SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
9 juin 2025
LE GRAND BLUFF DE PASTEF
Contrairement aux discours officiels du parti, le texte interprétatif de l'amnistie aurait en réalité cherché à amnistier certains crimes de sang liés à "l'exercice d'une liberté publique", tout en en excluant d'autres
Contrairement à ce qui a toujours été dit, Pastef, si l'on en croit le raisonnement du Conseil constitutionnel, a voulu, en réalité, inclure dans le champ de l'amnistie certains crimes de sang, en excluant d'autres.
Le considérant numéro 31 de la décision 1C/2025 rendue la semaine dernière par le Conseil constitutionnel n'en finit pas de susciter des commentaires. Chacun y allant de son avis, chaque camp criant victoire. Mais qu'est-ce qui s'est donc passé ? Pastef a-t-il raison de crier victoire dans ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire de l'interprétation de la loi d'Amadou Ba ? Un avocat sous le couvert de l'anonymat a attiré l'attention de EnQuête sur le fameux considérant. Que dit le texte ? EnQuête a essayé de le décomposer pour le rendre plus intelligible.
Au dit considérant, le Conseil constitutionnel d'abord nous informe sur le sens de l'alinéa 2 de la loi Amadou Ba. Au sens de cet alinéa, explique la haute juridiction, “les faits tenus pour criminels d'après les règles du droit international, notamment l'assassinat, le meurtre, le crime de torture, les actes de barbarie, les traitements inhumains, cruels ou dégradants, sont inclus dans le champ de l'amnistie lorsqu'ils ont un lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique...”.
En termes plus simples, si la loi Amadou Ba passait, les meurtres, assassinats, tortures, actes de barbaries et autres seraient couverts, lorsqu'ils ont un lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique. Ce qui est clairement en porte à faux avec ce que Pastef a toujours défendu, c'est à dire que l'objectif du texte serait d'extraire du champ de l'amnistie tous les crimes de sang.
Si la loi Amadou Ba avait passé, les crimes de sang en lien avec l'exercice d'une liberté publique allait être amnistiés
Après avoir explicité le sens de l'alinéa 2 de la loi portant interprétation de l'amnistie, le Conseil constitutionnel décline sa sentence en des termes sans équivoque. “...En incluant ainsi dans le champ d'application de la loi portant amnistie des faits imprescriptibles au regard des engagements internationaux à valeur constitutionnelle du Sénégal, l'alinéa 2 de l'article premier de la loi numéro 08/2025 du 02 avril 2025, viole la Constitution”. Ainsi, comme pour l'alinéa 1er, ce qui est brandi par Pastef et son chef comme un signe de victoire se révèle être un revers.
Ainsi, le Conseil constitutionnel a soulevé ce subterfuge dans la loi amadou Ba, alors même que les requérants ne l'ont pas invoqué. Et les sages ont commencé par justifier leur posture. “Conformément à l'article 17 de la loi n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel, si le Conseil constitutionnel relève dans la loi contestée soumise à son examen une violation de la Constitution, qui n'a pas été invoquée, il doit la soulever d'office...” Cette justification faite, le Conseil a rappelé que les instruments juridiques internationaux adoptés par l'ONU et l'OUA ont une valeur constitutionnelle, conformément aux dispositions du préambule de la Constitution, partie intégrante de la constitution.
Il a aussi relevé que ces instruments déclarent imprescriptibles, et donc non susceptibles d'amnistie, les faits tenus pour criminels d'après les règles du droit international. Telle est la motivation de la haute juridiction ayant abouti à la décision de déclarer anticonstitutionnelle non seulement l'alinéa 1er, mais aussi l'alinéa 2 de l'article premier de la loi portant interprétation de l'amnistie, introduite par le député de Pastef.
Quel sort pour les six pyromanes présumés du bus de Yarakh, arrêtés avant de bénéficier de l'amnistie
Selon le Conseil constitutionnel, “le législateur ne saurait, par une loi dite interprétative, ni faire obstacle à la répression de crimes imprescriptibles, ni priver de leur portée les principes relatifs à la sauvegarde de la dignité humaine, motif pris de ce que ces crimes seraient liés à l'exercice d'une liberté publique ou d'un doit démocratique”. Il ressort de la juridiction que “le principe de la non-rétroactivité des lois pénales plus sévères ne fait pas obstacle à la poursuite des faits tenus pour criminels d'après les règles du droit international”.
Mais pourquoi donc la loi Amadou Ba inclut dans son champ d'application, à l'alinéa 2 de l'article premier, les crimes de sang en lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique ?
Pour rappel, six personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'affaire relative à l'incendie barbare du bus de Yarakh, ayant emporté la vie de deux petites filles. Deux autres étaient repérés aux Etats Unis et faisaient l'objet de poursuites pour leur extradition. Tous ont eu à bénéficier de l'amnistie ; ceux qui ont été envoyés en prison ayant été libérés.
EnQuête a appris de sources sûres que ces derniers avaient activé tous leurs réseaux pour que la remise en cause de l'amnistie ne puisse pas compromettre leur liberté. Avec la décision qui vient d'être rendu par le Conseil constitutionnel, l'Etat devrait sans doute prendre ses dispositions pour que justice soit faite dans cette affaire. Mais jusque-là, les projecteurs semblent surtout se braquer sur les bourreaux de manifestants et non sur les manifestants présumés bourreaux.
