deux pour mandat d'enquêter sur l'ensemble du Soudan, des différences cruciales rendent le mandat de la première beaucoup plus limité. Par exemple, le mandat confié à la Mission conjointe d'établissement des faits de l'UA, contrairement à celui de son homologue onusienne, ne lui confie pas – et c'est pourtant essentiel à toute action judiciaire – la tâche de préserver les preuves, de coopérer avec les instances judiciaires et autres, ni de formuler des recommandations sur les mesures de responsabilisation. Pour parvenir à de tels résultats, les mécanismes d'enquête respectifs des Nations Unies et de l'Union africaine doivent bénéficier du plein soutien des États Membres, avec l'objectif commun d'obtenir justice et responsabilité et de briser le cycle de l'impunité qui continue d'alimenter le conflit au Soudan. Mais une pression politique maximale sur les belligérants et leurs complices est également nécessaire immédiatement. Le siège d'El-Fasher constitue le défi le plus urgent pour mettre fin à une série d'atrocités criminelles qui mènent le Soudan sur la voie de l'anéantissement. Les hostilités doivent être suspendues, l'accès humanitaire rétabli et une désescalade du conflit négociée de toute urgence. Aucun pays ne devrait prétendre n'avoir pas été averti des conséquences.
En conclusion, des enquêtes doivent être menées et les responsabilités recherchées de manière inconditionnelle, transparente, équitable et impartiale, et les Nations Unies et l'Union africaine doivent collaborer étroitement dans cette entreprise. Leurs mécanismes d'enquête respectifs doivent bénéficier du plein soutien, avec l'objectif commun d'obtenir justice et responsabilité et de briser le cycle de l'impunité qui continue d'alimenter le conflit au Soudan. Les États Membres doivent fournir des mandats solides et les ressources nécessaires à ces mécanismes pour qu'ils puissent fonctionner.
L'implosion du Soudan doit être stoppée à El-Fasher.
Adama Dieng est Envoyé spécial de l'Union africaine pour la prévention du génocide et autres atrocités de masse.
Sudan’s implosion must be stopped in El-Fasher
A few days ago, both the African Commission for Human and People’s Rights (ACHPR) and the UN fact finding mission created to investigate and document mass atrocities that have been happening in Sudan since April 2023 alerted the African Union Peace and Security Council and the United Nations Human Rights Council of their alarming findings.
Sudan has been engulfed in one of the most brutal conflicts in its history for over two years, marred by a myriad of grave violations of human rights and international humanitarian law amounting to atrocity crimes, including war crimes and crimes against humanity. With little international press coverage or international access to the country, many innocent souls have perished in anonymity, leaving behind their desperate families. The total death toll resulting from the ongoing conflict is increasing and is estimated at over tens of thousands, though the exact figure of direct victims is not available, with 12 million civilians internally displaced and 4 million refugees. There are also the indirect victims- women, children and men who have died from the impact of the damage to infrastructure and services such as lack of food and medication, or who have been injured, violated and traumatized. The suffering of the Sudanese people, human beings like any of us, is so grave that it perhaps cannot be grasped by our human brain.
Today, one of the last Darfur strongholds of the Sudanese armed forces, the town of El-Fasher, is under the siege of their former allies, the Rapid Support Forces (RSF). Another blood bath of Sudanese civilians is looming. The RSF have distinguished themselves by repeating twenty years later and throughout the country the atrocities of the infamous Arab Janjaweed militias, of which they are the direct descendants. They are now also using famine as a weapon of war in their siege of El-Fasher.
Sudan is fragmenting and its social fabric imploding. Late last year, I expressed my deep concern over the escalating violence and loss of life in various parts of Sudan and reports of grave crimes, including mass killings, sexual assault, torture, abduction, and looting. Additionally, I stressed that hate speech, racial hatred and incitement to ethnically motivated violence had reached intolerable levels. This was even more alarming given reports of mass mobilization and arming of civilians as part of the escalation of violence. Since then, hostilities have intensified. Frontlines of combat have reached previously spared provinces such as Al Jazeera and Kordofan, spreading intercommunal violence leading to further atrocities, including executions and other acts of retaliation against the civilian population.
There is an acute risk of further atrocity crimes happening in Sudan with all risk factors highly visible. The ongoing armed conflict has emanated from cycles of unresolved conflict and instability, Sudan has a long history of intergroup tensions and patterns of discrimination against protected – ethnic – groups linked with a long record of past serious violations of human rights and the commission of atrocities, and the parties have shown motives, incentives and the capacity to commit further atrocity crimes, as witnessed by the spread of hate speech and incitement to violence targeting particular groups. Compounded by political instability and historic use of force to solve political conflicts, a looming partition of parts of Sudan, and lack of early warning and response, including due to the closure of the African Union-United Nations (UNAMID) peacekeeping forces from Darfur in 2021, action must be taken now to halt this spiral of violence and disintegration. The reports presented this week by the AUCHPR and the UN Fact Finding Mission cannot be ignored. The belligerents responsible for atrocity crimes ought to be internationally and regionally sanctioned and politically black-listed by the community of States claiming to defend Human Rights as a core principle of their foreign policies. This should only be a first step before their prosecution, the only measure to end Sudan’s recurrent cycle of conflict and pattern of disintegration. Taking civilian populations hostage to negotiate impunity cannot be once-again accepted by the United Nations or the African Union.
Of course, the justice and accountability landscape at the regional and international levels is not limited to the UN Fact-Finding Mission and comprises several other important actors such as the International Criminal Court and the Joint Fact-Finding Mission on Sudan of the African Commission on Human and Peoples' Rights and African Union Peace and Security Council, as well as Sudanese documentation efforts. However, their mandates are not created equal. The Court is a judicial mechanism set up to prosecute those most responsible for international crimes. Its jurisdiction stems from a United Nations Security Council referral of 2005 and is limited in geographical scope to Darfur. While the AU Joint-Fact Finding Mission and UN Fact-Finding Mission, are both mandated to investigate and cover the whole of the Sudan, there are crucial differences making the mandate of the former much more limited. For example, the mandate given to the AU Joint Fact-Finding Mission, contrary to that of its UN counterpart, does not task it – and this is essential to any justice efforts - to preserve evidence, cooperate with judicial and other entities or put forward recommendations on accountability measures.
To achieve such outcomes, the United Nations and African Union respective investigative mechanisms must be fully supported by member states with the common objective of achieving justice and accountability and breaking the cycles of impunity that continues to fuel conflict in Sudan. But maximum political pressure on the belligerents and their enablers is also needed immediately. The siege of El-Fasher is the most pressing challenge to halt a pattern of atrocity crimes that is taking Sudan on the path of annihilation. Hostilities must be suspended, humanitarian access restored, and a de-escalation of the conflict negotiated urgently. No country should claim it has not been warned of the consequences.
In conclusion, investigations must be conducted and accountability pursued in an unconditional, transparent, fair and impartial manner and the United Nations and African Union must work closely together in this endeavor. Their respective investigative mechanisms must be fully supported with the common objective of achieving justice and accountability, and breaking the cycles of impunity that continues to fuel conflict in Sudan. Member States must provide robust mandates, and the resources needed for these mechanisms to be able to deliver.
By Adama Dieng, African Union Special Envoy for the Prevention of Genocide and other Mass Atrocities.