Rappel de l'alinéa 2 de la loi Amadou Ba
Pour rappel, aux termes de l'aliéna 2 de l'article 1er de la loi Amadou Ba, “sont exclus du champ de l'amnistie, les faits survenus entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu'à l'étranger, sans lien avec l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique et qualifiés, notamment, d'assassinat, de meurtre, de crime de torture, d'actes de barbarie, de traitement inhumains, cruels ou dégradants, même si ces faits se rapportent à des manifestations, quelle qu'en soit la motivation et indifféremment de leurs auteurs”. Si l'on décompose cette disposition, cela donne ceci : “sont exclus du champ de l'amnistie les faits, notamment les assassinats, les meurtres, les crimes de torture...., sans lien avec l'exercice d'un droit démocratique et d'une liberté publique.”
A contrario, les assassinats, les meurtres...., en lien avec l'exercice d'une liberté démocratique, sont dans le champ de l'amnistie. En revanche, les mêmes crimes, même s'ils se rapportent à des manifestations, ne sont pas pris en compte, dès lors que ce n'est pas directement lié à l'exercice d'un droit démocratique. Nous avons essayé de joindre le député Amadou Ba pour avoir son commentaire sur ses aspects, mais en vain.
Suite à la décision du Conseil constitutionnel, le parti d'Ousmane Sonko était monté au créneau et avait essayé de dédramatiser ce qui était présenté comme un revers. A travers son groupe parlementaire qui avait défendu bec et ongle la proposition de loi, le parti prenait acte et tirait les deux enseignements suivants. En premier lieu, les camarades d'Ayib Daffé relèvent qu'aux termes du considérant 31, “l'assassinat, le meurtre, la torture, les actes de barbarie, les traitements inhumains, cruels ou dégradants sont des crimes imprescriptibles qui ne peuvent être couverts par une loi d'amnistie”.
En deuxième lieu, soutiennent-ils, “les victimes ont un droit à réparation, conformément à l'article 2 de la loi interprétative”. Ils en déduisent que “la décision du Conseil Constitutionnel confère à toutes les victimes la possibilité de déposer des plaintes contre les meurtriers, assassins, tortionnaires, nervis, leurs complices et surtout les commanditaires”. Aussi, se sont-ils réjouis, la “revendication ferme de ne pas laisser impunis les crimes de sang a trouvé un écho favorable dans cette décision du Conseil Constitutionnel” ; qu'il “appartient désormais à la Justice d'en tirer toutes les conséquences, et ce, en toute indépendance."
VIDEO
LA DÉTRESSE DES OUVRIERS DU BÂTIMENT
La suspension "temporaire" des chantiers de construction dure depuis maintenant un an, plongeant des milliers d'ouvriers dans la précarité. Face à l'absence de perspectives, certains envisagent l'émigration
La suspension des chantiers de construction décidée il y a un an par les autorités, a provoqué une grave crise sociale pour les ouvriers du secteur. Chaque matin, au rond-point de Keur Massar en banlieue de Dakar, une centaine de travailleurs du bâtiment se rassemblent dès l'aube, outils à la main, espérant décrocher une journée de travail qui souvent ne vient pas.
"C'est très difficile en ce moment. Parfois je peux rester ici 15 jours, un mois sans travailler. Chaque jour je viens à 6h, je reste jusqu'à midi ou 13h. Si je ne trouve rien, je rentre," témoigne l'un d'eux, illustrant le désespoir qui s'est installé parmi ces hommes.
Selon les organisations syndicales, cette décision gouvernementale a mis en péril plus de 15 000 emplois dans le secteur formel et des dizaines de milliers d'autres dans l'informel. Seuls les ouvriers disposant de contrats bénéficient d'un maintien partiel de salaire, laissant la majorité sans ressources.
Les travailleurs, qui avaient placé leurs espoirs dans le nouveau président Bassirou Diomaye Faye et sa promesse de changement, expriment aujourd'hui leur déception. "Les nouvelles autorités ne peuvent pas régler les problèmes du jour au lendemain, mais il faut qu'ils pensent à la jeunesse", déclare un maçon, ajoutant que beaucoup envisagent l'émigration comme seule issue face à cette situation.
Le secteur du BTP traverse également une crise financière majeure, les entreprises dénonçant plus de 300 milliards de francs CFA d'impayés de l'État. Cette situation a entraîné une chute de 10% de leur chiffre d'affaires au dernier trimestre 2024.
Initialement présentée comme temporaire pour permettre l'audit d'un secteur jugé opaque, la suspension des chantiers n'a toujours pas été entièrement levée. Malgré la reprise de certaines constructions, aucune information n'a été communiquée sur l'avancée des audits ni sur un calendrier de reprise complète. Les sollicitations auprès du porte-parole du gouvernement et du ministère de l'Urbanisme sont restées sans réponse.
Face à cette situation, les syndicats appellent à une concertation. "Nous voulons que ce pays marche, mais l'idéal serait qu'on puisse nous appeler autour d'une table pour négocier et prendre les devants afin que cette situation ne nous impacte pas davantage", plaide un représentant syndical.
Pendant ce temps, à Keur Massar, les ouvriers continuent d'attendre, jour après jour, un travail qui se fait de plus en plus rare.
LE GOUVERNEMENT REVALORISE LES SALAIRES DES TRAVAILLEURS DOMESTIQUES
Par un nouvel arrêté, le ministère du Travail a relevé les salaires minima catégoriels des gens de maison, une première depuis 2009. La mesure entre en vigueur en 2025.
Le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a franchi un pas important en faveur de la justice sociale. Par un nouvel arrêté, le ministère a fixé les salaires minima catégoriels des travailleurs domestiques et des gens de maison, marquant une hausse notable par rapport aux grilles de rémunération en vigueur depuis 2009.
Signé par le ministre Abass Fall, le texte entre en application pour l’année 2025. Il prévoit des augmentations significatives selon les catégories professionnelles. Ainsi, pour la 1ère catégorie, le salaire mensuel passe de 42 714 FCFA à 64 223 FCFA, tandis que pour la 7ᵉ catégorie, il grimpe de 53 318 FCFA à 76 996 FCFA.
Cette décision découle de l’application de plusieurs textes législatifs récents, notamment le décret n°2023-1710 relatif au salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et au salaire minimum agricole garanti (SMAG). Elle vise à renforcer la protection sociale des travailleurs et à améliorer leurs conditions de vie.
L’arrêté abroge ainsi celui du 31 décembre 2009 et confie son exécution au Directeur général du Travail et de la Sécurité sociale. Sa publication est prévue au Journal officiel pour assurer une large diffusion.
À travers cette revalorisation salariale, le gouvernement affirme son engagement à reconnaître et valoriser le rôle crucial des travailleurs domestiques, en leur garantissant de meilleures conditions économiques et sociales.
PAR AMADOU LAMINE SALL
MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE, VOUS NOUS AVEZ ÉCRIT…
Le 21 mars 2025, j’adressais une lettre d’alerte publique à M. le président de la République ainsi qu’à vous-même. Il s’agissait d’une alerte d’urgence qui attirait votre attention sur le génocide foncier en cours avec l’édification du Port de Ndayane
Monsieur le Premier ministre, en un mot, merci pour votre engagement pour la sauvegarde des biens culturels et du patrimoine artistique très gravement menacés par la folie génocidaire foncière du port de Ndayane.
En effet, le 21 mars 2025, j’adressais bien respectueusement une lettre d’alerte publique à Son Excellence Monsieur le président de la République ainsi qu’à vous-même. Il s’agissait d’une alerte d’urgence qui attirait votre attention sur le génocide foncier en cours avec l’édification du Port de Ndayane qui, hormis les 450 hectares qui lui sont alloués, vient ajouter à son monstrueux butin foncier, près de 1200 hectares spoliés aux populations et destinés, dit-on, à la mise en place d’un projet de zone industrielle qui part de Ndayane jusqu’aux confins de la route nationale. Démoniaque et effrayant !
Monsieur le Premier ministre, merci. Votre réaction est à saluer des dix mains et des dix pieds, pour avoir donné suite à notre alerte, par votre correspondance référencée n° 2018 en date du 23 avril 2025. Dans ce pays si cher, l’Administration, depuis la 3ème République, a pris le pli de répondre peu, très peu, aux lettres et requêtes qui lui sont envoyées par les populations, comme si écrire était devenu coûteux et précautionneux ! L’Intelligence Artificielle -IA- ne serait pas inutile, sans sourire, pour pousser les services publics et leurs chefs, à répondre vite aux citoyens qui s’adressent à leur gouvernement. Vos conseillers, quant à vous, Monsieur le Premier ministre, sont à féliciter ! Ils sont efficaces et prompts à remplir vos parapheurs. J’ai été honoré et séduit d’avoir partagé avec eux plus d’une heure d’échanges à la Primature, sous vos instructions, sur un projet mythique de mémoire à honorer. Vous êtes bien servi !
Monsieur le Premier ministre, nous avions proposé, par le passé, à l’ancien régime qui avait mis en place ce programme surréaliste et monstrueux de céder 1200 ha à une hypothétique et obscure zone industrielle, d’accepter de créer un POUMON VERT dans un environnement exceptionnel de forêt et d’eau, en préservant et en sauvegardant, par la même occasion, d’importantes et irremplaçables INFRASTRUCTURES CULTURELLES ET ARTISTIQUES ÉRIGÉES DEPUIS LES ANNÉES 90, par des écrivains, des poètes, des artistes, des éducateurs.
Ce qui avait été heureusement accepté et validé et le Directeur du port de Dakar de l’époque, fort diligent, avait mis en œuvre les études de réalisation de ce poumon vert. Tous les ports modernes du monde, ont désormais adopté cette option de « poumon vert », pour endiguer tant soit peu, les gaz toxiques si alarmants et mortellement foudroyants pour les populations longtemps exposées. Ndayane-Toubab Dialaw, à moins d’1H 30H de Dakar, était un paradis terrestre maritime ou Dieu venait passer ses vacances. Le port de Ndayane et ses mortelles tentacules, ont transformé un jardin d’eau et de verdure unique, en un fossé boueux, misérable et toxique ! Ndayane a mal fini. Son histoire et les chants éternels qui l’accompagnaient, sont perdus à tout jamais. Oui, pour un port mais pas là ! Une chamelle de légende a enfanté d’un âne ! Mais le développement serait à ce prix, dit-on !
Nous voulons juste, comme nous vous l’avons crié partout, avec la création de ce « poumon vert », régénérateur et protecteur d’un environnement fragile avec un port, sauver des infrastructures culturelles et éducatives bâties et acquises de haute lutte et ce depuis plus de 36 ans : résidence d’écriture, théâtre de verdure classé comme le plus grand et le beau d’Afrique, notre si prestigieuse école internationale de danse « L’École des sables », nos foyers éducatifs pour enfants, notre ferme agricole performante et formatrice de main d’œuvre, dont nombre de femmes admirables et chevillées à la tâche.
Voilà ce que nous voulons sauver. Voilà notre combat avec ce port de Ndayane qui empiète démesurément sur ses missions et ses objectifs. Jamais au monde, un port n’a occupé une couverture de 1600 hectares de superficie, soit 1312 terrains de football ! Vertigineux ! Irrationnel !
Monsieur le Premier ministre, voici, admirables, rigoureux, réfléchis, engagés, vos mots. Je vous cite dans votre texte de réponse : Je prends bonne notre des préoccupations urgentes que vous soulevez, notamment les risques de démolition des sites dédiés à la création artistique, à l’éducation, et au patrimoine culturel sénégalais. Conscient de l’importance de concilier développement économique et préservation du patrimoine national, le gouvernement examinera cette affaire avec toute la diligence requise.
Tout est dit ! Ce n’est pas DPWORD, nous a-t-on affirmé, qui est initiatrice de ce projet faramineux de zone industrielle hypothétique avec 1200 hectares, mais bien l’État du Sénégal ! Ne laissez pas raser autant de biens culturels et artistiques ! Parmi ces biens, figure désormais le tombeau du grand poète, dramaturge, sculpteur, Gérard Chenêt, sénégalo-haïtien, fondateur-bâtisseur du théâtre de verdure international de Ndougouman, Toubab-Dialaw, le plus grand et le plus célébré d’Afrique ! Gérard avait demandé d’être enterré dans son théâtre. Puisse ce théâtre et cette tombe si douce, être sauvegardés et protégés. Étrange et émouvant ces chats blancs et noirs qui vous accueillent à l’entrée du complexe théâtral, pour vous conduire sur la tombe de leur ami et maître ! J’en étais bouleversé !
Monsieur le Premier ministre, merci. Un merci d’altitude. C’est dans la nuit que l’on marche vers l’aube. Soyez cette aube, pour la culture et son patrimoine ! Rien, rien ici dans notre démarche et nos profonds remerciements, n’est politique. Ce que l’on défend par la foi, l’amour et l’engagement, ne peut pas être défendu avec l’argent, l’appartenance à un camp politique, la ruse, l’opportunisme. Nous sommes allés vers le Premier ministre du Sénégal avec raison et espérance. Il est venu à nous, avec l’esprit de justice et de respect pour les arts, les femmes et les hommes de l’art !
Monsieur le Premier ministre, votre réponse, pour nous, est comme un drapeau ! Il ne tombera pas ! Remplissez votre part d’histoire ! Entre vous et nous, commence un grave dialogue : celui des biens artistiques et culturels et la signification de la vie de tout homme et de toute nation, sans ces biens !
MBOUR, 39 MIGRANTS PORTÉS DISPARUS EN MER
Depuis le 15 mars, une embarcation est portée disparue après avoir quitté la petite côte dans une tentative de migration irrégulière. Les recherches se poursuivent, mais l’inquiétude grandit au sein des familles.
Une embarcation transportant 39 personnes, dont quatre enfants mineurs, est portée disparue en mer depuis le 15 mars, a appris Horizon Sans Frontières ce matin.
Selon les informations recueillies par l’organisation, la pirogue avait quitté la côte au niveau de Mbour dans le cadre d’une tentative de migration clandestine. Depuis, plus aucun contact n’a pu être établi avec ses occupants.
Parmi les disparus figurent une trentaine de ressortissants du village de Taïba Niassène, selon M. Dramé, un habitant de la localité. Ce dernier affirme chercher désespérément deux de ses enfants, également embarqués à bord du navire disparu.
Les recherches se poursuivent, mais l’espoir de retrouver les passagers s’amenuise au fil des jours.
LA CULTURE DE L’ANANAS, UN POTENTIEL INEXPLOITÉ POUR LA CASAMANCE
Lors d’une masterclass à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, experts et acteurs locaux ont plaidé pour la valorisation de cette filière porteuse d’emplois.
La production d’ananas pourrait bien devenir un levier majeur pour l’économie de la Casamance, selon les intervenants de la masterclass organisée ce week-end à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Cette rencontre, dirigée par le Dr. Boubacar Camara, directeur de l’ISEP de Bignona, avait pour objectif de promouvoir la culture de l’ananas, encore sous-exploitée dans la région, mais qui présente un potentiel considérable.
Un secteur prometteur pour l’emploi des jeunes
Lors de son intervention, le Dr. Boubacar Camara a souligné l’importance de cette culture, en précisant que des pays de la sous région comme le Bénin, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont déjà de grands producteurs d’ananas, malgré des conditions géographiques similaires à celles de la Casamance. Selon lui, « le Sénégal, et particulièrement la Casamance, possède les atouts nécessaires pour se positionner en tant que leader de la production d’ananas, notamment grâce à ses terres fertiles et à son climat favorable. »
La culture de l’ananas pourrait ainsi devenir un axe stratégique pour lutter contre le chômage des jeunes et promouvoir l’entrepreneuriat agricole. « La production d’ananas représente une opportunité d’insertion professionnelle pour les jeunes, notamment ceux formés par l’ISEP de Bignona, qui se préparent à devenir des techniciens supérieurs en production agricole et horticole », a-t-il ajouté.
Un itinéraire technique adapté à la Casamance
Pape Amadou Tidiane Bèye Seck, enseignant à l’ISEP de Bignona et producteur agricole, a présenté les techniques adaptées à la culture de l’ananas en Casamance. Selon lui, cette région, avec ses températures variant entre 22°C et 32°C, est idéale pour la production de ce fruit. « Nous pouvons cultiver des ananas en Casamance en respectant un itinéraire technique précis, qui inclut l’utilisation de fertilisants et des traitements pour stimuler la floraison », a-t-il expliqué. Cette méthode permettrait une récolte de fruits après seulement 12 mois, avec des rejets qui pourront à leur tour être utilisés pour créer de nouvelles plantations.
Les experts insistent également sur l’importance de la semence et des bonnes pratiques agricoles pour garantir des rendements optimaux. « L’autoproduction est un aspect important de cette culture, car elle permet de réduire la dépendance aux importations tout en générant des revenus locaux. »
Des opportunités pour l’industrie et l’emploi local
La rencontre a également mis en lumière les opportunités économiques qu’offre la transformation de l’ananas. En effet, des entreprises comme la Sogeca Casamançaise se sont déjà lancées dans la transformation du fruit, créant ainsi des emplois et ajoutant de la valeur aux produits agricoles locaux. Selon les intervenants, le développement de la culture de l’ananas en Casamance pourrait non seulement répondre aux besoins de consommation interne, mais aussi stimuler l’industrie de transformation.
Les participants ont été encouragés à élaborer des projets agricoles en vue d’obtenir des financements et de se lancer dans la production d’ananas, avec l’accompagnement d’industries locales. « L’ananas est un fruit populaire et apprécié, qui peut devenir une source importante de devises pour les producteurs. Avec le bon itinéraire technique et les financements appropriés, les jeunes peuvent véritablement transformer ce secteur en une industrie prospère », a conclu Pape Amadou Tidiane Bèye Seck.
En somme, cette masterclass a permis de mettre en avant un secteur prometteur pour la Casamance, à la croisée de l’agriculture, de l’industrie et de l’emploi des jeunes. La culture de l’ananas pourrait bien devenir l’un des piliers du développement économique de la région.
par Seydina Mouhamadou Ndiaye
TECHNOLOGIE AU SÉNÉGAL: MENACES CIVILISATIONNELLES OU DÉVELOPPEMENT LOCAL ACCÉLÉRÉ
Des associations locales aux startups innovantes, le pays développe des solutions adaptées à son contexte, transformant une menace d'impérialisme digital en opportunité de développement accéléré
Le monde de la technologie est en pleine euphorie et mutation. De nouvelles innovations apparaissent et prennent de plus en plus de place dans le quotidien et dans l’amélioration de la condition et des modes de consommation des hommes et des femmes.
Nous parlons de technologies jusqu'alors dignes des films de science-fiction: l’intelligence artificielle, la physique quantique, les robots humanoïdes, la reconnaissance faciale, la réalité augmentée, l’internet des objets, les implants cérébraux pour contrôler la machine — sans oublier — la possible et ambitieuse aspiration à envahir et coloniser Mars.
Les magnats de la technologie aux USA dictent le tempo, suivi par la Chine. L’Europe, malgré son retard, dispose d’une législation solide et réinvestit, notamment pour la défense.
Le Sénégal mène aussi son bonhomme de chemin par rapport à cette effervescence numérique. Malgré des infrastructures énergétiques et technologiques moins développées et moins d’accès aux capitaux de recherche et développement, les acteurs et actrices du secteur s'approprient ces nouveaux outils dans le cadre d’un développement communautaire accéléré. Ils valorisent l'expertise locale et mettent en phase expérimentale des produits adaptés au besoin des citoyens et citoyennes.
C’est déjà le cas dans le secteur de la ressource humaine où des algorithmes accompagnent de plus en plus le monde du travail local dans le recrutement. Les structures de développement de droit sénégalais se sont appropriées également l’intelligence artificielle dans le cadre de la gouvernance, le management et le suivi de leurs opérations et activités. D’autres secteurs comme l’art, la rédaction de contenu et l’assistance vocale locale explorent également cette technologie.
Dans ce contexte, cet article se veut une alerte et un questionnement : quels sont les défis civilisationnels et les opportunités de développement accéléré pour le Sénégal et l’Afrique face au monopole et l’interdépendance technologique vis-a-vis des grandes puissances?
Les mots énoncés dans cet article représentent le point de vue et l’interprétation de l’auteur et ne font en aucun cas office de vérité générale.
Nos défis civilisationnels
Ton et Agenda
Nous observons que le monopole, le ton et l’agenda sont détenus par quelques grandes puissances causant une forte dépendance du reste du monde à leur endroit. D’un point de vue socio-culturel, cette importante dépendance aux technologies étrangères définit nos modes de consommation, nos relations sociales et nos mécanismes de prise de décision. De par l’origine géographique et contextuelle de leur fondateur, ces plateformes et leur algorithme sont souvent conçues, par essence, pour une cible bien précise connectés avec les valeurs et intérêts de leurs concepteurs.
Communément appelé “Biais Technologique” — ces biais, sans le faire exprès (ou pas), peuvent être une source d’inégalité, d’impérialisme et de véhicule de transmission de masse d’idéologie politique.
Prenons par exemple, le cas de cette affirmation répétée à plusieurs reprises par les grands propriétaires d’entreprises tech aux USA sur l’IA:
“ Nous avons atteint le pic de données pour entraîner l’intelligence artificielle, nous sommes obligés d’utiliser des données synthétiques pour continuer l’apprentissage et la modélisation de l’IA. “
Le biais technologique dans cette phrase est que le web, tel qu’il est conçu, est un réservoir universel de données sans remettre en question l’absence de ressources ou données brutes hors ligne ou non publiées.
Cette affirmation est aussi un révélateur de la menace civilisationnelle qui guette le Sénégal et l’Afrique d’autant plus que la recherche d’information se fait depuis le Web. Dans ce cas, l'absence ou le manque de données africaines ou la maîtrise du contexte africain pour entraîner l’IA constitue un risque de désinformation, de révision de notre histoire africaine et aussi de réponses biaisées. Le risque est présent et n’est pas à négliger.
Ainsi, si nous ne maîtrisons pas nos propres données et ne participons pas à la construction des algorithmes, nous demeurons spectateurs, voire victimes, d’un récit mondial qui ne nous inclut pas.
La fin du libre arbitre ?
L’autre défi civilisationnel auquel nous faisons face réside sur notre libre arbitre et notre autonomie dans toute forme de prise de décision.
Les algorithmes, en analysant nos habitudes de consommation, nous font des suggestions, anticipent ou prennent le soin de prédire ce qui est bon pour nous et nous privent de notre liberté de choix et d’exploration.
Le constat est fait, le monde et surtout son cyberespace est de plus en plus polarisé. Les interactions sociales se font en fonction des systèmes de recommandation en commun, la structuration des canaux de conversation font que nous sommes soit “pour” ou “contre”.
Les dynamiques de groupes rassemblées autour d’algorithmes d’idéologies politiques essaient d’influencer et de persuader chaque bord, causant une division.
L’instantanéité des flux d’information, les filtres personnalisés et les formats très courts (stories, vidéos TikTok, Reels) nuisent à la diversité des points de vue. La rapidité et la densité de la propagande numérique rendent difficiles les débats contradictoires et les réflexions nuancées.
Collaboration Humain-Machine: développement local accéléré
Face aux défis technologiques que nous avons identifiés, le Sénégal doit définir une orientation stratégique et opérationnelle claire pour tirer profit de cette révolution numérique.
Recherche et Développement(R&D)
Il y a toujours des opportunités lorsque des menaces sont notifiées. La communauté tech au Sénégal en est consciente. Selon ses orientations, elle s’est appropriée la technologie et ses récentes innovations et a décidé d’apporter sa pierre à l’édifice.
En effet, le monde du développement local au Sénégal, grâce aux associations de droits sénégalais, est en pleine expérimentation pilote d'une collaboration Humain-AI. Ces associations ont compris que la technologie notamment l’intelligence artificielle est une aubaine pour la modernisation, la normalisation et la maturation de leur structure.
Elles nourrissent les systèmes d’IA avec des données brutes contextuelles issues de leurs activités et des mécanismes domestiques de collecte de données. Cette “SénégalIAsation” de l’intelligence artificielle a permis de développer des Agents IA endogènes qui accompagnent les associations dans la gouvernance, le management et le suivi des opérations.
Aujourd'hui, ces associations ont un allié de taille avec l’IA qui leur permet d’avoir une structure administrative, des capacités analytiques, rédactionnelles et de nouveaux outils pour mesurer leur impact notamment sur l’Indice de Développement Humain (IDH) du Sénégal montrant leur rôle dans le cadre des politiques de développement du pays.
Croissance accélérée
Ces associations souvent marginalisées à cause de la méconnaissance de leur mode de fonctionnement, connaissent actuellement une croissance et un développement accéléré.
En effet, avec l’appui d’agent IA modélisé selon le contexte et la logique d’intervention de ces organisations locales, elles ont gagné 40% de temps dans leur productivité. Leur plate-forme Web gagne du trafic organique leur permettant d'avoir plus de 8000 pages vues, 3000 utilisateurs et 140 documents téléchargés depuis le centre de ressources numériques de ladite plateforme web avec un budget marketing faible voir nul.
Le fait d’avoir des rapports narratifs d’activités, financiers et des procès verbaux accessibles en open source renforce la gouvernance ouverte, promeut la culture de la transparence et de la performance et donne de la légitimité aux associations sénégalaises de développement. La mise en place de l’Index de l’Impact Communautaire (IIC), un index généré avec l’IA leur permet de pouvoir mesurer leur action et leur efficience.
Occupons le cyberespace
Le Sénégal, comme tous les pays, traverse une mutation profonde de sa société. Il est donc essentiel d’élaborer une politique publique consensuelle de gouvernance technologique, tout en préservant la cohésion nationale. Face au monde post-COVID, nous devons nous unir pour redéfinir notre vivre-ensemble et notre identité socio-culturelle. Cela implique de mettre en place un plan clair garantissant à la fois notre sécurité numérique et la sauvegarde des valeurs qui fondent notre nation.
Gouvernance et politique publique générationnelle
La place qu’occupe la technologie dans notre vie est indéniable. Elle est présente dans des secteurs comme la santé, l’éducation, le commerce et la démocratie etc…
La démographie sénégalaise, majoritairement composée de la Gen-Z (digital native), constitue un élément majeur pour l’orientation et la mise œuvre d’une gouvernance technologique et une politique publique générationnelle décennale.
L’arrivée des solutions fintech associée à la technologie QR Code ont facilité la démocratisation des services électroniques. La digitalisation des contraventions par la police est une mesure de lutte contre la corruption et assure une traçabilité sur les recettes publiques.
L’assistance ou la fonctionnalité vocale permet l’inclusion numérique et WhatsApp business permet d’acquérir un nouveau segment client aux TPE/PME et au secteur informel. L’ancrage et l’appropriation de la technologie par le peuple sénégalais est manifeste.
L’une des premières mesures de cette politique publique serait d’assurer une meilleure couverture en énergie et en internet pour tout le territoire sénégalais. La seconde mesure serait la gouvernance, pas dans une logique de régulation répressive mais plutôt un encadrement et une organisation adaptés au contexte socio-culturel du Sénégal tout en restant ouvert au multiculturalisme.
La mesure phare serait de mettre en place une politique publique de recherche et développement (R&D) national sur comment le Sénégal devrait se moderniser tout en préservant son identité en tant que nation. Ce programme regroupe chercheurs, praticiens, ingénieurs, secteur privé, structures de développement, sociologues, éducateurs, anthropologues et la communauté tech afin de définir ensemble le modèle de société que nous voulons définir.
Conclusion
À la croisée des chemins, le Sénégal fait face à un choix déterminant : céder au statu quo techno-civilisationnel ou embrasser une dynamique d’innovation collaborative, centrée sur l’humain, pour accélérer son développement local.
Les défis sont réels : dépendance aux grands écosystèmes technologiques, biais algorithmiques, érosion du libre arbitre et fracture numérique. Mais ce constat n’est qu’une alerte, non un frein : il révèle surtout des opportunités inédites pour notre émancipation, notre autodétermination et notre progrès social.
En effet, la dépendance aux algorithmes étrangers peut générer désinformation, polarisation et perte de souveraineté culturelle. Sans gouvernance technologique moderne, nous risquons d’être des spectateurs d’un récit numérique qui ne nous inclut pas. Il faut que nous arrêtions d’être de simples consommateurs, nous avons le devoir et la capacité de co-écrire notre avenir digital, voilà pourquoi nous devons occuper massivement le cyberespace.
En nous appuyant sur l’expertise locale, la communauté tech et sur le modèle pilote d’expérimentation Humain-Machine déjà en place, nous pouvons bâtir des solutions endogènes : agents IA sénégalisés, plateformes communautaires, fintech inclusives et services intelligents adaptés à notre contexte.
Ce nouveau terreau technologique est fertile : il offre la possibilité de moderniser nos associations de développement, d’optimiser nos chaînes de valeur agricoles, de transformer notre secteur de la santé et de revitaliser nos espaces éducatifs.
Il est fondamental de passer de la parole à l’expérimentation et à l’action. Nous nous devons de multiplier les projets pilotes sur le terrain, soutenus par une politique publique de recherche et développement (R&D) structurée et un capital patient d’investissement à l’innovation.
Une nouvelle dynamique composée de chercheurs, entrepreneurs, praticiens, sociologues et jeunes talents peut faciliter la création des services et produits commercialisables, répondant aux besoins réels des Sénégalais et Sénégalaises. L’union autour d’un plan décennal mêlant couverture universelle d’énergie et d’Internet, encadrement réglementaire adapté et programmes d’accompagnement.
Ce n’est pas au détriment des autres priorités nationales : santé, éducation ou agriculture continueront de bénéficier des ressources nécessaires. Cependant, il est stratégique de ne pas manquer le train de la révolution numérique : notre intelligence, nos ressources humaines et notre force de proposition sont à la hauteur de ce défi.
Le Sénégal, en tant que nation, doit continuer à s’approprier la technologie pour défendre sa culture, créer de la richesse et forger son destin. Ensemble, redéfinissons notre vivre-ensemble dans un monde hyper-connecté et affirmons notre droit à innover, s'émanciper et à progresser.
LE SÉNÉGAL À PIED D’ŒUVRE POUR LA LIBÉRATION DE MALICK DIOP CAPTURÉ EN UKRAINE
Face à l’inquiétude grandissante, l’État du Sénégal, par la voix de la ministre Yassine Fall, assure mettre tout en œuvre pour obtenir son assistance et œuvrer à son retour.
La situation de Malick Diop, jeune étudiant sénégalais capturé en Ukraine, suscite une vive émotion et mobilise l’État du Sénégal. Originaire de Koungheul, il avait obtenu son baccalauréat au Sénégal avant d’être orienté à la faculté de droit de l’Université de Bambey. Grâce à une bourse d’études, il avait ensuite poursuivi son cursus en Russie.
Dans le contexte tendu de la guerre russo-ukrainienne, Malick Diop se serait engagé aux côtés des forces russes avant d’être capturé sur le front ukrainien. Depuis l’annonce de sa capture, la situation reste préoccupante.
La ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Yassine Fall, a réagi pour rassurer l’opinion publique. Lors d’un échange sur le réseau social X, elle a affirmé : « Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour assister Malick Diop. Nos services travaillent de concert avec l’ambassade de Russie pour une solution. »
Pendant ce temps, la famille de Malick Diop, submergée par l’inquiétude, multiplie les appels aux autorités sénégalaises pour obtenir un soutien rapide et efficace. Ses proches espèrent que les efforts diplomatiques aboutiront à sa libération et à son retour sain et sauf au Sénégal.
L'ÉCOLE RÉPUBLICAINE À L'ÉPREUVE DU COMMUNAUTARISME
"L'État ne doit pas devenir l'instrument d'une seule foi ou d'une seule confrérie". C'est l'avertissement lancé par le Cadre de Réflexion et d'Actions Tijaani face au programme spécial pour les écoles de Touba, doté de plus de 111 milliards de FCFA
(SenePlus) - Le Cadre de Réflexion et d'Actions Tijaani (CRAT), dans une lettre ouverte adressée au ministre de l'Éducation nationale Moustapha Guirassy, s'alarme d'un plan d'investissement massif exclusivement destiné aux écoles de la ville sainte mouride de Touba, au détriment des autres localités du Sénégal.
L'organisation, qui se présente sous la bannière "Wattu Sunu Diiné" (Préserver notre religion), réagit à un atelier présidé par le ministre le 26 avril 2025 au King Fahd Palace de Dakar, consacré à la mise en œuvre d'un "programme éducatif pour les écoles de Touba".
Selon le CRAT, cet atelier a abouti à l'annonce d'un plan d'investissement public considérable comprenant :
La construction de 332 écoles et établissements
Un budget de 111,2 milliards de FCFA
Des infrastructures spécialement adaptées aux spécificités religieuses et culturelles de Touba
Une "phase d'urgence" aurait déjà été lancée, prévoyant 9 constructions et 4 réhabilitations d'écoles pour un coût de 5,4 milliards de FCFA.
Une remise en question du principe d'équité républicaine
"Depuis quand l'éducation nationale doit-elle être aménagée sur mesure pour une seule cité religieuse ?" s'interroge le CRAT, qui, tout en reconnaissant le poids spirituel et historique de Touba, questionne l'absence de mesures similaires pour d'autres hauts lieux du patrimoine sénégalais comme Tivaouane, Kaolack ou Ndiassane.
L'organisation rappelle avoir déjà adressé une lettre ouverte au ministre le 18 janvier dernier, saluant l'intégration de l'étude de la vie de Serigne Touba dans les programmes scolaires, mais appelant à une approche "plus inclusive et équitable" incluant d'autres grandes figures religieuses du Sénégal.
"En agissant ainsi, vous, Monsieur le ministre, compromettez l'universalité de l'école républicaine. Vous brouillez la frontière sacrée entre le service public et l'appartenance communautaire", dénonce le CRAT, qui met en garde contre un "dangereux précédent d'inégalité territoriale et confessionnelle".
Le courrier se conclut par un appel solennel au ministre à "assurer l'impartialité, l'équité et l'unité" et à "revoir de manière urgente cette politique sélective" pour s'inscrire dans une perspective "véritablement nationale, inclusive et fédératrice".
Cette controverse intervient dans un contexte où la question de la place des confréries religieuses dans l'éducation nationale sénégalaise reste un sujet sensible, au carrefour des enjeux de laïcité, d'identité nationale et de cohésion sociale.
VERS UN ACCORD POUR FACILITER LA RÉSIDENCE DES SÉNÉGALAIS EN MAURITANIE
Cette avancée survient dans un contexte tendu, marqué par une vague d’expulsions dénoncées par plusieurs ONG.
La ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, a annoncé une avancée importante concernant la situation des Sénégalais vivant en Mauritanie lors d’un Space sur le réseau social X
« Un accord est actuellement sur la table, visant à garantir des conditions de séjour plus sereines pour les ressortissants sénégalais. » a dit Mme la ministre Yassine Fall,
Cette déclaration intervient dans un contexte tendu, marqué par une intensification des expulsions de migrants en situation irrégulière, dont de nombreux Sénégalais, par les autorités mauritaniennes depuis le début de l’année. Ces expulsions, souvent dénoncées par des organisations non gouvernementales pour leurs conditions jugées inhumaines, ont suscité l’inquiétude au sein de la communauté sénégalaise.
Face à cette situation, le gouvernement sénégalais n’est pas resté inactif. En janvier 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est rendu à Nouakchott pour échanger avec les autorités mauritaniennes sur la nécessité de simplifier l’accès à la carte de séjour pour les Sénégalais. À l’issue de cette visite, la Mauritanie avait promis d’alléger les frais liés à l’obtention du titre de séjour et d’assouplir les démarches administratives.
La ministre Yassine Fall a, de son côté, effectué une visite officielle en mars 2025 où elle a été reçue par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Lors de cet entretien, elle a remis une lettre du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et insisté sur le renforcement des liens d’amitié et de solidarité entre les deux nations.
L’accord annoncé par Yassine Fall représente ainsi une lueur d’espoir pour les milliers de Sénégalais vivant en Mauritanie, souvent confrontés à des difficultés administratives et sociales. Sa mise en œuvre effective devrait non seulement améliorer leurs conditions de vie, mais aussi consolider les relations historiques entre Dakar et Nouakchott.